muriel a écrit :]Quelles versions au disque existe t-il de la Juive ?
NB : à chaque fois je cite dans l'ordre Rachel, Eléazar, Brogni, Eudoxie et Léopold
Un enregistrement studio :
De Almeida, Philips enregistré en 86 et 89
Varady, Carreras, Furlanetto, Anderson, Gonzales
Deux enregistrements lives (prise de son radio) :
Guadagno, Londres 73 ou 74, Myto ou Opera d'Oro
Hayashi, Tucker, Gwynne, Le Bris, Sabatte (74)
Young, Vienne 98 ou 99, RCA
Isokoski, Shicoff, Miles, Schörg, Todorovic
Un dvd :
Viotti, Vienne 2003, DG
Stoyanova, Shicoff, Fink, Ivan, Zhang
Autant le dire tout de suite,
aucun de ces témoignages ne rend totalement justice à l'oeuvre et à tous ces protagonistes. Chacun a ses avantages et ses inconvénients, plus ou moins importants.
Pour connaître l'oeuvre, il est bizarrement préférable d'écouter le live de Vienne qui, le ballet mis à part, est beaucoup plus complet que l'enregistrement studio. En outre Shicoff y chante des choses que nous n'entendrons plus (
Dieu m'éclaire) et Eudoxie a ses deux airs (cas unique des témoignages existants). Il est cependant à regretter que ce soit l'unique prise de la première, on sent plus d'une fois les chanteurs (et le chef !) pas très à l'aise ou pour le moins prudents.
La coffret Philips dispose quant à lui d'un atout de taille : la Rachel de Julia Varady. En outre, il n'a que peu de défauts, si ce n'est un Carreras très usé dans certains passages (sans doute enregistrés en 89, après sa maladie). J'ai découvert l'oeuvre via cet enregistrement, mais aujourd'hui de tous les témoignages que j'ai amassé, j'ai tendance à penser que ce n'est pas, de loin, le plus excitant.
Le live de Londres montre un Eléazar à mon avis référentiel, celui de Richard Tucker. D'ailleurs, tout ce qu'il y a de prenant dans l'interprétation de Shicoff est plus ou moins copié sur Tucker. Sa Rachel chante très bien, même si sa voix est un peu légère. Pour ceux qui veulent découvrir l'opéra dans une version courte, c'est, malgré un Brogni vraiment pas terrible, plus que recommandable.
Et pour donner raison à Emmanuelle
:
Version studio d'Erasmo Ghuglia avec Frances Yeend, Mikos Gafni et William Wilderman. En tout 80 minutes (!), un orphéon pas synchrone et hors Brogni et dans une moindre mesure Rachel, un chant effroyable.
Extraits studios :
Marcel Couraud, Philips (64 ?) avec Jane Rhodes, Tony Poncet, Gérard Serkoyan. Extraits plutôt bien faits, datés dans le style. Les airs d?Eléazar ont été repris dans la compilation que Philips a consacré à Tony Poncet, celui de Rachel dans celle consacrée à Jane Rhodes.
Antonio de Almeida, RCA (74) avec Arroyo, Tucker, Giaotti, Moffo, Juan Sabatte. A l?origine ça devait être une intégrale :
Les extraits qu?on y trouve sont pour le coup tout à fait intégraux (sic). A mon avis, malgré son caractère parcellaire, un must pour cette ?uvre.
Lives plus ou moins indisponibles :
Gand (64) avec Gery Brunin et Tony Poncet. Dans le brouillard, une Rachel incandescente et à l?aise dans la tessiture (!), une Tony Poncet subtile comme jamais. Témoignage d?un âge d?or snobé aujourd?hui plus encore qu?à l?époque, et pourtant que je donnerais cher pour l?avoir vécu.
Carnegie Hall (64) avec Suzanne Sarroca, Richard Tucker et Norman Treigle. La prise de rôle de Tucker, une Suzanne Sarroca digne de ses Elisabeth (c?est à dire magnifique !), un son aléatoire et quelques passages qu?on ne peut entendre que là (la section centrale du duo Rachel Eudoxie à l?acte IV). Pas mal du tout !
Je passe sur le live de Barcelone avec Tucker, inaudible (en tout cas la bande que j?ai trouvé) et pas très bien chanté pour parler d?un autre live absolument extraordinaire :
Knut Anderson, La Nouvelle Orléans (74), Marisa Galvany, Richard Tucker, Paul Plishka, Rita Shane, Gene Bullard. Une Juive sur 200 000 volt dans laquelle tout le monde donne le meilleur de lui-même. Parfois ce n?est pas très orthodoxe, mais quelle vie ! En outre Rita Shane chante son grand air et lorsqu?on l?écoute, on ne peut que regretter qu?elle soit une des seules. Chanté comme ça, il n?aurait pas déparé un récital de Beverly Sills ou de Joan Sutherland. Les confrontations Rachel/Eudoxie puis Brogni/Eléazar sont les plus excitantes que je connaisse. Sans doute pour exister au milieu de ces monstres, le Léopold de Gene Bullard nous fait entendre une sérénade éblouissante de facilité : cerise sur le gâteau.
Vienne (81) avec Tokody, Carreras, Siepi (81 !!!), Ghazarian et Merritt. Mal dirigé et plutôt mal coupé, ce témoignage d?un concert capté pour Carreras vaut surtout pour les autres hommes : un Siepi encore majestueux près de 40 ans après ces débuts et Chris Merritt, pas toujours très propre mais bien plus à l?aise dans ce répertoire que Josélito. On peut oublier les dames.
Je passe (j?ai pas le temps !) sur deux ou trois captations récentes, comme la retransmission radio du met ou un concert à Constance (in locco !), en 97 je crois, et qui sont les débuts de Krassimira Stoyanova dans Rachel.
X