Le Crépuscule des Dieux - Jordan/Kramer - ONP, juin 2011

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Message par abaris » 27 juin 2011, 20:48

quetzal a écrit :
abaris a écrit : Voyons Bernard, je sais faire (...)
Vous pourrissez ce fil, merci d'en rester là.
B.
Ben voyons.

C'est vous qui vous êtes bien imprudemment avancé sur le terrain glissant de la cabale. L'ultime argument de ceux qui n'ont plus rien à dire pour étayer leur propos.

Et merci de me laisser le droit d'écrire sur ce fil ce que je jugerai utile d'y exprimer.

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Message par GGOPERA » 27 juin 2011, 21:56

Ok mais dans le cadre de vos impressions sur une représentation donnée et non de sempiternelles digressions...
Merci d'avance

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Message par JdeB » 29 juin 2011, 17:29

nicolas76 a posté par erreur dans un autre fil :


Richard Wagner , né le 22 mai 1813 à Leipzig est mort le 13 février 1883 à Venise.
L'idée de conférer à l'hagen les pouvoirs qui été ceux de wotan était poutant intéressante et l'opéra commence bien. Au début de l'oeuvre, hagen apparaît brièvement à l'avant-scène,contemplent avec satisfaction le glode terrestrequ'il tient

Il est incontestable l'autre grande figure lyrique du 19 ème siècle. Après des débuts difficilles. Wagner connaît un certain succès à Dresde,où il as été nommé maître de chapelle de la court grâce , en particulier à la création de Tannhäuser(1845) mais quartre révolution contraint à l'exiler en Suisse.

Il s'attelle alors à la composition de son Anneau du Nibelung. Elles'étalera sur plus de vingt ans, imterompue pendant une longue périliode par l'écritude de Tristan Isode et et par les maîtres chanteurs de Nuremberg. En 1871, grâce au soutien du roi louis 2 de Bavière. Wagner décide de faire édifier à Bayreuth un théâtre de sa conception,destiné à la repsentation de ses oeuvres.C'est la est crée en 1876 le cycle intégral de l'anneau Nibelung 1882,Parsifal, testament artistique du compositeur.

Le Crépuscule des dieux, Richard Wagner clôt la trétralogie l'Anneau du Nibelung composée l'or rhin de la walkyrie et de Siegfried. Cet l'opéra ,c'est d'abord une histoire d'une lutte pour le pouvoir oppossant les hommes et les dieux , à la qu'elles'entremêle la passion amoureuse.incandescente mais funeste.

entre les mains, claire référence au dictateur de Charlie chaplin .Alberich, devenu son homme de main, est occupé à foubir ses armes .Présenté comme undemurge qui, sans pouvoir bouger, dirige le monde à sa guise depuis son fauteuil d'informe, ce personnage prend un relief tout particuler. C'est un voyant capable de décrire à gunther et Gutume les Agissements de Siegfried qu'il ne voit pas. Et tout ce qu'il prévoit se réalise, juqu'à l'intant ultime où il perd tout.

Comme dans Siegfried, torsten kerl est le grand sacrifié dans la dirtribution . il suit consciencieusement, à ses dépens les indications du metteur qui s'obstine à faire de lui un adolescend immature auquel ses expérience présécendes et l'enseigment reçu de Brünnhide n'ont rien appris.La scène du tarnhelm,copieusement huée malgré l'exlcellente prestation vocale, atteint au sommet du grotesque: parfaitement bien visible bien qu'il soit coiffé du casque de l'invisibilité , le héros se cache à moitier derrière Gunther et le suit dans ses pérégrinations, avant de prendre brièvement violer Brünnhilde. Avec une intelligence économie des moyens, le chanteur conserve juqu'au bout aisance et beauté de timbre, un léger accroc pour l'évocation du chant de l'oiseau.

Lain Paterson incarme un gunther de grande classe, sûr de lui, mais amical, apprécié de ses sujets que la trahison de Siegried métamorphe en son contaire .Son Baryton basse Wagnérien,ample ,stable chaleureux, se teinte de noirceur au troisème acte.L'Abterich de peter Sidhom, en grande forme vocale, ne démerite pas depuis Rtheingold.

Quand à Hans Peter König, Basse Profonde au magnifique timbre de bronze que nous avions pu admirer récement en Sarastro à la Deuthe open am Rthein, sa saisissante interprétation de hagen remporte tous les huffrages.

Brigitte pinter remplacer Katerine Dalayman, excellente en scène a encore progresse depuis Siegfried .Elle fait preuve d'une vaillance qui ne faiblit jamais, la voix reste souple nuancée et la beauté de son mologue final.Fait oublier l'inadéquation de la mise en scène par rapport à son texte. La préstation de Sophie Koch en Waltraute est très appaudie. Elle a acquis la maturité vocale du rôle et l'excellente direction d'acteurs de Günter Krämer dans cette scène précise, la met bien en Valeur.Nicole Piccolomini et Caroles Stein (Woglinde) sont égale à elle-même.La voix mûre de daniela Sindram (deusième Norne , Wellgrunde), s'harmonise en revanche mal avec celles de ses compagnes.

Le triomphe umanime fait Maître Philippe Jordan au baisser de rideau est largement mérité. Les instruments se surpassement sous la baguette inspirée de leur chef auquel l'on reproche parfois indûment de rechercher la beauté du son aux dépens de l'expression dramatique . Aucun pathos certes, mais une attention toutes particulière aux moments élégiaques qui raréfiant et que la lenteur maîtrisée des tempi rend particulièrement émouvants.Le contraste avec le cataclysme final n'en est que plus impréssionnant , et l'évocation musicale du déferment des eaux du rhin sur les débrits fumants du Watlhalla, invicibles sur scène où l'écran vidéo s'est éteint , composant la pauvreté visuelle.Si Günther Krämer veut sauver la mise lors de la reprise globale de la tétralogie en 2013 à l'opéra de Paris , il lui faudra améliorer considérablement la pluspart des scènes de Götterdämmerung.

Nicolas Delaporte
Parution de ma biographie "Régine Crespin, La vie et le chant d'une femme" ! Extraits sur https://reginecrespinbiographie.blogspot.com/
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Message par Wehwalt31 » 30 juin 2011, 17:39

quetzal a écrit :Bonsoir

De retour de ce fameux Crépuscule des Dieux .


1) La mort de Siegfried (c'est une très belle mort - Wehwalt ici l'a bien décrite ) avec sa Trauermusik au cours de laquelle l'âme de Siegfried monte majestueusement là-haut , au ciel , probablement au Walhalla (le "double astral"porte le casque à ailettes) m'a beaucoup irrité .

Qu'est ce que Siegfried ou son corps astral a affaire au Walhalla ?
ça m'a énervé , cette question très irritante qui semblait me faire croire que subitement Krämer nous entrainait vers une sorte de vision mystique a heureusement été réglée dans les derniers instants quand il fait flinguer ses héros . J'ai été réellement soulagé de cette conclusion , absolument nécessaire .

Je sais que ces coups de pistolet ont agacé plus d'un , ils sont indispensables à la cohérence et pour ma part ils ont permis une authentique abréaction qui m'a libéré de cette incohérence . Avait-il d'autre solution ? Oui celle de renoncer à nous montrer d'aussi belles images que cette ascension du fantôme de Siegfried sur ses marches de feu . Mais nous sommes au théâtre !! Donc au total bravo , même si le procédé est brutal ( je suis très minoritaire sur ce sujet , mais j'ai bien aimé ce truc complètement "Unheimilch").

2) La mort d'Alberich
c'est la seule chose que je ne pardonne pas à Krämer même s'il ne pouvait pas bien faire autrement prisonnier qu'il était du personnage de Hagen tel qu'il l'avait construit .

Qu'Alberich cherche à récupérer l'anneau par un "zurück vom Ring!" je ne pousse pas des cris d'orfraie "mon dieu on a transgressé l'écriture! " Non, par contre Alberich ne doit pas mourir ; chez Wagner ce sont les dieux qui meurent , pas la race des Niebelungen .
Hagen oui , mais Alberich s'il disparait ne meurt certainement pas en miroir avec la fin de Wotan .

Mais Krämer est coincé par le fait que Hagen est défini comme impuissant dans son siège de paralytique . Il lui est impossible de courir après l'anneau au milieu du fleuve . Dans la logique où Hagen fait tout au nom du père il est acceptable de faire faire les choses par Alberich dont il est l'ombre portée . Sauf qu'à la fin les filles , dans une très belle scène sauvage ( très juste , les filles du Rhin sont sauvages) s'acharnent à transpercer le corps de leur victime - (la fin des dieux comme une nouvelle barbarie ?) .
Et là , la mort d'Alberich , ça ne va pas du tout , car Krämer introduit une signification tout à fait majeure dans la structure du récit et qui pose problème(je ne vais pas développer ce soir)
Merci pour votre critique globalement positive, sinon enthousiaste: on se sent moins seul et moins benêt à ressentir à peu près la même chose.

Sur vos deux réserves que je ne conteste pas (je ne vais pas vous dire que vous avez tort de préférer les brunes aux blondes ou réciproquement):

1) Siegfried meurt , c'est incontestable, incontournable. Où va-t-on après la mort? vaste question....Krämer associe l'au delà et le Walhalla, c'est son droit et c'est cohérent, même si, nous avons déjà eu cette discussion, cela contrarie une vision plus intra-humaine des luttes décrites par le Ring.

Au demeurant, le rendu vraiment surréaliste de l'élévation de Siegfried, sa tenue de guerrier, peut aussi laisser entendre que le destin promis par Brunnhilde à son père, Siegmund, lors de la "Todesankundingung" s'accomplit. Il est dans l'ordre des choses que les guerriers valeureux soient destinés au Walhalla et Brunnhilde, après sa période de révolte, rentre dans le rang, se "rachète" en trahissant Siegfried. On retrouverait ainsi le côté cyclique de la "morale" krämerienne

Quant aux coups de pistolet, je n'ai pas contesté l'idée de cette représentation de jeu vidéo: j'y ai même vu la mort d'une société de loisirs faciles. Ce qui m'a en revanche gêné c'est le rendu que j'ai trouvé vraiment lourdingue et en fort décalage avec le caractère sublimissime de ce finale.

2) Alberich est sauvagement tué. Certes ce n'est pas dans le livret mais, comme vous le soulignez, c'est très cohérent avec le rôle que Krämer lui fait jouer. A partir du moment où le metteur en scène met fortement en lumière les Niebelungen père et fils, une fin "en queue de poisson" eût été peu compréhensible.

J'y ai retrouvé (je crois l'avoir exprimé) là encore la notion de cycle: tout est parti d'un vol d'Alberich aux filles du Rhin, vol assorti d'une malédiction à l'amour, c'est à dire à la vie. Cà se termine avec le châtiment par les mêmes filles du Rhin de ce double crime responsable de tant de drames.

La mort d'Alberich n'est nullement contradictoire avec celle des dieux: d'une certaine façon, l'humanité, victime bien malgré elle du conflit entre les deux "races", peut désormais envisager un avenir plus radieux sans ni dieux ni nains (diables ??). Qui sait de quoi aurait été capable un Alberich survivant? L'humanité a-t-elle besoin de modèles ou de contre-modèles??

Ceci étant, il est vrai que "théâtralement" la mort d'Alberich est beaucoup mieux traitée que celle des dieux par le massacre video et que, du coup, on ne retient qu'elle.
Bertrand

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Bernard C
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Message par Bernard C » 30 juin 2011, 19:52

Wehwalt31 a écrit :(...)

La mort d'Alberich n'est nullement contradictoire avec celle des dieux: d'une certaine façon, l'humanité, victime bien malgré elle du conflit entre les deux "races", peut désormais envisager un avenir plus radieux sans ni dieux ni nains (diables ??). Qui sait de quoi aurait été capable un Alberich survivant? L'humanité a-t-elle besoin de modèles ou de contre-modèles??

Ceci étant, il est vrai que "théâtralement" la mort d'Alberich est beaucoup mieux traitée que celle des dieux par le massacre video et que, du coup, on ne retient qu'elle.
Bertrand
N'empêche , Bertrand que Wagner n'évoque pas la fin du Niebelung en escamotant Alberich . D'ailleurs rien ne dit que Hagen est détruit , il est tout au plus entrainé au fond de l'eau . Et je ne sais pas si un metteur en scène ne nous inventera pas un jour des filles du Rhin en sirènes qui promettront à Hagen plutôt les joies du sexe que la jouissance de l'or ....

Trêve de plaisanterie ... Ce que l'on sait c'est que si tout concourt au crépuscule des dieux , le "diable", comme vous dites, reste caché quelque part ... :vampire:

Je ne fais pas un fromage ceci dit que Krämer nous offre deux représentations mystiques :
- la mort comme assomption
- la fin de satan (le monstre terrassé )

Comme je l'ai dit nous sommes au théâtre .

J'ai été émotionnellement apaisé quand il les flingue . Mais à la différence de vous , les vidéos noir et blanc qui font effraction dans le paysage lyrique de cette belle scène finale me plaisent beaucoup , justement car elles font effraction . Elles cassent cette sorte de "poésie élégiaque" entrain de s'installer dès la marche funèbre .

C'est une rupture dans le discours dramaturgique comme le sont le vert de la barque-Grane , ou le vaisselier-blanc-façon-dinette.

Je ne suis pas choqué , au contraire par ces ruptures dans l'émotion et dans les formes .
J'aime ça dans l'art , quand , comme ici ce sont de réels signes .

Je ne sais pas ce que serait devenue cette montée au ciel de Siegfried , si ce colt dérangeant n'était venu nous réveiller de nos rêves mélancoliques .

Amitié
Bernard

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Message par Wehwalt31 » 30 juin 2011, 22:12

quetzal a écrit :
J'ai été émotionnellement apaisé quand il les flingue . Mais à la différence de vous , les vidéos noir et blanc qui font effraction dans le paysage lyrique de cette belle scène finale me plaisent beaucoup , justement car elles font effraction . Elles cassent cette sorte de "poésie élégiaque" entrain de s'installer dès la marche funèbre .

C'est une rupture dans le discours dramaturgique comme le sont le vert de la barque-Grane , ou le vaisselier-blanc-façon-dinette.

Je ne suis pas choqué , au contraire par ces ruptures dans l'émotion et dans les formes .
J'aime ça dans l'art , quand , comme ici ce sont de réels signes .
On peut voir dans "la mort comme assomption" ou dans "la mort de Satan", bien d'autres choses :lol:

Avez-vous songé que Siegfried va mourir deux fois puisqu'il sombrera quelques heures plus tard dans l'incendie du Walhalla (ou plutôt de la représentation que nous nous faisons du Walhalla-ciel)? C'est peut être pour cela que Wagner a osé ne pas conclure le drame sur cette "Trauermarch" que tout autre compositeur n'aurait pas pu surpasser.

Avez-vous songé que, si effectivement on ne voit pas Hagen entraîné dans les flots, rien ne lui interdit de s'acheter l'amour pour s'assurer une descendance ?.....La mort d'Alberich n'est peut être qu'un faux semblant. Que dit d'ailleurs Wagner de la destinée d'Alberich après le cataclysme?? On ne sait même pas si c'est un fantôme ou un être vivant qui chante "Schläfst du Hagen, mein Sohn"!

J'ai bien aimé, comme vous, les "effractions", ce que j'ai appelé des "clins d'oeil", chez Krämer, une façon de nous dire "ne prenez pas tout cela trop au sérieux". Le tableau représentant le frêne chez les Hunding ou les pommes de Brunhilde dans la Walkyrie, l'ours dans son monte-charge ou le gavroche jouant l'oiseau mais en sourd-muet, le rôle étant chanté comme d'habitude en coulisses, dans Siegfried.....en constituent d'autres exemples mémorables pour moi.

Mais, pour moi, un finale, surtout chez Wagner, s'il s'accommode parfaitement d'interprétations ouvertes sur l'imaginaire de chacun, s'il doit effectivement détonner et surprendre, est peu compatible avec ces "effractions". A fortiori, le finale des finales.
Krämer nous a servi trois finales magistraux, originaux, très signifiants et tout simplement superbes.
Il y a évité le second degré car j'ai vu dans les lettres "Germania", ou Brunnhilde sous sa table, davantage des métaphores que des traits de dérision.

C'est en cela que le pistolet de jeu video m'a choqué comme m'a déçu une animation du "grille pain" que je voyais venir depuis trois heures. Ne pas être surpris par le finale du Crépuscule, comme j'avais été surpris par ceux des trois premiers volets de Krämer, comme j'avais été surpris par la foule de Chéreau se retournant vers le public du "tout Europe" de Bayreuth, cela m'a déçu, je l'ai avoué.

Mais je suis tout simplement ravi que vous ayez été sensible à sa vision: c'est le propre des grandes œuvres et des grands metteurs en scène que de permettre de telles approches contrastées entre personnes qui prennent le soin de regarder et d'écouter....

Cordialement,
Bertrand

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Message par dongio » 30 juin 2011, 23:08

Heureux , très heureux à mon tour, que nous soyons au moins 3 (Wehwalt, Quetzal et moi) à avoir apprécié ce Crépuscule, et au moins deux (Wehwalt et moi) à soutenir ce Ring dans son ensemble, même si tellement décrié. Ce n'est pas que je me sente seul, mais au moins, les goûts (ou les délires) sont partagés, ce qui n'est pas si mal: on se sera tous trompés, ou peut être serons nous arrivés à témoigner aux autres que le rejet brutal qu'a suscité ce cycle par beaucoup n'est peut être pas totalement justifié. Merci donc !
Suite au Ring complet?

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Message par Alain_B » 30 juin 2011, 23:25

Excellente soirée pour la dernière de la série aujourd'hui, Dalayman bien meilleure que dans Siegfried pour moi, orchestre et direction superbes.

Par contre je ne rejoins pas votre club tres privé de ceux qui ont apprécié la production.

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Message par paco » 30 juin 2011, 23:36

Alors que je pensais avoir terminé ma saison parisienne, ce soir j’ai finalement décidé d’aller quand même voir ce Götterdämmerung malgré ce que j’en ai lu ici et ailleurs. J’ai donc acheté une place au rabais à un des abonnés qui essayait de revendre la sienne devant l’Opéra.

Je ne garderai pas un souvenir impérissable de cette soirée : spectacle vocalement de bonne tenue, mais quel ennui, quel somnifère d’un bout à l’autre !

A mon avis le problème vient surtout de la direction d’orchestre : rien à dire pour ce qui est de la propreté, les musiciens assurent, … mais le chef… Quelle lenteur dans les tempi, quelle déliquescence, quelle monotonie, quelle absence de construction. On a l’impression d’une partition complètement invertébrée, tout est dans une nuance mezzoforte, monocolore, sans contrastes, sans contrepoints, comme un long fleuve tranquille. Quand je lis pis que pendre de James Levine sur ce forum, mais ce dernier est un Himalaya d’imagination et de dynamisme par rapport au Kapellmeister de routine qui officiait dans la fosse ce soir !

Côté mise en scène, quel ennui également. Dommage car on sent du travail et des intentions, mais même en connaissant l’œuvre on est rapidement perdu, on a une juxtaposition de scénettes sans lien, sans construction lisible. Les images sont belles, mais le tout regorge de clichés dont je commence vraiment à avoir ras-le-bol :

1) l’inévitable costume-cravate : mais quitte à transposer à notre époque, n’y a-t-il pas d’autres façons d’habiller Siegfried et Hagen ? Idomeneo en costume-cravate, le Ring en costume cravate, les costumiers ont-ils tous des actions chez Dior, Boss, Armani & co ???? Quel conformisme stupide et anti-créatif !!

2) cette manie du Regietheater à 3 sous de planter les acteurs face au public, immobiles et les yeux vides, sans aucun mouvement, une absence totale de théâtre (Siegfried et Brünnhilde chantant face au public en se tenant par la main à la fin du 1er tableau, un vrai retour à l'opéra de grand-papa !). Dans Götterdämmerung c’est l’équivalent d’un puissant somnifère !

3) enfin, quand on a les carrures physiques de Kerl, Libor ou Dalayman, on ne les fait pas se vautrer sur la table pour s'étreindre, l’éclat de rire dans la salle est garanti ! Cela me semble le B.A.BA d’un professionnel du théâtre quand même, non ? (oui, je sais, on me dira que c’est volontaire et du second degré, moi je pense plutôt que c’est de l’amateurisme)

Vocalement en revanche j’ai été agréablement surpris, en dehors des Nornes catastrophiques (voix à peine audibles du fond du parterre, trémolos sinusoïdaux…). On a là une distribution tout à fait à sa place à l'ONP.

Dalayman vraiment bien, malgré des aigus parfois un peu criés, mais franchement une prestation très digne, avec une voix puissante, un beau legato, et un charisme indéniable. Certes ce n'est pas Nina Stemme, mais c'est très supérieur à la Brünnhilde de Voigt de la Walkyrie du Met.
Contrairement à ce que j’ai lu ici, Sophie Koch n’est pas du tout dépassée par le rôle de Waltraute, bien au contraire : voix chaude, projection parfaite, diction impeccable, texte ciselé comme dans un Lied, avec variété des couleurs, émotion, bref une très belle prestation.

Torsten Kerl est plus problématique : belle voix, technique assurée et musicalité évidente, mais une puissance "petit format" inadéquate pour le gouffre de Bastille. A Covent Garden ou à la Monnaie, son Siegfried aurait eu un tout autre impact. Cependant un ténor bien agréable à écouter et un talent incontestable.
Autres rôles tous très honorables, tout particulièrement Hagen.

In fine, cela aurait pu être au moins une belle version audio, s'il y avait eu un chef plus réveillé et inspiré.

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Message par Wehwalt31 » 01 juil. 2011, 07:40

Quelques commentaires sur ceux de l'ami paco, sans aucun esprit polémique. Chacun peut voir midi à sa porte:
paco a écrit : 1) l’inévitable costume-cravate : mais quitte à transposer à notre époque, n’y a-t-il pas d’autres façons d’habiller Siegfried et Hagen ? Idomeneo en costume-cravate, le Ring en costume cravate, les costumiers ont-ils tous des actions chez Dior, Boss, Armani & co ???? Quel conformisme stupide et anti-créatif !!
Je suis bien d'accord, surtout en ce qui concerne l'apparition de Siegfried en costume au tout début, que je prends pour un contresens.
Ceci étant, à partir du moment où un metteur en scène prend le parti de plonger l'action dans le "siècle" quelle autre solution: le jogging, la chemise Lacoste ?
Vu la coupe des costards, ce serait plutôt une contre-pub pour Dior, Boss et Armani.
La façon dont Gunther passe son temps à remonter son pantalon est, par exemple, très bien vue.
paco a écrit :
2) cette manie du Regietheater à 3 sous de planter les acteurs face au public, immobiles et les yeux vides, sans aucun mouvement, une absence totale de théâtre (Siegfried et Brünnhilde chantant face au public en se tenant par la main à la fin du 1er tableau, un vrai retour à l'opéra de grand-papa !). Dans Götterdämmerung c’est l’équivalent d’un puissant somnifère !
C'est un peu contradictoire avec votre 3) (roulages de pelles entre S. et B.) et, surtout, çà zappe complètement le jeu de scène autour de la barque.
Où a-t-on vu Siegfried complètement ivre après avoir bu le philtre ?
paco a écrit :
3) enfin, quand on a les carrures physiques de Kerl, Libor ou Dalayman, on ne les fait pas se vautrer sur la table pour s'étreindre, l’éclat de rire dans la salle est garanti ! Cela me semble le B.A.BA d’un professionnel du théâtre quand même, non ? (oui, je sais, on me dira que c’est volontaire et du second degré, moi je pense plutôt que c’est de l’amateurisme)
Effectivement, je pense que c'est volontaire et du second degré et surtout que cela participe à la description de la petitesse, de la mesquinerie, du pathétique du monde des Gibichung. Ceci dit, j'ai trouvé (et je l'ai exprimé) que le clin d'oeil au théâtre de boulevard était un peu appuyé.

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