Saint-Saëns - Samson et Dalila - Barenboim/ Szifron - Berlin Staatsoper 11-12/2019

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Wim
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Re: Saint-Saëns - Samson et Dalila - Barenboim/ Szifron - Berlin Staatsoper 11-12/2019

Message par Wim » 08 déc. 2019, 08:12

Effectivement une soirée magnifique avec un trio de chanteurs principaux au top.
Garanča encore une fois superlative comme Dalila. Cette voix crémeuse qui vous prend à la gorge des qu’elle ouvre la bouche. Qu’elle ait accepté de chanter Mon cœur s’ouvre à ta voix couchée sur son dos, montre bien le pouvoir des metteurs en scène dans l’opéra actuel. Il devrait être puni pour ce manifeste manque de respect vis-à-vis la musique. Bravo à Garanča d’avoir néanmoins réussi l’air. Elle est clairement au sommet de son art. Les graves, les aigus, tout réussit et provoque une émotion profonde.
Jovanovich fort impressionnant, surtout au I et II où son timbre barytonnant fait merveille. Son meilleur rôle pour moi jusqu’à présent.
Volle très bon comme prêtre de Dagon mais en même temps je dois avouer que je le préfère dans Wagner où la noblesse de son chant et la puissance de sa voix ressortent mieux. Ceci dit, chapeau bas pour cet artiste versatile comme peu.
Je ne sais pas ce qu’on a raté avec le temple de Dagon qui ne s’est donc pas effondré. En tout cas, je trouve le III généralement l’acte le plus faible.

enrico75
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Re: Saint-Saëns - Samson et Dalila - Barenboim/ Szifron - Berlin Staatsoper 11-12/2019

Message par enrico75 » 08 déc. 2019, 08:47

Soirée très moyenne pour moi entachée par un gros incident technique :panne du plateau de scène ascensionnel qui nous a privé du décor du 3ème acte lequel s'est déroulé an version de concert costumée frisant le ridicule quand les pauvres choristes désemparés se tremoussaient sur scène en rang d'oignon pendant la bacchanale qui m'a paru interminable(je m attendais d'ailleurs à en voir certains dégainer leurs portables pour passer le temps😏 )il aurait mieux fallu laisser le rideau fermé à ce moment là.
Bravo aux artistes pour leur professionnalisme à improviser ce dernier acte.
Garanza,oui, très bien vocalement mais incompréhensible.
Jovanovitch très engagé comme d'hab mais le timbre est de plus en plus sombre et les rares aigus emis en voix mixte .
Le seul qui m'ait convaincu est M .Voll :diction parfaite,voux puissante bien projeté engagement vocal et dramatique exceptionnel
Quand à la mise en scène elle oscille entre Asterix,Game of Thrones sans budget et péplum des années 60 ,et j ai du réprimer des fous rires à plusieurs reprises ce qui m'a valu les foudres de mes voisins.
Orchestre correct sans plus plutôt routinier.

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Re: Saint-Saëns - Samson et Dalila - Barenboim/ Szifron - Berlin Staatsoper 11-12/2019

Message par Hiero von Stierkopf » 08 déc. 2019, 09:02

Incompréhensible me semble un qualificatif un peu radical, je dirais plutôt perfectible.
De mon côté, je comprenais tout ce que chantait Garanca.

En plus d'être couchée sur le dos dans Mon coeur s'ouvre à ta voix, j'ai trouvé qu'il y avait à plusieurs reprises des placements sur le plateau malheureux pour les voix.
C'était également le cas pour Jovanovich au I (Israël romps ta chaîne).
Je rejoins enrico sur Volle qui m'impressionne à chaque fois par sa polyvalence, sa puissance et sa justesse dramatique.

En plus de la réussite sur le plan vocal, très grande crédibilité physique et scénique pour les trois chanteurs.

Vieillard hébreux très faible.
Dommage pour Ramey, c'était pour moi une occasion unique de le voir dans une salle.

Le III en konzertante improvisée avec costumes ne m'a pas dérangé dans le sens où les voix n'étaient plus parasitées par des placements foireux.
Comment ça, merde alors ?! But alors you are French !

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Re: Saint-Saëns - Samson et Dalila - Barenboim/ Szifron - Berlin Staatsoper 11-12/2019

Message par Wim » 08 déc. 2019, 09:32

enrico75 a écrit :
08 déc. 2019, 08:47
Garanca,oui, très bien vocalement mais incompréhensible.
Jovanovitch très engagé comme d'hab mais le timbre est de plus en plus sombre et les rares aigus emis en voix mixte .
Garanča: entre une Dalila au français parfait et à la voix moins bonne d’une part et une Dalila au français perfectible et à la voix enchanteresse de l’autre , je sais quoi choisir.

Jovanovich : tu as raison et j’aime bien cette évolution de sa voix. Pas toi apparemment ?
D’autant plus que les aigus n’ont jamais été son forte.

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Re: Saint-Saëns - Samson et Dalila - Barenboim/ Szifron - Berlin Staatsoper 11-12/2019

Message par titoschipa » 08 déc. 2019, 09:49

Il joue toujours aussi mal?

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Re: Saint-Saëns - Samson et Dalila - Barenboim/ Szifron - Berlin Staatsoper 11-12/2019

Message par HELENE ADAM » 08 déc. 2019, 11:16

Sans doute un peu difficile de juger de la mise en scène du cinéaste argentin, Damián Szifron dont c'était les débuts à l'opéra avec un tiers de la séance en version concert du fait d'une panne de décors.
Mais j'aurais tendance à penser qu'il a fait un peu comme son confrère James Gray pour les Noces, toutes proportions gardées évidemment : il a choisi "d'illustrer" de manière classique cet épisode célèbre de la Bible, tellement classique qu'on en sourit à plusieurs reprises tout en se disant que finalement les cinéastes ne sont pas, contrairement aux "théâtreux", les mieux placés pour comprendre le mise en scène de l'art vivant.
Classique et donc assez cruel, puisque rien ne manque aux images d'Epinal auxquelles nous avons droit sur scène : têtes au bout d'une pique qui font le tour du plateau à plusieurs reprises, peau de bête sur laquelle Dalila invite voluptueusement Samson à la grande scène du deux avant de lui faire son affaire, auroch mort trainé sans effort par un Samson surpuissant alors qu'il faudra cinq personnes ensuite pour l'évacuer, cornes aux casques etc. Même l'essai poétique et suggestif qui montre deux doubles "danseurs" de Samson et Dalila esquissant un pas de deux (bof) simulant l'amour, la femme enceinte, l'arrivée de deux enfants du couple, parait hors sujet tandis que les deux chanteurs se regardent, eux, en chiens de faïence de chaque côté du plateau.
La direction d'acteur est réduite à sa plus simple expression et comme aucun de nos protagonistes n'est spontanément une "bête de scène", ce sera essentiellement par leurs voix que passeront la passion, la violence, l'amour, la haine que l'histoire raconte.
La première déception en ce qui me concerne vient de la fosse lors de l'ouverture et de l'acte 1 où le jeune chef Thomas Guggeis (qui succède à Barenboim pour toutes les séances de décembre de cette nouvelle production) se heurte à plusieurs reprises à des décalages entre cuivres et cordes, puis à des choeurs pas superbement bien calés non plus. Heureusement, de ce côté-là les choses s'arrangent miraculeusement en milieu d'acte et par la suite, orchestre et chef nous donnent une très belle lecture de ce Samson. je garderai quant à moi quelques réserves à l'égard des choeurs que j'ai trouvés assez moyens et finalement peu percutant dans l'ensemble, sans parler du fait qu'ils sont atteints du syndrome Garanca quant à la prosodie française.
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L'oeuvre elle-même, pour moi, comporte quelques tunnels que la mise en scène ne sauve pas d'un léger ennui surtout quand on ne comprend rien à ce qui est chanté et qu'on doit (le comble pour un français dans un opéra français) se réfugier dans la lecture du surtitrage anglais si on ne connait pas son "Samson" par coeur.
Et comme il a été dit, Brandon Jovanovitch, dont c'était la prise de rôle et l'une des raisons de mon déplacement, ne commence pas très bien puisque, de mon neuvième rang du parterre, on ne l'entend pas vraiment dans son premier air "Israël rompt ta chaine", couvert par les choeurs et l'orchestre à plusieurs reprises. L'acoustique y est pour beaucoup incontestablement mais il me semble (sous toutes réserves) que son timbre est alors trop mat et peine à éclater dans l'ensemble polyphonique très riche de la partition de Saint Saens. A creuser.
Dès l'acte 2, cette gêne disparait totalement, notamment dans la dernière partie, puisqu'à l'inverse, dans un décor très différent qui ne réserve plus qu'une bande de la scène libre à l'avant, devant l'imposant mur de la grotte, sa voix se libère comme son chant d'ailleurs, puisqu'il est à son meilleur lors de sa confrontation avec Dalila.
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Les aigus ne sont pas son fort incontestablement ce qui me conduit à penser que ce n'est pas un rôle idéal pour lui, puisque Samson en a quand même quelques uns à négocier en mode "forte" notamment le "si" final mais j'ai trouvé que globalement c'était bien chanté, même en voix de tête, avec un beau crescendo sur "Dalila je t'ai-ai-ai-me". Comme toujours (et c'est ce que personnellement j'aime bien chez lui), l'artiste ne ménage pas sa peine et ses accents de révolte, comme de passion, comme de désespoir, sont extrêmement bien traduits par les modulations de sa voix. Son jeu d'acteur peut rester sommaire ce n'est pas très gênant, il a le physique et la prestance nécessaire pour camper le personnage mythique de manière particulière crédible. Bref c'est un beau Samson qui se défend bien et qui me laisse un bon souvenir global.
Avec Elina Garanca en Dalila presque chevronnée, on change de registre : le chant est carrément superbe, la voix parfaitement maitrisée, le timbre sublime, aucune dissociation de registre chez elle alors que les graves sortent magnifiquement, une unité de style qui force l'admiration et fait naitre une émotion phénoménale lorsque commence son "Mon coeur s'ouvre à ta voix" (où l'artiste est allongée sur sa peau de bête) qui ne s'éteindra qu'avec le final de l'acte 2 et la défaite de Samson.
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Là on atteint le sublime, l'indicible, l'alchimie totale entre les deux artistes, le grand moment, celui dont on se souvient longtemps.
Ceci dit, comme Enrico, je regrette qu'autant de talent chez elle (et même chez lui d'ailleurs) ne s'accompagne pas d'un travail sérieux sur la prononciation du français. Ce n'est même pas un problème "d'accent étranger" que l'on peut percevoir chez la plupart des chanteurs étrangers qui chantent dans notre langue (exception notable faite de Spyres et de Osborn) et qui n'est pas forcément trop gênant s'il n'est pas trop appuyé et trop "exotique" par rapport au sujet (l'accent espagnol dans Werther par exemple est assez "risible"). C'est un problème d'articulation des phonèmes.
Il suffit de voir arriver le troisième larron, Michael Volle, à l'acte 1 pour comprendre ce que veut dire "chanter en français" et la clarté de son émission, la beauté de ses phrasés parfaitement adaptés à la partition (qui n'est quand même pas très compliquée...), font merveille dans un rôle où il est sans doute moins impressionnant qu'en Sachs par exemple, mais où il domine largement son sujet et même la distribution avant l'arrivée de Dalila.
Les autres protagonistes sont assez anecdotiques, notamment l'Abimélech de Kwangchul Youn (très moyen) et le vieillard hébreu de Wolfgang Schöne (essentiellement terne).
Contrairement à Wim et à Hiero, et comme Enrico, j'ai souffert lors de l'acte 3. C'était ridicule, pas marrant pour les artistes en superbe costumes, obligés de se serrer en rang d'oignon devant le décor, remuant vaguement au rythme de la musique sans pouvoir esquisser le moindre pas de danse. C'est au milieu de cette foule que Samson arrive pour se placer aux côtés des autres sans aucune évocation physique de sa condition si on met à part son maquillage pour chanter le final. A tel point que lors de sa dernière note d'un air très bien chanté par ailleurs, le public hésite à applaudir pas sûr que c'est la fin....Pas facile de simuler la destruction du temple de Dagon sur sa seule intonation.
En conclusion : une soirée sauvée pour moi par un acte 2 exceptionnel. C'est déjà pas mal :wink: :wink:
Lui : Que sous mes pieds se déchire la terre ! que sur mon front éclate le tonnerre, je t'aime, Élisabeth ! Le monde est oublié !
Elle : Eh bien ! donc, frappez votre père ! venez, de son meurtre souillé, traîner à l'autel votre mère

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Re: Saint-Saëns - Samson et Dalila - Barenboim/ Szifron - Berlin Staatsoper 11-12/2019

Message par DelBosco » 08 déc. 2019, 11:20

Hiero von Stierkopf a écrit :
08 déc. 2019, 09:02
Vieillard hébreux très faible.
Effectivement, j'ai peine à imaginer Schöne dans le rôle (vocalement parlant)
Un baryton qui a eu son heure de gloire il y a 25 ans fait rarement une bonne basse .... même si maintenant il doit avoir l'âge du rôle.

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Re: Saint-Saëns - Samson et Dalila - Barenboim/ Szifron - Berlin Staatsoper 11-12/2019

Message par HELENE ADAM » 08 déc. 2019, 11:26

On raté ceci par exemple...

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Lui : Que sous mes pieds se déchire la terre ! que sur mon front éclate le tonnerre, je t'aime, Élisabeth ! Le monde est oublié !
Elle : Eh bien ! donc, frappez votre père ! venez, de son meurtre souillé, traîner à l'autel votre mère

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Re: Saint-Saëns - Samson et Dalila - Barenboim/ Szifron - Berlin Staatsoper 11-12/2019

Message par Hiero von Stierkopf » 08 déc. 2019, 13:00

Je me réjouis pour la suite que Elina Garanca ait gagné dans les graves, ce qui était déjà palpable lors de son récital. C'était clairement son point faible lors de sa prise de rôle.
Bon, c'est pas Shirley Verrett non plus mais que la voix est belle, intense, sublime et addictive. Quel plaisir de la voir et de l'entendre à nouveau.

Nous avions trois voix relativement puissantes hier soir et les problèmes acoustiques ponctuels que nous avons visiblement tous ressentis sont à mon sens la conséquence de placements inadéquats dans le cadre de cette mise en scène.

Bon, après voir vu les photos, je n'aurais finalement pas totalement craché sur le III mis en scène.
Comment ça, merde alors ?! But alors you are French !

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Re: Saint-Saëns - Samson et Dalila - Barenboim/ Szifron - Berlin Staatsoper 11-12/2019

Message par merklin » 08 déc. 2019, 14:23

les commentaires et les photos que je vois de cette production me font espérer qu'elle sera reprise : j'irai la voir plusieurs fois!

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