Opéra en trois actes
Musique : Camille Saint-Saëns
Livret : Ferdinand Lemaire
Création : 2 décembre 1877 au théâtre de la Cour grand-ducale de Weimar
Distribution
Direction musicale : Guillaume Tourniaire
Mise en scène, scénographie : Immo Karaman
Costumes, chorégraphie : Fabian Posca
Vidéo : Frank Böttcher
Reprise lumières : Pascal Noël
Interprètes
- Samson → Florian Laconi
- Dalila → Marie Gautrot
- Le grand prêtre de Dagon → Philippe-Nicolas Martin
- Abimélech, satrape de Gaza → Alexandre Baldo
- Le vieillard hébreu → Louis Morvan
Orchestre Symphonique Saint-Étienne Loire
Choeur Lyrique Saint-Étienne Loire
Direction Laurent Touche
Décors et costumes réalisés par le Théâtre de Kiel
Opéra de Saint Etienne, vendredi 9 juin 2025
Habitué aux opéras du répertoire Français, l’opéra de Saint-Etienne met à l’affiche cette saison Samson et Dalila de Camille Saint-Saens.
La mise en scène du Germano-Turc Immo Karaman est en totale opposition avec les versions de style péplum classiques. Cette coproduction venue du Théâtre de Kiel et donnée en 2023 est pour le moins minimaliste et épurée.

Le peuple d’Israël est habillé en costume (pantalon veste) noir, et les Philistins à l’identique en blanc. Le plateau est dépouillé, présentant un espace blanc en milieu de scène, entouré de noir. Les jeux de lumière et quelques projections vidéo renforcent ces contrastes. Enfin, une troupe de 10 danseurs resserrent l’intrigue autour des protagonistes.
Quelques éléments de décors seront intelligemment déposés lors des mouvements des chœurs , et hormis quelques détails qui sont parfois ‘too much’, cette lecture en noir et blanc est esthétique, et de dénature pas le propos.

Après Les pêcheurs de perles de l’année dernière, Guillaume Tourniaire revient dans la fosse.
Il trouve le bon équilibre, entre l’orchestration, le chœur imposant, et le plateau.
Il mène tambour battant la première partie, faisant ressortir de belles sonorités des pupitres. Au troisième acte, les tempi sont plus rapides, dont la bacchanale qui est prise à une vitesse excessive, empêchant de faire monter la tension.
Les chœurs, dirigés par Laurent Touche sont absolument remarquables, très homogènes, à la diction irréprochable.

Le court rôle d’Abimelech est tenu par Alexandre Baldo. C’est par un chant racé, puissant et présent qu’Il confirme les éloges présentes sur ce forum.
Les quelques phrases du basse Louis Morvan (le vieil hébreu) laisse une forte impression.
Familier de la maison de Saint-Etienne , Philippe-Nicolas Martin endosse le rôle du grand prêtre de Dagon d’une voix ferme et solide. Il est malheureusement grimé en blanc, et apparait régulièrement avec un casque type escrime en côte de maille, ce qui empêche de capter les expressions du visage.
Les deux protagonistes principaux ont déjà chanté ensemble dans La Nonne Sanglante ici même.

Pour sa prise de rôle, Florian Laconi maîtrise son sujet. Comme à son habitude, l’engagement est total et il incarne un Samson guerrier. La voix bien projetée et saine, et les aigus sont puissants et appuyés. Le chant est toutefois un peu trop homogène, et le personnage manque d’un peu de relief, mais nul doute qu’il va s’améliorer et faire évoluer son personnage au fil des représentations.
Marie Gautrot, qui a déjà incarné Dalila à Avignon, est à nouveau la femme fatale qui par son mezzo dramatique, son chant charmeur et ses graves appuyés ensorcelle Samson, tout en développant un timbre sombre faisant ressortir toute la hargne et la haine qu’elle porte en elle.
Malgré le pont du 8 mai, la salle est remplie, et le public ressort enthousiaste. Une belle réussite.
Perrine