Haendel - Saül- Cummings/Kosky- Châtelet- 01/2020
Haendel - Saül- Cummings/Kosky- Châtelet- 01/2020
Saül, oratorio de GF Haendel
Laurence Cummings / Barrie Kosky
Katrin Lea Tag : décors et costumes
Joachim Klein : lumières
Otto Pichler: chorégraphie
Christopher Purves / Igor Mostovoi : Saül / Apparition de Samuel
Karina Gauvin : Merab
Anna Devin : Michal
David Shaw : Jonathan
Christopher Ainslie : David
Stuart Jackson : Le Grand-Prêtre / Doeg/Abner
John Graham-Hall : La sorcière d'Endor
Les Talens lyriques
Théâtre du Châtelet, le 21 janvier 2020
Saül (HWV 53), créé le 16 janvier 1739 au King's Theatre, se situe donc dans la production haendélienne entre Serse (1738) et Samson (1741), 28 ans après les débuts londoniens du compositeur, onze ans avant Theodora, son dernier grand chef d’œuvre.
Inspiré du Premier livre de Samuel, cet oratorio est axé sur la dérive du roi Saül qui ne supporte pas de se voir éclipsé par le vainqueur de Goliath, David. Il le comble de faveurs tout en s’obsédant de sa perte. Sa fureur est portée à un tel délire qu’il s’allie avec les enfers contre son rival qui est aussi le plus sûr soutien de son trône.
Malgré les concerts dirigés par Paul Mc Creesh et René Jacobs au début du nouveau millénaire, Saül reste un ouvrage rare, inédit à Paris et peut-être même en France, et dont la force théâtrale est fulgurante.
Après une première partie fort plaisante mais peu inventive ouverte sur l’immense tête décapitée de Goliath et un superbe banquet de réjouissances, Barrie Kosky en tire le meilleur avec une scène infernale qui rappelle son propre Castor et Pollux (spectacle encore supérieur qui a reçu le Prix Laurence Olivier) et qui pourrait être mise aussi en regard avec le travail de Bill Viola (le champ de bougies) et celui de Carsen pour l’Orfeo de Gluck. Kosky y montre de manière saisissante un roi qui se dépouille de toute son humanité pour renaître, dans sa vieillesse, sa déréliction et son dénuement, au monde des ténèbres hantées.
Il réussit avec brio toutes les scènes de foule dans cet oratorio où le chœur tient une place centrale, foule qui est fouillis humain « multicéphale » et où la foisonnante variété des expressions de visage joue avec éclat sur l’un et le multiple. Il sait dynamiser et faire claquer avec une totale tonicité les sentiments chauffés à blanc sans dynamiter le sens profond biblique, en le déployant hautement !
Le chœur, constitué pour ce spectacle, est porté par une énergie et une fougue hors du commun et nous insuffle son vif élan tout au long.
Les Talens lyriques, si rompus à Haendel, font merveille même sans leur fondateur, avec un sens des nuances les plus fines qui ne le cède en rien à la puissance dramatique de ce conflit d’état doublé d’un conflit de famille. Laurence Cummings d’abord un peu terne sait ménager la montée en puissance du drame avec maestria.
La distribution vocale ne se situe pas sur les mêmes cimes d’autant que le rôle-titre, tenu comme on joue le Roi Lear / Lyre par un Christopher Purves d’un engagement total malgré la maladie, est chanté dans la fosse par Igor Mostovoi, un jeune baryton ukrainien à la voix solide et à la technique sûres mais qui n’a pas pu, bien évidemment, rentrer dans le rôle. Karina Gauvin ne trouve pas ici son meilleur rôle haendélien même si elle en traduit avec une vipérine véhémence toute la morgue et le mépris de classe avant de faire amende honorable et de s’humaniser en reconnaissant, in fine, les éminentes qualités de David.
Celui-ci est interprété avec beaucoup de conviction, d’une voix riche en harmoniques et souverainement projetée par le contre-ténor Christopher Ainslie.
La soprano irlandaise Anna Devin dessine la plus sensible des Michal, d’une voix ductile et déliée, tandis que Stuart Jackson compose un Grand-Prêtre fellinien de grand relief et un Amalécite glaçant.
Sans oublier David Shaw qui remplace Benjamin Hulett avec beaucoup d’efficacité en Jonathan.
Tous sont d’une probité stylistique remarquable et transcendés par la formidable direction d’acteur de Barrie Kosky, aussi précise qu’acérée.
Saluons les danseurs et la chorégraphie aussi vive que bourrée d'autodérision.
Dix-huit ans presque jour pour jour après le triomphe absolu sur cette scène de la Rodelinda du tandem Christie/Villégier, cette autre production venue de Glyndebourne, où la vie abonde et surabonde, fait notre bonheur.
Jérôme Pesqué
Laurence Cummings / Barrie Kosky
Katrin Lea Tag : décors et costumes
Joachim Klein : lumières
Otto Pichler: chorégraphie
Christopher Purves / Igor Mostovoi : Saül / Apparition de Samuel
Karina Gauvin : Merab
Anna Devin : Michal
David Shaw : Jonathan
Christopher Ainslie : David
Stuart Jackson : Le Grand-Prêtre / Doeg/Abner
John Graham-Hall : La sorcière d'Endor
Les Talens lyriques
Théâtre du Châtelet, le 21 janvier 2020
Saül (HWV 53), créé le 16 janvier 1739 au King's Theatre, se situe donc dans la production haendélienne entre Serse (1738) et Samson (1741), 28 ans après les débuts londoniens du compositeur, onze ans avant Theodora, son dernier grand chef d’œuvre.
Inspiré du Premier livre de Samuel, cet oratorio est axé sur la dérive du roi Saül qui ne supporte pas de se voir éclipsé par le vainqueur de Goliath, David. Il le comble de faveurs tout en s’obsédant de sa perte. Sa fureur est portée à un tel délire qu’il s’allie avec les enfers contre son rival qui est aussi le plus sûr soutien de son trône.
Malgré les concerts dirigés par Paul Mc Creesh et René Jacobs au début du nouveau millénaire, Saül reste un ouvrage rare, inédit à Paris et peut-être même en France, et dont la force théâtrale est fulgurante.
Après une première partie fort plaisante mais peu inventive ouverte sur l’immense tête décapitée de Goliath et un superbe banquet de réjouissances, Barrie Kosky en tire le meilleur avec une scène infernale qui rappelle son propre Castor et Pollux (spectacle encore supérieur qui a reçu le Prix Laurence Olivier) et qui pourrait être mise aussi en regard avec le travail de Bill Viola (le champ de bougies) et celui de Carsen pour l’Orfeo de Gluck. Kosky y montre de manière saisissante un roi qui se dépouille de toute son humanité pour renaître, dans sa vieillesse, sa déréliction et son dénuement, au monde des ténèbres hantées.
Il réussit avec brio toutes les scènes de foule dans cet oratorio où le chœur tient une place centrale, foule qui est fouillis humain « multicéphale » et où la foisonnante variété des expressions de visage joue avec éclat sur l’un et le multiple. Il sait dynamiser et faire claquer avec une totale tonicité les sentiments chauffés à blanc sans dynamiter le sens profond biblique, en le déployant hautement !
Le chœur, constitué pour ce spectacle, est porté par une énergie et une fougue hors du commun et nous insuffle son vif élan tout au long.
Les Talens lyriques, si rompus à Haendel, font merveille même sans leur fondateur, avec un sens des nuances les plus fines qui ne le cède en rien à la puissance dramatique de ce conflit d’état doublé d’un conflit de famille. Laurence Cummings d’abord un peu terne sait ménager la montée en puissance du drame avec maestria.
La distribution vocale ne se situe pas sur les mêmes cimes d’autant que le rôle-titre, tenu comme on joue le Roi Lear / Lyre par un Christopher Purves d’un engagement total malgré la maladie, est chanté dans la fosse par Igor Mostovoi, un jeune baryton ukrainien à la voix solide et à la technique sûres mais qui n’a pas pu, bien évidemment, rentrer dans le rôle. Karina Gauvin ne trouve pas ici son meilleur rôle haendélien même si elle en traduit avec une vipérine véhémence toute la morgue et le mépris de classe avant de faire amende honorable et de s’humaniser en reconnaissant, in fine, les éminentes qualités de David.
Celui-ci est interprété avec beaucoup de conviction, d’une voix riche en harmoniques et souverainement projetée par le contre-ténor Christopher Ainslie.
La soprano irlandaise Anna Devin dessine la plus sensible des Michal, d’une voix ductile et déliée, tandis que Stuart Jackson compose un Grand-Prêtre fellinien de grand relief et un Amalécite glaçant.
Sans oublier David Shaw qui remplace Benjamin Hulett avec beaucoup d’efficacité en Jonathan.
Tous sont d’une probité stylistique remarquable et transcendés par la formidable direction d’acteur de Barrie Kosky, aussi précise qu’acérée.
Saluons les danseurs et la chorégraphie aussi vive que bourrée d'autodérision.
Dix-huit ans presque jour pour jour après le triomphe absolu sur cette scène de la Rodelinda du tandem Christie/Villégier, cette autre production venue de Glyndebourne, où la vie abonde et surabonde, fait notre bonheur.
Jérôme Pesqué
Parution de ma biographie "Régine Crespin, La vie et le chant d'une femme" ! Extraits sur https://reginecrespinbiographie.blogspot.com/
Odb-opéra
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Re: Haendel - Saül- Cummings/Kosky- Châtelet- 01/2020
Durée annoncée 3h15.
Re: Haendel - Saül- Cummings/Kosky- Châtelet- 01/2020
Ca va mieux comme ça. Dans un premier temps j'ai failli lire Tea Bag
Le sommeil de la raison engendre des monstres (Goya)
Re: Haendel - Saül- Cummings/Kosky- Châtelet- 01/2020
Christopher Purves jouera son rôle sur scène ce soir qui sera chanté par Igor Mostovoi.
Par ailleurs, B. Hulett sera remplacé pare David Shaw
Par ailleurs, B. Hulett sera remplacé pare David Shaw
Parution de ma biographie "Régine Crespin, La vie et le chant d'une femme" ! Extraits sur https://reginecrespinbiographie.blogspot.com/
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Re: Haendel - Saül- Cummings/Kosky- Châtelet- 01/2020
Triomphe pour la première
Mise en scène splendide où le choeur tient le rôle principal
J'ai beaucoup aimé Anna Devin et Christopher Ainslie
J'aurais aimé voir la tête de celui qui chantait le rôle titre... il est resté dans la fosse.
Mise en scène splendide où le choeur tient le rôle principal
J'ai beaucoup aimé Anna Devin et Christopher Ainslie
J'aurais aimé voir la tête de celui qui chantait le rôle titre... il est resté dans la fosse.
Re: Haendel - Saül- Cummings/Kosky- Châtelet- 01/2020
oui,il n'est pas monté saluer. C'est un ukrainien de 25 ans qui a un bon physique
Parution de ma biographie "Régine Crespin, La vie et le chant d'une femme" ! Extraits sur https://reginecrespinbiographie.blogspot.com/
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Re: Haendel - Saül- Cummings/Kosky- Châtelet- 01/2020
Fabuleux spectacle
Mise en scène d'une inventivité folle et dont l'adéquation visuelle,dramatique et chorégraphique au texte et à la musique est sidérante si bien qu'on ne s'ennuie pas une minute pendant cet oratorio de prés de trois heures
Mise en scène d'une inventivité folle et dont l'adéquation visuelle,dramatique et chorégraphique au texte et à la musique est sidérante si bien qu'on ne s'ennuie pas une minute pendant cet oratorio de prés de trois heures
Re: Haendel - Saül- Cummings/Kosky- Châtelet- 01/2020
Je viens de publier ma critique en tête de ce fil.
Parution de ma biographie "Régine Crespin, La vie et le chant d'une femme" ! Extraits sur https://reginecrespinbiographie.blogspot.com/
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Re: Haendel - Saül- Cummings/Kosky- Châtelet- 01/2020
De l'amphi sur la droite on ne le voyait pas et ma foi, l'illusion était totale...
Je salue l'inventivité et la beauté de la mise en scène de Barrie Kosky qui rend cet oratorio (plutôt austère quoique magnifique) sublime. Et je rejoins Enrico, on ne s'ennuie pas une minute dans ce jeu de tableaux évocateurs que nous offre le metteur en scène.
Merci aux danseurs d'une élégance totale et précise alors que le sol semblait fort mouvant...
Et d'accord avec le CR de JdeB (que je lis après coup ) y compris les réserves sur Gauvin que je n'ai tellement pas reconnue de loin que j'ai cru que ce n'était pas elle...
Et quelle belle langue que l'anglais dans les opéras, me suis-je dit... La "dead march" est un morceau à se damner.
Lui : Que sous mes pieds se déchire la terre ! que sur mon front éclate le tonnerre, je t'aime, Élisabeth ! Le monde est oublié !
Elle : Eh bien ! donc, frappez votre père ! venez, de son meurtre souillé, traîner à l'autel votre mère
Mon blog :
https://passionoperaheleneadam.blogspot.fr
Elle : Eh bien ! donc, frappez votre père ! venez, de son meurtre souillé, traîner à l'autel votre mère
Mon blog :
https://passionoperaheleneadam.blogspot.fr