Wagner - Tannhäuser - Runnicles/Harms - Berlin - 11/2015-11/2017
Posté : 20 nov. 2015, 23:26
Richard Wagner : Tannhäuser und der Sängerkrieg auf Wartburg
Conductor Donald Runnicles
Director Kirsten Harms
Stage-design, Costume-design Bernd Damovsky
Assistance costume-design Inga Timm
Choreography Silvana Schröder
Choir Conductor William Spaulding
Landgraf Hermann Ante Jerkunica
Tannhauser Stephen Gould
Wolfram Markus Brück
Walther Thomas Blondelle
Biterolf Seth Carico
Heinrich Paul Kaufmann
Reinmar Andrew Harris
Venus, Elisabeth Heidi Melton
Shepherd Elbenita Kajtazi
Chorus Chor der Deutschen Oper Berlin
Orchestra Orchester der Deutschen Oper Berlin
Représentation du dimanche 15 novembre
Quels frissons que de voir, au fond de la scène, ce chevalier en armure aux reflets bleu nuit, sur son cheval caparaçonné, immobile, nous fixant en tenant sa lance. On se croit alors plongé dans certaines pages de l’Arioste…
C’est ce plaisir, lové dans les nimbes musicaux de ce "Tannhaüser", qui me reste comme idée fixe de cette production après quelques jours... Lorsque l’on a vu, l’an dernier, la catastrophe de Baumgarten à Bayreuth, ou dernièrement chez les bons Pathés du coin, le kitsch ringard de la production d’Otto Schenk saccagée au Met., cette mise en scène fait du bien !
Ici, pas de toiles en guise de décors, pas de costumes cravates non plus, mais rien que les personnages dans leurs habits médiévaux œuvrant dans une scène-caisson noire, fantasme et psychique de Tannhäuser et d’Elisabeth…Cette « caisse de résonance » convient d’ailleurs très bien au Venusberg puisque l’action est sensée se dérouler dans une grotte aux entrailles de la terre…
La mise en scène de Kirsten Harms s’appuie essentiellement sur des mouvements verticaux (de l’enfer du Venusberg à celui de la Wartburg et enfin du repos des guerriers !). Des personnages apparaissent, puis replongent dans les profondeurs. Souvent, plusieurs niveaux de plateaux, se mouvant verticalement et harmonieusement avec la musique, permettent aux voix de se détacher avant de se fondre avec les instruments, ce qui donne un effet tridimensionnel de toute beauté.
Une remarque concernant les chanteurs et leurs harpes : le fait qu’ils ne simulent pas le jeu, mais qu’ils posent juste leur main immobile sur les cordes change tout. Cela devient très crédible, très beau, très poétique, et surtout permet au spectateur de voyager, de déconnecter…
Dans cette version dresdoise, le Chef Donnald Runnicles livre une ouverture où les « pulsions de vie » sont un peu trop scandées à mon goût au début, (je préfère lorsqu’elles sont dardées), mais qui rapidement submerge et emporte loin de son fauteuil… On est attiré puis on ne peut que plonger dans le délicieux Venusberg que nous peint l’orchestre. Les cordes sont magnifiques, les cuivres ne sonnent pas trop fort comme dans le dernier "Lohengrin", on profite, on ne voudrait pas que ça s’arrête…
Nous avons eu avec Stephen Gould, un Tannhäuser indestructible, d’une puissance maîtrisée et modulée, jamais criée. Incandescent et impressionnant avec sa Venus/Elisabeth (comme pour son Tristan de Zurich, meilleur que celui de Bayreuth), et pourtant touchant, au retour de Rome, même s’il reste dans ce côté vaillant.
Je ne dirais pas la même chose de son éternel féminin incarné par Heidi Melton. Peu subtil, son chant ne fait passer ni la grâce d’une Venus, ni la noblesse d’âme d’une Elisabeth. C’est un compromis raté pour ce double rôle qu’il vaudrait mieux confier à deux artistes distinctes. Attention, il n’y a rien de scandaleux dans son chant, pas de défaillance, pas de laideurs non plus, mais souvent proche du cri, il ne me touche pas.
Markus Brück, après son superbe Nelusco dans "Vasco da Gama" du mois dernier, reste très bon ici en Wolfram, mais j’ai trouvé qu’il manquait aussi de nuances. Il ne se démarque pas des autres minnesängers dans le sens où son chant reste hautain et froid, alors qu’il devrait être imprégné de sentiments magnanimes envers Tannhäuser…Il ne bouleverse pas dans sa « romance à l’étoile ».
Pour le reste de la distribution, je signalerais le superbe Walther de Thomas Blondelle, qui, avec sa projection éclatante et son magnifique timbre pourrait presque convaincre le revenant du Venusberg !
Au final grâce à une mise en scène qui renvoie de magnifiques tableaux à l’éclairage magique (Bernd Damovsky) tout en aidant l’introspection, grâce à un rôle titre chanté remarquablement par Stephen Gould, grâce aux chœurs magistraux et à un orchestre des grands soirs du Deutsche Oper, le répertoire s’élève et transporte loin…
prochaines représentations en mars 2016 dans une autre distribution
Conductor Donald Runnicles
Director Kirsten Harms
Stage-design, Costume-design Bernd Damovsky
Assistance costume-design Inga Timm
Choreography Silvana Schröder
Choir Conductor William Spaulding
Landgraf Hermann Ante Jerkunica
Tannhauser Stephen Gould
Wolfram Markus Brück
Walther Thomas Blondelle
Biterolf Seth Carico
Heinrich Paul Kaufmann
Reinmar Andrew Harris
Venus, Elisabeth Heidi Melton
Shepherd Elbenita Kajtazi
Chorus Chor der Deutschen Oper Berlin
Orchestra Orchester der Deutschen Oper Berlin
Représentation du dimanche 15 novembre
Quels frissons que de voir, au fond de la scène, ce chevalier en armure aux reflets bleu nuit, sur son cheval caparaçonné, immobile, nous fixant en tenant sa lance. On se croit alors plongé dans certaines pages de l’Arioste…
C’est ce plaisir, lové dans les nimbes musicaux de ce "Tannhaüser", qui me reste comme idée fixe de cette production après quelques jours... Lorsque l’on a vu, l’an dernier, la catastrophe de Baumgarten à Bayreuth, ou dernièrement chez les bons Pathés du coin, le kitsch ringard de la production d’Otto Schenk saccagée au Met., cette mise en scène fait du bien !
Ici, pas de toiles en guise de décors, pas de costumes cravates non plus, mais rien que les personnages dans leurs habits médiévaux œuvrant dans une scène-caisson noire, fantasme et psychique de Tannhäuser et d’Elisabeth…Cette « caisse de résonance » convient d’ailleurs très bien au Venusberg puisque l’action est sensée se dérouler dans une grotte aux entrailles de la terre…
La mise en scène de Kirsten Harms s’appuie essentiellement sur des mouvements verticaux (de l’enfer du Venusberg à celui de la Wartburg et enfin du repos des guerriers !). Des personnages apparaissent, puis replongent dans les profondeurs. Souvent, plusieurs niveaux de plateaux, se mouvant verticalement et harmonieusement avec la musique, permettent aux voix de se détacher avant de se fondre avec les instruments, ce qui donne un effet tridimensionnel de toute beauté.
Une remarque concernant les chanteurs et leurs harpes : le fait qu’ils ne simulent pas le jeu, mais qu’ils posent juste leur main immobile sur les cordes change tout. Cela devient très crédible, très beau, très poétique, et surtout permet au spectateur de voyager, de déconnecter…
Dans cette version dresdoise, le Chef Donnald Runnicles livre une ouverture où les « pulsions de vie » sont un peu trop scandées à mon goût au début, (je préfère lorsqu’elles sont dardées), mais qui rapidement submerge et emporte loin de son fauteuil… On est attiré puis on ne peut que plonger dans le délicieux Venusberg que nous peint l’orchestre. Les cordes sont magnifiques, les cuivres ne sonnent pas trop fort comme dans le dernier "Lohengrin", on profite, on ne voudrait pas que ça s’arrête…
Nous avons eu avec Stephen Gould, un Tannhäuser indestructible, d’une puissance maîtrisée et modulée, jamais criée. Incandescent et impressionnant avec sa Venus/Elisabeth (comme pour son Tristan de Zurich, meilleur que celui de Bayreuth), et pourtant touchant, au retour de Rome, même s’il reste dans ce côté vaillant.
Je ne dirais pas la même chose de son éternel féminin incarné par Heidi Melton. Peu subtil, son chant ne fait passer ni la grâce d’une Venus, ni la noblesse d’âme d’une Elisabeth. C’est un compromis raté pour ce double rôle qu’il vaudrait mieux confier à deux artistes distinctes. Attention, il n’y a rien de scandaleux dans son chant, pas de défaillance, pas de laideurs non plus, mais souvent proche du cri, il ne me touche pas.
Markus Brück, après son superbe Nelusco dans "Vasco da Gama" du mois dernier, reste très bon ici en Wolfram, mais j’ai trouvé qu’il manquait aussi de nuances. Il ne se démarque pas des autres minnesängers dans le sens où son chant reste hautain et froid, alors qu’il devrait être imprégné de sentiments magnanimes envers Tannhäuser…Il ne bouleverse pas dans sa « romance à l’étoile ».
Pour le reste de la distribution, je signalerais le superbe Walther de Thomas Blondelle, qui, avec sa projection éclatante et son magnifique timbre pourrait presque convaincre le revenant du Venusberg !
Au final grâce à une mise en scène qui renvoie de magnifiques tableaux à l’éclairage magique (Bernd Damovsky) tout en aidant l’introspection, grâce à un rôle titre chanté remarquablement par Stephen Gould, grâce aux chœurs magistraux et à un orchestre des grands soirs du Deutsche Oper, le répertoire s’élève et transporte loin…
prochaines représentations en mars 2016 dans une autre distribution