Janacek ? Katia Kabanova - Cambreling ? ONP, 11/2004

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Janacek ? Katia Kabanova - Cambreling ? ONP, 11/2004

Message par tuano » 31 oct. 2004, 10:27

Prière de discuter des représentations dans ce nouveau fil de discussion et pas dans l'ancien qui est complètement noyé dans des débats d'ordres plus généraux.

Je colle ici les commentaires que j'y ai trouvés. Si j'en ai oublié, vous pouvez vous-même remettre vos impressions du spectacle.

Je compte aller voir le spectacle cet après-midi.


seb :

Une découverte donc pour moi de Katia Kabanova!
Hier lors de la générale, Mortier est lui même monté sur scène en lieu et place de la personne annonçant que "les chanteurs ne sont pas tenus de chanter à pleine voix" et a dit combien cette oeuvre lui paraissait porteuse d'émotion et qu'il considérait cette partititon avec le Pélléas et Lulu comme l'une des meilleures du début du 20eme!

Je retiens une distribution tres homogène avec Angela Denoke incarnant à la perfection Katia, vocalement mon attention a été retenue également par le Kudriach de Toby Spence que l'on ne se lasse pas d'entendre....et de voir
Tout le reste de la distribution est homogène et sert magistralement ce repertoire!

Musicalement, on est à la fête. Comme toujours l'orchestration de Janaceck est merveilleuse, d'une richesse inouie, bien servie également par un orchestre qui semble sous le charme de S. Cambreling.

Quant à la mise en scène, rien de bien choquant, un décor imposant, hyper réaliste, étouffant, d'une malsaise promiscuité...mais rien de choquant dans cette transposition réussie mis à part le suicide de Katia qui m'a laissé sur ma faim! (ça tombe un peu à l'eau ha ha ha )

J'ai donc passé une tres bonne soirée pour ce deuxième opéra de Janaceck; je note néanmoins que j'avais été davantage touché par la Jenufa du Chatelet il y a deux ans.



philou :

Je rentre de Garnier et j'ai été ENCHANTE !

Maintenant que les représentations ont débuté, on va pouvoir se taper dessus à partir de données tangibles ! Chouette !

Tout d'abord, je veux dire tout le bien que je pense de Cambreling, que j'ai traité pas plus tard que ce matin de belge (j'adore les belges, un gros bisou à Richie), et qui prouve dans Janacek la capacité qu'il a d'aborder en peu de temps les répertoires les plus complexes et les plus variés et en tirer la substantifique moelle. Ce soir, c'était du grand art. Certes l'orchestration de Janacek est somptueuse, mais Cambreling a l'exigence de soutenir toutes les phrases, la moindre déchirure de bois, le moindre frémissement de cuivres, les phrases tragiques de violons. Le tout avec des nuances expressives mais pas téléphonées, une précision salutaire dans des tempis aussi complexes, un art de respirer avec les solistes qui donne à la fois fraicheur, violence, douleur et souplesse dans l'immense flux orchestral qui se déroule avec limpidité sous nos oreilles ! Un bonheur total !

La mise en scène de Mathaler a divisé le public, c'est le moins que l'on puisse dire. Je sais qu'il est de bon ton aux premières parisiennes de huer le metteur en scène, mais je veux bien croire que sa vision ait déplu. A dire vrai je me demande cependant pourquoi. Tout le livret est respecté ici : l'oppression de Katia, cette ambiance délétère de fin de règne, cet esprit de clocher qui fait que le geste de chacun est épié par tous, que tout le monde connait tout le monde dans le village, que personne n'assume vraiment sa mesquinerie et sa méchanceté...tout ceci est décuplé dans cette cour de cité délabrée où chacun épie à sa fenêtre et tourne le nez au mur au moment du drame. Et puis quelle direction d'acteur, quel sens de la mise en espace. Tous étaient crédibles, humains et bouleversants. Et cette idée de faire chanter les interludes de choeur d'hommes d'une fenêtre, comme s'ils étaient les témoins du drame ! Bravo Mr Marthaler !

La distribution n'a pas démérité et a haussé le niveau de la soirée à un degré que je n'espérais pas.

Roland Bracht est un Dikoy sombre et pitoyable, parfait, avec des graves puissants et une aisance dans le haut médium qui fait de son duo avec Kabanicha un moment marquant alors que d'habitude ce n'est pas franchement mémorable.

Dagmar Peckova est bien plus à l'aise avec la diction tchèque (et pour cause) que dans sa Geneviève de Pélléas, mais surtout la tessiture lui est bien plus favorable. elle rayonne dans l'aigu et campe une Varvara espiègle, fraiche et touchante.

Christof Homberger est un Tichon sur mesure : insignifiant, broyé par sa mère, gauche, instable. La voix est homogène, avec ces félûres et cette tension que le rôle exige, et un aigu filé très émouvant sur le dernier 'Katia', comme si son humanité surgissait d'un coup.

Toby spence sait tout faire avec maestria. C'est pour le coup un Kudriach de luxe, j'aurais voulu l'entendre en Boris. Aigu solaire, médium sompteux, présence intelligente....parfait !

David Kuebler est un peu le point faible de la soirée, même si il reste un Boris présentable. La projection est un peu sourde, la ligne de chant un peu chaotique, et le duo avec Katia hésitant vocalement, malgré un médium souple et un timbre suave (un peu trop pour le rôle, peut-être). C'est sûr qu'à coté de Spence, il paraissait d'autant plus pâlichon.

Jane Henschel est géniale dans son rôle de mère castratrice et hystérique. elle a le physique du rôle et surtout elle en a la voix, avec ces aigus comme des coups de poignards et des graves comme un océan de haine ! Remarquable !

Enfin angela Denoke m'a cloué sur place. Il me semble que depuis qu'elle chantait Die Tote Stadt il y a déjà 5 ou 6 ans à Strasbourg elle a fait un bon technique impressionant. La machoire ne tremble plus dans le suraigu, la tessiture est maitrisée d'un bout à l'autre, l'homogeneité irréprochable, la diction correcte (il me semble qu'elle machonnait un peu les consonnes mais ne parlant pas tchèque....), et surtout le timbre superbe, un velours noir luxuriant, avec des zébrures d'acidité dans les moments les plus poignants, et un bas médium qui ferait oublier Söderström, Mattila ou Silja, tant il irradie de puissance et de rondeur ! j'en suis tout subjugué. Et quelle présence, quelle fragilité, quelle tragédienne dans la scène de dénonciation !

Pour finir, la salle était pleine à 90% à vue de nez ! Sans doute des figurants payés par l'élite auto-proclamée pour faire croire à Mortier qu'il y a un public pour l'opéra du XXe !

A vous les studios !



doudou :

Je serais un peu plus réservé sur le spectacle que Philou.
Je suis assez d'accord sur l'appréciation de l'interprétation musicale par Cambreling et la distribution. Sur la mise en scène je reconnais le travail du metteur en scène mais je trouve qu'il est parfois un peu outré. Par exemple le personnage de la Kabanicha perd de son côté ambigu car on voit de suite une maquerelle à la retraite et celà gomme l'hypocrisie du personnage qui doit faire croire qu'elle est respectacle pour faire ressortir l'aspect odieux de sa relation avec Dikoy.
Par ailleurs l'aspect Panthéiste de l'oeuvre si présent dans certaines scène n'est pas réellement évoqué par la mise en scène du fait d'un choix de décors à huis clos. J'ai le sentiment que le metteur en scène a vu l'oeuvre à travers un prisme et qu'il n'en a pas vu tout les aspects. C'est dommage car c'est intrinséquement un très beau travail mais à trop vouloir démontrer....




Rodrigue :

Cette mise en scène ne m'a procuré aucune émotion, seule la musique de Janacek, la présence et la carisme de Denoke et la direction de Cambreling (malgré un volume couvrant les voix) nous sauvent de l'ennui...
Je ne suis pas vraiment connaisseur de l'oeuvre mais il me semble que si l'on s'ennuie, que l'on ne comprend pas ce qui se passe sur scène, qu'on aimerait voir les chanteurs au lieu qu'ils soient réfugiés sur la gauche de la scène... (conséquence de l'origine salzbourgeoise de la production ?) il y a manifestement un problème et le but d'une mise en scène n'est pas, me semble-t-il, de laisser le spectateur étranger au drame. Certes cela parle d'oppression sociale, mais il me semble aussi que la nature et les éléments jouent un rôle malgré tout (la Volga, l'orage, le jardin...) et contribuent à la poésie de l'oeuvre, au contraste entre la "pureté" de certains personnages et le joug social. Ici tout est noyé, mélangé indistinctement. De plus la plupart des personnages ne sont pas crédibles, on se demande qui ils sont, chacun fait son petit numéro et puis s'en va...

Bref, je suis peut être (vu l'enthousiasme de certains) passé complètement à côté, mais toujours est il que je suis sorti de Garnier passablement énervé, et en ayant la crainte que ce genre de prodution "clinique" se renouvelle...

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Message par David-Opera » 31 oct. 2004, 10:36

L'ancien fil n'ayant pas été supprimé j'ai retrouvé les commentaires.
Mais effectivement cela avait bien dérivé.


Katia Kabanova est un opéra ou la vitalité de la musique aide à supporter ce qu'il y a de plus révoltant dans cette histoire : la soumission d'un mari aux yeux de son entourage et de sa mère en particulier, une femme qui se laisse culpabilise d'aimer, une véritable négation de la vie.
Ce soir la répétition générale à d'abord montrer la force d'une mise en scène bien plus percutante par son naturalisme que celle de Bastille.

L'occasion de redécouvrir une musique riche d'expressions sous la direction d'un Crambeling précis et impliqué.
Angela Denoke est une Katia jolie, presque frêle aux accents noirs et douloureux.
Impressionnante Kabanicha de Jane Henschel envers laquelle il est difficile de ne pas se sentir révulsé.

N'ayant pas écouté cette oeuvre depuis qq année, j'y ai même découvert le sens de la mélodie que Janacek a d'ailleurs exprimé dans des chansons populaires tchèques.

J'y retourne bientôt.[/i]

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Message par JdeB » 31 oct. 2004, 18:37

Je partage l'enthousiasme de Philou et toute son analyse.

Deux remarques seulement sur cette production sublime.
A-t-on assez souligné que la vasque circulaire au milieu de l'atrium du HLM tient lieu de cercles de l'enfer trivialisés ? Elle rappelle celle qui se trouve devant le théâtre de Brno.
Un remarque qui ne vaut que pour les spectateurs de l'amphithéâtre. Il apparait comme une étrange coïncidence entre le plafond de Chagall et le décor, surtout avec le voisin au violon, nimbé de lumière bleutée.

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Re: Katia Kabanova : le spectacle

Message par bajazet » 31 oct. 2004, 22:21

tuano a écrit :
Doudou :
Par ailleurs l'aspect Panthéiste de l'oeuvre si présent dans certaines scène n'est pas réellement évoqué par la mise en scène du fait d'un choix de décors à huis clos. J'ai le sentiment que le metteur en scène a vu l'oeuvre à travers un prisme et qu'il n'en a pas vu tout les aspects. C'est dommage car c'est intrinséquement un très beau travail mais à trop vouloir démontrer....


Rodrigue :

Certes cela parle d'oppression sociale, mais il me semble aussi que la nature et les éléments jouent un rôle malgré tout (la Volga, l'orage, le jardin...) et contribuent à la poésie de l'oeuvre, au contraste entre la "pureté" de certains personnages et le joug social. Ici tout est noyé, mélangé indistinctement.


Juste une remarque en ce qui concerne l'élimination de la nature dans le spectacle de Marthaler.
Quand j'avais vu cette Katia en 2000, j'avais été déconcerté par la mort de la protagoniste, et je m'étais dit : mais où est le panthéisme, la présence du fleuve ? A la réflexion, est-il si marqué dans cet opéra-ci ? Un passage du texte du programme du Capitole, signé Christophe Ghristi, m'avait alors paru très suggestif, le voici :

" La mort de l'héroïne [?] ne donne pas lieu à la grande scène attendue. plus une dissolution, comme le dit lui-même Janacek, qu'un grand rituel de sacrifice, elle n'est en rien spectaculaire [?]. En moins d'une mesure, Katia a disparu. L'orchestre ne dramatise pas cette mort comme il le fait pour Lisa se jetant dans la Neva dans La Dame de pique. [?] il n'y a pas dans sa mort cet instant magique où le corps et le chant d'Ophélie se font eau vivante [?]. Katia en quelque sorte coule à pic et disparaît dans l'eau en l'espace d'une seconde, ce qui est également une mort irréaliste. En quelque sorte, le décor même du fleuve est inutile: comme on dirait qu'elle se replie sur elle-même, Katia se noie sur elle-même.

[?] L'orage lui-même, si présent dans le drame d'Ostrovski qu'il lui donne son titre, est volontairement occulté par Janacek. Comme on est loin ici des procédés de l'expressionnisme: que l'on songe à L'Inondation de Zamiatine, célèbre contemporain de Janacek, où la crue de la Neva qui provoque, annonce et symbolise la folie des personnages prend une dimension d'apocalypse. [?] le c?ur de l'ouvrage n'est pas le destin des personnages, c'est l'écoulement sourd de cette masse silencieuse, inerte mais inexorable que l'on peut appeler indifféremment la vie ou la Volga."

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Message par tuano » 01 nov. 2004, 01:55

Je trouve que ce spectacle-culte a un petit peu perdu de son caractère suprenant. Cependant, il faut y aller, surtout qu'il reste des places. Si vous prenez des places de côté, choisissez le côté pair car une grande partie de la mise en scène a lieu du côté gauche.

Le fait que je ne sois jamais totalement enthousiaste en sortant d'une représentation de ce que j'ai considéré comme la meilleure production d'opéra du monde, c'est que la distribution d'origine était d'un équilibre et d'une perfection telle que la moindre modification retire une bonne partie de la force de la mise en scène. A Bruxelles, il manquait Jane Henschel (Livia Budaï chantait la Kabanicha) et surtout Dagmar Peckova. A Paris, Rainer Trost est remplacé par Toby Spence.
Sans doute ceux qui n'ont pas suivi ce spectacle depuis sa création en 1998 seront beaucoup moins gênés que moi, voire pas du tout, surtout que Toby Spence fait partie des "stars" d'ODB, de manière assez incompréhensible pour moi, je dois l'avouer.

Frédérice Caton est un formidable Kouliguine, tour à tour drôle et inquiétant. Sa perruque ridicule montre bien avec quel recul il faut considérer le faux décor HLM, la fontaine minable qui tiendra lieu de Volga ou le mobilier des Kabanova. Sa chorégraphie très Singing in the rain avec Kudriach est l'un des moments surprenants les plus irrésistible du spectacle.

Toby Spence manque un peu de caractère pour le rôle de Kudriach, qu'il joue et chante de manière satisfaisante mais sans l'optimisme teinté de mélancolie qu'y apportait Rainer Trost. Il est difficle de trouver ses marques avec un look ringard qu'assumait si naturellement Trost !
Ce qui ne fonctionne pas, c'est le couple qu'il forme avec la Varvara de Dagmar Peckova (rescapée de la production de Götz Friedrich), de moins en moins crédible en jeune soeur. Heureusement, son incarnation italo-lesbienne est toujours aussi géniale. Autant elle était insignifiante à Bastille dans le même rôle, autant ici c'est une vraie bête de scène. De manière générale, l'une des grandes forces de Marthaler est de donner une place prépondérante aux seconds rôles, dans une oeuvre où les personnages principaux se laissent constamment influencer par les autres.

David Kuebler était peu audible du balcon. JdeB m'a dit que c'était nettement mieux d'en haut. J'entendais trop l'orchestre. Même Jane Henschel avait du mal à s'imposer. Elle est impeccacle dans ce rôle de méchante absolue. Leonie Rysanek disait que c'était le seule rôle de méchante qui agissait gratuitement, pour qui on ne pouvait trouver aucune excuse, aucune raison à son comportement odieux.

Angela Denoke est la seule a avoir obtenu davantage d'applaudissements que ses partenaires à la fin. C'est mérité tant elle s'identifie totalement à une héroïne peu gratifiante. C'est le rôle qui a lancé sa carrière internationale et cette production sera à jamais liée à elle. Il avait été question de représentations sans elle à Toulouse mais elle y avait finalement chanté. Je doute qu'elle puisse chanter le rôle dans une autre production. Malgré la maîtrise parfaite des différents éléments de ce rôe en 1998, son incarnation a atteint aujourd'hui un niveau proprement exceptionnel. Il émane aujourd'hui d'elle un rayonnement vocal tel que le monde irréel que se crée Katia (elle raconte qu'elle s'imagine voler comme un oiseau) est audible pour le spectateur. Avec son timbre pur comme de l'eau claire et une projection presque miraculeuse dès qu'elle s'approche de l'avant-scène, Angela Denoke nous fait entendre la Nature idéalisée qui manque tant à ceux qui ne supportent pas le décor HLM mais qui ne serait pas non plus présente avec un décor traditionnel. Pour elle, aujourd'hui, il faut voir le spectacle à Garnier. Ce qu'on y entend ne se trouve pas dans le DVD.

Pour moi, cette production avait été un choc et elle est aujourd'hui un classique. Je ne vois vraiment pas ce qu'il y a d'impertinent dans le décor génial d'Anna Viebrock. L'oeuvre est assez déprimante et une cité HLM est un cadre tout à fait adéquate pour cette histoire, surtout lorsqu'on sait comment une femme "qui couche" peut être poussée à la mort dans certaines banlieues actuelles.
Le lieu n'est pas synonyme de laideur. Pour moi qui ai grandi en banlieue parisienne, les immeubles de béton sont des lieux fascinants remplis d'histoires, non pas l'Histoire avec un grand H mais les histoires de toutes les familles -notamment immigrées- qui ont habitées ces murs si anonymes. Ces lieux ont très vite mal vieilli. Je trouve qu'il s'en dégage une grande mélancolie. Cet aspect poétique est très présent dans le spectacle de Christoph Marthaler, par exemple entre les actes où des hommes se réunissent dans un appartement pour chanter ensemble a capella.
Il y a aussi une volonté de surmonter la médiocrité ambiante, un optimisme propre à ceux qui n'ont jamais été riches et qui n'espèrent même pas le devenir. Les chaises pliantes qu'on dispose dehors, les promenades nocturnes, les danses en duo... Voilà des petits plaisirs qui ne coûtent rien mais qui rendent la vie meilleure.

Paris a beaucoup de chance d'accueillir un tel spectacle. Je ne crois pas du tout que l'opéra de Janacek a été trahi par cette vision moderne d'une oeuvre que le compositeur a voulu plus simple que les précédentes.

Pour les non parisiens, il y a heureusement le DVD. Beaucoup de détails passent mieux sur petit écran que d'un fauteuil d'où le champ de vision est nécessairement limité.

PS pour JdeB : Angela Denoke a chanté Médée en français à Salzbourg, dans une version de concert avec récitante à la place des dialogues. Par son âge et son physique, elle pourrait se révéler idéale pour ce que tu sais.

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Message par JdeB » 01 nov. 2004, 10:25

tuano a écrit : PS pour JdeB : Angela Denoke a chanté Médée en français à Salzbourg, dans une version de concert avec récitante à la place des dialogues. Par son âge et son physique, elle pourrait se révéler idéale pour ce que tu sais.
Merci beaucoup pour cette précieuse précision. Reste à savoir si elle est libre en juin.
J'en parle à Scarpitta dès demain au Lutétia.

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Message par olaf » 01 nov. 2004, 14:16

Et les non-Parisiens, ils sont privés de représentation.........
Pour ma part, bilan très favorable après la matinée d'hier. Peu de surprises pour ce spectacle bien connu, mais c'est un tel bonheur de retourner à Garnier pour une production d'une telle qualité où la musique triomphe. La direction de Sylvain Cambreling est une merveille d'autant plus que les couleurs et la virtuosité de l'orchestre de l'Opéra rendent justice à l'orchestration du compositeur. Avec Charles Mackerras, le chef français n'a pas beaucoup de rivaux dans cette musique....On dit que nul n'est prophète en son pays, mais depuis Pelleas et Saint François, l'accueil réservé à Cambreling semble particulièrement chaleureux. La mise en scène de Marthaler passe bien, certaines scènes sont très fortes : après la révélation de Katia tous les autres chanteurs avancent vers l'orchestre et retournent contempler les murs... D'autres moins réussies comme la mort de Katia au milieu du jet d'eau...D'autres très drôles comme le jet d'eau éjaculatoire ou la danse entre Koulaguine et Kudriach. La distribution, malgré les changements par rapport à Salzbourg, reste d'un très très haut niveau. Prestations féminines exceptionnelles d'Angela Denoke à Dagmar Peckova en passant par l'incroyable Jane Henschel toujours grandiose en Kabanicha. Très bonnes performances de David Kuebler, Toby Spence et de Fréderic Caton. Hubert Delamboye m'est apparu meilleur Tichon (en DVD) que Christoph Homberger, par contre effet inverse pour l'imposant Roland Bracht, plus sordide en Dikoj que Henk Smits.


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Message par nina » 06 nov. 2004, 14:05

Merci Christopher,
Maintenant je trouve que les articles de la presse généraliste manquent cruellement de consitance comparés aux compte-rendus d'Odb !

Qui y va ce soir ?
(tristan et nina seront à l'amphi et on va prendre un pot après car il n'y a pas d'entracte)

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Message par JdeB » 06 nov. 2004, 14:46

nina a écrit :Merci Christopher,
Maintenant je trouve que les articles de la presse généraliste manquent cruellement de consitance comparés aux compte-rendus d'Odb !
La presse spécialisée manque de place et de compétence pointue. Lorsqu'on est spécialiste de baroque et que l'on doit , parce que le rédac' chef n'a trouvé personne d'autre, critiquer un concert Rachmaninov...
surtout on doit y ménager ses réseaux sinon plus de participation bien payée à des programmes de salle ou livret de disque.
Chacune sait que Marie-Aude Roux est plus une spécialiste de piano que d'opéra.
toutefois il existe en France un primat de l'écrit qui fait que le support papier l'emportera toujours en prestige sur le plus superbe des compte-rendus ou prétendues "critiques" mises en ligne.
Merci à Christophe Capacci d'avoir su analyser le changement radical que des sites comme le nôtre induisent dans ce domaine. Avec le courage de le dire.

La force d'ODB est d'avoir, malgré les énormes pressions dont j'ai été l'objet, refuser de faire un magazine papier mais sur un support internet avec les "critiques" d'un côté et le forum de l'autre. Ici, nous sommes tous du même côté, celui des passionnés, et nous jouons la carte de l'interactivité. Il n'y a pas les " critiques" d'un côté, les bavards de l'autre.
On met une News, chacun peut compléter, corriger, infléchir, critiquer, féliciter, voter. Idem pour les compte-rendus.
Peut-être ODB restera-t-il comme le premier site "absolument moderne" :wink: .

Verrouillé