Medea au Châtelet, juin/juillet 2005
Lu avec intérêt et plaisir le compte rendu de Clément. J'étais aussi à cette dernière, la meilleure de la série pour Antonacci, à ce que plusieurs informateurs m'ont dit. Plus prudente cependant que dans les dernières représentations toulousaines.
L'harmonie entre l'interprétation vocale et le jeu théâtral continue de me fasciner. Voix assez dure à l'acte I, qui m'a parue plus détendue ensuite. Je suis toujours impressionné par la manière dont elle équilibre le pathétique et le caractère inquiétant du personnage. Et je reste épaté par la personnalité d'une artiste qui par ailleurs est d'une extrême rigueur musicale.
Jason en aurait bien besoin. J'ai pensé à l'expression "con comme un ténor". La voix est de qualité certaine, mais être à ce point indifférent au texte ("Ah, qual voce!" est éloquent a contrario), aux valeurs rythmiques, au caractère, aux nuances, eh bien c'est cela que pour ma part je trouve scandaleux.
Orchestre décidément inégal. Des moments d'une belle couleur, et bien articulés, d'autres à peu près invertébrés (le duo de Médée et Jason à la fin du I est dépourvu de soutien et de relance).
P.S. Une remarque sur les surtitres, qui m'ont paru très approximatifs (pour ceux que j'ai lus) quoique plus développés qu'à Toulouse. Un exemple : les derniers mots de Médée, qui dit littéralement :
"Je vais (ou je descends) au bord du fleuve sacré (des Enfers)
C'est là que mon ombre t'attend."
Ce qui donnait au Châtelet :
"Je t'attends en enfer
Car moi j'y suis déjà."
La poésie de la formulation est entièrement évacuée, mais soit : il s'agit d'être clair. "En enfer" au lieu de "aux Enfers" pourrait passer pour une maladresse si le texte ne se trouvait abusivement moralisé ou christianisé, laissant entendre que Médée est damnée pour son crime, ou quelque chose comme ça, ce qui me semble pour le moins relever d'une interprétation abusive, et même erronée, du livret.
L'harmonie entre l'interprétation vocale et le jeu théâtral continue de me fasciner. Voix assez dure à l'acte I, qui m'a parue plus détendue ensuite. Je suis toujours impressionné par la manière dont elle équilibre le pathétique et le caractère inquiétant du personnage. Et je reste épaté par la personnalité d'une artiste qui par ailleurs est d'une extrême rigueur musicale.
Jason en aurait bien besoin. J'ai pensé à l'expression "con comme un ténor". La voix est de qualité certaine, mais être à ce point indifférent au texte ("Ah, qual voce!" est éloquent a contrario), aux valeurs rythmiques, au caractère, aux nuances, eh bien c'est cela que pour ma part je trouve scandaleux.
Orchestre décidément inégal. Des moments d'une belle couleur, et bien articulés, d'autres à peu près invertébrés (le duo de Médée et Jason à la fin du I est dépourvu de soutien et de relance).
P.S. Une remarque sur les surtitres, qui m'ont paru très approximatifs (pour ceux que j'ai lus) quoique plus développés qu'à Toulouse. Un exemple : les derniers mots de Médée, qui dit littéralement :
"Je vais (ou je descends) au bord du fleuve sacré (des Enfers)
C'est là que mon ombre t'attend."
Ce qui donnait au Châtelet :
"Je t'attends en enfer
Car moi j'y suis déjà."
La poésie de la formulation est entièrement évacuée, mais soit : il s'agit d'être clair. "En enfer" au lieu de "aux Enfers" pourrait passer pour une maladresse si le texte ne se trouvait abusivement moralisé ou christianisé, laissant entendre que Médée est damnée pour son crime, ou quelque chose comme ça, ce qui me semble pour le moins relever d'une interprétation abusive, et même erronée, du livret.
j'ai assisté àla représentation d'hier également. J'ai trouvé ACA admirable. Il était annoncé des aigues trop dures : en effet au 1° on peut le trouver, mais plus par la suite. Dramatiquement et vocalement, ele a parfaitement incarné ce role (je suis d'accord pour le caractère boulversant de son jeu à la toute fin, alors qu'elle ne chante plus. Quelle talent !). Sa diction italienne est sublime.
Mingardo : j'ai admiré sa diction, la richesse de son timbre et sa capacité à chanter piano en emplissant la salle quand meme.
Le seul point faible véritable sur le plan vocal : le baryton-basse qui n'a pas de timbre dans le grave, un aigue nasalisé, avec seulemnt quelques belles notes au milieu (ca fait peu)
...
Mingardo : j'ai admiré sa diction, la richesse de son timbre et sa capacité à chanter piano en emplissant la salle quand meme.
Le seul point faible véritable sur le plan vocal : le baryton-basse qui n'a pas de timbre dans le grave, un aigue nasalisé, avec seulemnt quelques belles notes au milieu (ca fait peu)
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- Xavier
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Ca fait plusieurs fois que je lis ce genre de commentaires et j'ai envie d'apporter une précision.philipppe a écrit :j'ai assisté àla représentation d'hier également. J'ai trouvé ACA admirable. Il était annoncé des aigues trop dures : en effet au 1° on peut le trouver, mais plus par la suite.
Je persiste et signe : tous les aigus d'Antonacci étaient ratés le soir de la première. La moitié d'entre eux étaient plus que limite, l'autre moitié l'avait allègrement franchie, dont notamment ceux de son grand air du III.
Maintenant ça ne veut pas dire que tous les soirs qui ont suivi il en a été de même. Ni d'ailleurs que, sous prétexte que les autres soirs elle n'a eu de problème qu'au premier acte, elle n'en avait pas aussi au II et au III le soir de la première.
C'était juste une incidente.
X
J’étais aussi à la représentation du 8. Et j’ai vraiment aimé. Antonacci a vraiment une présence sur scène incroyable, une sorte de puissance et de force dans sa manière d’être en scène, de bouger, de faire passer les tourments de l’âme agitée, de l’esprit torturé, et souvent seulement par une raideur, une crispation, avant une brusque souplesse subite dans le mouvement ou simplement le geste. Et je dois dire que, du coup, l’insignifiance de Créonte et de Jason ne m’ont pas tellement gênée (j’y étais préparée, c’est vrai), puisque j’ai voulu l’interpréter comme une infériorité patente de ces simples mortels face à Medea. Tout ce que ces êtres falots peuvent dire, toutes leurs menaces, Medea n’en a cure, eux et elle n’évoluent pas sur le même plan (et ça se voit ! et ça s’entend !). Ce roi de posture, incapable de prendre une décision ferme et ce ‘héros’ assez ridicule pour porter sa cuirasse dans le palais de son futur beau-père le jour de ses propres noces (sans doute pour oublier lui-même d’où lui vient justement son statut de héros) ne peuvent pas être crédibles face aux pouvoirs de Medée ; elle n’est venue que pour se venger, mais leur offre encore la possibilité d’éviter le pire, en donnant à Jason le choix de prononcer ce qu’elle veut entendre, une seule chose, une parole de lui qui pourrait la calmer, apaiser sa blessure et évidemment, puisqu’il la connaît si peu, qu’il est si idiot (oui, « con comme un ténor », comme le rappelle Bajazet), il est bien évidemment incapable d’éviter le massacre, même de le voir venir.
Dans cette opéra, les hommes étant ridicules avec leur pouvoir d’apparat, ce sont les femmes les seules lucides, vraiment touchantes et impliquées, et finalement la distribution rend bien cela… enfin, il m’a plu de le voir ainsi.
Bref, j’ai plus qu’aimé cette Medea dont je garde un souvenir fort et c’est bien sûr le talent d’Antonacci qui m’a complètement emportée.
C.
Dans cette opéra, les hommes étant ridicules avec leur pouvoir d’apparat, ce sont les femmes les seules lucides, vraiment touchantes et impliquées, et finalement la distribution rend bien cela… enfin, il m’a plu de le voir ainsi.
Bref, j’ai plus qu’aimé cette Medea dont je garde un souvenir fort et c’est bien sûr le talent d’Antonacci qui m’a complètement emportée.
C.
Je ne suis pas sûr que ça n'a pas été abordé dans ces 33 pages mais...
est-ce que quelqu'un a été à la première parisienne ainsi qu'à une autre représentation et a remarqué qu'Antonacci n'était pas en forme le soir de la première ?
Je suis très étonné de l'indulgence générale des ODBiens et de la presse par rapport à ses aigus. Etais-je tombé sur le mauvais soir ?
est-ce que quelqu'un a été à la première parisienne ainsi qu'à une autre représentation et a remarqué qu'Antonacci n'était pas en forme le soir de la première ?
Je suis très étonné de l'indulgence générale des ODBiens et de la presse par rapport à ses aigus. Etais-je tombé sur le mauvais soir ?
Radio
Pour rappeler que cette 'Medea' du Châtelet passera à la radio ce samedi 20 août à 20h00 sur France Musiques.
C.
PS: j'ai un problème (et ça se produit sur plusieurs fils) pour lire la dernière page... un message me dit qu'il y a aucun message!...
C.
PS: j'ai un problème (et ça se produit sur plusieurs fils) pour lire la dernière page... un message me dit qu'il y a aucun message!...
ah ! ah! ah! je savais bien que les représentations de Médée au Châtelet avaient eu des problèmes mais à ce point là .....bajazet a écrit :Et dans notre grande série "Y a-t-il un pilote à France Musiques ?", voici ce qu'on peut lire sur le site pour la retransmission de ce soir :
Annamaria Dell'Oste : Médée
Giuseppe Gipali : Jason
Anna Caterina Antonacci : Circé (sic !)
Je trouve pour ma part que le grand vainqueur de cette captation radio est Jason , et oui Gipali, il est parfait de bout en bout
Créonte pas mal non plus, tous deux beaucoup mieux que de visu.
Par contre tous les défauts de la voix de Mme Antonacci sont accentués, elle souffre beaucoup beaucoup dans les aigus et nous fait souffrir avec elle.
Néris, subliiiiiime dans son air, est moins bien à la fin.
Glauce sans commentaire
Orchestre excellent, et merci France Mu.
Créonte pas mal non plus, tous deux beaucoup mieux que de visu.
Par contre tous les défauts de la voix de Mme Antonacci sont accentués, elle souffre beaucoup beaucoup dans les aigus et nous fait souffrir avec elle.
Néris, subliiiiiime dans son air, est moins bien à la fin.
Glauce sans commentaire
Orchestre excellent, et merci France Mu.