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Borodine - Le Prince Igor - Jordan/Kosky - ONP - 11-12 /2019

Posté : 26 nov. 2019, 10:58
par jmc
Entrée au répertoire de l'ONP avec cette nouvelle production à Bastille.

D'après l'édition originale Belaieff de 1890.
Opéra en langue russe.
L'acte III est coupé à l'exception du second monologue d'Igor qui est réintroduit à l'acte IV dans une orchestration de Pavel Smelkov.

Musique et livret : Alexandre Borodine
Direction musicale : Philippe Jordan
Mise en scène : Barrie Kosky (débuts à l'ONP)
Décors : Rufus Didwiszus
Costumes : Klaus Bruns
Lumières : Franck Evin
Chorégraphie : Otto Pichler
Chef des Choeurs : José Luis Basso

Prince Igor : Ildar Abdrazakov
Iaroslavna : Elena Stikhina
Vladimir : Pavel Černoch
Prince Galitski : Dmitry Ulyanov
Kontchak : Dimitry Ivashchenko
Kontchakovna : Anita Rachvelishvili
Skoula : Adam Palka (débuts à l'ONP)
Ierochka : Andrei Popov
Ovlour : Vasily Efimov
la nourrice : Marina Haller
une jeune Polovtsienne : Irina Kopylova

six danseuses et douze danseurs.

Minutage :
première partie : 1 heure 15 mn (prologue et acte I)
entracte : 30 mn
seconde partie : 1 heure 55 mn (acte II, ouverture, début de l'acte IV, monologue d'Igor de l'acte III, suite et fin de l'acte IV)


Avant-première Jeunes le 25 novembre, première le 28 novembre puis les 1 et 4 décembre.
Les représentations des 7, 11, 14, 17, 20, 23 et 26 décembre annulées en raison d'un mouvement de grève nationale.

Re: Borodine - Le Prince Igor - Jordan/Kosky - ONP - 11-12 /2019

Posté : 26 nov. 2019, 12:46
par paco
jmc a écrit :
26 nov. 2019, 10:58
L'acte III est coupé à l'exception du second monologue d'Igor qui est réintroduit à l'acte IV dans une orchestration de Pavel Smelkov.
:lol: Dans ma vie j'ai vu 4 fois le Prince Igor, ce furent 4 versions différentes, je crois bien n'avoir jamais vu la même histoire (j'exagère, mais presque), le même ordre des scènes, la même fin, le même enchaînement, ...

Je sais que c'est un opéra inachevé dont la fin fut réalisée par Glazounov et Rimsky, mais je suis complètement perdu sur l'achèvement ou non de l'intrigue elle-même et l'articulation des actes. Est-ce que le livret lui-même n'était qu'une esquisse à la mort de Borodine ?

J'ai l'impression qu'en comparaison du Prince Igor, les multiples versions de Boris Godounov ou Don Carlo-s sont d'une grande limpidité ... :mrgreen:

Re: Borodine - Le Prince Igor - Jordan/Kosky - ONP - 11-12 /2019

Posté : 26 nov. 2019, 13:19
par alexios
jmc a écrit :
26 nov. 2019, 10:58
Minutage :
première partie : 1 heure 15 mn (prologue, acte I et acte II)
entracte : 35 mn
seconde partie : 1 heure 55 mn (ouverture, monologue d'Igor de l'acte III, acte IV)
Alors petite correction, seul l'acte I (chez les Russes) est joué avant l'entracte. L'acte II (chez les Polovtsiens) se situe en seconde partie, entre l'ouverture et l'acte IV. Et hier l'entracte n'était que de 30 mn.

Re: Borodine - Le Prince Igor - Jordan/Kosky - ONP - 11-12 /2019

Posté : 26 nov. 2019, 16:43
par PDdLB
Quelques impressions sur la représentation de lundi 25, l’avant-première jeune du Prince Igor :

Les grands héros de cette soirée pour moi sont, dans l’ordre, Borodine, l’orchestre et les chœurs ; Borodine d’abord dont je découvrais l’œuvre (à l’exception des célèbres danses) et qui m’a fasciné par sa puissance d’évocation, par ses couleurs, par sa capacité à réinventer un souffle épique dans une histoire pourtant bien pauvre et décousue. L’orchestre, sous la baguette de Philippe Jordan, lui fait honneur (même si je crois que l’orchestration n’est pas que du compositeur) avec une prodigieuse énergie. Les chœurs, omniprésents dans l’œuvre, achèvent de nous transporter dans les plaines de Russie avec beaucoup de lyrisme, et quand c’est nécessaire une puissance de feu, peut-être aurait-il fallu toutefois des voix d’alti un peu plus profondes et denses par instants, par ailleurs le passage a capella depuis les coulisses, splendide au demeurant, m’a semblé extrêmement faux quand l’orchestre a commencé à l’accompagner. Je n’ose à peine imaginer par ailleurs les efforts qui doivent être fournis pour apprendre un si long opéra en russe quand on ne pratique pas du tout cette langue.

Finalement, malgré la qualité de certains solistes, j’ai vraiment l’impression d’avoir assisté à une soirée chœur et orchestre, ils se suffisaient à eux-mêmes. Les danses polovtsiennes plus particulièrement sont un magistral coup qui m’a laissé complétement estomaqué, une combinaison de féroce énergie, de couleurs éclatantes et d’intensité scénique.

Pour ce qui est des solistes, Ildar Abdrazakov tout d’abord est un somptueux prince Igor, on ne se lasse jamais de sa voix noble et pleine, le meilleur artiste de la soirée. Elena Stikhina a un timbre et une puissance scotchants, beaucoup d’aisance et de présence, si l’on pinaille un peu j’ai trouvé ses graves singulièrement pauvres. Dmitry Ulyanov est très bon en Galitski, même si sa présence scénique et tout le jeu de son acte m’ont fait un peu oublier sa performance vocale. Dmitry Ivashchenko en khan a un peu le même physique qu’Ildar, ce qui crée un effet de miroir très intrigant lors de leur confrontation (dont je ne sais pas s’il est souhaité), il n’en a malheureusement pas la voix, c’est bon mais sans plus. Anita Rachvelishvili incarne davantage une impératrice qu’une princesse avec sa voix chaude et ses graves sans limites que décidément je ne me lasse pas d’écouter, on aurait cru que l’âme ancestrale des steppes mongoles s’incarnait dans sa voix. En revanche, pour lui donner la réplique, Pavel Cernoch est très mauvais en Vladimir, il est complétement écrasé et ses aigus serrés donnent la désagréable impression d’être restés coincés quelque part entre sa gorge et ses dents. Le duo comique Adam Palka/Andrei Popov est extrêmement bien joué et rempli à plein sa mission un peu shakespearienne complètement en décalage avec la majesté de l’opéra, c’est du coup assez laid vocalement mais parfait dans le ton.

La mise en scène, qui replace l’intrigue dans un XXIe siècle assez dépressif, a ses hauts (très hauts) et ses bas (plutôt bas).

Dans les hauts, le décor du prologue, avec Igor solitaire sous un dôme orthodoxe cuivré ; les scènes de ripaille du prince Galitski au bord de la piscine où l’adéquation du son et de l’image est extrêmement juste (un peu trop de cris peut-être) et qui offre l’énergie de la débauche sans sa vulgarité, c’est presque trop beau pour être vrai à Bastille. Les danses polotsviennes dont j’ai déjà parlé atteignent le firmament, et pourtant j’avais très peur quand des squelettes fleuris sont arrivés sur scène, heureusement qu’ils en sont promptement ressortis pour laisser la place aux vaches en robe et autres derviches tourneurs à mode mongole. La confrontation d’Igor et du khan enfin, présentée presque comme une séance de torture, est saisissante.

Dans les bas, cette insupportable manie qu’ils ont tous à se jeter par terre, au bout d’un moment ça en devient presque comique ; le dernier acte assez insipide même si l’idée de la route avait un certain impact scénique, au bout d’un moment on aimerait un peu de poésie, même brièvement, on ne l’a jamais et c’est dommage avec une telle musique, le dernier acte prend plutôt le parti de revenir au burlesque laid, alors que le burlesque poétique aurait été une option valable je pense. Dans les bas également les costumes, éternels treillis et T-shirts sanglants de prisonniers, qu’on a trop vus et dont on finit par se lasser !

Re: Borodine - Le Prince Igor - Jordan/Kosky - ONP - 11-12 /2019

Posté : 26 nov. 2019, 17:15
par jmc
Merci pour tes impressions de l'AVP Jeunes d'hier soir qui complètent l'esthétique de la mise en scène d'ores et déjà disponible dans la galerie de photos du site de l'ONP.

Re: Borodine - Le Prince Igor - Jordan/Kosky - ONP - 11-12 /2019

Posté : 26 nov. 2019, 18:21
par HELENE ADAM
Voilà ce qu'en dit Philippe Jordan dans son interview sur France Musique hier matin
https://www.francemusique.fr/musique-cl ... rdan-78968

Et qu’est-ce qui vous intéresse musicalement dans cet ouvrage ? S’agit-il du fait que la partition sollicite beaucoup le chœur ?

Oui. Comme dans Boris Godounov, le chœur n’est pas seulement cette masse qui commente l’histoire : il en est un véritable protagoniste, comme bien souvent dans les opéras russes. Le peuple russe a eu beaucoup d’importance dans les œuvres, particulièrement avec la montée du nationalisme et le Groupe des Cinq. Au-delà de ça, c’est aussi un très bel opéra, plein d’invention, de mélodies… et d’une certaine nostalgie, que j’adore, nostalgie de l’identité russe, de l’exil, du fait de toujours aller chercher plus loin. Dans cette perspective, il est important de comprendre ce qui se passe autour de l’opéra : Borodine était chimiste et professeur, et n’avait pas tellement le temps de s’occuper de musique. Il est mort avant d’achever l’opéra, mais la majorité en était écrite. Et l’orchestration de Rimsky-Korsakov, pleine de richesse, m’intéresse beaucoup.

Quels sont les écueils à éviter dans cette musique ?

Oh, il est encore trop tôt pour le savoir… Mais dans la mesure où l’opéra n’est pas achevé, il y a inévitablement des problèmes dramaturgiques : il faut trouver la grande ligne, que je ne suis pas certain de cerner. C’est ce qu’on cherche avec cette mise en scène ; on se régale beaucoup avec Barrie Kosky ! Pour l’instant, on ne joue pas le troisième acte, parce que la musique n’est pas de Borodine, et puis ce serait bien trop long : à la place, nous jouerons l’ouverture.
Le quatrième acte est aussi un peu fragmenté, mais enfin, c’est quand même de la très belle musique. Et nous avons la chance, pour cette production, d’avoir de magnifiques voix. Ils sont tous au niveau ! Malheureusement je ne comprends rien : j’attends encore une année sabbatique pour apprendre le russe !

Re: Borodine - Le Prince Igor - Jordan/Kosky - ONP - 11-12 /2019

Posté : 26 nov. 2019, 19:41
par fomalhaut
Opera inachevé, finition laissée aux bons soins de Rimsky-Korsakov et de Glazounov...Ces derniers sont-ils si "traitres" à la vision de Borodine qu'il faille supprimer l'acte III ?
L'enregistrement PHILIPS (442537-2) réalisé en octobre 1993 au Théâtre Marinsky de Saint-Petersbourg sous la direction de Valery Gergiev propose cet opéra tel qu'il est donné en ce théâtre, c'est à dire avec la quasi-totalité de la musique et modification quant à l'ordre des actes. L'acte III n'est pas supprimé (comme il l'est dans l'enregistrement EMI-Warner ou chante Boris Christoff).
C'est la une version très cohérente.

fomalhaut

Re: Borodine - Le Prince Igor - Jordan/Kosky - ONP - 11-12 /2019

Posté : 26 nov. 2019, 22:29
par PlacidoCarrerotti
HELENE ADAM a écrit :
26 nov. 2019, 18:21
Voilà ce qu'en dit Philippe Jordan dans son interview sur France Musique hier matin
https://www.francemusique.fr/musique-cl ... rdan-78968

Et qu’est-ce qui vous intéresse musicalement dans cet ouvrage ? S’agit-il du fait que la partition sollicite beaucoup le chœur ?

Oui. Comme dans Boris Godounov, le chœur n’est pas seulement cette masse qui commente l’histoire : il en est un véritable protagoniste, comme bien souvent dans les opéras russes. Le peuple russe a eu beaucoup d’importance dans les œuvres, particulièrement avec la montée du nationalisme et le Groupe des Cinq. Au-delà de ça, c’est aussi un très bel opéra, plein d’invention, de mélodies… et d’une certaine nostalgie, que j’adore, nostalgie de l’identité russe, de l’exil, du fait de toujours aller chercher plus loin. Dans cette perspective, il est important de comprendre ce qui se passe autour de l’opéra : Borodine était chimiste et professeur, et n’avait pas tellement le temps de s’occuper de musique. Il est mort avant d’achever l’opéra, mais la majorité en était écrite. Et l’orchestration de Rimsky-Korsakov, pleine de richesse, m’intéresse beaucoup.

Quels sont les écueils à éviter dans cette musique ?

Oh, il est encore trop tôt pour le savoir… Mais dans la mesure où l’opéra n’est pas achevé, il y a inévitablement des problèmes dramaturgiques : il faut trouver la grande ligne, que je ne suis pas certain de cerner. C’est ce qu’on cherche avec cette mise en scène ; on se régale beaucoup avec Barrie Kosky ! Pour l’instant, on ne joue pas le troisième acte, parce que la musique n’est pas de Borodine, et puis ce serait bien trop long : à la place, nous jouerons l’ouverture.
Le quatrième acte est aussi un peu fragmenté, mais enfin, c’est quand même de la très belle musique. Et nous avons la chance, pour cette production, d’avoir de magnifiques voix. Ils sont tous au niveau ! Malheureusement je ne comprends rien : j’attends encore une année sabbatique pour apprendre le russe !
Quand est-ce qu’il se barre déjà ?

Re: Borodine - Le Prince Igor - Jordan/Kosky - ONP - 11-12 /2019

Posté : 28 nov. 2019, 10:30
par micaela
D'après le planning sur son site , Abdrazakov n'assurera pas la représentation du 14/12 (concert avec Peretyatko à la même date). L'ONP n'annonce aucun remplaçant pour cette date.

Re: Borodine - Le Prince Igor - Jordan/Kosky - ONP - 11-12 /2019

Posté : 30 nov. 2019, 18:19
par PlacidoCarrerotti
micaela a écrit :
28 nov. 2019, 10:30
D'après le planning sur son site , Abdrazakov n'assurera pas la représentation du 14/12 (concert avec Peretyatko à la même date). L'ONP n'annonce aucun remplaçant pour cette date.
Le chef des choeurs ?