Italienisches Liederbuch - Wolf- Kaufmann/Damrau - CD Warner

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HELENE ADAM
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Italienisches Liederbuch - Wolf- Kaufmann/Damrau - CD Warner

Message par HELENE ADAM » 27 janv. 2019, 11:51

"Italienisches Liederbuch" d'Hugo Wolf

Diana Damrau, soprano
Jonas Kaufmann, ténor

Helmut Deutsch, piano

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Après l'énorme succès du CD Sony Classical "An Italian night", sorti en septembre dernier, à partir de la captation (de luxe) de Sony lors de la soirée de la Waldbühne à Berlin en juillet 2018, c'est Warner, la maison de Diana Damrau qui sort à son tour un CD en ce mois de janvier 2019, autre captation soignée d'ailleurs, d'une des représentations de la tournée "Wolf" de Diana Damrau et Jonas Kaufmann.

Le CD "An Italian night" jouait déjà sur le "live" bien filmé et très bien enregistré, nous offrant finalement un son parfois plus juste et généralement beaucoup plus authentique que certains résultats "studio" récents de Sony que je trouve surfaits et fort peu naturels.
La Waldbühne (qui a donné lieu à un film passé en septembre dans des salles de cinéma combles et qui peut s'écouter en CD, sans les parties orchestrales pures ou se voir en DVD en intégrale du concert), permet à Jonas Kaufmann de chanter quelques airs d'opéra en première partie avec une partenaire de grand luxe en la personne d'Anita Rachvelishvili. Leur complicité très ancienne puisqu'elle a début en Carmen à ses côtés en 2009 lors de représentations triomphales à la Scala de Milan, fait merveille, notamment dans les extraits de Cavaliera rusticana. La deuxième partie est consacrée à la chanson italienne ou sicilienne, art où Kaufmann donne une version rocailleuse et séduisante, même si les puristes la trouveront peu "italienne" (mais bon :D ), où Anita Rachvelishvili se révèle excellente dans le genre, notamment dans le Caruso qu'elle chante seule avec une voix presque méconnaissable. Comme le spectacle, après quelques bis, le CD se termine par un très brillant "Nessun Dorma".

La tournée Wolf est une expérience radicalement différente et la sortie des deux CD à quelques mois d'intervalle souligne les facettes du talent d'un artiste qui aime surprendre.
Saluée par la critique unanime, la tournée a rempli les salles pour 14 soirées, y compris dans des lieux géographiques où Wolf est fort peu connu (Londres, Paris et Barcelone) en tout cas à cette échelle.

Mais c'est le travail fait par les trois artistes pour reconstruire ce recueil de poèmes de Paul Heyse mis en musique par Hugo Wolf et en donner une cohérence à la manière du récit contrasté, drôle ou cruel, des relations au sein d'un couple, qui se révèle particulièrement intéressant.
Car si "l'esprit" est italien, la langue est allemande et le style musical plus heurté et de type récitatif que de type lyrique cantabile.
L'interprétation y est donc fondamentale et il vaut mieux comprendre le sens des 46 petites miniatures où les voix de l'homme et de la femme alternent, la troisième voix, celle du piano jouant un rôle à part entière.

On se rappelle peut-être que la Philharmonie de Paris ne s'était pas donnée la peine de mettre des sur-titres. On se félicitera donc que le CD, lui, comporte un très joli livret, français, allemand, anglais qui permet de "suivre" le chemin du couple.

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Les trois artistes ont choisi de reconstruire le cycle en quatre parties : la première partie présentant l'amour et toutes les formes possibles de ses déclarations. Le dernier vers est délicieux « dites-lui que sur une journée de 24 heures, elle me manque pendant vingt-cinq »... :wink:

La deuxième partie est le temps des querelles et des colères, de la haine même "Que les abîmes engloutissent la petite maison de mon amour,Qu’à sa place s’ébatte la mer furieuse, Que le ciel y verse des billes de plomb" mais aussi des réconciliations.
La troisième partie est un peu celle de l'extase, de la reconquête, où Dieu est invoqué et où se trouve, à mon sens, le plus beau poème "« Sterb’ ich, so hüllt in Blumen meine Glieder [Si je meurs, qu’on m’entoure de fleurs]" qui revient à Kaufmann d'ailleurs.
La quatrième partie, c'est un peu le bilan d'un couple, a-t-il perdu son temps à chercher l'amour ? Plus léger, plus coquin aussi, il termine le cycle avec humour.

Jonas Kaufmann et Diana Damrau trouvent là une complicité merveilleuse de chaque instant qui fait de ce cycle une petite merveille à écouter sans se lasser tant l'expressivité, le changement de ton, de style, affecte quasiment chaque note, chaque phrase, dans une diction impeccable et une musicalité parfaitement associée.

Nul doute que ce recueil, rarement enregistré, où les références restaient Dietrich Fischer-Dieskau et Elisabeth Schwarzkopf, est magistralement revisité et embelli par la vision jeune et moderne de nos trois artistes.
Si on ajoute le fait que la pochette du CD propose une petite collections de jolies photos du trio prises dans le très photogénique Palau de la Musica à Barcelone, on a là un très joli produit à se procurer pour égayer les soirées d'hiver.

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Détail du récital dans l'ordre donné par les artistes
I. Auch kleine Dinge [Même de petits riens]
IV. Gesegnet sei, den durch die Welt entsund [Béni soit le Créateur]
XXXIX. Gesegnet sei das Grün [Béni soit le vert]
III. Ihr seid die Allerschönste [Tu es partout la plus belle]
XXI. Man sagt mir, deine Mutter woll’n es nicht [On me dit ta mère ne veut pas]
XLI. Heut’ Nacht erhob ich mich um Mitternacht [Cette nuit, je me levai à minuit]
XL. O wär’ dein Haus durchsichtig wie ein Glas [Oh, si ta maison était de verre]
XXVII. Schon streckt’ ich aus im Bett die müden Glieder [Tandis qu’au lit j’étends
mes membres fatigués]
XVIII. Heb’ auf dein blondes Haupt [Relève ta tête blonde]
XX. Mein Liebster singt am Haus [Mon amoureux chante dehors]
XXII. Ein Ständchen Euch zu bringen [Pour vous offrir une petite sérénade]
XLII. Nicht länger kann ich singen [Je ne puis chanter plus longtemps]
XLIII. Schweig einmal still [Tais-toi donc]
XLIV. O wüßtest du, wieviel ich deinetwegen [Oh ! si tu savais qu’à cause de toi]
VI. Wer rief dich denn? [Qui donc t’a appelé ?]
XXXI. Wie soll ich fröhlich sein [Comment serais-je heureuse]
X. Du denkst mit einem Fädchen mich zu fangen [Tu crois qu’avec un fil]
XIV. Geselle, woll’n wir uns in Kutten hüllen [Ami, prendrons-nous la bure]
XLV. Verschling’ der Abgrund meines Liebsten Hütte [Que les abîmes engloutissent
la petite maison de mon amour]
VIII. Nun laß uns Frieden schließen [Faisons maintenant la paix]
XXIX. Wohl kenn’ ich Euren Stand [Je connais votre rang]
XXXVIII. Wenn du mich mit den Augen streifst [Quand tes yeux me caressent]
XXXVI. Wenn du, mein Liebster, steigst zum Himmel auf [Quand, mon amour,
tu monteras au ciel]
XXIII. Was für ein Lied soll dir gesungen werden? [Quelle chanson faut-il te chanter ?]
XIX. Wir haben beide lange Zeit geschwiegen [Nous avons tous deux gardé
un long silence]
XXXIV. Und steht Ihr früh am Morgen auf [Quand vous vous levez tôt de votre lit]
XVI. Ihr jungen Leute [Vous autres, jeunes gens]
IX. Daß doch gemalt all deine Reize wären [Si seulement ta splendeur était peinte]
II. Mir ward gesagt [On m’a dit]
XVII. Und willst du dein Liebsten sterben stehen [Si tu veux voir mourir ton amoureux]
XXXIII. Sterb’ ich, so hüllt in Blumen meine Glieder [Si je meurs, qu’on m’entoure
de fleurs]
XV. Mein Liebster ist so klein [Mon amoureux est si petit]
XXXV. Benedeit die sel’ge Mutter [Bénie soit la mère bienheureuse]
XXIV. Ich esse nun mein Brot nicht trocken mehr [Je ne mange plus mon pain sec]
VII. Der Mond hat eine schwere Klag’ erhoben [Grave complainte de la lune]
XXV. Mein Liebster hat zu Tische mich geladen [Mon amoureux m’a invitée à table]
XXVI. Ich ließ mir sagen und mir ward erzählt [Je me suis laissé dire et on m’a conté]
XI. Wie lange schon war immer mein Verlangen [Depuis longtemps il me tardait]
XXXVII. Wie viele Zeit verlor ich, dich zu lieben! [Comme j’ai perdu mon temps
à t’aimer !]
XXXII. Was soll der Zorn, mein Schatz [Pourquoi cette colère, mon amour]
V. Selig ihr Blinden [Heureux aveugles]
XII. Nein, junger Herr [Non, jeune homme]
XIII. Hoffärtig seid Ihr, schönes Kind [Vous êtes bien altière, belle enfant]
XXVIII. Du sagst mir, daß ich keine Fürstin sei [Tu me dis que je ne suis pas
une princesse]
XXX. Laß sie nur geh’n [Laisse-la donc aller]
XLVI. Ich hab in Penna einen Liebsten wohnen [J’ai un amour à Penna]

CD Warner-Erato - Live recording du 18/2/2018 à la Philharmonie de Essen.

Fil ODB du spectacle de la Philharmonie de Paris, 14/02/2019
http://www.odb-opera.com/viewtopic.php? ... nn#p339985
Lui : Que sous mes pieds se déchire la terre ! que sur mon front éclate le tonnerre, je t'aime, Élisabeth ! Le monde est oublié !
Elle : Eh bien ! donc, frappez votre père ! venez, de son meurtre souillé, traîner à l'autel votre mère

Mon blog :
https://passionoperaheleneadam.blogspot.fr

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