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par Musanne » 18 déc. 2015, 01:39
Intéressant de comparer la retransmission en direct au cinéma de la représentation de ce soir avec une représentation sur place (celle de dimanche pour moi). La salle où j'étais offrait une très bonne qualité sonore et la prise de son m'a paru excellente. On entendait parfaitement tous les solistes, même dans la scène des chants de Pâques où la voix de Kaufmann disparaissait parfois sous le choeur, elle restait là parfaitement audible tout le temps.
Son timbre m'est apparu plus chaud que dimanche, avec moins de "grain" dans le timbre sur les diphtongues.
Un tout petit peu moins d'aisance peut-être sur les suraigus pianissimo du duo d'amour (encore, Marguerite est à moi), qui dimanche coulaient de source. Magnifique invocation à la Nature mais l'air d'entrée et le "Merci doux crépuscule" étaient fort beaux aussi. Elocution toujours impeccable, même si le français de Terfel est plus parfait.
L'avantage de ces captations filmées est dans les gros plans, quelquefois ingrats pour les chanteurs en pleine action mais qui permettent de saisir les expressions du visage. Le sourire lumineux de Sophie Koch. Les mines goguenardes, rigolardes de Terfel, qui s'est un peu lâché ce soir, un peu plus cabotin que dimanche où je l'avais trouvé étonnamment sobre. Kaufmann m'a donné l'impression d'interpréter 2 personnages sensiblement différents. Sur scène dimanche c'était un personnage faible, mélancolique, un peu paumé, errant autour de la scène. Ce soir il déambulait toujours mais en gros plan son visage, qui ne quittait quasiment pas les lunettes de Hawking, était en permanence sombre, avec une expression de dégoût, imperméable aux facéties de Méphisto, s'éclairant à peine devant Marguerite.
Sophie Koch toujours émouvante mais avec une sorte de fragilité dans la voix, des fins de phrase un peu écourtées, et un timbre presque trop clair, toutes choses que j'avais déjà ressenties en live.
La direction de Jordan va en s'améliorant me semble-t-il, sauf dans la marche hongroise, toujours bien plan-plan.
Autre avantage de la captation : les cadrages, rarement en plans larges, montrent tantôt les solistes, les choeurs et les danseurs, tantôt mais moins souvent les vidéos, ce qui pour cette mise en scène est plutôt bénéfique, en ce que l'attention y est moins dispersée entre différents plans occupés par toutes sortes d'objets en mouvement. On y distingue aussi des détails qui peuvent échapper dans une vue globale. Du coup cette mise en scène m'a paru plus cohérente, moins alambiquée, avec quelques chorégraphies assez réussies -pas toutes, loin s'en faut-, même si je ne suis toujours pas convaincue par l'idée de départ. En tous cas, si on est allergique à cette mise en scène, la concentration sur les chanteurs permet de la supporter plus facilement !