Wagner - Parsifal - Meir Wellber/Vick - Palerme - 01-02/2020
Wagner - Parsifal - Meir Wellber/Vick - Palerme - 01-02/2020
Omer Meir Wellber : direction musicale
Graham Vick : mise en scène
Timothy O’Brien : décors
Mauro Tinti : costumes
Ron Howell: "Azioni mimiche"
Giuseppe Di Iorio: lumières
Amfortas Tómas Tómasson
Titurel Alexei Tanovitski
Gurnemanz John Relyea
Klingsor Thomas Gazheli
Parsifal Julian Hubbard
Kundry Catherine Hunold
Premier Chevalier du Graal Adrian Dwyer
Second Chevalier du Graal Dmitry Grigoriev
Quatre cavaliers Elisabetta Zizzo / Sofia Koberidze / Ewandro Stenzowski / Nathan Haller
les Filles-Fleurs Elisabetta Zizzo / Sofia Koberidze / Alena Sautier / Talia Or / Maria Radoeva / Stephanie Marshall
Una voce dall'alto Stephanie Marshall
Le dimanche 26 janvier 2020 fut une date particulièrement faste pour Parsifal avec pas moins de trois premières de nouvelles productions sur la scène européenne. Outre Strasbourg et Toulouse, qui ont déjà fait l'objet de recensions sur ODB, le dernier opus wagnérien faisait en effet ce jour là l'ouverture de la saison palermitaine.
Tout parsifalien rêve d'entendre son opéra fétiche dans la ville où Richard Wagner a terminé sa composition (on lira avec amusement l'entrée du blog de l'ami Luc consacrée à la visite de Maupassant dans l'appartement du Grand Hôtel et des Palmes où logeait le compositeur https://munichandco.blogspot.com/2020/0 ... l-des.html ).
La représentation présentait en plus le grand attrait de la prise de rôle en Kundry de Catherine Hunold, et de la prise de fonction du nouveau directeur musical du théâtre Omer Meir Wellber, que l'on a pu apprécier à Dresde ou à Munich.
Contrainte budgétaire ou volontaire sobriété, la scène est fort dépouillée tout au long des trois actes : les coulisses du théâtre apparaissent à nu (sans que cela ne nuise à la projection des chanteurs, curieusement), quelques rares toiles peintes apparaissent en fond de scène, l'élément principal restant un rideau blanc à hauteur d'homme, ouvert ou fermé, et qui servira à quelques scènes d'ombres chinoises.
Si l'on est positif, on dira que Graham Vick s'est inscrit dans la société palermitaine multiculturelle, si on l'est moins (et si on a vu de nombreuses mises en scène de Parsifal), on sera plutôt tenté de critiquer la collection de clichés qui nous est offerte (les chevaliers du Graal en treillis, Kundry (au 1er acte) et le chœur des femmes (au 2ème acte) en femmes voilées de noir, le baiser de Kundry et Parsifal devant une icône de Marie-Madeleine, etc.)
Seul le 3ème acte propose quelques idées intéressantes et neuves (Parsifal en guérisseur d'enfants après avoir été consacré par Gurnemanz, et la jolie image finale de Parsifal en conteur au milieu du cercle de ces mêmes enfants, entouré des vieillards du Graal terrassés).
Rien d'indigne, mais rien de bien passionnant.
Beaucoup plus de satisfaction avec la direction musicale de Omer Meir Wellber. Le chef réalise un très beau travail avec son orchestre dans une oeuvre qui demande cohésion et souffle, seul le début du 3ème acte laissant sentir un peu de fatigue.
Très peu portée sur le mysticisme, la direction vive et dramatique est néanmoins très nuancée et avec beaucoup de poésie et d'émotion. On notera l'utilisation de vraies cloches, ce qui est tout de même nettement plus intéressant que les sons enregistrés habituels (même à Bayreuth...).
Beaux chœurs (notamment le chœur d'enfants), mais pas toujours très précis dans les attaques.
La distribution de très bon niveau dans l'ensemble a été aussi le grand atout de la soirée.
Catherine Hunold en premier lieu est encore une fois surprenante : on sait quelle puissance (sans cris) elle est capable de déchaîner, et on la trouve dans ce rôle propice aux excès, toute en nuances, en subtilité, avec une attention portée aux mots (la diction parfaite bien sûr, mais surtout le sens de chaque mot) qui laisse ébahi. Bien entendu, le 2ème acte la verra séductrice (en blonde Marie-Madeleine...) et le contraste avec le déchaînement final sera d'autant plus saisissant. Et naturellement, toujours cette présence scénique fantastique...
Le Gurnemanz de John Relyea est très bon et très investi, sachant différencier nettement le 1er et le 3ème acte, Tómas Tómasson campe un Amfortas très impressionnant avec une voix passablement déglinguée, plus dans la colère que dans la souffrance, Thomas Gazheli assume avec panache et malgré le metteur en scène le rôle de Klingsor.
Je serai plus circonspect quand à Parsifal lui-même (Julian Hubbard n'est arrivé que 4 jours avant la première, à la place de Daniel Kirch initialement prévu) : s'il est à l'aise dans le personnage innocent du 1er acte, il manque de subtilité dans le 2ème, et surtout n'arrive pas à habiter le 3ème avec la hauteur de vue nécessaire.
La représentation du 26 janvier a été diffusée en direct sur le site du théâtre et sera rediffusée par Arte le vendredi de Pâques prochain.
Bon, et puis Palerme "O tu, Palermo, terra adorata"
Graham Vick : mise en scène
Timothy O’Brien : décors
Mauro Tinti : costumes
Ron Howell: "Azioni mimiche"
Giuseppe Di Iorio: lumières
Amfortas Tómas Tómasson
Titurel Alexei Tanovitski
Gurnemanz John Relyea
Klingsor Thomas Gazheli
Parsifal Julian Hubbard
Kundry Catherine Hunold
Premier Chevalier du Graal Adrian Dwyer
Second Chevalier du Graal Dmitry Grigoriev
Quatre cavaliers Elisabetta Zizzo / Sofia Koberidze / Ewandro Stenzowski / Nathan Haller
les Filles-Fleurs Elisabetta Zizzo / Sofia Koberidze / Alena Sautier / Talia Or / Maria Radoeva / Stephanie Marshall
Una voce dall'alto Stephanie Marshall
Le dimanche 26 janvier 2020 fut une date particulièrement faste pour Parsifal avec pas moins de trois premières de nouvelles productions sur la scène européenne. Outre Strasbourg et Toulouse, qui ont déjà fait l'objet de recensions sur ODB, le dernier opus wagnérien faisait en effet ce jour là l'ouverture de la saison palermitaine.
Tout parsifalien rêve d'entendre son opéra fétiche dans la ville où Richard Wagner a terminé sa composition (on lira avec amusement l'entrée du blog de l'ami Luc consacrée à la visite de Maupassant dans l'appartement du Grand Hôtel et des Palmes où logeait le compositeur https://munichandco.blogspot.com/2020/0 ... l-des.html ).
La représentation présentait en plus le grand attrait de la prise de rôle en Kundry de Catherine Hunold, et de la prise de fonction du nouveau directeur musical du théâtre Omer Meir Wellber, que l'on a pu apprécier à Dresde ou à Munich.
Contrainte budgétaire ou volontaire sobriété, la scène est fort dépouillée tout au long des trois actes : les coulisses du théâtre apparaissent à nu (sans que cela ne nuise à la projection des chanteurs, curieusement), quelques rares toiles peintes apparaissent en fond de scène, l'élément principal restant un rideau blanc à hauteur d'homme, ouvert ou fermé, et qui servira à quelques scènes d'ombres chinoises.
Si l'on est positif, on dira que Graham Vick s'est inscrit dans la société palermitaine multiculturelle, si on l'est moins (et si on a vu de nombreuses mises en scène de Parsifal), on sera plutôt tenté de critiquer la collection de clichés qui nous est offerte (les chevaliers du Graal en treillis, Kundry (au 1er acte) et le chœur des femmes (au 2ème acte) en femmes voilées de noir, le baiser de Kundry et Parsifal devant une icône de Marie-Madeleine, etc.)
Seul le 3ème acte propose quelques idées intéressantes et neuves (Parsifal en guérisseur d'enfants après avoir été consacré par Gurnemanz, et la jolie image finale de Parsifal en conteur au milieu du cercle de ces mêmes enfants, entouré des vieillards du Graal terrassés).
Rien d'indigne, mais rien de bien passionnant.
Beaucoup plus de satisfaction avec la direction musicale de Omer Meir Wellber. Le chef réalise un très beau travail avec son orchestre dans une oeuvre qui demande cohésion et souffle, seul le début du 3ème acte laissant sentir un peu de fatigue.
Très peu portée sur le mysticisme, la direction vive et dramatique est néanmoins très nuancée et avec beaucoup de poésie et d'émotion. On notera l'utilisation de vraies cloches, ce qui est tout de même nettement plus intéressant que les sons enregistrés habituels (même à Bayreuth...).
Beaux chœurs (notamment le chœur d'enfants), mais pas toujours très précis dans les attaques.
La distribution de très bon niveau dans l'ensemble a été aussi le grand atout de la soirée.
Catherine Hunold en premier lieu est encore une fois surprenante : on sait quelle puissance (sans cris) elle est capable de déchaîner, et on la trouve dans ce rôle propice aux excès, toute en nuances, en subtilité, avec une attention portée aux mots (la diction parfaite bien sûr, mais surtout le sens de chaque mot) qui laisse ébahi. Bien entendu, le 2ème acte la verra séductrice (en blonde Marie-Madeleine...) et le contraste avec le déchaînement final sera d'autant plus saisissant. Et naturellement, toujours cette présence scénique fantastique...
Le Gurnemanz de John Relyea est très bon et très investi, sachant différencier nettement le 1er et le 3ème acte, Tómas Tómasson campe un Amfortas très impressionnant avec une voix passablement déglinguée, plus dans la colère que dans la souffrance, Thomas Gazheli assume avec panache et malgré le metteur en scène le rôle de Klingsor.
Je serai plus circonspect quand à Parsifal lui-même (Julian Hubbard n'est arrivé que 4 jours avant la première, à la place de Daniel Kirch initialement prévu) : s'il est à l'aise dans le personnage innocent du 1er acte, il manque de subtilité dans le 2ème, et surtout n'arrive pas à habiter le 3ème avec la hauteur de vue nécessaire.
La représentation du 26 janvier a été diffusée en direct sur le site du théâtre et sera rediffusée par Arte le vendredi de Pâques prochain.
Bon, et puis Palerme "O tu, Palermo, terra adorata"
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- Baryton
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Re: Wagner - Parsifal - Meir Wellber/Vick - Palerme - 01-02/2020
Merci Philippes pour cette critique.
Je suis ravi,et non point étonné, que la prise de rôle de Catherine Hunold ait été une réussite, tant sur le plan vocal que dramatique. Certains l'avaient trouvé en retrait en Mme Lidoine des Dialogues des Carmélites au Capitole, alors que tous avaient salué sa performance dans Ariane à Naxos.
Et bravo à ODB de pouvoir aligner des comptes rendus des trois Parsifal. Quel réseau !
Je suis ravi,et non point étonné, que la prise de rôle de Catherine Hunold ait été une réussite, tant sur le plan vocal que dramatique. Certains l'avaient trouvé en retrait en Mme Lidoine des Dialogues des Carmélites au Capitole, alors que tous avaient salué sa performance dans Ariane à Naxos.
Et bravo à ODB de pouvoir aligner des comptes rendus des trois Parsifal. Quel réseau !
- HELENE ADAM
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Re: Wagner - Parsifal - Meir Wellber/Vick - Palerme - 01-02/2020
Oui c'est vraiment super !jeantoulouse a écrit : ↑29 janv. 2020, 15:19Merci Philippes pour cette critique.
Je suis ravi,et non point étonné, que la prise de rôle de Catherine Hunold ait été une réussite, tant sur le plan vocal que dramatique. Certains l'avaient trouvé en retrait en Mme Lidoine des Dialogues des Carmélites au Capitole, alors que tous avaient salué sa performance dans Ariane à Naxos.
Et bravo à ODB de pouvoir aligner des comptes rendus des trois Parsifal. Quel réseau !
Lui : Que sous mes pieds se déchire la terre ! que sur mon front éclate le tonnerre, je t'aime, Élisabeth ! Le monde est oublié !
Elle : Eh bien ! donc, frappez votre père ! venez, de son meurtre souillé, traîner à l'autel votre mère
Mon blog :
https://passionoperaheleneadam.blogspot.fr
Elle : Eh bien ! donc, frappez votre père ! venez, de son meurtre souillé, traîner à l'autel votre mère
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Re: Wagner - Parsifal - Meir Wellber/Vick - Palerme - 01-02/2020
En bon Parsifalomaniaque, je serai bien entendu à Toulouse (vendredi 31/1) et à Strasbourg (vendredi 7/2) !
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- Baryton
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Re: Wagner - Parsifal - Meir Wellber/Vick - Palerme - 01-02/2020
On attend avec une vive impatience ton jugement d'expert, et peut-être ton palmarès.
- Piero1809
- Baryton
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Re: Wagner - Parsifal - Meir Wellber/Vick - Palerme - 01-02/2020
Une performance! La juxtaposition des trois sera certes passionnante!
Rundinella http://piero1809.blogspot.fr
Re: Wagner - Parsifal - Meir Wellber/Vick - Palerme - 01-02/2020
L'interprétation de Kundry par Hunold est assez éloignée des canons du rôle et peut sans doute dérouter ceux qui ont une vision préconçue quand ils vont à l'opéra (la critique de Wanderer (le site) reproche à la chanteuse d'être "très éloignée du caractère sauvage et de la puissance archétypale de son personnage"). Pour ma part j'apprécie les propositions originales (quand elles fonctionnent).jeantoulouse a écrit : ↑29 janv. 2020, 15:19Certains l'avaient trouvé en retrait en Mme Lidoine des Dialogues des Carmélites au Capitole, alors que tous avaient salué sa performance dans Ariane à Naxos.