Cette fois Albar, je ne pense pas pas que l'on puisse parler d'hétérogénéité. Son programme est à la fois harmonieux et admirablement équilibré: Caldara, Haendel, Scarlatti, Corelli avec pour lien la Rome du XVIIIèS dominé par l?Eglise. C?est bel et bien l?époque fascinante des castrats mais qui n'enlève rien à la créativité inouie des compositeurs. L'oratorio a peut etre (un temps) chasser l'opéra, il n'en demeure pas moins que l'essence de l'opéra reste intacte. La morale chrétienne, la noblesse des sentiments ne changent rien à la construction dramatique et musicale de ce qu'était l'opéra.Albar a écrit :Bien que j'habite à 5 minutes des Beaux-Arts, je n'y étais pas: je ne suis pas grand amateur de cirque. La seule fois où j'ai vu "LA" Bartoli, j'étais déçu. Oui, je n'ai pas peur de le dire: déçu. Et vos commentaires me confortent dans l'idée. Virtuosité (à outrance), mélange des registres (hétérogène), ambitus stupéfiant (combien de voix a-t-elle?), émotion vive (mais vient-elle toujours à propos?), bref un véritable ouragan. Mais j'ai une question: est-ce que vous trouvez le résultat (impossible de dire "ensemble"!) BEAU? Quand je vais au récital j'espère être ému, emmené en voyage. Pas uniquement décoiffé! Selon moi, c'est plus un phénomène qu'une chanteuse. Dans toutes les acceptions du terme.
On doit etre gré à Cécilia de nous faire (re)découvrir un genre peut encore dénigré de nos jours. Cécilia est une défricheuse, une pionnière comme l'on été dans d'autres registres Dame Joan par exemple...
On ne peut pas rester insensible et peut etre meme ébloui par l'extraordinaire technique de Cécilia mais elle ne sacrifie pas pour autant l'émotion meme si pour ce faire elle recourt à des "ficelles" qui sont devenus avec le temps sa marque de fabrique.
Cécilia n'est pas seulement le phénomène de foire que tu décries, c'est aussi (quand elle s'y décide), une fine mozartienne, une merveilleuse rossinienne... et quoi de plus flatteur pour une chanteuse de se voir gratifié de ce compliment?
Quand tu parles d'ouragan, oui tu as raison, mais Cécilia ne peut pas non plus prétendre aborder une partition, un genre, un style sans sacrifier aux exigences démesurées des compositeurs qui ont parfois (souvent) forcer le trait.
Mais qui l'aura entendue dans ses récitatifs soignés, dans le fameux Lascia la spina ne portera plus jamais un jugement un peu "léger" (sans vouloir d'offenser) sur la musicalité innée de Cécilia.
Tout le reste est affaire de style. Le timbre est là. En cette meme salle, un an plus tot, une créature nommée Angie a surchauffé un public très tendance avec d'autres affects que la seule beauté et le rayonnement de son timbre.
L.