'Zanaida' de Johann-Christian Bach - Postérité de l’oeuvre
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- Publication : dimanche 14 août 2011 00:00
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Postérité de l’oeuvre
Malgré son succès, dont témoigne l’édition d’« airs favoris », l’œuvre tomba dans l’oubli par une série malheureuse de circonstances.
Le 3 mars 1763, alors qu’Orione continuait à être donné triomphalement, le compositeur Felice de Giardini fit savoir par voie de presse qu’il remplacerait la signora Mattei comme directeur du King’s Theatre. Il avait déjà été à sa tête en 1756 avec la chanteuse Regina Mingotti, sans grand succès. On ne sait trop ce qui provoqua ce renversement de situation. Une intrigue quelconque, comme l’opéra italien de Londres en était si friand ? En dépit de son nom, le King’s Theatre était une institution privée, et son histoire n’était pas exempte de ces soubresauts. L’annonce indiquée sur l’affiche de l’opéra pour la représentation du 31 mai le laisse supposer :
« Comme la Signora Mattei quittera l’Angleterre peu de temps après la fin [de la saison] des Opéras, et comme Mr. Crawford ne s’occupera plus de management d’opéra, tous les costumes utilisés pour les Burlettas [opera buffa] et Ballets, avec de nombreux autres articles, étant sa propriété et celle de la Signora Mattei, seront vendus. On peut en savoir le détail auprès de Mr. Crawford à la fin de la saison. »
Les directeurs remplaçants, Mingotti et Giardini firent savoir qu’ils ne souhaitaient pas de compositeur en résidence. Il est probable que Giardini, qui composait lui aussi, se sentait menacé par l’Allemand. Mingotti avait, quant à elle, une possible raison d’en vouloir personnellement à Bach : J-S Bach avait soutenu à Dresde sa rivale Faustina Bordoni et son mari Adolf Hasse… Bach fut donc écarté du King’s Theatre au profit du Napolitain Matteo Vento (1735-76), et avec lui, tout espoir de reprise pour Zanaida…
L’échec de Mingotti et Giardini et leur départ permirent, bien plus tard, à Bach de revenir au King’s Theatre avec son Adriano in Siria (26 janvier 1765)
Anna de Amicis donna sa soirée à bénéfice le 24 mars. Elle quitta l’Angleterre peu de temps après le 11 juin. Lors de son voyage continental, en août 1763, elle croisa à Mainz la famille Mozart, qui se rendait en Angleterre… Wolfgang Mozart, qui sympathisa avec elle, composa le rôle de Giunia (Lucia Silla) pour elle.
Malgré ce coup de théâtre, Bach resta en Angleterre. Nommé Maître de Musique de la Reine Charlotte en 1763 (le titre est mentionné sur la couverture de son Op. 2), il diversifia ses activités : co-directeur des fameux concerts Bach-Abel dès 1764, il composa tant pour l’orchestre et le clavier que pour la voix.
Il publia certaines de ses partitions à destination des jardins d’agréments de Vauxhall. L’air « See, see the kind indulgent gales » publié par Longman & Broderip en 1777 est une version très révisée du fameux «Se spiego le prime…» [cf. Roe,Stephen, «J. C. Bach's Vauxhall Songs: A New Discovery», p. 676]
On retrouve un autre air de Zanaida dans le pasticcio Acis och Galatea, ballet héroïque en trois actes sur une musique de Hinrich Philip Johnsen, créé le 10 mai 1773 au Palais royal de Stockholm. L’air « Jag mot lyckans hårdhet » est une réorchestration du n°13b (Se Spiego) de la partition de Bach. L’œuvre resta au répertoire jusqu’en 1780.
L’ouverture fut imprimée par Burchard Hummel en 1773 à La Haye (Symphonies, Op. 9). Son édition fut importée en Angleterre par Longman et Lukey, et Bach leur intenta un procès pour atteinte au copyright en mai 1773.