Lemoyne - Phèdre - Chauvin / Paquien - Limoges - 4/6/2019

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Lemoyne - Phèdre - Chauvin / Paquien - Limoges - 4/6/2019

Message par Oylandoy » 03 juin 2019, 15:24

PHÈDRE
DE JEAN-BAPTISTE LEMOYNE
Sur un livret de François-Benoît Hoffmann

Tragédie lyrique en 3 actes
Livret de François-Benoît Hoffmann
Création le 26 octobre 1786 au Château de Fontainebleau
Adaptation pour 4 chanteurs et 10 instrumentistes de Benoît Dratwicki

Après avoir remis au goût du jour Andromaque, Céphale et Procris et La Caravane du Caire de Grétry, Amadis de Gaule de J.C. Bach, Les Bayadères et Sémiramis de Catel, Les Danaïdes de Salieri, Renaud de Sacchini et Atys de Piccinni, le Palazzetto Bru Zane, en collaboration avec le Centre de musique baroque de Versailles, poursuit le travail sur les sources du romantisme avec Phèdre de Lemoyne.


Direction musicale et violon : Julien Chauvin
Mise en scène : Marc Paquien
Assistante à la mise en scène : Victoria Duhamel
Costumes : Claire Risterucci
Scénographie : Emmanuel Clolus
Lumières : Dominique Bruguière
Création maquillages et coiffures : Nathy Polak

Phèdre : Judith Van Wanroij
OEnone : Diana Axentii
Hippolyte : Camille Tresmontant
Thésée : Thomas Dolié

Le Concert de La Loge
Violon I : Julien Chauvin
Violon II : Karine Crocquenoy
Alto : Marie Legendre
Violoncelle : Julien Barre
Contrebasse : Michele Zeoli
Flûte : Tami Krausz
Hautbois : Jasu Moisio
Basson : David Douçot
Clarinette : José-Antonio Salar-Verdù
Cor : Helen Mac Dougall

Production: Palazzetto Bru Zane
Coproduction : Théâtre de Caen, Centre de musique baroque de Versailles, Opéra de Reims
Avec le soutien de La SPEDIDAM
Avec le soutien de La Comédie de Reims

Image

Jean-Baptiste Lemoyne (1751-1796) n’obtint jamais une immense notoriété en son temps, mais il est le seul Français dont les ouvrages se soient soutenus face à ceux de Gluck, Piccinni, Sacchini et Grétry. Il a eu, d’ailleurs, le mérite de la personnalité et de l’originalité.
La première de Phèdre, à la cour comme à Paris, fut bien reçue, tant pour le poème que pour la musique. Le livret d’Hoffmann s’inspirait directement de la tragédie Phèdre de Racine (1677), s’inscrivant dans le goût du moment pour la transformation de tragédies classiques en tragédies lyriques.

Cette même année 1786, Les Horaces de Salieri et La Toison d’or de Vogel en étaient deux autres exemples sur la scène de l’Opéra. Tous ces ouvrages relancèrent le débat sur l’opportunité d’utiliser des tragédies du répertoire de la Comédie Française en les adaptant pour la scène lyrique. La création d’Andromaque de Grétry, en 1780, avait déjà soulevé la question. On releva dans Phèdre quelques longueurs dans certaines scènes, que les auteurs élaguèrent aussitôt, sans pour autant réussir à gommer tout à fait une certaine monotonie due à l’absence de contraste durant de longues plages récitées. Le Mercure trouva la poésie d’Hoffmann douce, agréable, facile. Mais, obligé d’exprimer les mêmes idées que Racine, ses vers n’ont pu se soutenir à côté de ceux d’un pareil rival. Les Affiches, annonces et avis divers saluaient les raccourcissements opérés par Hoffmann, rendus nécessaires par le changement de destination du poème. Avec cette tragédie, le jeune homme – il n’avait que 26 ans – fut même jugé comme l’un des poètes les plus prometteurs du moment.

On estima que Lemoyne avait avantageusement profité des conseils donnés par la critique et le public lors de la création de sa précédente tragédie, Électre (1782), condamnée comme trop dure et trop violente par une application outrée du système gluckiste. La partition de Phèdre fut trouvée plus personnelle et par là même plus naturelle. Les Affiches, annonces et avis divers estimaient que Lemoyne avait le mérite rare d’avoir un genre à lui, jugeant la musique de Phèdre d’un bout à l’autre, sage, grave, et remplie de l’expression la plus douce, mais qui dégénère quelquefois en une sorte de mélancolie . Le troisième acte, supérieurement fait , rachetait ce défaut. On crut remarquer que Lemoyne avait essayé, dans plusieurs scènes de récitatif, de le remplacer par du chant proprement dit : un lyrisme déjà romantique se fait jour.

Les pages les plus applaudies furent l’hymne à Diane et la prière à Vénus au début de l’opéra, l’air de Phèdre (I, 4), son duo avec OEnone (II, 1), l’invocation de Thésée à Neptune dans le même acte, la justification d’Hippolyte à l’acte suivant, et surtout le monologue de Phèdre rongée de remords au 3ème acte. Ce morceau n’est qu’un récitatif, mais la manière dont il est conçu, les accents mystérieux, profonds, terribles de l’orchestre, doivent donner la plus haute idée des talents de M. Lemoyne, affirmait le Mercure.



Représentation du 4 juin 2019 à Limoges

La production du Palazzetto Bru Zane est une transcription pour 10 instrumentistes (un quintette à cordes et les vents les plus utilisés) de l’opéra de Lemoyne, et les passages avec chœurs ont été supprimés. Le procédé fait référence à une mode débutée avec Les Concerts de la Reine sous Louis XV, et qui perdurera jusque sous le second Empire. La mise en scène est minimaliste : une étendue carrée, en pente, noire, occupe la partie centrale de la scène. A l’intérieur de cette mini-scène, neuf fosses ont été aménagées (une par musicien, sauf la neuvième). « Les musiciens sur la scène » semble devenir une spécialité locale : pour Peer Gynt et La Ville Morte, déjà… Aucun autre décor, pas de video, quelques rares projections d’images sur cette partie, peu visibles, mais un éclairage judicieux rendra l’ensemble agréable au regard. Les accessoires sont fort peu nombreux : une chaise, un poignard…
Il n’est pas certain que ce parti-pris de sobriété convienne bien à la musique de Lemoyne, car elle est elle-même peu spectaculaire. Le compositeur s’est d’abord réclamé du style de Gluck, mais celui-ci refusera de le reconnaître comme disciple. Lemoyne se tourne alors vers Piccinni (la querelle n’est pas encore éteinte), et son influence se fait grandement sentir : peu de différence entre les airs et les récitatifs (chantés et accompagnés par l’orchestre), l’ensemble étant quasiment enchaîné, et donc le parole l’emportent sur la musica. Le texte de Racine est remanié, certes, mais il reste élégant et littéraire. Le résultat est une œuvre assez courte (1h30), avec des mélodies charmantes, une première partie languissante (consacrée essentiellement aux tourments de Phèdre), une deuxième partie plus animée, avec la colère de Thésée, le désespoir d’Hippolyte, puis celui de Phèdre, son suicide…

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Judith Van Wanroij délivre une prestation splendide, et incarne merveilleusement le rôle de Phèdre.
Thomas Dolié, bien qu’annoncé souffrant, prête sa belle voix de baryton, bien projetée, à Thésée, Camille Tresmontant se montre convaincant en Hippolyte, avec une voix claire et sonore, Diana Axentii est une Oenone engagée, aux aigus parfois un peu minces.
Les musiciens du Concert de la Loge (qui n’est plus olympique, le CNOSF l’ayant interdit) seraient parfaits, avec un peu plus d’énergie et de dynamisme.
Longs applaudissements enthousiastes.

Jean Yves Courtiau
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Re: Lemoyne - Phèdre - Chauvin / Paquien - Limoges - 4/6/2019

Message par JC87 » 04 juin 2019, 21:23

C'est Camille Tresmontant qui chante Hippolyte à Limoges et non Eguerrand de Hys.

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Oylandoy
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Re: Lemoyne - Phèdre - Chauvin / Paquien - Limoges - 4/6/2019

Message par Oylandoy » 06 juin 2019, 13:36

JC87 a écrit :
04 juin 2019, 21:23
C'est Camille Tresmontant qui chante Hippolyte à Limoges et non Eguerrand de Hys.
Merci. J'ai rectifié.
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