Verdi - Nabucco - Rustioni - vc - Lyon/TCE - 11/2018
Verdi - Nabucco - Rustioni - vc - Lyon/TCE - 11/2018
Daniele Rustioni, dir.
Nabucco, roi de Babylone : Amartuvshin Enkhbat
Abigaïlle, esclave, présumée fille de Nabucco : Anna Pirozzi
Ismaël, neveu du roi des Hébreux, amoureux de Fenena : Massimo Giordano
Zaccaria, Grand prêtre de Jérusalem: Riccardo Zanellato
Fenena, fille de Nabucco: Enkelejda Shkoza
Grand prêtre de Belos à Babylone: Martin Hässler
Anna: Erika Baikoff
Abdallo :Grégoire Mour
Orchestre et Chœurs de l’Opéra de Lyon
Paris, Théâtre des Champs-Élysées, le 9 novembre 2018
Paris a découvert Nabucco au Théâtre des Italiens le 16 octobre 1845, trois mois après la création française qui a eu lieu à Marseille l’été précédent, et quatre ans et demi après la création mondiale qui s’est déroulée à la Scala le 9 mars 1842. L’ouvrage n’a fait son entrée au répertoire de l’Opéra que le 30 juin 1979 et n’a connu depuis dans notre capitale que trois productions scéniques, celle d’Henri Ronse à Garnier (1979), celle de Vittorio Rossi à Bercy (1987) et celle de Robert Carsen à Bastille (1995-2000). Mais il avait été donné ici-même, en version de concert le 11 février 1972 avec l’incroyable Elena Suliotis.
Depuis 1979, le public parisien a pu applaudir dans cet opéra quelques artistes de première grandeur: S. Milnes, P. Cappuccilli (le 5 mai 1987 à Bercy, pour une seule date), A. Fondary dans le rôle-titre, G. Dimitrova, J. Varady et M. Guleghina en Abigaille, R. Raimondi, S. Ramey et F. Furlanetto en Zaccaria, V. Cortez et V. Urmana en Fenena, C. Cossutta et J. Cura en Ismael. Mais ni R. Bruson, ni G. Zancanaro, ni L. Nucci.
Quarante six ans et demi plus tard, Nabucco revient avenue Montaigne pour une seule soirée, à nouveau en version de concert, de très haut voltage mais sans Leo Nucci remplacé toutefois de manière grandiose.
Daniele Rustioni dirige cet opéra en premier de la classe (dans les deux sens du mot) et avec une énergie de Vésuve ravivé. Il y fait montre une nouvelle fois d’une grande maturité, d’un sens acéré de la progression dramatique et des contrastes, d’une probité stylistique irréprochable dans une version épique en technicolor et en 3D. Tout juste pourrait-on lui reprocher certains tempi un peu précipités qui ne ménagent guère les chanteurs et un goût des décibels un peu trop prononcé. Enfin, il suffit que le syndrome d’Oren qui le guette (sa gestuelle en seconde partie !) ne le submerge pas complétement pour qu’il devienne un grand chef.
Il a su porter en quelques saisons seulement son orchestre de Lyon à un niveau d’excellence jamais atteint avant lui et qui en font l’un des tous meilleurs de l’hexagone avec des chœurs eux aussi d’une haute tenue.
Massimo Giordiano s’investit pleinement en Ismael et ne manque pas de qualités mais sans y briller totalement faute d’un vrai galbe vocal, de la largueur nécessaire et d’une palette de couleurs plus riches.
En Fenena, Enkelejda Shkoza déploie une puissante voix sombre et une belle intensité mais la pureté de son chant est compromise par son vibrato.
Riccardo Zanellato, visiblement malade et s’en excusant aux saluts, n’en campe pas moins un Zaccaria intègre et au chant soigné.
Anna Pirozzi inscrit son Abigaille, et avec quel brio !, dans la lignée belcantiste défendue par sa créatrice, la Strepponi, qui a fait essentiellement carrière chez Bellini et Donizetti. Elle réussit des prodiges techniques de haute école dans ce rôle crucifiant avec un aplomb et une vaillance confondants et qui subjuguent. Mais la version de concert ne la favorise guère car elle manque d’allure (sa tenue vestimentaires, ses crispations faciales castafioresques) et de charisme. On peut lui reprocher aussi un défaut de rondeur dans le registre aigu, claironnant certes mais peu agréable.
La soirée offre deux révélations, l’Anna d’Erika Baikoff, pure et percutante dans l’aigu et le Nabucco véritablement babylonien d’Amartuvshin Enkhbat.
Ce baryton mongol trentenaire chavire le public d’un public d’un théâtre des Champs-Elysées bondé par la splendeur de ses moyens et la science déjà émérite de son chant tout de musicalité ample et noble, avec une véritable capacité à traduire, même au concert, l’évolution psychologique de son personnage, de l’hybris délirante à la rédemption par une révélation mystique qui le réinvente.
Bref, Paris a entendu 18 ans le retour de Nabucco mais quelle fête hier, avenue Montaigne, pour les amoureux de Verdi !
Jérôme Pesqué
je rappelle l'interview ODB d'Anna Pirozzi
joomfinal/index.php/les-dossiers/46-les ... na-pirozzi
Nabucco, roi de Babylone : Amartuvshin Enkhbat
Abigaïlle, esclave, présumée fille de Nabucco : Anna Pirozzi
Ismaël, neveu du roi des Hébreux, amoureux de Fenena : Massimo Giordano
Zaccaria, Grand prêtre de Jérusalem: Riccardo Zanellato
Fenena, fille de Nabucco: Enkelejda Shkoza
Grand prêtre de Belos à Babylone: Martin Hässler
Anna: Erika Baikoff
Abdallo :Grégoire Mour
Orchestre et Chœurs de l’Opéra de Lyon
Paris, Théâtre des Champs-Élysées, le 9 novembre 2018
Paris a découvert Nabucco au Théâtre des Italiens le 16 octobre 1845, trois mois après la création française qui a eu lieu à Marseille l’été précédent, et quatre ans et demi après la création mondiale qui s’est déroulée à la Scala le 9 mars 1842. L’ouvrage n’a fait son entrée au répertoire de l’Opéra que le 30 juin 1979 et n’a connu depuis dans notre capitale que trois productions scéniques, celle d’Henri Ronse à Garnier (1979), celle de Vittorio Rossi à Bercy (1987) et celle de Robert Carsen à Bastille (1995-2000). Mais il avait été donné ici-même, en version de concert le 11 février 1972 avec l’incroyable Elena Suliotis.
Depuis 1979, le public parisien a pu applaudir dans cet opéra quelques artistes de première grandeur: S. Milnes, P. Cappuccilli (le 5 mai 1987 à Bercy, pour une seule date), A. Fondary dans le rôle-titre, G. Dimitrova, J. Varady et M. Guleghina en Abigaille, R. Raimondi, S. Ramey et F. Furlanetto en Zaccaria, V. Cortez et V. Urmana en Fenena, C. Cossutta et J. Cura en Ismael. Mais ni R. Bruson, ni G. Zancanaro, ni L. Nucci.
Quarante six ans et demi plus tard, Nabucco revient avenue Montaigne pour une seule soirée, à nouveau en version de concert, de très haut voltage mais sans Leo Nucci remplacé toutefois de manière grandiose.
Daniele Rustioni dirige cet opéra en premier de la classe (dans les deux sens du mot) et avec une énergie de Vésuve ravivé. Il y fait montre une nouvelle fois d’une grande maturité, d’un sens acéré de la progression dramatique et des contrastes, d’une probité stylistique irréprochable dans une version épique en technicolor et en 3D. Tout juste pourrait-on lui reprocher certains tempi un peu précipités qui ne ménagent guère les chanteurs et un goût des décibels un peu trop prononcé. Enfin, il suffit que le syndrome d’Oren qui le guette (sa gestuelle en seconde partie !) ne le submerge pas complétement pour qu’il devienne un grand chef.
Il a su porter en quelques saisons seulement son orchestre de Lyon à un niveau d’excellence jamais atteint avant lui et qui en font l’un des tous meilleurs de l’hexagone avec des chœurs eux aussi d’une haute tenue.
Massimo Giordiano s’investit pleinement en Ismael et ne manque pas de qualités mais sans y briller totalement faute d’un vrai galbe vocal, de la largueur nécessaire et d’une palette de couleurs plus riches.
En Fenena, Enkelejda Shkoza déploie une puissante voix sombre et une belle intensité mais la pureté de son chant est compromise par son vibrato.
Riccardo Zanellato, visiblement malade et s’en excusant aux saluts, n’en campe pas moins un Zaccaria intègre et au chant soigné.
Anna Pirozzi inscrit son Abigaille, et avec quel brio !, dans la lignée belcantiste défendue par sa créatrice, la Strepponi, qui a fait essentiellement carrière chez Bellini et Donizetti. Elle réussit des prodiges techniques de haute école dans ce rôle crucifiant avec un aplomb et une vaillance confondants et qui subjuguent. Mais la version de concert ne la favorise guère car elle manque d’allure (sa tenue vestimentaires, ses crispations faciales castafioresques) et de charisme. On peut lui reprocher aussi un défaut de rondeur dans le registre aigu, claironnant certes mais peu agréable.
La soirée offre deux révélations, l’Anna d’Erika Baikoff, pure et percutante dans l’aigu et le Nabucco véritablement babylonien d’Amartuvshin Enkhbat.
Ce baryton mongol trentenaire chavire le public d’un public d’un théâtre des Champs-Elysées bondé par la splendeur de ses moyens et la science déjà émérite de son chant tout de musicalité ample et noble, avec une véritable capacité à traduire, même au concert, l’évolution psychologique de son personnage, de l’hybris délirante à la rédemption par une révélation mystique qui le réinvente.
Bref, Paris a entendu 18 ans le retour de Nabucco mais quelle fête hier, avenue Montaigne, pour les amoureux de Verdi !
Jérôme Pesqué
je rappelle l'interview ODB d'Anna Pirozzi
joomfinal/index.php/les-dossiers/46-les ... na-pirozzi
Parution de ma biographie "Régine Crespin, La vie et le chant d'une femme" ! Extraits sur https://reginecrespinbiographie.blogspot.com/
Odb-opéra
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Re: Verdi- Nabucco - Rustioni, vc- Lyon et TCE- 11/2018
Les extraits visibles d'Enkhbat sur le net font vraiment envie, ça a l'air tellurique comme voix.
Le duo avec Pirozzi risque de faire tomber les murs (surtout si elle balance le mi bémol à la fin comme elle le fait parfois).
Le duo avec Pirozzi risque de faire tomber les murs (surtout si elle balance le mi bémol à la fin comme elle le fait parfois).
Re: Verdi- Nabucco - Rustioni, vc- Lyon et TCE- 11/2018
La voix d'Enkhbat est somptueuse (timbre, ligne nuances, la bémol à la fin de la strette compris). Le duo est "sonore"
Re: Verdi- Nabucco - Rustioni, vc- Lyon et TCE- 11/2018
Re: Verdi- Nabucco - Rustioni, vc- Lyon et TCE- 11/2018
Re: Verdi- Nabucco - Rustioni, vc- Lyon et TCE- 11/2018
Pour ma part, c'est la défection de Leo Nucci au profit d'Amartuvshin Enkhbat qui m'a incité à prendre une place de dernière minute.
Comme quoi, les goûts et les couleurs ...
Comme quoi, les goûts et les couleurs ...
Re: Verdi- Nabucco - Rustioni, vc- Lyon et TCE- 11/2018
( à Paris ? )
Bernard
Sunt lacrymae rerum et mentem mortalia tangunt Énéide I v
Re: Verdi- Nabucco - Rustioni, vc- Lyon et TCE- 11/2018
Air et duo avec le baryton sont sur YT
Re: Verdi- Nabucco - Rustioni, vc- Lyon et TCE- 11/2018
Sunt lacrymae rerum et mentem mortalia tangunt Énéide I v