Messager- Fortunio- Langrée/Podalydès- OC- 12/2019

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JdeB
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Messager- Fortunio- Langrée/Podalydès- OC- 12/2019

Message par JdeB » 10 déc. 2019, 09:16

Direction musicale Louis Langrée
Mise en scène Denis Podalydès, Sociétaire de la Comédie-Française
Décors Éric Ruf
Costumes Christian Lacroix
Lumières Stéphanie Daniel
Assistant musical Julien Masmondet
Collaborateurs artistiques à la mise en scène Laurent Delvert et Laurent Podalydès
Assistante décors Dominique Schmitt
Assistant costumes Jean-Philippe Pons
Cheffe de chant Marine Thoreau La Salle
Chef de chœur Joël Suhubiette

Fortunio Cyrille Dubois
Jacqueline Anne-Catherine Gillet
Maître André Franck Leguérinel
Clavaroche Jean-Sébastien Bou
Landry Philippe-Nicolas Martin
Lieutenant d’Azincourt Pierre Derhet
Lieutenant de Verbois Thomas Dear
Madelon Aliénor Feix
Maître Subtil Luc Bertin-Hugault
Guillaume Geoffroy Buffière
Gertrude Sarah Jouffroy
Comédien Laurent Podalydès

Enfants Maîtrise Populaire de l’Opéra Comique : Malcolm Namgyal, Suzanne Laurens (représentations des 12, 14 et 22 décembre 2019), Madeleine Dumas-Primbault, Solal Dages-des-Houx (représentations des 16, 18 et 20 décembre 2019)

Chœur Choeur les éléments
Orchestre Orchestre des Champs-Élysées

Production Opéra Comique (2009)
Coproduction Opéra national de Lorraine

Paris, Opéra-comique, le 12 décembre 2019

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Fortunio a été créé à l'Opéra-Comique, le 5 juin 1907, sous la direction du compositeur qui y avait dirigé, cinq ans auparavant, la première mondiale de Pelléas et Mélisande. Notons la présence à l’affiche de ce 5 juin 1907 de Jean Périer, le premier Pelléas, en Landry et celle d’Hector Dufranne, le premier Golaud, en Clavaroche, Marguerite Carré, la première Jacqueline, y sera, quant à elle, Mélisande à la faveur des reprise de 1911, 1913, 1919 (sous la baguette de Messager), et 1922. Benoît Duteurtre a bien raison d’écrire dans sa remarquable synthèse de L'Opérette en France « Messager met en œuvre dans ses opérettes ce que Fauré, Debussy, Ravel trouvent d'une autre façon dans la musique “sérieuse” : une souplesse de la phrase et de l'écriture mélodique, ponctuée par des accords délicatement choisis. »
Subtilement raffinée, fluide comme l’eau, légère et « sans rien qui pèse ou qui pose », cette partition est riches d’influences diverses (Mozart, Massenet, Fauré, …).
Le livret, du Musset revu par Gaston Armand de Caillavet et Robert de Flers, adjoint au trio classique (le mari, la femme, l’amant) un personnage de« chandelier », c'est-à-dire un chevalier servant officiel servant à détourner les soupçons et les foudres du mari jaloux. Il conjugue avec bonheur le comique au sentimental et met en lumière efficacement le contraste entre une forme de cruauté ingénue de Jacqueline et l’abnégation romantique, l’amour absolu de Fortunio. Alors que la scène finale fait passer comme un écho werthérien…
Il est aussi truffé de mots rares, néologismes savoureux et expressions tombées en désuétude (affliquet, clergeon, aventurine, sabretache, il va musant, ..) qui fleurent bon leur époque…

Fortunio a connu son heure de gloire. Certes l’œuvre n’a bénéficié que d’un petit nombre de traductions, si ce n’est en hongrois et en tchèque, mais a rayonné très vite en Belgique (Anvers et Bruxelles dès 1908), à Lisbonne (1909) et Buenos Aires (1911). Toutefois, il a fallu presque un siècle pour qu’elle soit donnée en Grande-Bretagne, en 2001 au Grange Park Festival. En France, cette « comédie lyrique » fit flores ; l’air de la Maison grise (« : J’aimais la vieille maison grise / Où j’ai grandi près du foyer) mais surtout la chanson de Fortunio (Si vous croyez que je vais dire / Qui j’ose aimer …) étaient fredonnés par nos (arrière) grands-parents. L’ouvrage est resté populaire jusqu’au début des années 1960. C’est Fortunio qui a fait l'inauguration de l’Opéra de Limoges actuel, le 17 mars 1963, avec Liliane Berton, Michel Lecocq, André Vessières et JC Benoit dans une mise en scène de Michel Crochot.

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Après une éclipse, l’œuvre a connu quelques reprises, à Bordeaux en novembre 1984 et surtout à Lyon en mai 1987 grâce à J. E. Gardiner qui en fit un enregistrement dans la foulée pour Erato.
Plus près de nous, une production signée Eric Pérez a été applaudie à Fribourg, Besançon et Dijon en 2008. L’année suivante, Fortunio est revenu sur le théâtre qui l’a vu naître pour six représentations dirigées par Louis Langrée dans cette mise en scène de Denis Podalydès reprise ce soir. Entre temps, Emmanuelle Cordoliani nous a donné sa vision, applaudie à Limoges en novembre 2013 et à Saint-Etienne un an après.

Sur la papier la distribution de cette reprise, une décennie plus tard, frisait l'idéal. Disons le d'emblée, elle a tenu toutes ses promesses !

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La production, entre Utrillo et le jeune Balthus, est soignée dans ses moindres détails et bénéficie des costumes impeccables de Christian Lacroix. Elle est portée par une direction d'acteur fine et sensible par des interprètes on ne peut plus convaincants.

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Cyrille Dubois incarne à la perfection ce clerc de notaire provincial timide et farouche, éperdu d'amour pour la femme de son patron et d'une fausse insipidité, que se fait de l'amour une vision de roman courtois revivifiée à la flamme du romantisme. Jamais on ne l'a vu si juste humainement, si totalement engagé scéniquement, retournant ses défauts en autant d'atouts majeurs pour ce rôle qui sera sans doute celui de sa vie (il a détesté ce compliment au cocktail mais qu'importe, les ténors sont ainsi faits !). Et l'on sent percer, sous tant d'ardeur bien peignée, comme des rêves de Werther d'autant que notre ténor français est dans un tropisme florézien en ce moment...
Sur les mêmes cimes, Anne-Catherine Gillet traduit parfaitement l'éveil à l'amour et à ses audaces coquines de l'épouse (longtemps modèle) de Maître André avec une grâce surannée qui touche au cœur.
Jean-Sébastien Bou campe un Capitaine Glavaroche de grand relief avec quelques moments vocaux moins brillants que de coutume.
D'une voix usée mais au sommet de son talent d’interprète de composition, Franck Leguérinel dessine un Maître André aussi fasciné par les uniformes que les coquettes de sa ville et cousine avec un Monsieur Verdoux délivré de sa part maudite.
Philippe-Nicolas Martin, qui peut tout chanter, de Rameau à Ravel (et au-delà), réussit avec brio ses débuts scéniques parisiens avec un Landry subtil et de haute musicalité.
Le jeune ténor belge Pierre Derhet apporte beaucoup de classe et de fraîcheur au Lieutenant d'Azincourt tandis qu'Aliénor Feix fait valoir une excellente voix et un métier déjà sûr en Madelon.

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Tous les autres personnages sont tenus de manière irréprochable.

Quel luxe de confier ce petit bijou de "comédie lyrique" à Louis Langrée qui en tire la quintessence musicale et les saveurs 1900 avec un fumet de Musset du meilleur aloi !

Bref, le mot "anthologique" semble résumer simplement et durablement cet accomplissement de tous.

Notons la présence de Christophe Rousset et de Jérémie Rohrer.

Jérôme Pesqué
Parution de ma biographie "Régine Crespin, La vie et le chant d'une femme" ! Extraits sur https://reginecrespinbiographie.blogspot.com/
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Re: Messager- Fortunio- Langrée/Podalydès- OC- 12/2019

Message par Loïs » 11 déc. 2019, 07:48

Doutant de ma capacité à pouvoir accéder à Favart jeudi je pensais revendre mes places mais un bref coup d'oeil sur le niveau de réservation m'a calmé : les deux tiers du parterre sont encore à la vente.
Pourtant il s'agit d'une oeuvre jamais jouée et avec un très beau plateau

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Re: Messager- Fortunio- Langrée/Podalydès- OC- 12/2019

Message par PlacidoCarrerotti » 11 déc. 2019, 10:05

Loïs a écrit :
11 déc. 2019, 07:48
Doutant de ma capacité à pouvoir accéder à Favart jeudi je pensais revendre mes places mais un bref coup d'oeil sur le niveau de réservation m'a calmé : les deux tiers du parterre sont encore à la vente.
Pourtant il s'agit d'une oeuvre jamais jouée et avec un très beau plateau
J'allais te contredire, mais effectivement, cette production a été créée à Favart il y a 10 ans maintenant. Le temps passe vite.
"Venez armé, l'endroit est désert" (GB Shaw envoyant une invitation pour l'une de ses pièces).

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Re: Messager- Fortunio- Langrée/Podalydès- OC- 12/2019

Message par Loïs » 11 déc. 2019, 10:09

PlacidoCarrerotti a écrit :
11 déc. 2019, 10:05
Loïs a écrit :
11 déc. 2019, 07:48
Doutant de ma capacité à pouvoir accéder à Favart jeudi je pensais revendre mes places mais un bref coup d'oeil sur le niveau de réservation m'a calmé : les deux tiers du parterre sont encore à la vente.
Pourtant il s'agit d'une oeuvre jamais jouée et avec un très beau plateau
J'allais te contredire, mais effectivement, cette production a été créée à Favart il y a 10 ans maintenant. Le temps passe vite.
je n'avais d'ailleurs pas vu que c'était une reprise

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Re: Messager- Fortunio- Langrée/Podalydès- OC- 12/2019

Message par paco » 11 déc. 2019, 10:20

En même temps, 138 euros en cat 1 pour un opéra-comique de Messager .... L'OC a vraiment perdu la connexion avec la réalité, ils planent complètement (c'était le même problème pour Ercole).
Dommage car c'est une des plus belles partitions de Messager et la distribution est proche de l'idéal aujourd'hui

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Re: Messager- Fortunio- Langrée/Podalydès- OC- 12/2019

Message par jmc » 11 déc. 2019, 10:32

Le dimanche 20 décembre 2009 j'étais au poulailler (à 15 €) j'en ai un bon souvenir à la fois de théâtre avec l'amant caché dans l'armoire et d'airs agréables, et le dimanche 22 décembre 2019 je serai en corbeille (à 97 €).
Ce sera l'occasion de faire un bilan :wish: de mon expérience lyrique.

Jean-Marc

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Re: Messager- Fortunio- Langrée/Podalydès- OC- 12/2019

Message par JdeB » 11 déc. 2019, 10:52

paco a écrit :
11 déc. 2019, 10:20
En même temps, 138 euros en cat 1 pour un opéra-comique de Messager .... L'OC a vraiment perdu la connexion avec la réalité, ils planent complètement (c'était le même problème pour Ercole).
Dommage car c'est une des plus belles partitions de Messager et la distribution est proche de l'idéal aujourd'hui
le parterre était au 2/3 vide pour Ercole ?

oui, j'ai vu Fortunio à Limoges et c'est en effet un petit bijou...
Parution de ma biographie "Régine Crespin, La vie et le chant d'une femme" ! Extraits sur https://reginecrespinbiographie.blogspot.com/
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Re: Messager- Fortunio- Langrée/Podalydès- OC- 12/2019

Message par paco » 11 déc. 2019, 11:14

JdeB a écrit :
11 déc. 2019, 10:52
le parterre était au 2/3 vide pour Ercole ?
A la veille de la Première il restait beaucoup de places à vendre sur le site, pour toute la série de représentations. Je ne sais pas s'ils ont réussi à remplir ensuite mais je me souviens avoir reçu beaucoup de mails de pub de relance, notamment des offres à -50% dès le début de la série (preuve qu'ils se sont rendus compte d'un vrai problème tarifaire).

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Re: Messager- Fortunio- Langrée/Podalydès- OC- 12/2019

Message par Loïs » 11 déc. 2019, 11:18

le point positif c'est que le parterre de Favart va devenir le coin le moins encombré de la capitale :lol:

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Re: Messager- Fortunio- Langrée/Podalydès- OC- 12/2019

Message par pingpangpong » 11 déc. 2019, 11:20

Le parterre était complet le dimanche où j'y suis allé en tout cas.
Enfin elle avait fini ; nous poussâmes un gros soupir d'applaudissements !
Jules Renard

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