WERTHER- Opéra de Nice le 17 janvier 2006- 3ème Représentation
Chef d'orchestre Patrick Fournillier
Metteur en scène Paul-Emile Fourny
Décors Charlie Mangel
Costumes Véronique Bellone
Lumières Patrick Méeüs
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Werther Rolando Villazon
Charlotte Marie-Ange Todorovitch
Albert André Cognet
Le Bailli Michel Trempont
Sophie Valérie Condoluci
Schmidt Jairo Nuñez Díaz
Johann Jean-Luc Ballestra
Nous attendions tous avec grand intérêt le Werther de
Rolando Villazon et avec toute la médiatisation faite autour de cet artiste, ODB ne pouvez pas passer à côtés de cette prise de rôle.
Il est vrai que Villazon chante le français avec un fort accent espagnol mais je crois qu' il faut se poser au moins deux questions pour ce Werther et toutes les fois où nous allons à l' Opéra. Est-ce qu? il va se passer quelque chose d? unique ce soir et est-ce que nous allons vivre une émotion.
Ce soir, tout était au rendez-vous pour vivre un moment inoubliable.
Michel Trempont en Bailly est truculent, sa déclamation et son français sont impeccables, il délivre une véritable leçon de chant français, sa projection dans la salle est un plaisir et il maîtrise très bien son personnage. Voilà un artiste qui mérite un Victoire d? honneur en 2007.
Schmitt et Johann sont bien très distribués, mention spéciale pour le Johann de
Jean-Luc Ballestra à la voix bien assuré ainsi que pour sa magnifique ligne de chant. Voilà un chanteur qu'on aimerait entendre dans des rôles plus importants.
La Sophie de
Valérie Condoluci est pleine de fraîcheur et sa voix bien conduite.
La prestation d?
André Cognet dans le rôle d? Albert ne restera sûrement pas gravée dans nos mémoires, si ce n?est la sensation d?avoir entendu chanter un baryton comme une vieille basse russe et cela dans le seul but de faire retentir sa voix sans aucun souci de la ligne de chant et du respect de son organe.
La Charlotte de
Marie-Ange Todorovitch est pleine de conviction, la diction est parfaite, la voix est belle et franche, le grave sonne admirablement, les duos avec Werther rayonnent de vérité.
Rolando Villazon incarne Werther et à sa première intervention, le personnage est présent ; il nous propose un héros jeune, fougueux amoureux, torride et tourmenté.
Sa démarche est très naturelle et il occupe très bien la scène.
Il ressent ce qu? il chante et l?auditeur est tout de suite captivé.La force de cet artiste réside dans la générosité et dans cette déclamation ardente qui caractérise souvent les chanteurs hispaniques et que l? on ne pourrait pardonner à un chanteur francophone.
Il est vrai que son style n?est pas adéquat pour Massenet mais les moments les plus dramatiques sont d? une grande force.
Pendant ses airs, Villazon est souvent au devant de la scène mais quand l? interprétation est là, est-il nécessaire de parasiter le chant par souci de mise en scène ? Rolando est un exemple à suivre pour les jeunes chanteurs,il est la preuve que chanter de l?opéra est un moyen d?expression et que la phrase musicale et l?émotion qui s?en dégage pousse l?interprète à porter sa voix.
Encore une fois le public fut conquis et l? interprétation de Villazon nous démontre que l?on peut voir et entendre un Opéra sans pour cela avoir la sensation d? assister et de commenter du patinage artistique.
La mise en scène, assez classique et sans fioriture, était signée par
Paul-Emile Fourny et la direction musicale, efficace, par
Patrick Fournillier.
Ernesto Pasquale, envoyé spécial ODB
Photographies (c) Opéra de Nice, 2006.