Mozart - Don Giovanni - Luisi/Grandage - Met - 09-10/2016

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Bernard C
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Re: Mozart-Don Giovanni-Luisi/Grandage-Met -09-10/2016

Message par Bernard C » 22 oct. 2016, 19:54

Keenlyside et Appleby , rien moins que sublimes cet après-midi.
Gerzmava paralysée par le trac , vibrotte , stridente.. voir la suite.

Excellent ensemble, tout cela manque de nerf , mais ils ont beaucoup travaillé la mise en scène qui semble miraculeusement s'améliorer dans le temps.

Bon c'est de la belle musique même si ça ne casse pas la baraque.

À vous.

Bernard
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Stefano P

Re: Mozart-Don Giovanni-Luisi/Grandage-Met -09-10/2016

Message par Stefano P » 22 oct. 2016, 20:07

J'aime aussi beaucoup Leporello, très énergique, et Zerlina qui me rappelle un peu la jeune Cecilia Bartoli dans le physique et les attitudes. Elvira est très mémère offusquée, avec un côté Julie Andrews un peu trop caricatural. Je préfère les Elvira plus altières ! Mais on passe une très bonne soirée !

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Bernard C
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Re: Mozart-Don Giovanni-Luisi/Grandage-Met -09-10/2016

Message par Bernard C » 22 oct. 2016, 21:40

Keenlyside un dieu !
Un retour grandiose .
Don Giovanni comme jamais.... bravo, bravo bravo.
Bernard

Au total meilleure seconde partie..ils mettent enfin le feu à la salle.
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Bernard C
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Re: Mozart-Don Giovanni-Luisi/Grandage-Met -09-10/2016

Message par Bernard C » 22 oct. 2016, 22:31

Stefano P a écrit :J'aime aussi beaucoup Leporello, très énergique, et Zerlina qui me rappelle un peu la jeune Cecilia Bartoli dans le physique et les attitudes. Elvira est très mémère offusquée, avec un côté Julie Andrews un peu trop caricatural. Je préfère les Elvira plus altières ! Mais on passe une très bonne soirée !
Oui ils forment vraiment une troupe formidable.
Elvira est très juste dans l'acte II emportée au final par la violence incroyable de DG Keenlyside sur la table que je n'ai jamais vue interprétée de cette façon ( quelques bruissements dans la salle)

On aurait pu croire que vue la taille de " géants" de Leporello et de Masetto ( M.Rose !) , le minuscule SK ne ferait pas le poids.
Par son jeu il décuple une puissance sur scène !
S'il voulait démontrer qu'il reste au sommet des Don Giovanni actuels Simon Keenlyside ne pouvait pas mieux réussir , bien sûr y compris au niveau vocal ( timbre + projection )

Bernard
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Stefano P

Re: Mozart-Don Giovanni-Luisi/Grandage-Met -09-10/2016

Message par Stefano P » 22 oct. 2016, 22:45

quetzal a écrit :Oui ils forment vraiment une troupe formidable.
Elvira est très juste dans l'acte II emportée au final par la violence incroyable de DG Keenlyside sur la table que je n'ai jamais vue interprétée de cette façon ( quelques bruissements dans la salle)

On aurait pu croire que vue la taille de " géants" de Leporello et de Masetto ( M.Rose !) , le minuscule SK ne ferait pas le poids.
Par son jeu il décuple une puissance sur scène !
S'il voulait démontrer qu'il reste au sommet des Don Giovanni actuels Simon Keenlyside ne pouvait pas mieux réussir , bien sûr y compris au niveau vocal ( timbre + projection )

Bernard
Très impressionné aussi par Keenlyside, et par Donna Anna que je ne connaissais pas : quelle énergie incroyable dans son dernier air, ça déménageait vraiment ! Ottavio aussi formidable dans Il mio tesoro intanto, que j'ai rarement entendu chanté avec autant de conviction et d'énergie ; Ottavio, c'est souvent un peu soporifique, mais ce soir vraiment pas...

En regardant la mise en scène, classique mais très vivante, je me disais que l'on assistait un peu à un retournement que Roland Barthes aurait appelé "bathmologique" : aujourd'hui, on s'attend tellement à ce que Leporello aide DG à se faire un shoot d'héroïne ou à ce que le trio des masques soit chanté dans un club échangiste que lorsque ce n'est pas le cas, comme ce soir au Met, on trouve ça carrément novateur et incroyablement surprenant ! Comme disait le maestro Verdi, torniamo all'antico, e sarà un progresso ! 8)

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Re: Mozart-Don Giovanni-Luisi/Grandage-Met -09-10/2016

Message par houppelande » 22 oct. 2016, 22:53

Oui, une représentation épatante. J'ai aussi trouvé la seconde partie plus réussie encore que la première.

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Re: Mozart-Don Giovanni-Luisi/Grandage-Met -09-10/2016

Message par Bernard C » 22 oct. 2016, 22:54

Oui et tu vois le talent de Keenlyside est d'apporter une touche tellement forte qu'il modernise cette mise en scène.

( Je l'ai vue avec Kwiencien et aussi Mattei )
Telle quelle elle n'est pas" classique", elle touche au coeur de l'oeuvre mozartienne je trouve, même si le décor statique reste ce qu'il est.
Le jeu d'acteur a été très travaillé...plus qu'avec d'autres cast.

Bernard
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Re: Mozart-Don Giovanni-Luisi/Grandage-Met -09-10/2016

Message par jerome » 23 oct. 2016, 01:48

Excellente soirée que ce Don Giovanni dans une très belle mise en scène qui fait un bien fou! C'est la 2ème fois que je la vois et j'adore toujours autant! Belle direction de Luisi mais qui m'a semblé un peu inférieure à celle de Guillaume Tell.
Très beau cast à commencer par Keenlyside, en pleine forme et vocale et physique! Chapeau bas! Allez pour le principe un léger bémol pour son Air de l'Acte 1 légèrement savonné dans les notes et les mots mais belle énergie globale.
Belle Elvira de Byström, très engagée, belle voix, excellent jeu scénique (quel visage expressif!)
Effectivement Serena Malfi a un visage et un bas-medium très "bartoliens" et a admirablement composé le personnage de Zerlina. Son Masetto est irréprochable.
Superbe révélation que l'Ottavio d'Appleby! Quelle belle voix, quel art du chant! Il est à suivre de près celui-là! là aussi léger bémol pour la vocalisation trop lente et scolaire de son 2ème Air mais c'est pas grave au regard du reste de la prestation qui est d'une eau magnifique!
J'ai adoré le Leporello de Plachetka: le timbre est beau, le chant merveilleusement négocié et le jeu est d'un naturel confondant!
En revanche j'ai 2 grosses réserves: Le Commandeur de Kwangchul Youn est assez difficile vocalement avec cet horrible vibrato qui affecte lourdement le haut medium et l'aigu. Comme dirait feu Goléa, ce garçon maîtrise tous les secrets de l'ascenseur dans tous les sens!
Et puis la Donna Anna de Gerzmava me laisse très perplexe: la voix est intrinsèquement celle qui convient à Anna, l'énergie incroyable de la projection aussi! Par ailleurs elle fait de très jolies choses sur le plan musical et le matériau vocal est beau et opulent! Mais où cette femme a-t'elle donc appris à chanter ?? Est ce que personne n'a été foutu de lui expliquer qu'on ne vocalise pas et qu'on ne trille pas en faisant trembler sa mâchoire inférieure ?? Et ce vibrato beaucoup trop audible et strident au fur et à mesure qu'elle monte dans l'aigu comme la pire Pendatchanska, c'est juste pas possible! Ses mauvais moments ont été le sextuor du milieu de l'acte 2 (où elle jappait littéralement) et la fin de son 2ème air (où les vocalises et les notes piquées étaient ... "bizarres" ...). Marina Rebeka dans la 1ère cinédiffusion de cette production de Don Giovanni il y a quelques années était une Anna d'une toute autre valeur!
Mes élèves ont beaucoup aimé le spectacle.

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Bernard C
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Re: Mozart-Don Giovanni-Luisi/Grandage-Met -09-10/2016

Message par Bernard C » 23 oct. 2016, 02:45

Nous sommes à peu près d'accord
( Sauf pour Rebeka ,en salle j'avais été très déçu ,lors de la création de la prod.. mais c'est une vieille histoire.)

Youn est moins pire que hier... hier c'était terrible.

Chapeau à Rose tout de même !
Quelle pointure dans Masetto !
(Je crois qu'il sera le Baron dans le Chevalier à Paris ou Covent Garden cette année ?)

Bernard
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Re: Mozart-Don Giovanni-Luisi/Grandage-Met -09-10/2016

Message par HELENE ADAM » 23 oct. 2016, 07:58

Très belle soirée dans un cinéma très confortable et très bien rempli où les spectateurs, mélomanes avertis manifestement, applaudissent les meilleures performances des chanteurs (et il n'en manquait pas hier soir !), et participent presque comme dans une salle d'opéra (sans tousser !)

J'ai été complètement séduite aussi par ce Don Giovanni formidablement interprété par un Simon Keenlyside qui, vu les risques physiques et vocaux qu'il prend dans la grande salle du MET, a manifestement retrouvé toute sa forme et c'est un plaisir immense pour moi comme pour beaucoup des présents dans la salle, de le retrouver ainsi.
Il campe un DG "mûr" mais resté follement séduisant, qui se jette à corps perdu dans ses obsessions, et défie la mort et le commandeur lors de la l'avant-dernière scène, avec une classe folle très fin 18ème, aristocratie décadente et soif de liberté en même temps.
Quand il prend les vêtements de Leporello, il devient réellement "valet", se courbe un peu, prend l'air "pauvre", perd son port altier, baisse un peu la tête : je crois que c'est la première fois que je vois un réel contraste entre le maître et le valet souvent interprété par des artistes interchangeables mais qui, là, symbolise plus l'opposition des deux conditions que la "gémellité" parfois recherché dans nombre de mises en scène.
Il entame pourtant son rôle avec une légère faiblesse vocale (qui m'a fait un peu peur) mais très rapidement on oublie ses graves ennuis de santé (passés), tant il fait plaisir à voir et à entendre. Un DG qui chante aussi bien (et quelles nuances de rêve) qu'il joue. Génial. (je l'avais déjà ré-entendu, brillant, dans Germont père cet été à Munich, dans un rôle très différent, il confirme qu'il a retrouvé les palettes de son talent lui qui s'est justement toujours caractérisé par un éclectisme fort convainquant).

Image
photo album SK

La mise en scène est en effet parfaite de tous les points de vue :
- modernisée pour ce qui permet d'alléger les lourdeurs de certains décors des mises en scène non transposées (fond de scène en haut panneaux représentant des dizaines de fenêtre sur une façade assez délabrée, le premier panneau coulisse pour dévoiler une arrière scène pour le mariage, pour le bal, pour la scène du cimetière, pour le souper et surtout lors du final, pour s'ouvrir sur un splendide ciel bleu, le bien a triomphé, le soleil se lève).
- classique pour le strict respect du livret : les chanteurs font exactement ce qu'ils chantent, la direction d'acteurs est formidable et l'ensemble des artistes jouent admirablement bien (et même plus encore, la caméra indiscrète révèle en gros plan la qualité de ce jeu)

Une excellente approche de DG pour ceux qui ne l'auraient jamais vu et pour moi, une des meilleures mises en scène vues depuis une dizaine d'année et autant de DG.

Fabio Luisim'a fait craindre lors de l'ouverture, un DG trop lent et trop peu intense, mais pas du tout. Il a au contraire dirigé un DG fort coloré, très dynamique, très mozartien, extrêmement en phase avec mise en scène et chanteurs. Un bonheur de plus.

Ensuite dans l'ordre des impressions, je nommerai le Leporello d'Adam Platcheka qui confirme son immense talent de comédien et sa maitrise d'un rôle de valet roublard et peureux, absolument fascinant de vérité. Un partenaire de rêve pour le DG de Keenlyside. Ses deux là se donnent la réplique au millimètre et c'est parfait.

Mais le Don Ottavio de Paul Appleby , qui remplaçait Vargas si j'ai bien compris, lui dispute largement la "deuxième" place. Le chant est superbe, toutes les nuances de ce qui est parfois surtout chanté comme un bel air de ténor sans plus, toutes les nuances qu'il maitrise sont belles et font sens, l'émotion y est et comme le chanteur maitrise aussi la scène, tout y est. C'est lui qui a été le plus applaudi dans la salle de cinéma, et c'était sans doute parce qu'il n'est pas très connu ici et qu'il a représenté la belle surprise de la soirée.

La Zerlina de Serena Malfi ne démarre pas très bien non plus mais ensuite, quel festival, elle est fraîche, elle est jeune (ou le parait), elle chante bien, elle joue bien (l'oeil malicieux qu'elle arbore sur les gros plans :roll: ), un plaisir à entendre et à voir.

Image
photo du Guardian

La Donna Anna d' Hibla Gerzmava demanderait sans doute une technique de vocalises un peu plus séduisante (surtout au cinéma) mais il y a beaucoup d'engagements chez cette artiste et elle campe finalement une bonne Donna Anna, avec, elle aussi, le physique du rôle (tout juste un peu âgé pour le jeune Don Ottavio) et de très beaux passages (que ce rôle est casse-gueule quand même).

Le Masetto de Matthew Rose (que Adam Plachetka chantera dans d'autres représentations de ce DG au MET) est une sorte de colosse un peu brut de décoffrage qui convient bien au rôle, chant un peu sommaire mais rien de rédhibitoire et une crédibilité lui aussi dans le personnage qu'il campe fort bien.

J'ai été un peu moins séduite par la Donna Elvira de Malin Byström (quelle femme superbe), sa voix m'a semblé à plusieurs reprises à la peine avec quelques aigus bien difficiles, mais ce n'est que du chipotage par rapport à une prestation globalement très "hystériquement" convaincante et très à sa place dans l'ensemble de la distribution.

Je passerai sur le petit rôle du commandeur que Kwangchul Youn ne chante pas très bien sans créer l'émotion, la gravité et la frayeur nécessaire.

Bref une très belle soirée, et le plaisir de voir encore cet opéra qui pour moi, représente une sorte de perfection de l'époque, qu'on doit à un Mozart très inspiré et qui a parfaitement construit la lente montée de cette noire comédie vers le drame et la rédemption (parfois je me dis qu'il aurait dû s'arrêter juste avant le final mais hier soir il était très beau et très convainquant).
Lui : Que sous mes pieds se déchire la terre ! que sur mon front éclate le tonnerre, je t'aime, Élisabeth ! Le monde est oublié !
Elle : Eh bien ! donc, frappez votre père ! venez, de son meurtre souillé, traîner à l'autel votre mère

Mon blog :
https://passionoperaheleneadam.blogspot.fr

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