Mozart - Die Zauberflöte - Yannick Nezet-Seguin - CD DG

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HELENE ADAM
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Mozart - Die Zauberflöte - Yannick Nezet-Seguin - CD DG

Message par HELENE ADAM » 05 août 2019, 13:17

Die Zauberflöte

WOLFGANG AMADEUS MOZART

Rolando Villazón, as Papageno,
Klaus Florian Vogt as Tamino,
Christiane Karg as Pamina,
Regula Mühlemann as Papagena,
Albina Shagimuratova as the Queen of the Night,
Franz-Josef Selig as Sarastro.

RIAS Kammerchor
Chamber Orchestra of Europe
Yannick Nézet-Séguin
Sortie le 02 Août. 2019

Deutsche Grammophon
Enregistrement live du festival de Baden Baden

Image

Poursuite de la collaboration entre le festival de Baden Baden, Deutsche grammophon, Rolando Villazon et Yannick Nezet-Seguin.

Cette Flûte, nième enregistrement intégral, est surtout intéressante du fait du travail extrêmement coloré de YNS avec le Chamber orchestra. Très vivante, très enlevée, avec ses côtés sombres et dramatiques et ses côtés légers et enfantins, l'ensemble est agréable à écouter.
Le Papageno de Rolando Villazon laisse entendre la voix de ténor mais ce n'est pas si mal chanté que l'on pouvait le craindre (diction comprise) pour "passer" (et après tout c'est lui la "vedette", si, si...). Il semble qu'en "vrai" c'était trop clownesque et insuffisant sonore pour n'être pas caricatural mais par le truchement des micros, ce n'est pas génial mais acceptable.
Le Tamino de KFV est très bien chanté (diction, souffle, expressivité) mais souffre toujours (à mon oreille) des mêmes problèmes : timbre blanc sans harmoniques qui en fait presque un jeune enfant, d'autant plus que les voix des autres protagonistes sont assez corsées, notamment le beau Sarastro de Franz-Josef Selig (et que de nuances !), la Pamina de Christiane Karg. Albina Shagimuratova est plutôt agréable elle aussi en Reine de la Nuit.
Choeurs très enlevés.
Lui : Que sous mes pieds se déchire la terre ! que sur mon front éclate le tonnerre, je t'aime, Élisabeth ! Le monde est oublié !
Elle : Eh bien ! donc, frappez votre père ! venez, de son meurtre souillé, traîner à l'autel votre mère

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jerome
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Re: Mozart - Die Zauberflöte - Yannick Nezet-Seguin - CD DG

Message par jerome » 06 août 2019, 01:16

Très belle version que cette version dirigée par Nézet-Séguin! C'est peut-être même la meilleure des 5 versions que DGG a désormais à son catalogue. Elle tutoie en tout cas les versions Böhm et Abbado et surclasse très aisément la version Karajan! La version Fricsay reste à part (pas idéale de distribution loin s'en faut mais pétillante à souhait!)
Une prise de son équilibrée et magnifiant une direction vive, légère, ciselée et théâtrale. Un écrin de luxe pour une distribution dynamique et pertinente. Certes nous n'avons pas là le Gotha du chant mozartien et pour chaque rôle, il sera très aisé de trouver dans la discographie abondante de l'ouvrage 2 à 3 immenses références au niveau desquelles les prestations de cette dernière version ne peuvent prétendre se hisser. Mais il sera tout aussi facile de trouver au sein de cette même discographie bon nombre de prestations elles mêmes incapables de se hisser au niveau de ce cast dont on retiendra avant tout qu'il est réjouissant d'interprétation collective: un vrai beau travail d'équipe! Karg et Vogt forment un couple princier de belle allure: lui, merveilleusement stylé (on sent qu'il a dû écouter attentivement Dermota et Burrows mais on aurait aimé que son timbre fût paré de couleurs légèrement mordorées comme l'était celui du Tamino de référence qu'est et reste Wunderlich) et elle, délicieusement fruitée de timbre pour proposer une Pamina plus combattive qu'à l'accoutumée.
Je ne suis pas d'accord pour dire que la Reine de la Nuit d'Albina Shagimuratova est plutôt agréable! Elle ne l'est pas et tant mieux! Ce rôle n'étant en rien dévolu à un soprano léger, contrairement à une sale manie qui a malheureusement encore de beaux jours, il est fort heureux que le choix se soit porté ici sur un soprano plutôt corsé de timbre et large de voix capable de vocaliser avec la facilité du soprano léger. C'est le cas de Shagimuratova qui propose une Reine de la Nuit ferme et vindicative dans la lignée de celles de Moser, Deutekom et Studer.
Franz-Josef Selig est doté d'un timbre superbe et d'une grande douceur, trop en fait! L'option retenue ici semble celle d'un Sarastro presque exclusivement paternel au détriment de sa fonction politique et spirituelle. C'est un peu regrettable car le personnage doit aussi montrer une grande autorité. Ceci étant il chante merveilleusement bien.
Reste le cas du Papageno de Rolando Villazón! Disons tout de suite qu'il n'arrive pas à la cheville du plus étincelant des Papageno, Hermann Prey! D'aucuns vont gloser sur cette réorientation vocale de ténor en baryton en stigmatisant la volonté de l'artiste de dissimuler une détérioration de ses moyens vocaux derrière la façade plurielle d'une pseudo-palette artistique... Ils n'auront pas tort dans l'absolu d'autant plus qu'après tout, le grand modèle de Villazón, Placido Domingo, a opéré ce même tour de passe-passe vocal pour pas le meilleur et malheureusement souvent pour le pire! Ils auront tort cependant dans le cas particulier de cet enregistrement car il ne faut jamais oublier que, comme nos meilleurs Papageno au disque sont également des chanteurs immenses, notre goût contemporain s'en est fort bien accommodé. Mais à la vérité Schikaneder pour qui le rôle de Papageno a été écrit n'était pas un vrai artiste lyrique! Du coup, les critères vocaux sont un peu moins serrés que pour les autres rôles de l'œuvre. Objectivement Villazon propose un Papageno fort bien chantant, virevoltant, bon garçon naïf et, parce qu'il faut le dire aussi, sans les lourdeurs interprétatives que certains barytons pourtant réputés mettaient dans le rôle (Walter Berry parfois ...).
Le reste de la distribution est de belle eau de même que les chœurs.
Vraiment une version à avoir.

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micaela
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Re: Mozart - Die Zauberflöte - Yannick Nezet-Seguin - CD DG

Message par micaela » 06 août 2019, 07:26

Intéressant ce que tu dis de Papageno. On a tendance à l'oublier. Comme le fait que la Reine de la Nuit est une "méchante" et que son Holle rache, ben non, ce n'est pas l'air des clochettes ou la chanson d'Olympia : c'est un texte menaçant prononcé par une femme en colère...
Le sommeil de la raison engendre des monstres (Goya)

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Re: Mozart - Die Zauberflöte - Yannick Nezet-Seguin - CD DG

Message par jerome » 06 août 2019, 08:55

micaela a écrit :
06 août 2019, 07:26
Comme le fait que la Reine de la Nuit est une "méchante" et que son Holle rache, ben non, ce n'est pas l'air des clochettes ou la chanson d'Olympia : c'est un texte menaçant prononcé par une femme en colère...
Elle est au delà de la colère! C'est une furie pleine de haine! Le feu de l'enfer brûle dans mon cœur!...Le ton est donné et donc, non! Même si techniquement ça ne doit normalement pas lui poser de problèmes (encore que le contre-fa pose parfois des problèmes même pour cette catégorie de voix... car pour l'avoir dans la gorge, ça on en trouve mais pour le frapper juste comme Mozart l'a écrit, c'est nettement moins évident!), un soprano léger à cocottes ne peut pas rendre justice, dramatiquement parlant, à ce rôle.

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Re: Mozart - Die Zauberflöte - Yannick Nezet-Seguin - CD DG

Message par HELENE ADAM » 11 août 2019, 13:44

jerome a écrit :
06 août 2019, 01:16
Très belle version que cette version dirigée par Nézet-Séguin!
Une prise de son équilibrée et magnifiant une direction vive, légère, ciselée et théâtrale. Un écrin de luxe pour une distribution dynamique et pertinente.
Tout à fait d'accord, cette version est suffisamment intéressante pour être signalée en tant que telle en effet. J'ai d'ailleurs été surprise de sa qualité globale pour une captation faite en salle.
jerome a écrit :
06 août 2019, 01:16
Certes nous n'avons pas là le Gotha du chant mozartien
C'est même évident au regard des Tamino actuels et surtout des Papageno. Le Tamino de KFV manque singulièrement de couleurs ce qui limite son interprétation (AMHA). C'est "joli" mais c'est monolithique et assez éloigné de ce que sont capables de faire de nombreux ténors mozartiens actuels (y compris Fançais comme Barbeyrac ou Behr). Pourquoi avoir fait appel à lui ? Mystère pour moi...
Le cas "Villazon" est différent puisque le projet "YNS/Baden Baden/DG" repose sur lui et son savoir-faire évident. Je l'ai dit, je crois, les critiques (et la retransmission "live" étaient moins bonnes que l'enregistrement finalement sorti en CD. Beaucoup lui ont reproché de "surjouer" (en VC) pour faire passer l'insuffisance de sa projection et les limites de son "baryton" qui sonne "ténor" assez souvent.
jerome a écrit :
06 août 2019, 01:16
Je ne suis pas d'accord pour dire que la Reine de la Nuit d'Albina Shagimuratova est plutôt agréable! Elle ne l'est pas et tant mieux! Ce rôle n'étant en rien dévolu à un soprano léger, contrairement à une sale manie qui a malheureusement encore de beaux jours, il est fort heureux que le choix se soit porté ici sur un soprano plutôt corsé de timbre et large de voix capable de vocaliser avec la facilité du soprano léger. C'est le cas de Shagimuratova qui propose une Reine de la Nuit ferme et vindicative dans la lignée de celles de Moser, Deutekom et Studer.
Albina Shagimuratova est l'une des meilleures reines de la nuit actuelles et je partage ton avis sur le profil requis pour rendre compte de la noirceur du personnage (même si Robert Carsen dans sa dernière mise en scène à Bastille, reprise plusieurs fois ces dernières années, en fait une complice de Sarastro :mrgreen: ce qui "justifie" peut-être du coup que le rôle soit confié à des sopranos légères ...mais représente un contre sens du livret). Mais dans cet enregistrement, je n'ai pas été bouleversée comme je l'ai déjà été en l'entendant en salle. Je l'ai trouvée un peu "en retrait". D'où mon qualificatif pas très adéquat, j'en conviens.
jerome a écrit :
06 août 2019, 01:16
Franz-Josef Selig est doté d'un timbre superbe et d'une grande douceur, trop en fait! L'option retenue ici semble celle d'un Sarastro presque exclusivement paternel au détriment de sa fonction politique et spirituelle. C'est un peu regrettable car le personnage doit aussi montrer une grande autorité. Ceci étant il chante merveilleusement bien.
Oui c'est ce que j'ai retenu : la beauté du chant mais je lui ai trouvé un engagement quand même assez remarquable compte tenu du fait que pour moi, il était assez mal entouré...

jerome a écrit :
06 août 2019, 01:16
il ne faut jamais oublier que, comme nos meilleurs Papageno au disque sont également des chanteurs immenses, notre goût contemporain s'en est fort bien accommodé. Mais à la vérité Schikaneder pour qui le rôle de Papageno a été écrit n'était pas un vrai artiste lyrique!
Oui c'est tout à fait exact et j'ai déjà entendu une "Flüte" avec un Papageno qui n'était pas vraiment un chanteur mais plutôt un acteur capable de "chanter" (il faut que je retrouve la référence d'ailleurs). Et c'est bon à rappeler finalement :wink:
Lui : Que sous mes pieds se déchire la terre ! que sur mon front éclate le tonnerre, je t'aime, Élisabeth ! Le monde est oublié !
Elle : Eh bien ! donc, frappez votre père ! venez, de son meurtre souillé, traîner à l'autel votre mère

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