L'Opéra Bastille présente cette semaine Le Nez de Chostakovitch.
C'est un spectacle du Mariinsky. Il me semble que ce n'est que la deuxième fois dans l'histoire de l'Opéra Bastille qu'un opéra extérieur présente un spectacle (avec choeurs et orchestre), la première étant l'Opéra de Houston. Je me trompe peut-être complètement, merci de me corriger si je fais erreur.
On ne peut pas dire que ça a été un succès. L'oeuvre, en création à l'Opéra de Paris, est extrêmement déroutante. La musique est plus d'une fois surprenante. Quant au livret, on ne peut pas faire plus délirant ! La mise en scène va dans ce sens là : beaucoup d'humour mais trop bizarre pour toucher le public parisien.
Je pense qu'une (petite) partie du public est partie à l'entracte. En tout cas, beaucoup se sont sauvés dès le rideau final baissé. Il n'y aurait pas dû y avoir de rappels car les applaudissements ont complètement cessé après le premier salut mais le rideau s'est levé à nouveau, arrachant les derniers clap claps .
Ça me fait un peu peur pour l'Amour des trois oranges, un peu dans la même veine me semble-t-il. D'ailleurs, je me suis demandé si Chostakovitch ne parodiait pas parfois Prokofiev dans Le Nez.
Chostakovitch - Nos -ONP - nov 2005
J'étais à la représentation d'hier soir. L'accueil a également été assez mitigé, plusieurs personnes sont parties à l'entracte (libérant des places de première catégorie ), d'autres mêmes au cours de la première partie.
C'est vrai que l'oeuvre est déroutante tant elle est déjantée, que ce soit au niveau de la musique ou du livret.
J'ai découvert la partition hier : c'est quasiment un anti-opéra ! Aucun air à proprement parler, des chanteurs qui crient ou parlent plus qu'ils ne chantent réellement, un traitement des idées assez décousu a priori pour l'orchestre (un interlude entier confié aux seules percussions, des instruments comme des voix utilisés dans leurs tessitures extrêmes, quasiment aucune redite, plutôt une succession d'idées nouvelles sans lien apparent). Globalement, le modernisme du Nez est très étonnant au regard des autres oeuvres de Chostakovitch (il n'avait que 21 ans lorsqu'il en a commencé l'écriture !) mais aussi de celles de ses contemporains. 80 ans après, je comprends qu'il surprenne encore !!
La production du Mariinsky s'adapte très bien à l'oeuvre : elle ne manque pas d'humour et fourmille d'idées (dont une intégration réussie de projections vidéo).
Au final, une bonne soirée, même si je n'ajouterais pas Le Nez au rang de mes ouvrages favoris.
C'est vrai que l'oeuvre est déroutante tant elle est déjantée, que ce soit au niveau de la musique ou du livret.
J'ai découvert la partition hier : c'est quasiment un anti-opéra ! Aucun air à proprement parler, des chanteurs qui crient ou parlent plus qu'ils ne chantent réellement, un traitement des idées assez décousu a priori pour l'orchestre (un interlude entier confié aux seules percussions, des instruments comme des voix utilisés dans leurs tessitures extrêmes, quasiment aucune redite, plutôt une succession d'idées nouvelles sans lien apparent). Globalement, le modernisme du Nez est très étonnant au regard des autres oeuvres de Chostakovitch (il n'avait que 21 ans lorsqu'il en a commencé l'écriture !) mais aussi de celles de ses contemporains. 80 ans après, je comprends qu'il surprenne encore !!
La production du Mariinsky s'adapte très bien à l'oeuvre : elle ne manque pas d'humour et fourmille d'idées (dont une intégration réussie de projections vidéo).
Au final, une bonne soirée, même si je n'ajouterais pas Le Nez au rang de mes ouvrages favoris.
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J'étais à la première aussi, et j'ai été très étonnée d'avoir supporté très agréablement cette musique, grâce il est vrai à cette très belle mise en scène et aux jolis costumes. La musique s'adapte très bien à cette oeuvre clownesque.
Au parterre, quelques personnes sont parties dès le baisser de rideau, mais pas plus que d'habitude, mais j'ai trouvé les applaudissements très corrects après un excellent rappel, et aucune huée perceptible.
Au parterre, quelques personnes sont parties dès le baisser de rideau, mais pas plus que d'habitude, mais j'ai trouvé les applaudissements très corrects après un excellent rappel, et aucune huée perceptible.
Golaud a écrit :Globalement, le modernisme du Nez est très étonnant au regard des autres oeuvres de Chostakovitch (il n'avait que 21 ans lorsqu'il en a commencé l'écriture !) mais aussi de celles de ses contemporains.
Les premières oeuvres de Chostakovitch sont révolutionnaires effectivement (L'interlude pour percussions seules est la première oeuvre du genre, bien avant Varèse). Mais cela n'a rien d'étonnant: après quelques années il lui a été "demandé" de simplifier son langage musical, son moderniste ne convenant pas au Parti Communiste! Il faut savoir que la seconde école de Vienne était interdite en Russie-URSS, et que Chostakovitch l'a découverte très tard (si je ne me trompe pas). Lady Macbeth de Mzensk a été très vite interdit par le petit Joseph. D'où l'existence d'une seconde version pasteurisée. Chostakovitch a donc été persécuté toute sa vie et ce musicien révolutionnaire a été prié de faire de la musique qui ne soit pas, elle, révolutionnaire. Heureusement qu'il s'est quand même "laché" de temps en temps.