Berlioz- Les Troyens - Jordan/Tcherniakov - ONP - 01-02/2019
Re: Berlioz- Les Troyens - Jordan/Tcherniakov - ONP - 01-02/2019
Je ne suis pas d'accord avec la critique du Financial Times sur cette production des Troyens, mais la formulation de leur conclusion ne laisse pas de doute sur l'image qu'ils ont du public parisien:
"There is a professionalism and savagery to Parisian booing that no other city can match, and it leaves a queasy aftertaste. Just how much better do these operatic gilets noirs think a Troyens can be?"
"There is a professionalism and savagery to Parisian booing that no other city can match, and it leaves a queasy aftertaste. Just how much better do these operatic gilets noirs think a Troyens can be?"
Re: Berlioz- Les Troyens - Jordan/Tcherniakov - ONP - 01-02/2019
Pour ce qui est du public des premières , il n'a peut-être pas entièrement tort. On en a déjà parlé ici et là sur le forum, il semble qu'il soit devenu une habitude de huer aux premières, au point que ça devient rare de voir une première sans huées (sauf peut-être les reprises) . Après c'est plus ou moins fort selon les mises en scène.
Le sommeil de la raison engendre des monstres (Goya)
Re: Berlioz- Les Troyens - Jordan/Tcherniakov - ONP - 01-02/2019
Ils sont comment vis à vis de l'opéra au Financial times? parce que là le critique est vraiment enthousiaste!PDdLB a écrit : ↑28 janv. 2019, 19:23Je ne suis pas d'accord avec la critique du Financial Times sur cette production des Troyens, mais la formulation de leur conclusion ne laisse pas de doute sur l'image qu'ils ont du public parisien:
"There is a professionalism and savagery to Parisian booing that no other city can match, and it leaves a queasy aftertaste. Just how much better do these operatic gilets noirs think a Troyens can be?"
Re: Berlioz- Les Troyens - Jordan/Tcherniakov - ONP - 01-02/2019
Ils titrent "an outstanding production of Berlioz's opera"
Re: Berlioz- Les Troyens - Jordan/Tcherniakov - ONP - 01-02/2019
Fin de l'entracte. Outstanding surement pas.... je suis surtout surpris du manque de direction d'acteur contrairement a ce que disent certains. Les choeurs sont bien statiques....
Re: Berlioz- Les Troyens - Jordan/Tcherniakov - ONP - 01-02/2019
Bon, je me décide à apporter mon grain de sel après avoir vu la première...
Pour ce qui a trait à la mise en scène, oui il y a un travail, c'est indéniable. Mais on sort de cette seconde partie non pas énervés, non pas frustrés, mais lassés. Lassés à cause de la répétition des poncifs (sous prétexte de faire sauter des codes), et surtout lassés par la recette miracle de beaucoup de metteurs en scène : celle du "mais ça fonctionne !" On lit souvent "XXXmuche a transposé l'action dans un magasin de barbes à papa, le Comte est maintenant un dresseur d'otaries, mais ça fonctionne !". Là, c'est exactement ce qu'on peut se dire. Pourquoi ? Parce que la complexité et la profondeur des personnages sont telles dans le livret que même en se focalisant sur un aspect (de la "psychologie" très intime, les blessures à guérir, etc.), même en transposant ailleurs, eh bien oui, ça fonctionne ! Mais ce n'est pas tant parce que le metteur en scène a eu un coup de génie que parce que le livret est particulièrement riche.
Bref, ce qui m'a le plus exaspéré c'est ce qui semble être un tryptique de plaisir : le public adore huer, Tcherniakov jubile quand il se fait huer, Lissner se satisfait d'avoir eu une mise en scène clivante et controversée.
Ce qui me surprend, c'est qu'on n'ait pas davantage insisté sur le direction de Philippe Jordan : mais qu'est-il allé faire ? Quel ennui ! Quel accélération puis étiiiiiiirement des phrases, et pourtant, par la même occasion, quel manque de legato, de liant, dans cette direction, peut-être morcelée car se rodant encore en soir de première, mais je n'ai vraiment pas goûté ce qu'il a fait de la partition. Les choeurs, d'un très bon niveau intrinsèque, ça j'en suis convaincu (pour avoir pu faire Moïse et Aaron comme ils l'ont fait, ils ne peuvent qu'être très bons), mais là : quels décalages, quel manque de subtilité, quels problèmes de justesse parfois ! Les décalages avec les chanteurs semblaient aussi assez fréquents ; ou plutôt, moins que des décalages, je parlerais de décalage d'intention : on avait sur scène une phrase musicale, pensée comme un tout, et dans la fosse des bribes, des morceaux.
C'est bien dommage car au niveau des solistes, c'était assez royal. On soulignera le sens de la phrase et du legato de beaucoup de chanteurs (à commencer par un Degout qui m'a fait chavirer à chacune de ses interventions). Oui, Jovanovitch est clairement au-delà de ses limites dans tous les aigus d'Énée, mais il possède une vraie vaillance, et une diction ma foi plus qu'honorable !
Bref, une soirée clairement pas inoubliable pour moi, avec un certain intérêt vocal.
Pour ce qui a trait à la mise en scène, oui il y a un travail, c'est indéniable. Mais on sort de cette seconde partie non pas énervés, non pas frustrés, mais lassés. Lassés à cause de la répétition des poncifs (sous prétexte de faire sauter des codes), et surtout lassés par la recette miracle de beaucoup de metteurs en scène : celle du "mais ça fonctionne !" On lit souvent "XXXmuche a transposé l'action dans un magasin de barbes à papa, le Comte est maintenant un dresseur d'otaries, mais ça fonctionne !". Là, c'est exactement ce qu'on peut se dire. Pourquoi ? Parce que la complexité et la profondeur des personnages sont telles dans le livret que même en se focalisant sur un aspect (de la "psychologie" très intime, les blessures à guérir, etc.), même en transposant ailleurs, eh bien oui, ça fonctionne ! Mais ce n'est pas tant parce que le metteur en scène a eu un coup de génie que parce que le livret est particulièrement riche.
Bref, ce qui m'a le plus exaspéré c'est ce qui semble être un tryptique de plaisir : le public adore huer, Tcherniakov jubile quand il se fait huer, Lissner se satisfait d'avoir eu une mise en scène clivante et controversée.
Ce qui me surprend, c'est qu'on n'ait pas davantage insisté sur le direction de Philippe Jordan : mais qu'est-il allé faire ? Quel ennui ! Quel accélération puis étiiiiiiirement des phrases, et pourtant, par la même occasion, quel manque de legato, de liant, dans cette direction, peut-être morcelée car se rodant encore en soir de première, mais je n'ai vraiment pas goûté ce qu'il a fait de la partition. Les choeurs, d'un très bon niveau intrinsèque, ça j'en suis convaincu (pour avoir pu faire Moïse et Aaron comme ils l'ont fait, ils ne peuvent qu'être très bons), mais là : quels décalages, quel manque de subtilité, quels problèmes de justesse parfois ! Les décalages avec les chanteurs semblaient aussi assez fréquents ; ou plutôt, moins que des décalages, je parlerais de décalage d'intention : on avait sur scène une phrase musicale, pensée comme un tout, et dans la fosse des bribes, des morceaux.
C'est bien dommage car au niveau des solistes, c'était assez royal. On soulignera le sens de la phrase et du legato de beaucoup de chanteurs (à commencer par un Degout qui m'a fait chavirer à chacune de ses interventions). Oui, Jovanovitch est clairement au-delà de ses limites dans tous les aigus d'Énée, mais il possède une vraie vaillance, et une diction ma foi plus qu'honorable !
Bref, une soirée clairement pas inoubliable pour moi, avec un certain intérêt vocal.
Re: Berlioz- Les Troyens - Jordan/Tcherniakov - ONP - 01-02/2019
D'accord avec toi sur bien des points. J'étais aussi à la première. J'en suis sorti atterré.Asvo a écrit : ↑28 janv. 2019, 20:22Bon, je me décide à apporter mon grain de sel après avoir vu la première...
Pour ce qui a trait à la mise en scène, oui il y a un travail, c'est indéniable. Mais on sort de cette seconde partie non pas énervés, non pas frustrés, mais lassés. Lassés à cause de la répétition des poncifs (sous prétexte de faire sauter des codes), et surtout lassés par la recette miracle de beaucoup de metteurs en scène : celle du "mais ça fonctionne !" On lit souvent "XXXmuche a transposé l'action dans un magasin de barbes à papa, le Comte est maintenant un dresseur d'otaries, mais ça fonctionne !". Là, c'est exactement ce qu'on peut se dire. Pourquoi ? Parce que la complexité et la profondeur des personnages sont telles dans le livret que même en se focalisant sur un aspect (de la "psychologie" très intime, les blessures à guérir, etc.), même en transposant ailleurs, eh bien oui, ça fonctionne ! Mais ce n'est pas tant parce que le metteur en scène a eu un coup de génie que parce que le livret est particulièrement riche.
Bref, ce qui m'a le plus exaspéré c'est ce qui semble être un tryptique de plaisir : le public adore huer, Tcherniakov jubile quand il se fait huer, Lissner se satisfait d'avoir eu une mise en scène clivante et controversée.
[...]
C''est bien dommage car au niveau des solistes, c'était assez royal. On soulignera le sens de la phrase et du legato de beaucoup de chanteurs (à commencer par un Degout qui m'a fait chavirer à chacune de ses interventions). Oui, Jovanovitch est clairement au-delà de ses limites dans tous les aigus d'Énée, mais il possède une vraie vaillance, et une diction ma foi plus qu'honorable !
Bref, une soirée clairement pas inoubliable pour moi, avec un certain intérêt vocal.
Merci de stigmatiser le nouveau poncif des "critiques" ça fonctionne (que j' ai mis en gras dans ta contribution) Je suis fatigué de lire trop souvent les mêmes idées reçues, ou lieux communs, et je ne me donne même plus la peine de les contredire. A quoi bon?
Je veux juste ici rappeler une définition du Regietheater (Je ne sais si Tcherniakov en fait partie mais en tout cas son travail correspond tout à fait à ce que me disait un jeune et brillant assistant metteur en scène):
Pour le metteur en scène du Regietheater , l'œuvre (dont on part) n'est pas une fin en soi mais juste un matériau pour faire sa propre oeuvre.
CQFD
"Est modus in rebus", Horace
"La vérité luit de sa propre lumière;& on n'éclaire pas les esprits avec la flamme des bûchers." Marmontel, Bélisaire,
"La vérité luit de sa propre lumière;& on n'éclaire pas les esprits avec la flamme des bûchers." Marmontel, Bélisaire,
Re: Berlioz- Les Troyens - Jordan/Tcherniakov - ONP - 01-02/2019
2eme entracte. Un mot : ridicule.... beaucoup de sourire dans la salle mais un agacement palpable. Quelle tristessz de laisser de telles cretineries... la premiere partie était pas mal mais là.... quant à Jordan chiant à mourir... bref bien trisye. Heureusement une belle équipe de chanteurs dont le chef et le metteur en scene tuent l'emotion...