Alors, puisque Placido ne s'y colle pas, je rassemble mes souvenirs. C'était à mourir de rire ou à mourir de colère, selon l'humeur du moment. Placido, tu rajoutes les détails que j'ai oublié, hein ?Schwannhilde a écrit :Des détails, des détails !PlacidoCarrerotti a écrit :Il y a eu aussi cette terrible Medea sans Antonacci au Châtelet remplacée par une certaine Ratiani.
Alors, une Medea avec Antonacci, il me semble vers 2003-2004, c'était un événement, nous y avons tous couru. Les échos des premières représentations étaient mauvaises, Antonacci, presque aphone, jusqu'à ce que nous apprenions qu'elle désirait garder ses forces pour la dernière, et qu'elle devait être remplacée pour les deux avant-dernières par Denia Gavazzeni Mazzola.
Beaucoup l'ont oublié, mais c'était une très très grande (cherchez ses enregistrements, elle est formidable) et elle a fait savoir qu'elle n'appréciait pas de servir de doublure à une cantatrice moins connue qu'elle. Panique à bord au Châtelet, on se rabat sur une cantatrice inconnue qui a déjà interprété ce rôle dans un théâtre obscur. Il me semble en plus qu'il s'agissait de la version française, et que la cantatrice en question ne connaissait que l'italienne.
Bref, le rideau se lève, et on voit arriver une femme énorme, flanquée d'un petit homme tout maigre qui tenait une partition. On aurait cru un dessin de Dubout. Ils s'assoient sur le côté, Antonacci entre en scène pour mimer son rôle, et tout se déglingue progressivement.
Antonacci fait la gueule, elle ouvre la bouche en cadence, Pollione est un petit gros qui chante plutôt bien (Gipali, peut-être ?) mais côté crédibilité... bientôt tous les regards se portent sur le côté de la scène, beaucoup plus rigolo. Le petit homme souligne la partition avec son doigt, pour indiquer à la grosse dame, visiblement perdue, là où on en est. La grosse dame panique de plus en plus, déjà qu'elle ne chante pas terrible, et elle multiplie les fausses entrées et les décalages. A un moment, le petit homme, très énervé, lui tape dessus à cause d'un faux départ, du coup, elle arrête de chanter. C'est ainsi que nous avons vu les imprécations de Médée avec une Antonacci ouvrant grand la bouche mais pas de son du tout.
Le lendemain, il y avait, toujours au Châtelet, une Rondine avec Gheorgiu et Alagna. Ils ont annulé tous les deux. J'ai craqué, je n'y suis pas allée...