Verdi - Simon Boccanegra - Luisi/Bieito - ONP - 11-12/2018
Verdi - Simon Boccanegra - Luisi/Bieito - ONP - 11-12/2018
Direction musicale : Fabio Luisi
Mise en scène : Calixto Bieito
Décors : Susanne Gschwender
Costumes : Ingo Krügler
Lumières : Michael Bauer
Vidéo :Sarah Derendinger
Chef des Choeurs : José Luis Basso
Simon Boccanegra : Ludovic Tézier
Jacopo Fiesco : Mika Kares
Maria Boccanegra (Amelia Grimaldi) : Maria Agresta (12, 15, 18, 21, 24, 28 nov. 7, 10, 13 déc.) / Anita Hartig (1, 4 déc.)
Gabriele Adorno : Francesco Demuro
Paolo Albani : Nicola Alaimo
Pietro : Mikhail Timoshenko
Un capitano dei balestrieri : Cyrille Lovighi
Un'ancella di Amelia : Virginia Leva-Poncet
Nouvelle production
Mise en scène : Calixto Bieito
Décors : Susanne Gschwender
Costumes : Ingo Krügler
Lumières : Michael Bauer
Vidéo :Sarah Derendinger
Chef des Choeurs : José Luis Basso
Simon Boccanegra : Ludovic Tézier
Jacopo Fiesco : Mika Kares
Maria Boccanegra (Amelia Grimaldi) : Maria Agresta (12, 15, 18, 21, 24, 28 nov. 7, 10, 13 déc.) / Anita Hartig (1, 4 déc.)
Gabriele Adorno : Francesco Demuro
Paolo Albani : Nicola Alaimo
Pietro : Mikhail Timoshenko
Un capitano dei balestrieri : Cyrille Lovighi
Un'ancella di Amelia : Virginia Leva-Poncet
Nouvelle production
Parution de ma biographie "Régine Crespin, La vie et le chant d'une femme" ! Extraits sur https://reginecrespinbiographie.blogspot.com/
Odb-opéra
Odb-opéra
- David-Opera
- Basse
- Messages : 7823
- Enregistré le : 06 févr. 2004, 00:00
- Localisation : Boulogne Billancourt
- Contact :
Re: Verdi- Simon Boccanegra- ONP- 11 & 12/2018
Spectacle retransmis en direct sur Culturebox le 13 décembre 2018 à 19h30 et dans les cinémas UGC, CGR et dans des cinémas indépendants en France et dans le monde entier
Radiodiffusion sur France Musique le 30 décembre 2018 à 20h.
Retransmission ultérieure sur France 2.
Radiodiffusion sur France Musique le 30 décembre 2018 à 20h.
Retransmission ultérieure sur France 2.
http://fomalhaut.over-blog.org/
"Le problème à l'opéra, c'est son public." Patrice Chéreau.
"Le problème à l'opéra, c'est son public." Patrice Chéreau.
Re: Verdi- Simon Boccanegra- Luisi / Bieito- ONP- 11 & 12/2018
Philopera :
pacoJe me tâte pour prendre une place. J aime enormement Tezier et sa prestation au TCE m avait comblé si j excepte son inexpressivite en version de concert. Mais j ai besoin d une Amelia qui me transporte...et après Radva je crains beaucoup d être déçu avec Agresta. Je vais attendre vos critiques
L'association Bieito + Luisi + Tézier m'attire fort, mais j'avoue que la présence d'Agresta et Demuro me fait fortement reculer...
Côté ROH ce n'est guère mieux, avec le génial Carlos Alvarez et Henrik Nanasi dans la fosse, mais il faut supporter Hrachuhi Bassenz, médiocre Donna Elvira l'été dernier
Parution de ma biographie "Régine Crespin, La vie et le chant d'une femme" ! Extraits sur https://reginecrespinbiographie.blogspot.com/
Odb-opéra
Odb-opéra
Re: Verdi- Simon Boccanegra- Luisi / Bieito- ONP- 11 & 12/2018
Ayant assisté hier soir à l'avant-première jeunes, je me permets d'exposer ici mes modestes impressions, avec le regret que celles-ci soit clairement mitigées.
La mise en scène tout d'abord m'a semblé profondément insipide, plate et sans vie, elle parvenait à rendre mous les passages les plus dramatiques, froids les moments les plus lyriques et surtout longue et ennuyeuse une oeuvre pourtant plutôt courte! Le décor est constitué uniquement de ce qui ressemble à la coque d'un paquebot, éclairée par des néons, qui tourne durant tout l'opéra (sûrement une allusion au passé corsaire du personnage titre), une fois passée la minute de contemplation de cet joli bateau, on s'en lasse bien vite et rien ne viendra jamais lui donner sens ou vie, et certainement pas les sempiternelles vidéos gros plan en noir et blanc projetées en fond de scène; à part cela le plateau est noir, grand et vide, contraignant les personnages à faire semblant de ne pas se voir, semblant d'ouvrir des portes, semblant de se cacher, et personne n'a songé à leur donner des épées donc ils font semblant de se menacer, semblant de se désarmer, bref vous m'avez compris. La direction d'acteurs est plus indigente encore, et les rares gestes des chanteurs sont des contresens complets, ils ne se regardent pas, ne se touchent pas, font systématiquement le contraire de ce qu'ils chantent, bref on a l'impression qu'ils sont aussi interessés les uns par les autres que l'est le parisien lambda par ses voisins de métro; ils entrent et sortent lentement, attendant sagement leur tour de chanter... d'ailleurs l'opéra est ponctué de moments de silence vides et prétentieux pendant lesquels des personnages marchent lentement, le pompon revenant au cadavre de Maria qui doit replier le sac plastique dans lequel son père l'a étouffé avant de sortir de scène (le fantôme de Maria est à peu près toujours présent, mais plus pour la déco qu'autre chose). Enfin bref tout cela était pour moi à ranger dans la catégorie "très mauvais", mais surtout parce qu'il n'y avait pas l'once du début d'une idée que j'aurais perçue comme au moins un peu intéressante.
Au niveau du chant ce sont surtout les voix graves qui m'ont séduit, la très belle basse de Mika Kares notamment, mais aussi les superbes phrases de Ludovic Tézier qui parvient à rendre dans son chant le peu d'émotion qui transparait de cette soirée, en particulier dans ses appels à la paix. Il y a un je ne sais quoi de déplaisant dans le timbre de Demuro, un peu trop systématiquement brillant peut-être? ou peut-être le manque de nuances, mais dans le rôle d'un jeune patricien idéaliste il est assez convaincant! Je suis également un peu réservé sur Maria Agresta qui, s'il elle réussit parfois de jolis pianis un peu détimbrés, prend parfois une voix nasillarde et très déplaisante dans le grave, ce qui m'a vraiment surpris tant cela ne correspondait pas à la chaleur du registre medium. Mais sans doute mes appréciations sont-elles toutes revues à la baisse du fait de l'impression générale de vacuité qui planait sur cette production, un beau gâchis quand tant de talents sont rassemblés!
La mise en scène tout d'abord m'a semblé profondément insipide, plate et sans vie, elle parvenait à rendre mous les passages les plus dramatiques, froids les moments les plus lyriques et surtout longue et ennuyeuse une oeuvre pourtant plutôt courte! Le décor est constitué uniquement de ce qui ressemble à la coque d'un paquebot, éclairée par des néons, qui tourne durant tout l'opéra (sûrement une allusion au passé corsaire du personnage titre), une fois passée la minute de contemplation de cet joli bateau, on s'en lasse bien vite et rien ne viendra jamais lui donner sens ou vie, et certainement pas les sempiternelles vidéos gros plan en noir et blanc projetées en fond de scène; à part cela le plateau est noir, grand et vide, contraignant les personnages à faire semblant de ne pas se voir, semblant d'ouvrir des portes, semblant de se cacher, et personne n'a songé à leur donner des épées donc ils font semblant de se menacer, semblant de se désarmer, bref vous m'avez compris. La direction d'acteurs est plus indigente encore, et les rares gestes des chanteurs sont des contresens complets, ils ne se regardent pas, ne se touchent pas, font systématiquement le contraire de ce qu'ils chantent, bref on a l'impression qu'ils sont aussi interessés les uns par les autres que l'est le parisien lambda par ses voisins de métro; ils entrent et sortent lentement, attendant sagement leur tour de chanter... d'ailleurs l'opéra est ponctué de moments de silence vides et prétentieux pendant lesquels des personnages marchent lentement, le pompon revenant au cadavre de Maria qui doit replier le sac plastique dans lequel son père l'a étouffé avant de sortir de scène (le fantôme de Maria est à peu près toujours présent, mais plus pour la déco qu'autre chose). Enfin bref tout cela était pour moi à ranger dans la catégorie "très mauvais", mais surtout parce qu'il n'y avait pas l'once du début d'une idée que j'aurais perçue comme au moins un peu intéressante.
Au niveau du chant ce sont surtout les voix graves qui m'ont séduit, la très belle basse de Mika Kares notamment, mais aussi les superbes phrases de Ludovic Tézier qui parvient à rendre dans son chant le peu d'émotion qui transparait de cette soirée, en particulier dans ses appels à la paix. Il y a un je ne sais quoi de déplaisant dans le timbre de Demuro, un peu trop systématiquement brillant peut-être? ou peut-être le manque de nuances, mais dans le rôle d'un jeune patricien idéaliste il est assez convaincant! Je suis également un peu réservé sur Maria Agresta qui, s'il elle réussit parfois de jolis pianis un peu détimbrés, prend parfois une voix nasillarde et très déplaisante dans le grave, ce qui m'a vraiment surpris tant cela ne correspondait pas à la chaleur du registre medium. Mais sans doute mes appréciations sont-elles toutes revues à la baisse du fait de l'impression générale de vacuité qui planait sur cette production, un beau gâchis quand tant de talents sont rassemblés!
Re: Verdi- Simon Boccanegra- Luisi / Bieito- ONP- 11 & 12/2018
Pour compléter mon compte-rendu, un petit florilège des rares idées de cette mise en scène (en plus de celles déjà évoquées):
- un seau métallique qui accompagne partout Paolo et avec le contenu duquel il s'éponge le visage (bel effet comique quand il va le récupérer aux saluts, mais à part ça?)
- une vidéo de Simon qui s'habille pendant un bon quart d'heure (pour signifier sa prise de fonction? mais il est débraillé dans tout le reste de l'oeuvre)
- Maria qui passe son temps à se déshabiller (alors ça je pense qu'il y a un quota réglementaire de nudité un peu arbitraire)
- une vidéo de rats numériques sur le cadavre de Maria projetée pendant l'entracte
- Et ma foi c'est un peu court, mais je crois bien que c'est tout!
- un seau métallique qui accompagne partout Paolo et avec le contenu duquel il s'éponge le visage (bel effet comique quand il va le récupérer aux saluts, mais à part ça?)
- une vidéo de Simon qui s'habille pendant un bon quart d'heure (pour signifier sa prise de fonction? mais il est débraillé dans tout le reste de l'oeuvre)
- Maria qui passe son temps à se déshabiller (alors ça je pense qu'il y a un quota réglementaire de nudité un peu arbitraire)
- une vidéo de rats numériques sur le cadavre de Maria projetée pendant l'entracte
- Et ma foi c'est un peu court, mais je crois bien que c'est tout!
- David-Opera
- Basse
- Messages : 7823
- Enregistré le : 06 févr. 2004, 00:00
- Localisation : Boulogne Billancourt
- Contact :
Re: Verdi- Simon Boccanegra- Luisi / Bieito- ONP- 11 & 12/2018
La mise en scène représente les images mentales de Simon Boccanegra et montre petit à petit comment il est rongé par la dépression depuis qu'il a perdu sa femme.
Calixto Beito met donc en scène principalement cet aspect psychologique, et tente de faire sentir comment ces images le détruisent petit à petit.
C'est ce véritable poison qui l'intéresse, ce que n'importe qui ayant perdu un être cher peut comprendre, et non l'empoisonnement final de Paolo qui est presque présenté comme la fin d'un calvaire.
L'autre dimension qui l'intéresse est la relation du peuple par rapport à l'image qu'il se fait de son leader.
En revanche, Bieito met au second plan, il me semble, l'aspect rivalités entre factions qui est l'une des motivations premières de Verdi pour cette œuvre.
Calixto Beito met donc en scène principalement cet aspect psychologique, et tente de faire sentir comment ces images le détruisent petit à petit.
C'est ce véritable poison qui l'intéresse, ce que n'importe qui ayant perdu un être cher peut comprendre, et non l'empoisonnement final de Paolo qui est presque présenté comme la fin d'un calvaire.
L'autre dimension qui l'intéresse est la relation du peuple par rapport à l'image qu'il se fait de son leader.
En revanche, Bieito met au second plan, il me semble, l'aspect rivalités entre factions qui est l'une des motivations premières de Verdi pour cette œuvre.
http://fomalhaut.over-blog.org/
"Le problème à l'opéra, c'est son public." Patrice Chéreau.
"Le problème à l'opéra, c'est son public." Patrice Chéreau.
Re: Verdi- Simon Boccanegra- Luisi / Bieito- ONP- 11 & 12/2018
C'est épouvantable ce qu'on nous inflige ...en prétendant séduire les jeunes, de surcroît.
Merci PDdlB pour ce compte rendu éclairant.
Bernard
Merci PDdlB pour ce compte rendu éclairant.
Bernard
Sunt lacrymae rerum et mentem mortalia tangunt Énéide I v
Re: Verdi- Simon Boccanegra- Luisi / Bieito- ONP- 11 & 12/2018
C'est Boccanegra ou Rigoletto qui est mis en scène?
Mon Dieu, cela ne fait pas envie. J'irai quand même voir ce spectacle car j'adore Boccanegra. Mais compte tenu de ta description, j'attends une promo de l'Opéra de Paris d'autant plus prévisible qu'au regard de tes impressions, il va être difficile de remplir la salle.PDdLB a écrit : ↑14 nov. 2018, 08:18Pour compléter mon compte-rendu, un petit florilège des rares idées de cette mise en scène (en plus de celles déjà évoquées):
- un seau métallique qui accompagne partout Paolo et avec le contenu duquel il s'éponge le visage (bel effet comique quand il va le récupérer aux saluts, mais à part ça?)
- une vidéo de Simon qui s'habille pendant un bon quart d'heure (pour signifier sa prise de fonction? mais il est débraillé dans tout le reste de l'oeuvre)
- Maria qui passe son temps à se déshabiller (alors ça je pense qu'il y a un quota réglementaire de nudité un peu arbitraire)
- une vidéo de rats numériques sur le cadavre de Maria projetée pendant l'entracte
- Et ma foi c'est un peu court, mais je crois bien que c'est tout!
C'est vraiment voir cet opéra par le petit bout de la lorgnette. Le livret est infiniment plus riche que cela notamment dans la relation père-fille ou les méfaits du pouvoir politique. Sans oublier l'omniprésence de la rédemption.David-Opera a écrit : ↑14 nov. 2018, 10:01La mise en scène représente les images mentales de Simon Boccanegra et montre petit à petit comment il est rongé par la dépression depuis qu'il a perdu sa femme.
Calixto Beito met donc en scène principalement cet aspect psychologique, et tente de faire sentir comment ces images le détruisent petit à petit.
Et puis surtout, pourquoi ériger la laideur en dogme? N'est-il pas possible de faire passer une idée avec des décors et des éclairages qui font rêver?
- David-Opera
- Basse
- Messages : 7823
- Enregistré le : 06 févr. 2004, 00:00
- Localisation : Boulogne Billancourt
- Contact :
Re: Verdi- Simon Boccanegra- Luisi / Bieito- ONP- 11 & 12/2018
Ce n'est pas du tout ce qui est montré sur scène, mais il faut savoir lire un langage théâtral bien évidemment.
http://fomalhaut.over-blog.org/
"Le problème à l'opéra, c'est son public." Patrice Chéreau.
"Le problème à l'opéra, c'est son public." Patrice Chéreau.
- David-Opera
- Basse
- Messages : 7823
- Enregistré le : 06 févr. 2004, 00:00
- Localisation : Boulogne Billancourt
- Contact :
Re: Verdi- Simon Boccanegra- Luisi / Bieito- ONP- 11 & 12/2018
Ce n'est pas le "beau" ou le "rêve" (c'est à dire l'illusion) qui intéresse nombre de metteurs en scène tels Bieito, mais plutôt comment rendre sensible une "vérité" (qu'elle soit de type psychologique ou autre) avec dans l'idée que la "vérité" est parfois dure ou peu agréable à regarder.
Cela ne plait pas à tout le monde, on le sait bien.
http://fomalhaut.over-blog.org/
"Le problème à l'opéra, c'est son public." Patrice Chéreau.
"Le problème à l'opéra, c'est son public." Patrice Chéreau.