Meyerbeer:Les Huguenots - Minkowski/Py - Bruxelles juin 2011

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Christopher
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Message par Christopher » 15 juin 2011, 19:26

si il y a des images de cette production, merci de mettre les liens.

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Message par PlacidoCarrerotti » 15 juin 2011, 21:11

Gustavo a écrit :Quelqu'un connait-il l'adresse URL de Musiq'3 pour une captation de la retransmission sur Internet ? D'avance merci !

Et pour ceux qui ont vu/entendu la deuxième distribution, comment était Barbaret Ducret en Valentine ? (je regrette beaucoup de ne pouvoir voir les deux distributions et on peut s'attendre à ce que ce soit la distribution A qui soit retransmise)
Barbara Ducret était surtout ... pas là !
Depuis un certain temps, Ingela Brimberg était annoncée à sa place : au négatif, une voix sans accent en français mais sans diction (c'est un peu frustrant au sein d'une distribution dont on comprend chaque mot) ; au positif, une tempête dans un gosier ! Le plus gros volume du plateau et une aisance complète sur la tessiture (je pense même qu'elle serait plus à l'aise dans des rôles un peu plus aigus). Un bonheur !
"Venez armé, l'endroit est désert" (GB Shaw envoyant une invitation pour l'une de ses pièces).

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Message par Levko » 15 juin 2011, 21:41

PlacidoCarrerotti a écrit :Article globalement élogieux dans "Le Soir" dont j'apprécie la conclusion (in cauda venenum) :

Alors que conclure ? Verdi a beau maudire la Grande Boutique, Wagner a beau déchaîner ses sarcasmes, le métier de Meyerbeer appartient à une grande époque de l'Opéra de Paris. La capitale française l'a depuis trop longtemps oublié. Avec ces Huguenots, la Monnaie revient à sa tradition historique de servir avec faste ceux que la Ville-lumière néglige

http://www.lesoir.be/culture/musiques/2 ... 845517.php
Tout à fait d'accord ! Peut-être que l'enthousiasme déclenchée par la Monnaie sera un facteur favorable à la reprise de Robert le Diable (1985) que tellement de mélomanes espèrent :Jumpy: :thumbsup:

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Message par Levko » 16 juin 2011, 08:36

Christopher a écrit :si il y a des images de cette production, merci de mettre les liens.
Bonjour

j'ai mis celles que j'ai à ce lien

https://picasaweb.google.com/Opera.hous ... 11Juin2011

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Message par Albar » 19 juin 2011, 18:53

La Monnaie (Bruxelles) – Les Huguenots – 15 juin 2011

J’ai rédigé mon CR avant d’avoir vu celui de Levko. Mais comme il est prêt, je vous le livre quand même. Vous verrez qu’on se retrouve sur pas mal de points…

Par où commencer lorsqu’on sort d’une maison d’opéra avec autant d’émotions qui se bousculent en vous ? Il faut sans doute aller à l’essentiel et dire que cette production fera date. Déjà, oser monter « Les Huguenots » est un événement en soi. Le défi est ici magistralement relevé.

Près de cinq heures de spectacle total, emmené par un orchestre de haute tenue et galvanisé par la direction exemplaire d’un Minkovski inspiré. Il est aidé dans cette entreprise par une masse chorale impressionnante tant par ses exploits vocaux que scéniques, le tout dans une mise en scène absolument bluffante.

Olivier Py déconcerte tout d’abord par un premier acte qui, disons-le, fait craindre le pire. Il pose d’emblée un postulat osé qui passe visiblement très mal auprès du public : les soldats huguenots ne seraient rien moins qu’une garnison… de pédés ! Les corps sont quasi tous dénudés (même les solistes se sont prêtés à l’exigence), offrant un résultat visuel puissamment érotique mais aussi très esthétique. Les maîtresses clairement évoquées par le livret y sont en fait …des soldats travestis. Disons aussi que la plastique des danseurs est irréprochable. Et, lorsqu’ils dévoilent leur complète nature, l’on entend dans la salle certains hommes lâcher quelques « ooooh » de réprobation. Bref. Passé ce petit écueil, tout le reste de la m-e-s évolue avec une cohérence de plus en plus parfaite. L’érotisme reste extrêmement présent à l’acte II avec un bain des courtisanes qui satisfera pleinement l’appétit des mâles (les vrais) précités. Visuellement, la réussite est en tout cas au rendez-vous. L’austérité gagnera peu à peu du terrain au fil des actes. Elle culminera dans une scène du massacre (acte V) à vous glacer les sangs. Le parallèle avec la déportation des Juifs lors de la IIe guerre mondiale laisse un indicible sentiment de malaise dont on ne se défera pas facilement.

Il faut préciser que cette m-e-s trouve dans les décors de Weitz un écrin des plus luxueux. Se pliant à une modularité étonnante, les panneaux de décors, escaliers, maisons parisiennes, et autres parvis d’église évoluent en un ballet magique et silencieux(!) dans des tons où dominera le doré et son effet miroir. Les costumes s’y intègrent avec une harmonie parfaite jusque dans ses anachronismes (le page Urbain en groom d’hôtel 5 étoiles ou les costumes années ’30 des Huguenots/Juifs du V n’en sont que deux exemples).

Et le chant dans tout ça ? Un seul mot d’ordre : quelle distribution éblouissante !

Le Raoul d’Eric Cutler présente – il est vrai – une émission régulièrement « dans le nez » mais si l’on n’est pas gêné par cette typologie vocale, on saluera pleinement la prestation. Le rôle est en permanence hérissé de suraigus qui ne trouveront les limites physiques de l’interprète qu’à la fin du IV, et encore. On oubliera aisément cela tant la prestation d’ensemble tient solidement la route.

Côté femmes, Marlis Petersen offre une Marguerite de Valois au français irréprochable et au timbre d’une rare beauté. Nombre de chanteurs de langue maternelle française pourraient lui demander des conseils ! Le page Urbain (version soprano) est crânement assuré par la jeune Lezhenka, qui nous gratifie dans cette version intégrale du célèbre rondo « Non, non, non… » sans avoir à pâlir. Valentine ? Une merveilleuse Mireille Delunsch dans une forme éblouissante. Que dire de plus… elle y est sublime.

Du côté des voix plus mâles, Jean-François Lapointe confère à Nevers une puissance et une beauté vocale à peine croyables. Les « Rouillon » (en en compte 3 !) ne sont pas en reste, Philippe en tête, tout fait d’autorité et d’accents virils. Marcel est peut-être moins bien servi par Jérôme Varnier …quoi que. Son « Pif, paf, pouf », notamment, tombera un peu à plat. Mais il se rattrapera, surtout à chacune des interventions où il fait référence à la divine parole. Il lui manque sans doute un rien de brillance et d’éclat dans les passages les plus exposés du rôle.

Les autres ? Il faudrait en fait tous les citer, depuis les deux bohémiennes – elles aussi érotiques en diable – jusqu’aux cinq Huguenots, en passant par un Bois-Rosé joliment chantant… Grâce à ces excellents seconds rôles, on assiste à l’une de ces rares productions d’un grand opéra où l’on ne pense pas une seule fois à regarder sa montre.

Evidemment, cinq heures de bonheur quasi total ne se résument pas en trois lignes. J’espère que celles-ci vous auront donné l’envie de courir voir ce spectacle magnifique. Pour Bruxelles, il est sans doute trop tard. Alors rendez-vous en mars 2012 à Strasbourg !

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jerome
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Message par jerome » 19 juin 2011, 19:08

Albar a écrit :les soldats huguenots ne seraient rien moins qu’une garnison… de pédés ! Les corps sont quasi tous dénudés (même les solistes se sont prêtés à l’exigence), offrant un résultat visuel puissamment érotique mais aussi très esthétique. Les maîtresses clairement évoquées par le livret y sont en fait …des soldats travestis. Disons aussi que la plastique des danseurs est irréprochable. Et, lorsqu’ils dévoilent leur complète nature, l’on entend dans la salle certains hommes lâcher quelques « ooooh » de réprobation. Bref. Passé ce petit écueil, tout le reste de la m-e-s évolue avec une cohérence de plus en plus parfaite. L’érotisme reste extrêmement présent à l’acte II avec un bain des courtisanes qui satisfera pleinement l’appétit des mâles (les vrais) précités.
t'es pas un peu homophobe ??? :evil:

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Bernard C
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Message par Bernard C » 19 juin 2011, 19:45

jerome a écrit :
Albar a écrit :les soldats huguenots ne seraient rien moins qu’une garnison… de pédés ! Les corps sont quasi tous dénudés (même les solistes se sont prêtés à l’exigence), offrant un résultat visuel puissamment érotique mais aussi très esthétique. Les maîtresses clairement évoquées par le livret y sont en fait …des soldats travestis. Disons aussi que la plastique des danseurs est irréprochable. Et, lorsqu’ils dévoilent leur complète nature, l’on entend dans la salle certains hommes lâcher quelques « ooooh » de réprobation. Bref. Passé ce petit écueil, tout le reste de la m-e-s évolue avec une cohérence de plus en plus parfaite. L’érotisme reste extrêmement présent à l’acte II avec un bain des courtisanes qui satisfera pleinement l’appétit des mâles (les vrais) précités.
t'es pas un peu homophobe ??? :evil:

Il est vrai que j'ai quelque peine à comprendre ce CR .

-Les "soldats sont des pédés" ...soit
-les "maitresses sont des soldats travestis" ... soit (!)
-les "courtisanes" sont quoi ? des femmes ? des travestis ?
-les "mâles précités" , ce sont les "soldats pédés" ou les spectateurs ( "les hommes de la salle qui font ooooh!") ?

Tout cela est confus , mais ça ne m'a pas particulièrement étonné car je n'ai jamais vu aucune production théâtrale de PY , quelque soit l'œuvre "traitée" qui ne joue de ces ambiguïtés sexuelles ; c'est même sa marque de fabrique . Il n'y a donc aucune surprise , les formes esthétiques souvent réussies habillant ( et déshabillant ) tout cela avec talent généralement. :partytime:

amicalement

Bernard

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Message par Leyla » 19 juin 2011, 21:12

Albar a écrit :La Monnaie (Bruxelles) Et, lorsqu’ils dévoilent leur complète nature, l’on entend dans la salle certains hommes lâcher quelques « ooooh » de réprobation. Bref. Passé ce petit écueil, tout le reste de la m-e-s évolue avec une cohérence de plus en plus parfaite. L’érotisme reste extrêmement présent à l’acte II avec un bain des courtisanes qui satisfera pleinement l’appétit des mâles (les vrais) précités. !
Je crois que tu as mal entendu... Les "ooooh" (j'y étais) n'avaient rien de réprobateur, bien au contraire ! On se pourléchait les babines sur de nombreux fauteuils où se trouvaient des "mâles" ! Quant au bain de courtisanes, il n'a provoqué aucune réaction audible...

Je me demande par ailleurs si nous avons bien entendu la même Marguerite et la même Valentine. La première a commencé son air de façon catastrophique. Après quelques minutes d'échauffement, elle a continué avec un timbre des plus communs, des suraigus forcés et une diction approximative : on souhaite qu'aucune française ne lui demande conseil ! Reste une plastique qui satisfera les quelques hétéros présents dans la salle. Quant à la Delunsch, elle n'a plus qu'une voix en lambeaux, avec un médium constamment faux et des graves forcés. Quelques beaux aigus ici et là, mais on craint en permanence l'accident. Elle n'a de toute façon rien du Falcon exigé (et pour cause...) par la partition.
Reste la merveille absolue : Julia Lezhneva, qui fait du rôle secondaire d'Urbain le premier. Aisance vocale insolente, coloratura impeccable, imagination et chic du phrasé, contre-ré et la grave : tout y est. Et pour un début au théâtre (à 21 ans), c'est une réussite immédiate : elle compose un personnage irrésistible, à la fois comique, attendrissant et légèrement inquiétant. Quelle intelligence musicale et scénique ! Voilà la Grande (malgré sa taille minuscule) de demain.
Pour ma part, j'ai trouvé Cutler admirable. Seul Rockwell Blake à Metz lui fut supérieur.

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Message par Albar » 20 juin 2011, 09:37

jerome a écrit :
Albar a écrit :les soldats huguenots ne seraient rien moins qu’une garnison… de pédés ! Les corps sont quasi tous dénudés (même les solistes se sont prêtés à l’exigence), offrant un résultat visuel puissamment érotique mais aussi très esthétique. Les maîtresses clairement évoquées par le livret y sont en fait …des soldats travestis. Disons aussi que la plastique des danseurs est irréprochable. Et, lorsqu’ils dévoilent leur complète nature, l’on entend dans la salle certains hommes lâcher quelques « ooooh » de réprobation. Bref. Passé ce petit écueil, tout le reste de la m-e-s évolue avec une cohérence de plus en plus parfaite. L’érotisme reste extrêmement présent à l’acte II avec un bain des courtisanes qui satisfera pleinement l’appétit des mâles (les vrais) précités.
t'es pas un peu homophobe ??? :evil:
...euh... pas vraiment non. Plutôt même au contraire... Ce qui ne m'empêche pas de trouver la mise en scène du I - comment dire? - volontairement et primairement provocatrice. Perso, ça ne me dérangeait pas de voir ces soldats - plutôt aventants d'ailleurs - se tripatouiller partout. Reste que c'est tout de même en contradiction totale avec ce que dit le livret...

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Message par Albar » 20 juin 2011, 09:51

Leyla a écrit :
Albar a écrit :La Monnaie (Bruxelles) Et, lorsqu’ils dévoilent leur complète nature, l’on entend dans la salle certains hommes lâcher quelques « ooooh » de réprobation. Bref. Passé ce petit écueil, tout le reste de la m-e-s évolue avec une cohérence de plus en plus parfaite. L’érotisme reste extrêmement présent à l’acte II avec un bain des courtisanes qui satisfera pleinement l’appétit des mâles (les vrais) précités. !
Je crois que tu as mal entendu... Les "ooooh" (j'y étais) n'avaient rien de réprobateur, bien au contraire ! On se pourléchait les babines sur de nombreux fauteuils où se trouvaient des "mâles" ! Quant au bain de courtisanes, il n'a provoqué aucune réaction audible...

Je me demande par ailleurs si nous avons bien entendu la même Marguerite et la même Valentine. La première a commencé son air de façon catastrophique. Après quelques minutes d'échauffement, elle a continué avec un timbre des plus communs, des suraigus forcés et une diction approximative : on souhaite qu'aucune française ne lui demande conseil ! Reste une plastique qui satisfera les quelques hétéros présents dans la salle. Quant à la Delunsch, elle n'a plus qu'une voix en lambeaux, avec un médium constamment faux et des graves forcés. Quelques beaux aigus ici et là, mais on craint en permanence l'accident. Elle n'a de toute façon rien du Falcon exigé (et pour cause...) par la partition.
Reste la merveille absolue : Julia Lezhneva, qui fait du rôle secondaire d'Urbain le premier. Aisance vocale insolente, coloratura impeccable, imagination et chic du phrasé, contre-ré et la grave : tout y est. Et pour un début au théâtre (à 21 ans), c'est une réussite immédiate : elle compose un personnage irrésistible, à la fois comique, attendrissant et légèrement inquiétant. Quelle intelligence musicale et scénique ! Voilà la Grande (malgré sa taille minuscule) de demain.
Pour ma part, j'ai trouvé Cutler admirable. Seul Rockwell Blake à Metz lui fut supérieur.
Désolé mais j'étais assis à côté de spectateurs masculins qui ont été vraiment choqués lorsque la "danseuse" enlève le haut de son corsage pour montrer un torse tout en pectos et barres de chocolat. Et à la fin lorsqu'il se retrouve nu ou quasi, c'est bien dans ce sens encore qu'ils ont réagi. Ce qui moi m'amusait beaucoup (comment peut-on encore être choqué à ce point quand un metteur en scène joue sur la nudité et sur l'ambiguité?).
Et les mêmes se sont sentis "rassurés" (à nouveau, ça s'entendait) lorsqu'ils ont vu les danseuses/courtisanes à poil dans la rivière... Désolé d'insister mais c'était bien de cela qu'il s'agisssait. Et ce que je dis ici n'a rien de machiste ou alors je m'exprime mal.
Quant aux voix, je trouve le jugement tant sur Delunsch que sur Petersen un peu expéditif. D'accord Delunsch n'a pas le falcon nécessaire. Mais qui aujourd'hui possède le falcon en question...?
Et Lezhneva - même si je l'ai beaucoup appréciée - ne mérite pas à mon sens qu'on la traite de merveille. C'est très prometteur, c'est très musical, c'est tout ce qu'on veut, mais la projection est tout de même assez limitée, le suraigu laborieux et plusieurs fois à peine effleuré, etc. Alors qu'on est dans une salle aux dimensions idéales. Ce type de voix à Bastille, à Covent Garden ou même à la Scala... ben ça passe pas à mon avis.
Bref il y a matière à débattre...

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