Rossini - Semiramide - Grazioli / Raab - Saint-Etienne - 03/2018

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thierry
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Re: Rossini - Semiramide - Grazioli / Raab - Saint-Etienne - 03/2018

Message par thierry » 05 mars 2018, 07:37

Je suis assez d accord avec le compte rendu d iphigenie , belle prestation d Aude Extremo , Karine Deshayes est un peu hors de propos dans le rôle de Semiramide

petitchoeur
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Re: Rossini - Semiramide - Grazioli / Raab - Saint-Etienne - 03/2018

Message par petitchoeur » 05 mars 2018, 23:53

SEMIRAMIDE de Gioacchino ROSSINI

Melodramma tragico en deux actes
Livret de Gaetano ROSSI inspiré de la tragédie SÉMIRAMIS de VOLTAIRE
Création le 3 février 1823 au Théâtre de la Fenice à Venise.

Direction musicale: GIUSEPPE GRAZIOLI
Mise en scène : NICOLA RAAB
Décors: MADELEINE BOYD
Costumes : JULIA MÜER
Lumières : BERND PURKRABEK
Réalisation lumières : ANDREW MAY
Chef des choeurs : LAURENT TOUCHE

SEMIRAMIDE : KARINE DESHAYES
ARSACE : AUDE EXTRÉMO
ASSUR : DANIELE ANTONANGELI
IDRENO : MANUEL NUÑEZ-CAMELINO
OROE : THOMAS DEAR
AZEMA : JENNIFER MICHEL
MITRANE : CAMILLE TRESMONTANT
L’OMBRE DE NINO : NIKA GULIASHVILI

ORCHESTRE SYMPHONIQUE SAINT-ÉTIENNE LOIRE
CHŒUR LYRIQUE SAINT-ÉTIENNE LOIRE


Nouvelle production de l’OPÉRA NATIONAL DE LORRAINE (2017)


Grand Théâtre Massenet à Saint-Etienne le 4 mars 2017.

Cette nouvelle production donnée à Nancy en mai 2017 a fait l’objet de très nombreux commentaires plus ou moins critiques d’Odbiens. Principalement sur le rôle d’Arsace tenu par le contre-ténor Franco Fagioli alors que la partition est écrite pour voix d’alto. Je vous renvoie au fil :
http://www.odbopera.com/viewtopic.php?f ... mide+nancy
A Saint-Etienne est reprise cette production de l’Opéra National de Lorraine avec une distribution totalement différente. Version passionnante cette fois par la prise de rôle de Karine Deshayes en Semiramide et celle d’Aude Extremo en Arsace.
Semiramide est le dernier opéra composé par Rossini pour l’Italie avant son installation à Paris. Créé à Venise le 3 février 1823, c’est un immense succès : 28 représentations avant la fin de saison ! Une quarantaine d’ouvrages lyriques s’inspirent de la légende antique de Sémiramis dont près de la moitié mettent en musique des livrets construits à partir de la tragédie en cinq actes de Voltaire publiée en 1749. Seule reste aujourd’hui au programme des maisons d’opéras l’œuvre de Rossini.

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« Un fils et sa mère. Ils se sont perdus de vue depuis longtemps. Ils construisent une relation faite de confusions entre amour et désir. Le premier se cherche lui-même, veut découvrir ses origines. L’autre, dans un monde imaginaire, se perd face à la mort, à l’oubli impossible, à la culpabilité qui ne peut être effacée. L’espace est celui d’un labyrinthe qui représente le monde intérieur d’Arsace, le fils, dans lequel il s’aventure pour découvrir la vérité. Tous les autres personnages sont plongés eux aussi dans cette dimension de théâtre dans le théâtre afin qu’ils puissent découvrir une vérité sur eux-mêmes » (extrait de la note d’intention de Nicola Raab, metteur en scène, dans le programme de salle). La couleur noire est partout présente : dans le décor et les costumes sauf ceux de Semiramide et d’Idreno, un prince indien. Un grand miroir au cadre brisé est la mémoire du roi Nino assassiné par Semiramide et son complice Assur. Monté et descendu des cintres sur une scène de théâtre occupant, de profil, la moitié du plateau, il vient torturer l’esprit des assassins. A la fin de l’œuvre, tel un aveu de culpabilité, Assur le traverse en brisant le verre: éclate ainsi la vérité !
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Karine Deshayes est une Semiramide qui maîtrise toutes les difficultés du rôle : les redoutables vocalises aussi bien que l’évolution du personnage : de la maîtrise de soi et de l’attitude orgueilleuse, à la passion puis à l’angoisse et à la supplication face aux révélations d’Arsace. Très à l’aise dans tous les registres de sa voix puissante : des graves aux belles rondeurs, des aigus éclatants. Aude Extremo est une grande comédienne qui endosse le personnage d’Arsace avec beaucoup de finesse. Sa technique est impeccable dans les vocalises, son medium et ses aigus sont soyeux, la voix est magnifiquement projetée mais je ne suis guère séduit par un timbre fort résonnant et désagréablement sonore dans le registre grave. Dommage ! Cela n’empêche pas le duo Semiramide/Arsace d’être un très beau moment de chant et d’émotion. Daniele Antonangeli est un Assur à la voix impeccable mais qui peine à s’imposer face aux voix puissantes d’Arsace et de Semiramide . Manuel Nunez Camelino en Idreno se révèle bien meilleur dans son air du 2ème acte que dans celui du premier. Thomas Dear en Oroe est une basse puissante au timbre profond et riche d’harmoniques. Camille Tresmontant est un ténor séduisant : il est impeccable en Mitrane. Nika Guliashvili en ombre de Nino s’impose de sa voix d’outre-tombe.

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Giuseppe Grazioli, déjà à la baguette dans l’Italienne à Alger ici même à Saint-Etienne en 2016, mène avec tout le dynamisme, la fantaisie, le brio nécessaire à la partition de Rossini, un Orchestre Symphonique de Saint-Etienne Loire subjugué. Et cela dès l’ouverture (bravo aux cornistes !). Très belle présence tout au long de l’œuvre du Chœur Lyrique de Saint-Etienne Loire parfaitement préparé par Laurent Touche.
Grand succès et nombreux rappels d’un public enthousiaste pour un spectacle fort réussi.
Dernière représentation mardi 6 mars à 20h.

Pierre Tricou

petitchoeur
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Re: Rossini - Semiramide - Grazioli / Raab - Saint-Etienne - 03/2018

Message par petitchoeur » 06 mars 2018, 10:34

Copyright des photos illustrant mon compte-rendu: Cyrille Cauvet/Opéra de Saint-Etienne

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swedish
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Re: Rossini - Semiramide - Grazioli / Raab - Saint-Etienne - 03/2018

Message par swedish » 07 mars 2018, 12:51

La salle du grand theatre Massenet est prête a accueillir la dernière de Semiramide ce soir. Si les stephanois ne se sont pas déplacés en masse, le public se montrera très respectueux du chant (peu de toux intempestives, Allelujah !!!) Tout au long de ce marathon de 3h40 (on oubliera le telephone qui sonne pendant l'ouverture). Les applaudissements, au debut timides, se verront plus qu'amplifiés aux saluts finaux.

Semiramide, un de ces sommets du belcanto, apparement si difficile a distribuer, donc si peu joué. Quel dommage pourtant. Le petit théâtre stephanois, s'il est en coproduction avec les Lorrains, montre qu'on peut faire (re)vivre cette œuvre avec virtuosité et Talent. Le tout avec des artistes (presque) locaux! Bravo!

On passera sur la mise en scène étrange et sombre de Nicola Raab. Pas compris grand chose: l'arrière scène théâtrale leur permettrait de se confronter à eux même tout en voyant dans le miroir leur vraie nature avant de se montrer au monde au grand jour sur les planches et l'explosion du miroir signifierait lexplosion de la verite........ Bref, beaucoup de philosphie metaphorique pour pas grand chose a mon goût. J'ai besoin de visuel, de couleurs, d'exotisme! L'exotisme justement est peu présent : on se croit plus à la salle des fêtes de la MJC de Bourgoin-Jaillieu qu'en Assyrie.
Reste les costumes (Julia Müer) et maquillages dignes de la courscour royale Versaillaise qui rendent la vision un peu moins terne (et mettent en valeur le potentiel de bombes sexuelles de nos chanteurs... Bon sang, Karine! Quelle poitrine!!!).

Heureusement que le beau chant remonte le niveau de la légende rossinienne et babylonienne.

Les "petits rôles" sont très bien tenus: Mitrane (Camille Desmontrant), Azema (Jennifer Michel, ou la princesse-bonne-femme de ménage).

Le cœur de l'Opéra de St-Etienne qui intervient régulièrement au fil de l'œuvre est puissant et plutôt homogène. On regrettera le manque de mouvements. On se croirait à un oratorio, on s'avance sur la scène pour chanter, puis on recule, perpetuellement....

Mentions spéciales pour les basses: ombre de Nino (Nika Guliashvili) et Oroe par Thomas Dear (quelle bombe sexuelle également! Il ne bouge pas sur scène, mais on peut, au moins, l'admirer comme ça).

Idreno et Assur sont pourtant un peu derrière. Manuel Nunez-Camelino se pare très certainement d'une tenue du Roi soleil haute en couleur, reprise du festival de Dunkerque. Je ne vois pas d'autres explications sur ca, désolé. S'il est le roi, il a pourtant plus l'attitude du bouffon de la cour. Le chant est tiré dans les aiguës et le timbre pas spécialement beau. Mais le sud américain a le mérite de plutôt bien incarner la légèreté du personnage (qui n'a absolument rien à voir avec l'intrigue dramatique pour le coup).

Plus d'espoirs sont mis en Daniele Antonangeli alias le prince Assur. J'ai trouvé le timbre très agréable, tout comme sa prestation. Maintenant, être agréable n'est pas la caractéristique principale d'Assur. Il aurait fallu plus de puissance et de profondeur dans la voix, ainsi que de la conviction dans le jeu pour croire en la méchante, vilaine et sombre âme du prince. Pendant sa scène de la folie, Assur ressemble plus à une un lycéen sur sa copie de philo en train de reflechir a la definition de la culpabilité qu'à un schyzo. Dommage. Mettez cette voix dans la cage thoracique de Karine, et bon Dieu, vous faites sauter le théâtre !!

Mais, au sommet (et c'est pour ca que je suis venu), on trouve les femmes (enfin une femme et un demi-homme plutôt). Et là, que de beauté et d'agilité (j'hésite a utiliser le mot perfection, ca n'existe pas semble-t-il).
Aude Extremo rentre parfaitement dans ce rôle en pantalon. Et elle rentre egalement très bien dans le pantalon noir/chemise blanche, et autre petites tenues de bourgeois courtisans bien propres sur eux. Les maquilleuses réussissent à rendre l'illusion d'un visage masculin, mais pas trop. Juste ce qu'il faut pour ce rôle travesti si particulier. Honneur, courage, déception et surprise traverseront arsace pendant sa quête vers le cœur d'Azema et l'Empire de sa mère (qui est Semiramide, mais ca ils ne le savent pas, même si Semiramide est éperdument amoureuse de son fils, tout en profitant egalement du prince Ass..... Heu bon ca devient compliqué là, rdv dans wikipedia pour le livret).
Des aiguës aux graves, Aude nous transporte par la netteté de sa voix et son agilité (sauf quelques "GASP" un peu bizarres depuis le fond de la gorge en certains moment) Ca semble si facile!! Le timbre est superbe. Son engagement arrache des clap clap et des "braviii" à chaque aria, jusqu'à son sommet dans l'air de la vengeance du second acte. C'est très certainement une chanteuse a suivre.

Quant à Semiramide, bon, là, je pense qu'on peut dire perfection non?
Notre Karine Deshayes nationale réussi à traverser la longue soirée sans perte de volume ni de souffle. La voix est claire, nette, precise, puissante et virtuose. Oui, vraiment! Que des compliments!
Le jeu d'acteur est simple, mais convainquant. Elle sait restituer le double côté reine guerrière vs. Mère amoureuse (quelle grâce, quelle sensualité, quelle beauté !!! Bon, j'arrête).
Les duos féminins ont d'une beauté et d'une sérénité décoiffantes.

La direction de l'orchestre Tours-Val de Loire de Guisseppe Grazioli est efficace. L'orchestre est emplein d'énergie, tout en sachant accompagner les duos les plus doux. Il reste quelques petits décalages (j'étais au deuxième rang du parterre, ca doit jouer) mais ca ne joue en rien sur la qualité de la soirée.

L'ensemble était vraiment superbe et je retournerai avec plaisir dans ce théâtre pour d'autres spectacles!
Le meilleur de la soirée : ma place jeune dernière minute au milieu du troisième range du parterre m'a coûté... 5 euros.


Ps: c'est mon premier CR, Soyez indulgents :)

muriel
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Re: Rossini - Semiramide - Grazioli / Raab - Saint-Etienne - 03/2018

Message par muriel » 07 mars 2018, 13:01

bravo !
je suis d'accord sur la tenue du Roi Soleil (on passera sur la robe nunuche d'Azema), la beauté d'Oroe, les duos impeccables des 2 femmes.....
pas sur l'orthographe de schizo :wink:

GGOPERA
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Re: Rossini - Semiramide - Grazioli / Raab - Saint-Etienne - 03/2018

Message par GGOPERA » 07 mars 2018, 13:55

Merci swedish pour ce CR !
J'ai assisté à la représentation de dimanche et je souscris en tout point à tes impressions.

Un duo de femmes exceptionnel, en notant la fantastique performance vocale et scénique de Karine Deshayes, dont l'évolution est étonnante et extrêmement convaincante depuis quelques temps, et particulièrement dans les rôles tragiques (Armida, Alceste, Semiramide).
Je suis moins fan du timbre d'Aude Extrémo (belle virtuosité également), mais je dois reconnaître que les duos Semiramide/Arsace atteignent des sommets.

Des hommes en retrait : on peut toutefois noter la progression de Daniele Antonangeli en Assur au cours de la représentation, même s'il doit faire preuve de plus de mordant dans ce type de rôle.

Juste une correction : dans la fosse, il s'agissait de l'Orchestre Symphonique Saint-Étienne Loire (et non Tours Val de Loire, comme tu l'écris, swedish).

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