Wagner - Lohengrin - Koenigs/Jones - BSO Munich - 11/2019

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Wagner - Lohengrin - Koenigs/Jones - BSO Munich - 11/2019

Message par HELENE ADAM » 19 nov. 2019, 15:17

Lohengrin

Musique et livret de Richard Wagner
Création en 1850 à Weimar.
Création française en 1887


Direction musicale : Lothar Koenigs
Mise en scène : Richard Jones
Décors et Costumes : Ultz

Avec
Heinrich der Vogler : Christof Fischesser
Lohengrin : Klaus Florian Vogt
Elsa von Brabant : Anja Harteros /Johanni van Oostrum
Friedrich von Telramund : Wolfgang Koch
Ortrud : Karita Mattila
Heerrufer des Königs : Martin Gantner

Bayerisches Staatsorchester
Chor und Extrachor der Bayerischen Staatsoper

Reprise pour trois représentations sold out (les affaires marchent bien pour le BSO... :wink: ) du Lohengrin mis en scène par Richard Jones (et généralement baptisé "Ikéa") créé en 2009 à Munich, avec deux prises de rôle alors très attendues, celles de Jonas Kaufmann et d'Anja Harteros. La production a d'ailleurs été filmée en juillet 2009 et donné lieu à un DVD de référence. L'oeuvre avait alors été dirigée par le directeur musical de l'époque, Kent Nagano et Wolfgang Koch était déjà Telramund.
Klaus Florian Vogt a repris le rôle à Munich, comme à Bayreuth et un peu partout sur les scènes lyriques, s'imposant depuis des années maintenant comme un Lohengrin remarqué et original. On aime ou pas le timbre du ténor de Hambourg (et on peut lui préférer celui du ténor de Munich ou non :wink: ) mais question incarnation et crédibilité, Vogt est désormais une référence incontournable dans ce rôle.
Et puis il y a -si tout va bien- Anja Harteros à nouveau en Elsa... :Jumpy: :Jumpy:
J'y serai le 21, CR à suivre.

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Lui : Que sous mes pieds se déchire la terre ! que sur mon front éclate le tonnerre, je t'aime, Élisabeth ! Le monde est oublié !
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Re: Wagner - Lohengrin - Koenigs/Jones - BSO Munich - 11/2019

Message par HELENE ADAM » 22 nov. 2019, 09:08

Que cette mise en scène est tartignole quand même !

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CR plus tard.

PS : Le BSO joue ses spectacles à guichets fermés pour la plupart de ses titres. Il ne reste de places que pour Wozzek.
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Re: Wagner - Lohengrin - Koenigs/Jones - BSO Munich - 11/2019

Message par HELENE ADAM » 22 nov. 2019, 10:49

Séance du 21 novembre 2019

Salle comble à Munich pour cette reprise du Lohengrin mis en scène par Jones il y a dix ans maintenant pour les débuts du couple Jonas Kaufmann/Anja Harteros dans cette oeuvre et ces rôles.
Il existe de nombreuses mises en scène discutables -et abondamment discutées- qui s'avèrent avec les ans, pouvoir prétendre à un statut plus neutre, devenant même parfois des "classiques" que l'on s'amuse, le cas échéant, à découvrir tardivement. Celle de Neuenfels à Bayreuth, créée un an plus tard avec le même ténor pour ses débuts sur la colline, a très bien résisté au temps et survécu sans dommage jusqu'à la nouvelle création l'an dernier.
C'est sans doute que, pour audacieuse qu'elle soit sur le plan visuel (les rats !), elle avait du sens, et donnait une lecture de Lohengrin cohérente et assez fidèle.
Ce n'est franchement pas le cas de celle de Jones, que j'avais trouvé brouillonne et contre-productive il y a dix ans et qui confirme pour le coup, son côté tartignole et déplaisant. C'est sans doute que je n'aime pas du tout ce que Jones a à dire : Elsa vit dans une "secte", elle construit des maisons. comme ses camarades, ils sont "dérangés" par une administration tatillonne qui lui demande des comptes sur son frère, dresse un bûcher de poutrelles et de briques pour l'holocauste alors qu'arrive un Lohengrin portant un cygne assez tarte lui aussi, qui la sauve et... construit avec elle la maison de leurs rêves, berceau pour le bébé compris. Leur union est scellée lors d'une simple signature, le final réunit les adeptes de la secte au T-Shirt bleu pour un dernier adieu. De temps en temps, la scène se réduit à la bande qui borde la fosse.

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Il faut saluer le travail titanesque des techniciens sur scènes quand la maison se construit et la précision des changements de décor et espérer que Munich s'offrira un jour un nouveau Lohengrin capable de conduire au rêve et à la magie que celui-ci rend si difficile sauf si les interprètes sont, de ce point de vue, exceptionnels.
Saluons aussi les multiples "spatialisations" des cuivres et des percussions prévues dans cette production (instrumentistes dans les grandes loges de côté ou tout en haut de l'édifice) qui réveillent de temps en temps un orchestre que j'ai trouvé assez conventionnel sous la baguette d'un chef qui peine franchement à donner de l'élan à l'ensemble.

La mise en scène (et les décors) ne rendent pas toujours "audibles" les choeurs depuis le parterre (ils sont parfois cachés par un panneau) et d'une manière générale je les ai trouvé insuffisamment sonores tout comme d'ailleurs, j'ai trouvé assez brouillons les ensembles à trois, quatre, cinq d'où les solistes ressortent insuffisamment.

Du côté du plateau, comme souvent, Munich soigne ses reprises du répertoire ménageant même quelques bonnes surprises.
Christof Fischesser par exemple est un vaillant Heinrich der Vogler qui ouvre le bal avec beaucoup de conviction et rapidement rejoint par le Heerrufer des Königs de Martin Gantner, prouve que ces deux rôles peuvent être honnêtement servis tout au long de l'oeuvre dans une distribution réellement prestigieuse.
Autre belle "surprise" parce qu'on ne l'attend pas forcément dans ce rôle : l'Ortrud de Karita Mattila, que j'ai vu il y a quelques années en Tosca sur cette même scène et qui voit là un emploi qui correspond à l'évolution de sa voix qui garde un très beau médium et des graves solides dans sa tessiture, et qui a une présence scénique toujours intense qui accompagne les modulations de son chant. Une vraie Otrud belle et méchante qui nous offre deux duos de référence durant cette soirée, celui avec Telramund (très grand moment) et celui avec Elsa.
Le Friedrich von Telramund de Wolfgang Koch (qui était déjà de la première distribution) est une promenade de santé pour le baryton que j'ai vu dans de multiples rôles wagnériens à Munich. En forme vocale, il délivre comme d'habitude un très beau chant, extrêmement vivant et varié, incarnant réellement son personnage perfide et ambigu et ne ménageant pas ses efforts pour entrer dans cette mise en scène qui, en plus de ses non-sens permanents, a une direction d'acteurs très sommaire. On ne compte pas les moments où les chanteurs sont côte à côte ou groupés, face au public, notamment dans les "ensembles".
Enfin les deux "stars" Anja Harteros et Klaus-Florian Vogt tout en nous livrant du très beau chant, très fidèle à la partition, nuances comprises, ne m'ont jamais paru croire vraiment à leurs personnages. Il y a des soirs de moindre alchimie, j'imagine, où bien que tout aille très bien pour les chanteurs, le courant ne passe pas aussi bien qu'on aurait pu l'espérer.
Anja Harteros n'a pas cette passion que l'on sent habituellement chez elle dans n'importe quel rôle, ce feu sous la glace, et engoncée dans un personnage sans romantisme (salopette et tresses), elle ne parvient pas toujours à en sortir par le chant. Pourtant c'est admirablement interprété, le timbre est beau et charnu, l'aisance évidente, les aigus souverains, on ne la sent jamais en difficulté dans un registre qu'elle maitrise admirablement bien, mais on ne décolle pas vraiment. Il manque une petite touche de magie.
C'est la même chose pour le Lohengrin de KFV, voix claire, regard clair, cheveux clair, bref personnage étrange venu d'ailleurs, qui ne "rencontre" finalement jamais vraiment l'Elsa de Anja Harteros.
Cette manière très uniforme et lisse de chanter, plait à ses admirateurs mais, en ce qui me concerne, je garde de sérieuses réserves à l'égard de ce style évaporé et de ce timbre presque blanc, qui rend à la longue, ce chant légèrement soporifique et l'incarnation un peu monotone. On est loin pour moi de l'excellence d'un Kaufmann et même de l'expressivité qui bouscule d'un Schager.
Faute de contrastes, faute d'interprétation réellement charnelle du personnage, on reste un peu en dehors malgré la grande beauté du couple et le caractère irréprochable techniquement de leurs prestations.
C'était beau mais ce n'était pas magique. :wink:
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Re: Wagner - Lohengrin - Koenigs/Jones - BSO Munich - 11/2019

Message par enrico75 » 22 nov. 2019, 16:44

Je n ai jamais aimé cette mise en scène vue en dvd ,insipide, tarte qui n avantage pas les chanteurs.
Moi je trouve que Vogt est assez bon dans Lohengrin , sa voix correspond bien au rôle même si on peut-être un peu lassé par l'uniformité de sa couleur vocale.

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Re: Wagner - Lohengrin - Koenigs/Jones - BSO Munich - 11/2019

Message par HELENE ADAM » 22 nov. 2019, 17:40

enrico75 a écrit :
22 nov. 2019, 16:44
Je n ai jamais aimé cette mise en scène vue en dvd ,insipide, tarte qui n avantage pas les chanteurs.
Moi je trouve que Vogt est assez bon dans Lohengrin , sa voix correspond bien au rôle même si on peut-être un peu lassé par l'uniformité de sa couleur vocale.
Il a plus que les moyens du rôle en effet : très belle projection voix très sonore, accents de ténor héroïque (car le rôle est loin d'être strictement lyrique AMHA), physique de l'emploi et technique irréprochable. Ce qui me "lasse" un peu à la longue dans son Lohengrin, c'est le côté "sans surprise", lisse, très "désincarné", très peu charnel, très peu excitant. Mais c'est son style (et son timbre...). :wink: (et c'est subjectif évidemment).

Une photo du BSO, Koch et Mattila
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Re: Wagner - Lohengrin - Koenigs/Jones - BSO Munich - 11/2019

Message par philipppe » 01 déc. 2019, 09:13

A l opposé, suite à la seconde représentation, j ai trouvé Mattila très mauvaise, grave inexistant l’obligeant à glapir d’une façon très laide , aigu tubė et finalement peu puissant, dépassée à la fin du trois. Vraiment pas idéale, loin des bonnes tenancières du rôle actuelles: Goerke dont c’est le meilleur rôle dans Wagner, sans y arriver complètement cependant, et Pankratova cet été à Bayreuth, formidable. Alors il y la présence scénique, oui peut être ...
Je m’étonne qu’on s enthousiasme pour le héraut de Gantner , un Faninal sur cette même scène . La voix est grise, usée, je n ai rien contre cet artiste de l attroupé mais le compte n y est pas. le Hérault est un petit rôle mais essentiel, il mérite un chanteur en forme,
Certaines essentialisations douteuses (yeux clairs voix claire...passons) rendent mal compte de ce que Vogt fait dans ce rôle ;Il me semble que sa voix s est étoffé ces deux dernières années, elle est plus puissante et magnifiquement projetée, et rend compte des différents affects de cet étrange personnage, dans une musicalité souveraine : douceur, impatience, violence contenue, déception cruelle, tendresse...c est simplement magnifique.

Jannie Van Ostrum a été somptueuse, une voix qui m a fait penser à l’enregistrement d’Elisabeth Grümmer. C’était une très belle découverte .
J’ai fini par aimer cette mise en scène , ce fut une soirée magnifique.

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Re: Wagner - Lohengrin - Koenigs/Jones - BSO Munich - 11/2019

Message par Hiero von Stierkopf » 01 déc. 2019, 09:44

Je partage globalement tes impressions Philippe.
J'ai trouvé moi aussi Mattila à la ramasse et sans impact, grosse déception.

Van Oostrum confirme les bonnes impressions laissées au TCE en Agathe. Pour ma part un peu bloqué psychologiquement au I de la voir grimée en Harteros mais le remplacement était de qualité.

Quant à Vogt, il est pour moi le meilleur Lohengrin actuel sur le marché.
Son timbre unique rend son arrivée sur scène magique. Beaucoup de contrastes dans son chant mêlant douceur, colère, noblesse et impulsions héroïques adéquates. Une projection que je trouve chaque fois un peu plus phénoménale. L’interprétation est riche.
Très grand succès aux saluts.
Comment ça, merde alors ?! But alors you are French !

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Re: Wagner - Lohengrin - Koenigs/Jones - BSO Munich - 11/2019

Message par HELENE ADAM » 16 déc. 2019, 14:04

philipppe a écrit :
01 déc. 2019, 09:13
Certaines essentialisations douteuses (yeux clairs voix claire...passons) rendent mal compte de ce que Vogt fait dans ce rôle ;Il me semble que sa voix s est étoffé ces deux dernières années, elle est plus puissante et magnifiquement projetée, et rend compte des différents affects de cet étrange personnage, dans une musicalité souveraine : douceur, impatience, violence contenue, déception cruelle, tendresse...c est simplement magnifique.
Désolée que ma prose ait pu paraitre "essentialiste", ce n'était évidemment pas du tout mon intention mais la formule a pu être maladroite j'en conviens. Je me contentais de décrire le "personnage" de Lohengrin dans cette représentation, ni plus ni moins.
J'ai écrit : "C'est la même chose pour le Lohengrin de KFV, voix claire, regard clair, cheveux clair, bref personnage étrange venu d'ailleurs, qui ne "rencontre" finalement jamais vraiment l'Elsa de Anja Harteros."
Il me semblait qu'il était clair (sans jeu de mot stupide) que, ce soir-là, qui n'est pas celui où tu étais, il n'y avait pas d'alchimie entre les deux superstars. C'était tout ce que je voulais souligner. Pour le reste j'ai développé en réponse à Enrico 75, mes impressions sur KFV plus haut. Je ne me répète donc pas tout en partageant beaucoup des qualificatifs que tu emploies. C'est évidemment un immense artiste. Le reste est affaire de goûts personnels.
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