Ho là là moi aussi... cela s'imposait pourtant et le chef abaissait tout doucement sa baguette pour donner l'indication d'attendre un peu mais le public du TCE est très indiscipliné....
Verdi - Simon Boccanegra - Steinberg - vc - Monte-Carlo/TCE - 03/2017
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Re: Verdi - Simon Boccanegra - Steinberg - vc - Monte-Carlo/TCE - 03/2017
Lui : Que sous mes pieds se déchire la terre ! que sur mon front éclate le tonnerre, je t'aime, Élisabeth ! Le monde est oublié !
Elle : Eh bien ! donc, frappez votre père ! venez, de son meurtre souillé, traîner à l'autel votre mère
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Re: Verdi - Simon Boccanegra - Steinberg - vc - Monte-Carlo/TCE - 03/2017
Je suis le psychotique chat noir, et j'ai eu peur aussi que ce que j'ai dit tantôt ait influencé les astres.
"La malediziooooooone !"
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Re: Verdi - Simon Boccanegra - Steinberg - vc - Monte-Carlo/TCE - 03/2017
Je serai sorti de cette soirée en me disant que Ludovic Tézier était devenu le grand baryton Verdi que j'attendais depuis longtemps. A la ligne vocale suprême, à la coloration de la phrase, le mordant des mots, l'aigu triomphant, il ajoute une noblesse de ton qui font rendre les armes et s'incliner bas, très bas. On aura entendu dans le rôle de Simon rien moins que Cappuccilli, Bruson, Van Dam et Alvarez, tous remarquables (une petite préférence pour Bruson pour moi, question de timbre) mais ce qu'a fait ce soir Tézier se hissait d'emblée au niveau superlatif de ses prédécesseurs. Alors oui, la rigidité du corps, la froideur de l'attitude...mais l'émotion véhiculée par le chant et le chant seul faisait être pâle la non incarnation scénique. Un immense Boccanegra s'est levé ce soir.
Vargas magnifique de ligne de chant là aussi, à la voix engagée et ce malgré un aigu un peu raide et peu brillant, campe néanmoins un Gabriele Adorno fougueux et jeune par la grâce d'un timbre ensoleillé. Impressionnant Vitalji Kowaljow, voix noire, vraie basse, trouvant des accents dans les ténèbres de la colère et de la rage sans perdre de la noblesse qui sied au personnage. Paolo le cauteleux revient au sonore André Heyboer qui sut composer un personnage fait de trahison, de lâcheté et de mauvais, tout en gardant une splendide vocalità et sonorité.
Pinchas Steinberg dirige en tension la partition, privilégiant les instants dramatiques (la scène du conseil est en cela exemplaire, la fin trouve le ton et le drame qu'il faut) mais pour moi il manquait aux moments cruciaux lyrisme et tendresse (le sublime duo père-fille pâtit d'un tempo trop véloce et manque d'épanchement). Néanmoins, un beau travail efficace et propre, avec un orchestre et des chœurs de Monte Carlo tout à fait prenants et dignes. Bravo et merci.
Sondra Radvanoski enfin...que dire qui va me faire lyncher par ses thuriféraires? Oui le chant est beau, oui c'est une grande artiste, oui la ligne est celle d'une vraie verdienne, oui l'art des pianissimis et du trille est consommé, oui l'attitude scénique montre une tentative d'engagement dramatique dont on lui sait gré. Mais... Amélia n'est pas un soprano dramatique. Il y a trop de métal, trop d'ampleur, trop de trop pour un rôle aussi lyrique. Et puis, pardon de le dire, je n'adhère pas à ce timbre si sec et qui manque de chaleur, de soyeux. Ce que j'avais aimé dans son Aida, détesté dans ses Vêpres Siciliennes, moyennement apprécié dans son Ballo au Met, se concentre ce soir dans cette Amélia.
Néanmoins au total, une très belle soirée rare. Rare parce que cela faisait longtemps que Verdi n'avait pas été aussi bien servi sur une scène parisienne.
Vargas magnifique de ligne de chant là aussi, à la voix engagée et ce malgré un aigu un peu raide et peu brillant, campe néanmoins un Gabriele Adorno fougueux et jeune par la grâce d'un timbre ensoleillé. Impressionnant Vitalji Kowaljow, voix noire, vraie basse, trouvant des accents dans les ténèbres de la colère et de la rage sans perdre de la noblesse qui sied au personnage. Paolo le cauteleux revient au sonore André Heyboer qui sut composer un personnage fait de trahison, de lâcheté et de mauvais, tout en gardant une splendide vocalità et sonorité.
Pinchas Steinberg dirige en tension la partition, privilégiant les instants dramatiques (la scène du conseil est en cela exemplaire, la fin trouve le ton et le drame qu'il faut) mais pour moi il manquait aux moments cruciaux lyrisme et tendresse (le sublime duo père-fille pâtit d'un tempo trop véloce et manque d'épanchement). Néanmoins, un beau travail efficace et propre, avec un orchestre et des chœurs de Monte Carlo tout à fait prenants et dignes. Bravo et merci.
Sondra Radvanoski enfin...que dire qui va me faire lyncher par ses thuriféraires? Oui le chant est beau, oui c'est une grande artiste, oui la ligne est celle d'une vraie verdienne, oui l'art des pianissimis et du trille est consommé, oui l'attitude scénique montre une tentative d'engagement dramatique dont on lui sait gré. Mais... Amélia n'est pas un soprano dramatique. Il y a trop de métal, trop d'ampleur, trop de trop pour un rôle aussi lyrique. Et puis, pardon de le dire, je n'adhère pas à ce timbre si sec et qui manque de chaleur, de soyeux. Ce que j'avais aimé dans son Aida, détesté dans ses Vêpres Siciliennes, moyennement apprécié dans son Ballo au Met, se concentre ce soir dans cette Amélia.
Néanmoins au total, une très belle soirée rare. Rare parce que cela faisait longtemps que Verdi n'avait pas été aussi bien servi sur une scène parisienne.
Re: Verdi - Simon Boccanegra - Steinberg - vc - Monte-Carlo/TCE - 03/2017
Je suis un de ses thuriféraires, mais j'adhère.dongio a écrit : ↑13 mars 2017, 00:11Sondra Radvanoski enfin...que dire qui va me faire lyncher par ses thuriféraires? Oui le chant est beau, oui c'est une grande artiste, oui la ligne est celle d'une vraie verdienne, oui l'art des pianissimis et du trille est consommé, oui l'attitude scénique montre une tentative d'engagement dramatique dont on lui sait gré. Mais... Amélia n'est pas un soprano dramatique. Il y a trop de métal, trop d'ampleur, trop de trop pour un rôle aussi lyrique.
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Re: Verdi - Simon Boccanegra - Steinberg - vc - Monte-Carlo/TCE - 03/2017
Là tout en partageant ton enthousiasme sur le chant de Tézier dans Verdi, ce n'est quand même pas une découverte ! Tézier s'est révélé comme un excellent baryton Verdien (l'un des meilleurs voire le meilleur) il y a quelques années déjà, dans Don Carlo, Posa, à plusieurs reprises (à Munich, à Vienne etc), dans l'inoubliable Forza del destino de Munich où justement il alliait une interprétation vocale souveraine de son Don Carlos tout en donnant tout sur la scène (un DVD existe), dans Aida , sous la direction de Pappano à Rome (et le CD qui en est sorti fêté partout), dans le Trovatore l'an dernier à l'ONP, cette année à Vienne (avec Netrebko),bref, ça fait quelques années que Ludovic Tézier a pris une place centrale sur les scènes opératiques internationales notamment dans Verdi (et j'oublie des rôles !, Macbeth récemment également en Espagne).dongio a écrit : ↑13 mars 2017, 00:11Je serai sorti de cette soirée en me disant que Ludovic Tézier était devenu le grand baryton Verdi que j'attendais depuis longtemps. A la ligne vocale suprême, à la coloration de la phrase, le mordant des mots, l'aigu triomphant, il ajoute une noblesse de ton qui font rendre les armes et s'incliner bas, très bas. On aura entendu dans le rôle de Simon rien moins que Cappuccilli, Bruson, Van Dam et Alvarez, tous remarquables (une petite préférence pour Bruson pour moi, question de timbre) mais ce qu'a fait ce soir Tézier se hissait d'emblée au niveau superlatif de ses prédécesseurs. Alors oui, la rigidité du corps, la froideur de l'attitude...mais l'émotion véhiculée par le chant et le chant seul faisait être pâle la non incarnation scénique. Un immense Boccanegra s'est levé ce soir.
Bref il est désormais considéré comme incontournable dans Verdi. Simon Boccanegra est une nouvelle prise de rôle de la même veine qui confirme sa suprématie. Je le crois justement capable de faire un tout petit mieux, on ne critique sérieusement que ceux qu'on aime beaucoup.
(il sera demain Iago à Londres...un rôle où il est évidemment très attendu aussi, notamment dans son interprétation, un rôle qui laisse d'immenses possibilités à un chanteur-acteur, puis Posa à l'ONP dans Don Carlos.)
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Re: Verdi - Simon Boccanegra - Steinberg - vc - Monte-Carlo/TCE - 03/2017
Les remarques de dongio sont fort proches de celles émises au début du fil lors de la prise de rôle à Monte Carlo.Adalbéron a écrit : ↑13 mars 2017, 00:19Je suis un de ses thuriféraires, mais j'adhère.dongio a écrit : ↑13 mars 2017, 00:11Sondra Radvanoski enfin...que dire qui va me faire lyncher par ses thuriféraires? Oui le chant est beau, oui c'est une grande artiste, oui la ligne est celle d'une vraie verdienne, oui l'art des pianissimis et du trille est consommé, oui l'attitude scénique montre une tentative d'engagement dramatique dont on lui sait gré. Mais... Amélia n'est pas un soprano dramatique. Il y a trop de métal, trop d'ampleur, trop de trop pour un rôle aussi lyrique.
Le luxe de ce festin copieux nous avait à peu près fait renoncer au débat pour ne pas se gacher le plaisir.
Elle sera encore plus épatante dans la prochaine Amelia du bal masqué de Zurich.
Et bien sûr aujourd'hui elle règne sur Norma.
Bernard
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Tiens c'est vrai ça, les aller et venues sont agaçantes, j'ai vu des versions concerts où les chanteurs décidaient d'éviter ce rituel (ou au moins évitaient d'avoir des talons qui font du bruit sur les planches...).romance a écrit : ↑06 mars 2017, 14:38Y'a aucun débat, hein !
Mm si certains gestes auraient été les bienvenus, ils n'ont rien, mais rien enlevé à ce qui nous a été donné. Sans compter que les arrivées et départs aux pupitres ne font rien pour l'homogénéité du texte.
C'est vrai qu'elle était qd mm bien verte, cette robe verte.
(la deuxième robe était bleue).
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Re: Verdi - Simon Boccanegra - Steinberg - vc - Monte-Carlo/TCE - 03/2017
Oui je sais chère Hélène. Tes compte rendus précis avaient témoigné de cela. Hélas, pour moi dans Verdi, ce fut une découverte : je n'avais pas jusqu'à ce jour entendu Tézier "live" dans ces grands rôles verdiens, si ce n'est par le truchement de bandes son ou d'écrans (alors oui pour Posa italien, oui pour Don Carlo de la Forza, non pas trop pour Aida où il manquait de mordant et de noirceur, et le soir où je l'ai entendu dans Trovatore ce n'était pas au niveau de ce que j'ai entendu ce soir). Ce qui m'a scotché ici c'est l'ampleur de la voix et toutes les qualités que j'ai énumérées.HELENE ADAM a écrit : ↑13 mars 2017, 00:25Là tout en partageant ton enthousiasme sur le chant de Tézier dans Verdi, ce n'est quand même pas une découverte ! Tézier s'est révélé comme un excellent baryton Verdien (l'un des meilleurs voire le meilleur) il y a quelques années déjà, dans Don Carlo, Posa, à plusieurs reprises (à Munich, à Vienne etc), dans l'inoubliable Forza del destino de Munich où justement il alliait une interprétation vocale souveraine de son Don Carlos tout en donnant tout sur la scène (un DVD existe), dans Aida , sous la direction de Pappano à Rome (et le CD qui en est sorti fêté partout), dans le Trovatore l'an dernier à l'ONP, cette année à Vienne (avec Netrebko),bref, ça fait quelques années que Ludovic Tézier a pris une place centrale sur les scènes opératiques internationales notamment dans Verdi (et j'oublie des rôles !, Macbeth récemment également en Espagne).dongio a écrit : ↑13 mars 2017, 00:11Je serai sorti de cette soirée en me disant que Ludovic Tézier était devenu le grand baryton Verdi que j'attendais depuis longtemps. A la ligne vocale suprême, à la coloration de la phrase, le mordant des mots, l'aigu triomphant, il ajoute une noblesse de ton qui font rendre les armes et s'incliner bas, très bas. On aura entendu dans le rôle de Simon rien moins que Cappuccilli, Bruson, Van Dam et Alvarez, tous remarquables (une petite préférence pour Bruson pour moi, question de timbre) mais ce qu'a fait ce soir Tézier se hissait d'emblée au niveau superlatif de ses prédécesseurs. Alors oui, la rigidité du corps, la froideur de l'attitude...mais l'émotion véhiculée par le chant et le chant seul faisait être pâle la non incarnation scénique. Un immense Boccanegra s'est levé ce soir.
Bref il est désormais considéré comme incontournable dans Verdi. Simon Boccanegra est une nouvelle prise de rôle de la même veine qui confirme sa suprématie. Je le crois justement capable de faire un tout petit mieux, on ne critique sérieusement que ceux qu'on aime beaucoup.
(il sera demain Iago à Londres...un rôle où il est évidemment très attendu aussi, notamment dans son interprétation, un rôle qui laisse d'immenses possibilités à un chanteur-acteur, puis Posa à l'ONP dans Don Carlos.)
Mais comme toi, maintenant j'attends fiévreusement Iago et Posa en français...
Re: Verdi - Simon Boccanegra - Steinberg - vc - Monte-Carlo/TCE - 03/2017
cette version de concert était vocalement exceptionnelle,je ne reviendrait pas la dessus ,cela a été largement développé, mais j'ai trouvé l’implication dramatique des chanteurs globalement insufisante surtout dans le 2eme acte:exemple "insensé" simplement énonçé par S.R. à Vargas sur un ton monocorde,Tézier le nez dans la partition ne risquait pas de reconnaitre sa fille qui pourtant s'agitait beaucoup etc..
on est loin des versions de concert "habitées telles Lohengrin au concertgebow ou la walkyrie à badenbaden par exemple ou les chanteurs sans partition étaient complètement impliqués dans leur rôles,c est ce qui m'a beaucoup géné durant cette exécution.
on est loin des versions de concert "habitées telles Lohengrin au concertgebow ou la walkyrie à badenbaden par exemple ou les chanteurs sans partition étaient complètement impliqués dans leur rôles,c est ce qui m'a beaucoup géné durant cette exécution.
Re: Verdi - Simon Boccanegra - Steinberg - vc - Monte-Carlo/TCE - 03/2017
Oh oui, c'était tellement émouvant ce silence à Monaco !
D'autant que le public Azuréen, proche de l'italien, peut parfois montrer son enthousiasme de façon un peu trop rapide à mon goût.
J'avais ressenti ce silence profond il y a quelques années pour le formidable Dialogues des Carmélites à Nice.