Mozart - Cosi fan tutte. - Scappucci/Alexandre - Capitole Toulouse - 09-10/2020

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Mozart - Cosi fan tutte. - Scappucci/Alexandre - Capitole Toulouse - 09-10/2020

Message par jeantoulouse » 24 sept. 2020, 09:40

Mozart Cosi fan tutte Capitole Toulouse


Speranza Scappucci Direction musicale
Ivan Alexandre Mise en scène
Antoine Fontaine Décors et costumes
Tobias Hagström Ståhl Lumières
 
DISTRIBUTION
Anne-Catherine Gillet Fiordiligi
Julie Boulianne Dorabella
Sandrine Buendia Despina
Mathias Vidal Ferrando
Alexandre Duhamel Guglielmo
Jean-Fernand Setti Don Alfonso

Orchestre du Capitole

Production du Slottsteater de Drottningholm
En coproduction avec le Château de Versailles Spectacles

C'est dans le magique Drottningholm Slottsteater près de Stockholm qu'Ingmar Bergman avait situé son adaptation cinématographique de La Flûte enchantée (1975). C'est sur cette scène qu' Yvan Alexandre a créé en 2017 le troisième pan de sa trilogie Da Ponte/Mozart inaugurée dans le même lieu en 2015 par les Noces. Dans sa conception, les trois opéras formaient un ensemble et suivaient le parcours d'un adolescent (Chérubin) devenu adulte conquérant (Don Giovanni) pour apparaître dans Cosi sous les traits d'un Don Alfonso manipulateur. Pour souligner cette unité, un décor unique fait de tréteaux de théâtre, de rideaux et de voiles légers ouvrait sur les coulisses où les chanteurs se préparaient et se changeaient à vue.
Le Capitole accueille aujourd'hui le seul Cosi et la scénographie raffinée signée Antoine Fontaine qu'habillent les lumières mordorées adaptées à cette comédie douce amère. Elle est portée ici par une distribution entièrement francophone.

Christophe Ghristi a pu pour Cosi réunir quatre des chanteurs prévus pour Les Pêcheurs de perles qui devaient initialement débuter la saison  : Anne-Catherine Gillet aurait interprété Leila, Mathias Vidal, Nadir, Alexandre Duhamel, Zurga et Jean-Fernand Setti, Nourabad. Les voici en Fiordiligi, Ferrando, Guglielmo et Alfonso.
Anne Catherine Gillet a chanté maintes fois au Capitole où Nicolas Joël faisait très régulièrement appel à la soprano belge : on se rappelle en 2006 sa Zdenka dans Arabella de Strauss, le rôle titre du Couronnement de Poppée ou sa Despina (2006), Sophie dans le Chevalier à la rose (2008), ou Servilia dans La Clémence de Titus (2012). Après trop d'années d'absence, c'est une grande joie de la retrouver en Fiordiligi pour sa prise de rôle .
C'est une autre habituée de la Ville rose que le Capitole programme en Dorabella : Juliette Boulianne y a chanté la Juliette et la Béatrice de Berlioz (2016), et en 2018 Annio dans La Clémence de Titus. La mezzo canadienne devrait exceller en Dorabella.
Sandrine Buendia fera ses débuts in loco. Après sa Despina, elle doit chanter en fin d'année Jenny dans La Dame Blanche de Boïeldieu à Compiègne, Quimper ou Rennes.
Pour Mathias Vidal, Ferrando est une prise de rôle et on attend avec impatience la prestation de celui que l'on devait entendre en Platée puis Nadir, héros tous deux effacés (provisoirement) par la crise sanitaire.
Le baryton Alexandre Duhamel doit chanter cette saison le rôle titre de Don Giovanni et Don Alfonso de Cosi à Versailles dans la même production d'Ivan Alexandre. Il sera aussi Golaud à Bordeaux, Lille et Caen, et Escamillo à Tokyo. Sauf erreur, le baryton familier des scènes bordelaises (nationales et internationales) fait comme Mathias Vidal ses débuts au Capitole.
Jean-Fernand Setti complète le sextuor. Il a chanté les principaux rôles mozartiens avec la compagnie Opéra Clandestin : Don Giovanni, Leporello, le Comte Almaviva, Don Alfonso, le Commandeur. C'est en expert qu'il sera à nouveau Don Alfonso.
Une grande, très grande première à Toulouse : dans la fosse du Capitole, une femme, Speranza Scappucci, directeur musical de l'Opéra Royal de Wallonie-Liège. Nous avions beaucoup aimé son CD d'Airs de Mozart avec Marina Rebeka. Les opéras italiens (Puccini, Verdi, Rossini, Bellini, Donizetti) n'ont pas de secret pour cette cheffe... italienne dont la subtilité ne bride pas la fougue. Cette ancienne assistante de Riccardo Mutti ( neuf ans de collaboration au festival de Salzbourg ! ) a fait ses débuts de chef avec précisément Cosi fan tutte en 2012 face à des étudiants de la Yale School of Music, opéra qu'elle a aussi dirigé à Rome et que, sans la Covid, elle devait reprendre à San Francisco.
La mise en scène d'Ivan Alexandre n'a pas subi de modification et les chanteurs se sont prêté au jeu dans le respect absolu de la santé de l'autre, lucides et exigeants. Ils ont ainsi préservé sur la scène cette bulle d'art qu'évoque Mathias Vidal dans un entretien récent sur ODB. Malgré la crise sanitaire, malgré les mesures barrières (jauge réduite, distanciation physique, masque obligatoire) ce Cosi sera une célébration bienvenue de l'émotion et de la beauté. Soave sia il vento...

Ibant_obscuri
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Re: Mozart - Cosi fan tutte. - Scappucci/Alexandre - Capitole Toulouse - 09-10/2020

Message par Ibant_obscuri » 07 oct. 2020, 14:19

Le Théâtre du Capitole annonce la diffusion en direct de ce Cosi fan tutte vendredi 9 octobre à 20h sur son site internet :

https://www.theatreducapitole.fr/-/direct-cosi

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Re: Mozart - Cosi fan tutte. - Scappucci/Alexandre - Capitole Toulouse - 09-10/2020

Message par jeantoulouse » 09 oct. 2020, 19:01

Sans plus de précision, le Capitole diffuse sur son site cette information :
"En raison d’un problème sanitaire, nous ne pouvons diffuser en direct la représentation de ce soir.
Nous diffuserons donc la représentation du mercredi 7 octobre."
Impressions à suivre.

Ibant_obscuri
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Re: Mozart - Cosi fan tutte. - Scappucci/Alexandre - Capitole Toulouse - 09-10/2020

Message par Ibant_obscuri » 09 oct. 2020, 19:37

Un cas Covid+ et plusieurs cas contacts dans l'orchestre. La représentation de ce soir est donnée sans orchestre, avec piano et pianoforte dans la fosse.

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Re: Mozart - Cosi fan tutte. - Scappucci/Alexandre - Capitole Toulouse - 09-10/2020

Message par jeantoulouse » 09 oct. 2020, 20:28

Image

Crédit photo : Mirco Magliocca

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Re: Mozart - Cosi fan tutte. - Scappucci/Alexandre - Capitole Toulouse - 09-10/2020

Message par jeantoulouse » 09 oct. 2020, 21:00

Je suis triste pour le Capitole, quel que soit le talent des musiciens mobilisés. Vraiment dommage pour les spectateurs qu'ils ne puissent savourer l'orchestration si complexe, spirituelle et sensuelle , de Mozart et les couleurs de cet orchestre magnifique.

Markossipovitch
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Re: Mozart - Cosi fan tutte. - Scappucci/Alexandre - Capitole Toulouse - 09-10/2020

Message par Markossipovitch » 10 oct. 2020, 15:56

On peut voir le verre à moitié vide... ou à moitié plein. Le Capitole n'a pas fermé, ils ont joué, c'est déjà une victoire.
D'ailleurs, cette représentation a obtenu le plus gros succès de la série, alors...

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Re: Mozart - Cosi fan tutte. - Scappucci/Alexandre - Capitole Toulouse - 09-10/2020

Message par jeantoulouse » 10 oct. 2020, 16:36

Vu sur le site du Capitole

Quleques impressions que le spectacle vivant aurait permis d'ajuster, de nuances, d'infirmer...

La mise en scène(s) est explicitement placée sous le signe du jeu : jeu de cartes omniprésent - dans le prologue, sur le verso des cartes marquées du cœur et du pique qui servent de fonds de scène, rideau au roi de cœur dont s'enveloppent Despina pour son air Une donna a quindici anni puis Dorabella tel un châle - damier au revers pour ce jeu de dames cruel, jeu du théâtre dont les tables de maquillage et d'habillage encadrent le décor, tréteaux de la comédie, théâtre dans le théâtre, changements à vue, jeu même des réminiscences et des connivences (Despina apparaît sur l'air initial de Leporello Notte e giorno faticar...et le second acte débute par des échos du Voi che sapete de Chérubin). Et l'acte de mariage du faux notaire se déploie tel le catalogue de Leporello.

Ce parti pris réalisé avec goût s'avère conforme à l'esprit de l’œuvre. Pour des raisons difficiles à définir, la production manque cependant de rythme et plus curieusement de sourire. Peut-être est ce dû à la configuration scénique. Le cadre de scène du Capitole enserre celui de la salle de jeu qui enserre lui même celui des tréteaux : cette réduction progressive de la profondeur et de la largeur de champ borne et éloigne l'action, la paralyse dans un excès de limites la mettant à distance, comme elle met à distance l'adhésion du spectateur. L'omniprésence de Don Alfonso observant les soubresauts de son stratagème et ses conséquences ôte aussi de la sincérité aux émotions et l'ensemble apparaît comme un jeu sans enjeu : faut-il pleurer ? faut-il en rire ? Non, puisque c'est une épreuve sans risque, une mise en scène aussi futile qu'une représentation théâtrale. Les moments de burlesque (le docteur et le notaire de Despina, les habits maures et les postiches) paraissent plaqués, alors que le désarroi des jeunes filles ne semble pas feint. L'équilibre si difficile à tenir entre l'aspect buffa de l'opéra et sa profonde sensibilité, son côté seria n'est pas atteint : ils se succèdent sans se fondre en une matière souple et mobile, sans point de vue. Le spectacle reste un spectacle intéressant, un peu froid, élégant, mais le spectateur s'implique peu.

Temps fort de la représentation, le grand air de Fiordiligi « Per pieta, ben mio, perdona », moment de grâce porté par la voix d'Anne-Catherine Gillet : élégance du chant, charme du timbre, simplicité de l'émotion, finesse de l'évocation des sentiment, nous retrouvons la soprano belge avec ravissement. Chacun de ses partenaires s'avère bon acteur et beau chanteur : Julie Boulianne, vive et sensible Dorabella, Sandrine Buendia, petit clown androgyne bien déluré, Mathias Vidal, Ferrando de style dont les deux airs confirment la subtile technique, Alexandre Duhamel, au baryton insolent et qui sait dessiner un personnage de macho enjoué, Jean-Fernand Setti, géant manipulateur au cynisme non dépourvu de classe.

Il est difficile de rendre compte de l'interprétation orchestrale pour un spectacle enregistré vu sur ordinateur. Peut-être la relative lenteur du spectacle est-elle due à une direction dont l'enjouement ne paraît pas la principale qualité. Les deux longue scènes finales sont conduites avec une attention remarquable au sextuor vocal. Bel et efficace accompagnement pour les récitatifs de Robert Gonnella.

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Re: Mozart - Cosi fan tutte. - Scappucci/Alexandre - Capitole Toulouse - 09-10/2020

Message par HELENE ADAM » 10 oct. 2020, 21:46

Le Tweet de Christophe Ghristi d'hier soir.... :wink:
Cosi fan tutte sans orchestre ce soir... plusieurs cas contact dans l'orchestre... mais on joue contre vents et marée ! Speranza Scappucci au pianoforte, Robert Gonnella au piano et nos artistes motivés comme jamais... Appassionnato sia il vento !
Lui : Que sous mes pieds se déchire la terre ! que sur mon front éclate le tonnerre, je t'aime, Élisabeth ! Le monde est oublié !
Elle : Eh bien ! donc, frappez votre père ! venez, de son meurtre souillé, traîner à l'autel votre mère

Mon blog :
https://passionoperaheleneadam.blogspot.fr

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Re: Mozart - Cosi fan tutte. - Scappucci/Alexandre - Capitole Toulouse - 09-10/2020

Message par jeantoulouse » 11 oct. 2020, 08:30

De l'avis des présents , ce fut en effet une soirée unique avec un public enthousiaste qui a fait une ovation à Robert Gonnella, chef de chant au Capitole et qui lors des représentations précédentes, assurait le continuo. J'aime beaucoup l'expression de Christophe Ghristi "on joue contre vents et marées", très significative de l'état d'esprit de l'ensemble de l'équipe, de "l'esprit maison" : jouer, jouer, jouer, pour le public, pour la musique, pour les artistes et techniciens... mais en respectant toutes les contraintes sanitaires imposées. L'entretien à paraitre avec l'administratrice générale du Capitole Claire Roserot de Melin témoignera de cette énergie stimulante.

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