Elektra - Richard Strauss - Welser-Möst/Warlikowski - Salzburger Festspiele - 08/2020

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Re: Elektra - Richard Strauss - Welser-Möst/Warlikowski - Salzburger Festspiele - 08/2020

Message par enrico75 » 10 août 2020, 22:34

Représentation du 10 août. Impression à chaud.
Dans le contexte actuel ,chapeau bas pour avoir réussi à monter un spectacle pareil mais pour moi c'était loin d'être inoubliable et en tout cas je n'ai pas ressenti le choc de la version Chereau d'Aix.

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Re: Elektra - Richard Strauss - Welser-Möst/Warlikowski - Salzburger Festspiele - 08/2020

Message par PlacidoCarrerotti » 10 août 2020, 23:14

enrico75 a écrit :
10 août 2020, 22:34
Représentation du 10 août. Impression à chaud.
Dans le contexte actuel ,chapeau bas pour avoir réussi à monter un spectacle pareil mais pour moi c'était loin d'être inoubliable et en tout cas je n'ai pas ressenti le choc de la version Chereau d'Aix.
Je ne t'ai pas vu à l'entracte !
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Re: Elektra - Richard Strauss - Welser-Möst/Warlikowski - Salzburger Festspiele - 08/2020

Message par jerome » 10 août 2020, 23:54

PlacidoCarrerotti a écrit :
10 août 2020, 21:51
Comme le rôle-titre, je suis resté sans voix...
:lol: :lol: extraordinaire!

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Re: Elektra - Richard Strauss - Welser-Möst/Warlikowski - Salzburger Festspiele - 08/2020

Message par enrico75 » 11 août 2020, 06:36

PlacidoCarrerotti a écrit :
10 août 2020, 23:14
enrico75 a écrit :
10 août 2020, 22:34
Représentation du 10 août. Impression à chaud.
Dans le contexte actuel ,chapeau bas pour avoir réussi à monter un spectacle pareil mais pour moi c'était loin d'être inoubliable et en tout cas je n'ai pas ressenti le choc de la version Chereau d'Aix.
Je ne t'ai pas vu à l'entracte !
J'avais mis le heaume masque magique :lol: :lol:

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Re: Elektra - Richard Strauss - Welser-Möst/Warlikowski - Salzburger Festspiele - 08/2020

Message par enrico75 » 11 août 2020, 08:21

Légère déception pour moi à la suite de cette représentation.
Mais je le répète, admiration sans borne pour le travail colossal accompli par toute l'équipe dans le contexte sanitaire actuel afin de nous présenter un spectacle abouti en salle dans des conditions scéniques normales et je crois que c'est le premier de ce genre.
Les précautions prises par les organisateurs sont draconiennes :port du masque obligatoire jusqu'au début de la représentation et immédiatement après la fin ,contrôlé fermement par une armée de placeurs à visière plexiglas et contrôle direct d'identité à l' entrée sans doute pour le traçage. Quel contraste avec la ville ou c est n'importe quoi et ou personne ne porte le masque sauf dans le bus .
L'orchestre lui aussi "testé " est en formation normale et on sent le plaisir qu'ont les musiciens à se retrouver d'où une prestation assez bluffante ,près de deux heures pendand lesquelles cordes,bois,vents,percussions virtuoses ,se mêlent grace au chef pour vous immerger dans un tourbillon sonore à la fois puissant ,raffiné, motorique,jusqu'à l'apothéose finale.(la vidéo comme prévue ne rend pas du tout cet impact sonore de l'orchestre).

Ce qui m'a manqué par rapport à Aix qui avait été un choc pour moi,c'est l'impact immédiat :
Chereau privilégiait les affrontements physiques immédiats des personnages à l'aide d'une gestique géniale qui lui était propre d'où une compréhension instantanée pour le spectateur de ce qui se passe sur scène et la réaction viscérale qui s'en suit,enfin c,'est comme ça que je l'avait ressenti à Aix.


Pour Warlikowski c'est plus au second degré, il y a sans arrêt ses références littéraires, historiques, culturelles,cinématographiques,etc si bien qu'on est sans arrêt en train de se demander ce qu 'il veut nous faire comprendre et ou en oublierait presque la musique! Sans oublier les fréquents décalages sans doute voulus entre la musique et ce qui se passe sur scène.
Ceci dit il y a des moments très forts surtout à la fin après le cri de K. Tout ce sang qui dégouline du plafond et l apparition des mouches qui vont tout envahir et tourbillonner, c est très angoissant et malheureusement très mal rendu dans la vidéo (impossible vue la largeur et la hauteur du plateau) et il y a le travail fabuleux sur les lumières, David l'a magnifiquement décrit.
Et puis il y a cette transformation des personnages: Elektra plus psychotique et renfermée qui agit souvent par procuration, sa sœur dont le rôle est hypertrophié vocalement ( on va pas s'en en plaindre) et Oreste sorte de benet du village qui est rapidement dépassé par les événements et se tire à la fin sans demander son reste.
Mais comme d'hab la direction d'acteur est phénoménale de précision.
Je dois m 'interrompre because départ Innsbruck pour le Leonora de Paer .
J aborderai la partie vocale plus tard mais j aurai bien vu les rôles des deux sœurettes inversés 😉😉

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Re: Elektra - Richard Strauss - Welser-Möst/Warlikowski - Salzburger Festspiele - 08/2020

Message par PlacidoCarrerotti » 11 août 2020, 09:20

Je plussois largement aux observations d'Henri.

Le spectacle de Warli est plutôt bien foutu, et les dimensions du plateau sont parfaitement utilisées. C'est la production d'un désormais Chevalier des Arts et des Lettres, un artiste arrivé qui a un peu de mal à se renouveler (un peu comme Py, mais pas comme Carsen par exemple). On retrouve des éléments de décors vus précédemment : aquarium, grille-pain géant, piscine... Il y a des choix théâtraux compréhensibles mais AMHA peu pertinents voire en contradiction avec la musique : Chrysothemis qui participe au meurtre, Elektra qui meurt bien avant les derniers accords, le dernier "Oreste" qui n'est plus l'appel au secours de Chrysothemis, mais un appel interrogatif alors que celui-ci s'enfuit, tourmenté par ses démons (cohérent avec le mythe original)... Des effets avec un petit côté démonstratif et gratuit, mais qui ne font pas une conception d'ensemble. Et puis, il y a les choix peu compréhensibles, au sens caché du commun des mortels (à supposer qu'il y ait un sens) : les mannequins, le pull de ski (peut-être y-a-t-il une station sur le Mont Olympe?)... Comme le fait remarquer à juste titre Henri, le fait d'essayer de se creuser la tête pour essayer de comprendre une allusion hermétique fait prendre du recul par rapport au déroulement de la représentation et perdre le fil du spectacle. IL ne manquerait plus que la zapette pour faire un retour arrière sur ce qu'on n'a pas compris. Scéniquement, la fin fait mouche.

Comme beaucoup ici, j'avais énormément apprécié Ausrine Stundyte en Lady Macbeth à Bastille. Relative déception ici : la puissance est un peu insuffisante, les aigus sont justes mais sourds au lieu d'être dardés, la voix manque de largeur... Une mini Elektra à entendre au TCE éventuellement. J'ai trouvé à l'inverse que Asmik Grigorian dominait le plateau : mais j'entends davantage une Elektra en devenir qu'une Chrysothemis. Le rôle de Klytämnestra est trop grave pour la tessiture naturelle de Tanja Ariane Baumgartner qui marmonne dans sa barbe sans vraiment projeter. Les autres rôles ne déméritent pas, mais à part Grigorian, tout le plateau passe à côté de la dimension tellurique de l'ouvrage (quand je pense qu'à une époque on entendait régulièrement James King en Aegisth : il n'avait pas besoin de sinon, lui !).

Ce qui m'a le plus gêné, c'est la direction d'orchestre de Franz Welser-Möst qui m'a fait penser au Bertrand de Billy actuel. Tout (ou presque) est aplati, noyé dans un continuum sonore sans relief. Exemple : L'arrivée de Klytämnestra est accompagnée de bruits sourds, impressionnants. Chrysothémis dit "On entend un bruit dehors". Tu parles : on n'entend rien du tout, oui ! A certains moments, je ne retrouvais même plus la ligne mélodique principale dans la soupe qui sortait de la fosse. Certainement l'une des plus mauvaises directions de l'oeuvre qu'il m'ait été donnée de subir. Je comprends désormais son surnom : Frankly Worse-than-most. Wikipedia : Lorsqu’il quitte Londres en 1996, un critique commente : "Il venait de nulle part, il ne va nulle part ".

Bien heureux toutefois d'avoir pu être là : pour ce centenaire du festival, dans une ville qui souffre beaucoup (150.000 habitants / 2.000.000 de touristes par an : je n'ai jamais vu les salzbourgeois aussi aimables), et pour des raisons plus personnelles. David a raison : plus on avance en âge, plus on a des êtres chers disparus dans ses souvenirs et parfois le spectacle devient secondaire face à cette mémoire. C'était le cas pour cette Elektra un peu faible.
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Re: Elektra - Richard Strauss - Welser-Möst/Warlikowski - Salzburger Festspiele - 08/2020

Message par David-Opera » 11 août 2020, 10:41

J'avoue ne pas trop suivre la comparaison avec Bertrand de Billy dont je supporte difficilement la direction qui a plombé tout ce que j'ai entendu avec lui ces dernières années.

Sinon, le fait que ma mémoire émotionnelle ne perturbe pas la façon dont je vibre à un spectacle est effectivement un plus, et j'imagine que cela doit être pénible de sans cesse avoir ses sensations du moment gênées par cette mémoire.
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Re: Elektra - Richard Strauss - Welser-Möst/Warlikowski - Salzburger Festspiele - 08/2020

Message par Snobinart » 11 août 2020, 10:43

micaela a écrit :
10 août 2020, 17:18
Snobinart a écrit :
10 août 2020, 12:06
On fume toujours autant chez KW. A se demander s'il est payé par l'industrie (comme pour les placements produits dans les films). Ce serait bien une mise en scène où on associe pas le tabac à "je fume parce que je suis angoissé et que ça fait du bien", ou "je fume parce que ça me fait briller en société".
Et tu proposes quoi pour Carmen où les cigarières fument pendant leur pause parce que ça leur fait du bien ? (et c'est dans le livret). On coupe la scène ?
Carmen tue bien José de nos jours... alors pourquoi pas. Ou on leur fait confectionner des stérilets.

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Re: Elektra - Richard Strauss - Welser-Möst/Warlikowski - Salzburger Festspiele - 08/2020

Message par valery » 11 août 2020, 11:18

PlacidoCarrerotti a écrit :
11 août 2020, 09:20
plus on avance en âge, plus on a des êtres chers disparus dans ses souvenirs et parfois le spectacle devient secondaire face à cette mémoire.
Très intéressante, cette remarque. Nos expériences de mélomanes plongent dans des strates de souvenirs au point qu'on assiste parfois à un spectacle, mais aussi à la remontée des souvenirs qui y sont liés, comme un palimpseste : les autres représentations de la même œuvre, les artistes qu'on y a entendus, les salles dans lesquelles on a applaudi l’œuvre, et bien sûr les personnes aimées avec lesquelles on l'a vue.
Parfois, le simple fait de franchir le seuil du théâtre ou de la salle ravive un effluve vivace, non dépourvu de mélancolie.

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Re: Elektra - Richard Strauss - Welser-Möst/Warlikowski - Salzburger Festspiele - 08/2020

Message par PlacidoCarrerotti » 11 août 2020, 11:42

David-Opera a écrit :
11 août 2020, 10:41
J'avoue ne pas trop suivre la comparaison avec Bertrand de Billy dont je supporte difficilement la direction qui a plombé tout ce que j'ai entendu avec lui ces dernières années.
Pas une note plus haute que l’autre, pas un effet qui ressort, le refus de l’effet paroxystique, au profit d’un tissus sonore homogène mais plat... j’ai pensé à de Billy au bout d’un quart d’heure.
David-Opera a écrit :
11 août 2020, 10:41

Sinon, le fait que ma mémoire émotionnelle ne perturbe pas la façon dont je vibre à un spectacle est effectivement un plus, et j'imagine que cela doit être pénible de sans cesse avoir ses sensations du moment gênées par cette mémoire.
Ce sont des sensations « délicieusement tristes », qui s’estompent dès que le rideau se lève, quand le spectacle est bon du moins.
Mais le fait est que chaque représentation exceptionnelle positionne la barre un peu plus haut pour les suivantes.
Le tout, c’est de ne pas rester coincé dans le passé, comme ces vieillards américains qui, sur certains forums, s’étripent entre fans de Milanov et partisans de Tebaldi, et qui n’ont plus vu un spectacle sur scène depuis 20 ans...
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