A Amsterdam, un Lucio Silla à la sauce roumaine

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lachlan
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Message par lachlan » 15 déc. 2004, 00:40

:lol: ! Ca plombe!

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EdeB
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Message par EdeB » 15 déc. 2004, 14:16

Bajazet a écrit :Je ne sais plus si on le trouve encore (j'en doute) : il y avait un livre-programme de la Monnaie de Bruxelles à l'occasion de la production de Chéreau/Cambreling, avec beaucoup de photos du spectacle et des répétitions, fort bien fait, avec une interview du chef et du metteur en scène, des extraits de l'ouvrage d'Hermann Abert, et même le Dialogue de Sylla et d'Eucrate, de Montesquieu.
Références : Cl. Stratz (éd.), Le Lucio Silla de Mozart ou le dernier voyage en Italie, Bruxelles, Editions Beba, 1984.
C?était le programme fait par les Amandiers, sous la responsabilité de François Regnault.
Les photos ont été reprises dans le coffret 33t puis dans la première édition CD.
Quelques unes figurent dans l?Avant Scène opéra sur Lucio Silla.
Chéreau y soulignait un des intérêts de cet opéra à ses yeux, le caractère tourmenté et adolescent de Giunia et Cecilio. La première a en effet quelque chose d'halluciné, de suicidaire et de fiévreux, qui est très différent de ce qu'on aura avec Vitellia. Certains exégètes sont allés jusqu'à parler d'esprit déjà "Sturm und Drang": je suis sceptique sur cette manie des étiquettes pré-ceci ou pré-cela, mais ça rend assez bien compte de l'esprit de cet opéra ténébreux.
Et même si les parentés d'écriture entre Giunia et cette Armida de Jommelli sont patentes, la puissance expressive est assurément du côté de Mozart.
Le texte de Chéreau, Perche mi balzi in seno, ainsi qu?un portrait de Venanzio Rauzzini, proviennent de ce programme.
Cet opéra n?est pas plus ténébreux que certains textes de Metastase?.
En ce qui concerne la puissance expressive, cette opinion n?engage que toi?
Pour comparaison, on trouve aussi dans l?Avant Scène un article inspiré des travaux d? Ernest Warburton sur le Lucio Silla de Bach (1774 ) dont il existe un enregistrement (assez moyen) de 1974 chez Voce (33 t)
P.S. Qualifier Eva Malas-Godlewska (qu'est-elle devenue?) de sublime me paraît quand même exagéré ?
C?est ton opinion subjective. Ce n?est pas la mienne. Ecoute le disque, je maintiens qu?elle est sublime en Armide.
Pour savoir ce qu?elle est devenue, regarde son site !

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Message par bajazet » 15 déc. 2004, 15:10

Mais bien sûr que ces opinions subjectives n'engagent que moi !
C'est bien pour ça que nous nous chargeons ici nous-mêmes d'exprimer notre point de vue, étant les mieux placés pour cela a priori.

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lachlan
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Message par lachlan » 15 déc. 2004, 15:51

En tout cas en consultant tous tes liens Emma, je me rend compte que je ne connaissais rien de cet opéra. En fait je n'avais jamais pris la peine de lire le livret, me contentant du synopsis. La vie du véritable Silla colle bien à la vision du livret et aux interprétations des 2 comparses d'Amsterdam.

En fait, c'est vrai la trame de Lucio et Titus est complètement dfférente. Il est très surprenant qu'un aussi jeune garçon a pu saisir musicalement des personnages aussi complexes ou diversifié. Par ses développements psychologiques, je concois mieux que Titus ait peut être un petit goût d'inachevé même si je préfère de loin ce dernier opus à Lucio.

Le procès que l'on intente trop systématiquement au dernier seria de Mozart ne se justifie à mes yeux et à l'aune de cette réflexion que sous cet angle. Je ne voudrais pas déborder du sujet, nous aurons l'ocassion d'en reparler plus en détails dans quelques semaines avec la production de Garnier mais je me demandais ce que tu en pensais Emma.

L. (plus mozartien que jamais même s'il ne comprend pas la moitié de sa science)

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EdeB
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Message par EdeB » 16 déc. 2004, 14:32

lachlan a écrit :En fait, c'est vrai la trame de Lucio et Titus est complètement dfférente. Il est très surprenant qu'un aussi jeune garçon a pu saisir musicalement des personnages aussi complexes ou diversifié. Par ses développements psychologiques, je concois mieux que Titus ait peut être un petit goût d'inachevé même si je préfère de loin ce dernier opus à Lucio.
Je ne vois pas en quoi La Clemenza aurait "un petit goût d'inachevé" ! ! ! Peux tu préciser ta pensée ?

Quant à la maturité de Mozart, qu?en savons nous ? de toute façon, ces situations dramatiques sont des topoi et sont aussi traités comme tels, avec des recettes applicables.
Les deux ?uvres sont intitulées seria, c?est à dire "sérieux", mettant en scène des personnages historiques ou mythologique, mais elles sont vraiment d?esthétique très différentes?

Le Lucio Silla de Mozart se situe dans une esthétique de seria très traditionnelle. Le texte de Gamerra avait été approuvé par Metastasio et était dans la droite ligne de son théâtre lyrique ; si on analyse le texte, on s?aperçoit que le texte est très construit, même s?il y a quelques longueurs pour notre époque éprise de rapidité et peu sensible à la rhétorique.
Ce poids de la tradition était tel que la version postérieure de Johann Christian Bach, d?après le même livret de Giovanni di Camera, revu et corrigé par Mattia Verazi et créé le 4 novembre 1774 à Mannheim, est bien plus inventif et resserré que la version de Mozart. Un exemple qui me vient à l?esprit : la fin du premier acte (Lamentation de Giunia, puis retrouvaille des époux) est totalement époustouflante chez Bach, alors que si Mozart écrit un récitatif accp. exceptionnel, la suite s?aplatit complètement pour devenir assez passe partout sur la fin de l?acte.
Le "Bach de Londres" a été l?un des fers de lance de la propagation des idées nouvelles et du renouveau dramatique de l?opéra italien. On l?oublie trop. Il a été l?ami et le professeur de Mozart auquel il a beaucoup appris. (d?après C Rousset, " [c?est] Jean-Chrétien Bach qui donnera [à Mozart] par exemple l'idée du quatuor instrumental concertant avec la voix dans l'air le plus connu de la partition : "Marten aller Arten". "
Je suis aussi totalement fan de JC Bach, et les opéras que je connais de lui, malgré des réalisations plus que mitigées, m?ont totalement enthousiasmée. Si on pouvait avoir une belle version de son Lucio Silla, je serais au comble du bonheur.
Il faut dire que Bach a eu la chance de bénéficier de la collaboration de Mattia Verazi, un librettiste exceptionnel, attaché à la cour de Mannheim et qui a collaboré avec lui pour Lucio Silla et Temistocle. Ce librettiste est également l?auteur de L?Europa Riconosciuta de Salieri, qui a beaucoup choqué à Milan, par son avant-guardisme assez radical : les Milanais aimaient une certaine typologie d?opéras et faisaient énergiquement savoir que l? originalité stylistique ne leur agréait pas forcément?.

En ce qui concerne la Clemenza, on est totalement à l?opposé, c?est à dire que nous sommes devant une ?uvre qui a totalement intégré cette réforme stylistique du seria, qui mêle aussi des éléments "français" : ensembles, ch?urs développés, importance de l?orchestre etc?
Le livret de Metastasio avait été revu et corrigé par Caterino Mazzolà, qui a beaucoup élagué et a donné des opportunités à Mozart à des combinaisons dramatiques plus satisfaisantes pour les années 1790.
La représentation du livret d?origine, mis en musique par Gluck dans sa période (soit disant) près Réforme, a permis de mieux juger des différences et également de l?influence de la partition de Gluck sur celle de Mozart, par ex. le "Tardi s'avede/D'un tradimento" de Publio (Acte II) si ma mémoire ne me fait pas défaut (je n?ai pas réécouté la retransmission radio du TCE depuis des années) : on a eu une version de Malgoire (télévisée) et des représentations au TCE (Langrée, 1995/96 ? avec S Piau et L Polverelli)
Le procès que l'on intente trop systématiquement au dernier seria de Mozart ne se justifie à mes yeux et à l'aune de cette réflexion que sous cet angle. Je ne voudrais pas déborder du sujet, nous aurons l'ocassion d'en reparler plus en détails dans quelques semaines avec la production de Garnier mais je me demandais ce que tu en pensais Emma.
De quel procès parles-tu ? Sans doute de celui que l?on fait à la plupart des ?uvres du XVIIIe qui ont une esthétique trop différente de l?opéra XIXe qui est désormais la "norme" ? De celui que l?on fait à Mozart qui ne serait génial que sur des ?uvres comiques (trilogie Da Ponte) ? (ce qui est aussi idiot que d?essayer de comparer une sanguine et un pastel, un tableau d?histoire ou une miniature, ou encore des poèmes haïku avec une épopée).

En ce qui me concerne, j?ADORE ces opéras, j?en suis dingue ! Bien plus que l?Enlèvement (joué comme un pâté teuton étouffe chrétien les 3 /4 du temps et qui m?emm**fie généralement au plus haut point.
Pour la production de Garnier de la Clemenza, c?est à dire celle "des" Hermann, je n?irai pas. J?ai vu et entendu l?original et je n?ai pas envie de m?y traîner pour écouter une distribution qui me semble assez moyenne sur le papier. J?ai suffisamment quitté des opéras dans un état de rage proche de la syncope à l?entracte, pour me hasarder maintenant à aller voir en salle des opéras de Mozart que je ne "sens" pas? Mais la discussion sur cette production devrait aller sur un autre fil, si elle doit se tenir.
L. (plus mozartien que jamais même s'il ne comprend pas la moitié de sa science)
Ne t'inquiète pas pour cela, c'est le cas de tous... même des soit-disant spécialistes...

E, en fin de "pause méridienne"

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Message par tuano » 16 déc. 2004, 16:28

A quand un ouvrage (de référence) sur Mozart et son interprétation par EdeB ou au moins un cycle de conférences ?
Je pense que ça en passionnerait plus d'un.

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Message par lachlan » 16 déc. 2004, 16:41

Oui, je suis subjugué. J'ai besoin de temps pour digérer tout cela et tenter de mon côté d'approfondir ces points avant de sortie une énième bourde. Cette musique est décidément insaissisable! Mais au fait qu'est ce que tu sembles insinuer par la "réforme" du séria par Gluck. Il en reste quand même l'une des grandes figures de proue même si sa paternité est peut être usurpée. Je n'en sais pas assez pour l'affirmer, je compare simplement ce que mon oreille croit percevoir dans le langage musical.

L. (rassuré de n'être pas le seul crétin sur terre) 8)

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Message par JdeB » 16 déc. 2004, 18:50

tuano a écrit :A quand un ouvrage (de référence) sur Mozart et son interprétation par EdeB ou au moins un cycle de conférences ?
Je pense que ça en passionnerait plus d'un.

Nous allons lancer un cycle de conférences ODB sur Paris très bientôt avec des invités intéressants et les "stars" maison.
Le thème en sera les couples mythiques à l'opéra.

EdeB donnera une conférence sur Storace à Nîmes le 22 janvier . 3 heures de voyage entre la fin du XVIII ième siècle et le début du XIX ième.

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Message par Rameau » 21 déc. 2004, 00:23

EdeB a écrit : Je suis aussi totalement fan de JC Bach, et les opéras que je connais de lui, malgré des réalisations plus que mitigées, m?ont totalement enthousiasmée. Si on pouvait avoir une belle version de son Lucio Silla, je serais au comble du bonheur.
Tu n'apprécies donc pas l'enregistrement de la Clemenza di Scipione (pour mémoire: Linda Perillo, Christine Wolff, Jörg Waschinski, Markus Schäfer, Hans Jörg Mammel, Rheinische Kantorei, Das Kleine Konzert, Hermann Max ; CPO, enr. 2000)?
Certes, ce n'est pas la perfection absolue mais c'est mieux qu'une version d'attente, me semble-t-il... Mon seul regret est que l'enregistrement ne se soit pas fait avec Simone Kermes: je l'ai entendu chanter en concert quelques airs de cet opéra, c'était formidable!

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Message par bajazet » 21 déc. 2004, 00:32

Cette Clémence de Scipion est séduisante, mais que les voix manquent de miel, quand même ! Max a le chic pour toujours solliciter cette sinistre Perillo, et Schäfer est devenu hard, je trouve.
Il est vrai toutefois qu'on est loin des distributions catastrophiques qui ont cours chez Bongiovanni dès qu'ils publient une rareté.

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