Wagner – Parsifal – Beermann/Bory – Capitole Toulouse – 01-02/2020

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Re: Wagner – Parsifal – Beermann/Bory – Capitole Toulouse – 01-02/2020

Message par Olric » 02 mars 2020, 19:17

J'ai écouté ce Parsifal sur France Musique samedi soir.
Comme Philippes et Wagnermonomanie (ça ne se soigne pas), j'ai trouvé Sophie Koch en difficulté avec ce rôle, tantôt (au début du duo de l'acte 2) ralentissant la phrase, débitant mot à mot de manière un peu ridicule pour ne pas rater les aigus, tantôt au contraire dans la confusion et la précipitation au cours des passages d'engagement ,avec des approximations de notes, des cris... Déjà sa Fricka m'avait paru faible. En fait, cette straussienne lyrique n'a pas les moyens dramatiques de Wagner.
Schukoff prosaïque et sans éclat mais passable, Prouvot pour moi plutôt à la hauteur de l'ingratitude du rôle ("le timbre chantant", non, ce n'est pas le problème de Klingsor, ami Wagneromane), Goerne bien d'engagement mais artificiel, rôle trop dramatique, trop lourd pour ses moyens naturels, Rose largement au-dessus des autres...
Impression mélangée laissée par la direction, cote mal taillée dans les équilibres à trouver entre chambrisme et grand orchestre.
Sur ce plan, j'ai trouvé la prestation de l'orchestre de Strasbourg supérieure, avec le chef Marko Letonja, qui dirigeait l'oeuvre pour la première fois, en parfaite maîtrise de la syntaxe. (pour le reste, mise en scène japonaise sans grand intérêt, piquant à droite et à gauche, se voulant moderne mais datée en fait, honnêtes chanteurs allemands de province).

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Re: Wagner – Parsifal – Beermann/Bory – Capitole Toulouse – 01-02/2020

Message par Bernard C » 02 mars 2020, 20:02

Heureux d'avoir de tes nouvelles et de lire tes critiques expertes.

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Re: Wagner – Parsifal – Beermann/Bory – Capitole Toulouse – 01-02/2020

Message par Oylandoy » 02 mars 2020, 23:17

Olric a écrit :
02 mars 2020, 19:17
Sur ce plan, j'ai trouvé la prestation de l'orchestre de Strasbourg supérieure, avec le chef Marko Letonja, qui dirigeait l'oeuvre pour la première fois, en parfaite maîtrise de la syntaxe. (pour le reste, mise en scène japonaise sans grand intérêt, piquant à droite et à gauche, se voulant moderne mais datée en fait, honnêtes chanteurs allemands de province).
Ante Jerkunica, un honnête chanteur allemand de province ?
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Re: Wagner – Parsifal – Beermann/Bory – Capitole Toulouse – 01-02/2020

Message par Wagnermonomanie » 02 mars 2020, 23:50

il est vrai que P Rose domine la distribution, il est à l'aise dans le 3 éme acte, pourtant au 1er acte il me semble entendre des raclements de gorge aprés certaines de ses interventions. Je sais bien qu'Amfortas est un "grand malade", mais je reste persuadé que le role doit être chanté. La direction de F Beermann m'a paru être un honnête travail, c'est déja pas si mal. Et puis un Parsifal de cette tenue à Toulouse, :D

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Re: Wagner – Parsifal – Beermann/Bory – Capitole Toulouse – 01-02/2020

Message par Olric » 03 mars 2020, 18:55

Oylandoy a écrit :
02 mars 2020, 23:17
Olric a écrit :
02 mars 2020, 19:17
Sur ce plan, j'ai trouvé la prestation de l'orchestre de Strasbourg supérieure, avec le chef Marko Letonja, qui dirigeait l'oeuvre pour la première fois, en parfaite maîtrise de la syntaxe. (pour le reste, mise en scène japonaise sans grand intérêt, piquant à droite et à gauche, se voulant moderne mais datée en fait, honnêtes chanteurs allemands de province).
Ante Jerkunica, un honnête chanteur allemand de province ?
C'est vrai que ma tournure paraît un peu condescendante, d'autant que le niveau des chanteurs allemands de "province" est plutôt élévé. Cela dit, ce n'est pas Pape, ce n'est pas Zeppenfeld, ce n'est pas Groissböck. C'est un bon Gurnemanz, avec une petite instabilité dans le registre. N'oublions pas que Gurnemanz doit être avant tout bien chantant.

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Re: Wagner – Parsifal – Beermann/Bory – Capitole Toulouse – 01-02/2020

Message par Olric » 03 mars 2020, 21:36

Bernard C a écrit :
30 janv. 2020, 18:52

C'est un des motifs qui au fil de l'âge , avec le pataquès mystico-verbeux m'éloigne de Parsifal, moi qui étais gaga de l'oeuvre.
Reste la musique

Bernard
Bonjour Bernard, toujours fidèle au poste ! :)

Moi aussi, "au fil de l'âge", j'ai un problème avec le "pataquès mystico-verbeux".

Tu poses en fait le problème de la représentation de Parsifal aujourd'hui.
L'époque a évidemment - à raison ou à tort - beaucoup de mal avec cette rhétorique du péché de chair et de son rachat chrétiens. Nietzsche aussi avait ce mal, qui reprochait à Wagner la «régression intellectuelle» de Parsifal et lui opposait la Carmen de Bizet comme type de la modernité. A la fin d'une vie au cours de laquelle le maître de Bayreuth fut plus Amfortas que Gurnemanz, se tint pour lui la réflexion philosophique sur la transcendance et la «sublimation». On sait qu'il envisageait un opéra sur Bouddha.
On peut affronter le livret et lui trouver d'actuelles correspondances : vies d'anachorètes, de moines, confréries de moines-soldats (il y a des exemples)...
Mais on peut aussi, à mon sens, laisser le livret à son sort, dans un moment de l'histoire (mais qui reviendra peut-être, qui connaît le futur ?), délaisser le «pataquès mystico-verbeux» et la sublimation de la chair pour le sublime de la musique.
Parce qu'une chose est sûre: la musique de Parsifal excède son livret. C'est elle qu'il faut mettre en scène.
On peut la traiter par le biais des intuitions, des connotations, de certitudes qu'on a et de mystères qu'on n'a pas comme un poème musical, à la manière de Mallarmé.
C'est ce qu'avait réussi à faire Castelluci à La Monnaie il y a quelques années (direction Haenchen). Le I avec cette forêt psychanalytique, le III et sa foule immense qui avance vers le futur en faisant du sur-place. Et les moyens originaux d'incrustation des personnages dans cette forêt, dans cette foule...Un grand moment (vidéo disponible).
Autre mise en scène mémorable, point trop éloignée, celle de Herheim à Bayreuth. Extrêmement explicite celle-là. Se payant le luxe d'un Vendredi-Saint dans les décors de la création, et par le jeu des mises en abyme joignant l'histoire de l'oeuvre à celle de Bayreuth, et à celle de l'Allemagne au XXème siècle jusqu'à la République fédérale dont le Bundestag sert au III de décor à l'assemblée des «Chevaliers»...
L'autre soir, je regardai «Thamos, roi d'Egypte» de Mozart (direction Equilbey). Une version-concert rehaussée par les décors, les animations vidéos dus à Yannis Kokos. Dispositif parfait pour Parsifal que cette évolution de la représentation lyrique dans une sorte d'hybride de l'opéra et du concert.
On sait que Wagner rêvait de «théâtre invisible».
Et somme toute mieux vaut se dire ce que Parsifal peut faire pour le metteur en scène que ce que le metteur en scène peut faire pour Parsifal...
O.

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Re: Wagner – Parsifal – Beermann/Bory – Capitole Toulouse – 01-02/2020

Message par Piero1809 » 26 mars 2020, 17:30

Olric a écrit :
03 mars 2020, 21:36

Parce qu'une chose est sûre: la musique de Parsifal excède son livret. C'est elle qu'il faut mettre en scène.
Merci pour les considérations très intéressantes de votre dernière intervention. Je suis 100% d'accord!

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