Je te rejoins dans tes impressions, et j'ajoute un mot pour le filmage formidable de ces Live du Met ; quand on a comme hier soir une troupe de chanteurs qui savent aussi jouer, c'est vraiment un régal de les suivre, avec ces caméras incroyablement mobiles (je me demande comment ils font pour que l'on ne voit rien depuis la salle) qui restent au plus près des chanteurs, quitte parfois à révéler un peu cruellement certains petits incidents, comme la salive sur le menton d'Elvira pendant son Mi tradì (elle s'en est sorti avec beaucoup d'élégance...). On est loin du statisme plombant de nos "captations" made in France, où souvent on s'ennuie même quand la production est intéressante (ce qui est loin d'être toujours le cas). A mon avis, une représentation comme celle d'hier soir est idéale pour faire aimer l'opéra à un public plus jeune ou plus novice ; à la sortie, tout le monde était vraiment ravi !HELENE ADAM a écrit :Bref une très belle soirée, et le plaisir de voir encore cet opéra qui pour moi, représente une sorte de perfection de l'époque, qu'on doit à un Mozart très inspiré et qui a parfaitement construit la lente montée de cette noire comédie vers le drame et la rédemption (parfois je me dis qu'il aurait dû s'arrêter juste avant le final mais hier soir il était très beau et très convainquant).
En regardant Keenlyside, je pensais beaucoup à l'interprétation de Delon dans ce film trop méconnu qui s'appelle Le Retour de Casanova : le séducteur, le viveur impénitent qui veut rester fringant, qui fait tout pour garder sa morgue et son énergie débordante (comme dans la scène du festin où la frénésie érotique a aussi un aspect mécanique un peu mortifère), mais que les stigmates de l'âge et une certaine inquiétude dans le regard trahissent souvent, comme des signes avant-coureurs de la déchéance, ou de l'appréhension à l'approche du moment où il faudra régler les comptes laissés en suspens ("ante diem rationis", comme on dit dans le texte du Requiem). Il y a là une proximité (même physique) qui m'a beaucoup frappé :
(Il faut corriger le nom du chef : c'est Fabio Luisi, pas Risi qui lui est un génial cinéaste)