Chausson - Le Roi Arthus - Jordan/Vick - ONP - 05-06/2015

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Re: Chausson - Le Roi Arthus - Jordan/Vick - ONP - 05-06/201

Message par HELENE ADAM » 29 mai 2015, 06:46

Soirée du 28 mai mitigée
Après réflexion, je pense que c'est l'opéra lui-même qui pose problème.
Ernest Chausson compose une musique qui s'apparente davantage à Debussy et Strauss qu'à Wagner. Mais ces deux immenses compositeurs se sont étroitement associés à de très grands écrivains pour écrire des opéras inoubliables : Maurice Maeterlinck est l'auteur d'un Pelleas et Mélisande d'une poésie sauvage que Debussy a merveilleusement mis en musique. Le couple Richard Strauss- Hugo von Hofmannsthal (écrivain et dramaturge autrichien) n'est plus à présenter et représente un vrai duo où chacun fait ce qu'il sait faire dans une osmose souvent grandiose.
Wagner écrivit ses livrets. Wagner savait composer "tout à la fois".
Pas Ernest Chausson.
Car ce ne sont pas que les dialogues qui sont d'une pauvreté poétique navrante, c'est l'ensemble du scénario qui est boiteux.
Une première partie trop longue pour évoquer la victoire des Bretons sur les Saxons et la "paix du Roi Arthus" où chacun pourra retourner dans ses foyers, protégés par la communauté de la table ronde et où le "drame" se noue du fait des amours coupables de Genièvre et Lancelot et de la jalousie de Mordred éconduit par la reine et supplanté par Lancelot dans le coeur d'Arthur. De longs intermèdes musicaux entre les scènes entre les actes qui n'apportent pas grand-chose musicalement. Un ou deux grands moments dans l'acte 2 : un admirable dialogue Arthus-Merlin, gâché par une scène de choeurs sans grande harmonie musicale. Un final sans souffle, paroles grandiloquentes (oh ma Bretagne, oh ma patrie) et mort de Genièvre, puis de Lancelot avec bien peu de grandeur épique.
La composition musicale est pourtant passionnante : grande richesse de thèmes, de couleurs, très belle écriture musicale lyrique, mais elle n'aide guère le déroulement de l'intrigue de l'opéra. Les deux ne se marient jamais vraiment.
Heureusement, Philippe Jordan dirige magistralement un orchestre qui, lui, manque souvent d'imagination. Le maestro a d'ailleurs recueilli la palme à l'applaudimètre.

Que dire de la mise en scène ? Ce n'est pas sa transposition, ni sa modernisation qui ont gêné l'habituée de Munich que je suis.
Non, c'est plutôt le fait d'avoir (sciemment, semble t-il) renforcé tout ce que l'opéra a déjà d'aspects désacralisés, prosaïques, pour en faire de la comédie de boulevard. L'acte 1 est une catastrophe pour moi : après une scène ridicule (levée d'épées par des "soldats" qui rentrent de la guerre, et se font couvrir de fleurs par des midinettes où tout sonne faux, maison Ikea qui descend du ciel, etc etc.), arrive le pire pour moi : les amours de Lancelot et Genièvre réduites à une partie de roulades dans l'herbe, légèreté et inconscience en totale contradiction avec le sens de cette fatalité de l'attirance interdite entre deux êtres qui savent que leur transgression ne peut conduire qu'à la mort et à la destruction.
Les décors et effets de mise en scène sont finalement moins gênants dans les deux actes suivants sans qu'on perçoive suffisamment malgré tout, la noirceur du drame qui se prépare et qui engloutira la maison royale d'Arthus, la lignée des chevaliers et anéantira leurs rêves d'un monde idéal. Trop de symboles qui ne font pas sens (ou alors contresens), trop de personnages mal présentés.
Comme on ne rêve pas, on ne décolle pas vraiment.
Malgré leurs qualités, englués dans un opéra qui manque de sens et dans une mise en scène qui renforce tout ceci, les chanteurs peinent à incarner leurs personnages.
Thomas Hampson dans le rôle titre est celui qui s'en sort le mieux scéniquement : il a le physique et l'investissement sur scène nécessaire au rôle, mais en même temps ce n'est pas le personnage le plus difficile à incarner.
Sophie Koch peine à trouver le ton juste pour représenter une Genièvre bien loin de la grandeur d'une reine qui fait rêver tous les chevaliers par sa beauté, réduite à une sorte de midinette excitée, qui tente de tenter Lancelot pour le faire renoncer à son serment de chevalerie, comme Elsa forçait finalement Lohengrin à révéler son nom. Il faudrait qu'on comprenne l'amour fou de ces deux-là, le fait que la grandeur de cet amour (plutôt chaste quoiqu'irrépressible) fera douter un Lancelot torturé qui choisira finalement le devoir.

Mais la vulgarité des scènes imposées aux deux protagonistes dans un opéra déjà faible de scénario et de dialogue, rend l'exercice impossible pour la Genièvre de Sophie Koch.
Roberto Alagna s'en sort mieux malgré ce que lui impose la mise en scène : on croit à son Lancelot torturé, anti-héros malheureux, rempli de doutes (dès son apparition) mais sa conviction est souvent mise à mal par les gestes à contre temps que lui impose la vision du metteur en scène.

Musicalement, c'est différent : Sophie Koch en grande habituée de Strauss, chante Chausson exactement comme il faut : ligne musicale impeccable, infinité de nuances, justesse des écarts acrobatiques et inhabituels de la partition, très belle voix. Hampson garde un grand pouvoir de séduction mais sa voix est fatiguée.
Alagna a retrouvé un beau timbre, dramatique et héroïque, très convainquant et souvent admirable, mais on sent que ce répertoire musical ne lui est pas encore tout à fait familier et il manque nettement de nuances (tout est chanté fortissimo ou presque).
Mention spéciale à Merlin, au Laboureur de Dubois et au Lyonnel de Barbeyrac, l'un et l'autre déjà plus familiers du répertoire Strauss ce qui s'entend dans leurs phrasés.
Les choeurs sont généralement assourdissants (au 20ème rang quand même !!!) et je me suis dit que j'allais lire la partition pour savoir si cet excès général de décibels était indispensable.
En conclusion : une découverte, un peu décevante.
Lui : Que sous mes pieds se déchire la terre ! que sur mon front éclate le tonnerre, je t'aime, Élisabeth ! Le monde est oublié !
Elle : Eh bien ! donc, frappez votre père ! venez, de son meurtre souillé, traîner à l'autel votre mère

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Re: Chausson - Le Roi Arthus - Jordan/Vick - ONP - 05-06/201

Message par Polyeucte » 29 mai 2015, 09:31

Alors là, je dois dire... je ne suis pas du tout du tout d'accord!
HELENE ADAM a écrit :Soirée du 28 mai mitigée
Après réflexion, je pense que c'est l'opéra lui-même qui pose problème.
Ernest Chausson compose une musique qui s'apparente davantage à Debussy et Strauss qu'à Wagner. Mais ces deux immenses compositeurs se sont étroitement associés à de très grands écrivains pour écrire des opéras inoubliables : Maurice Maeterlinck est l'auteur d'un Pelleas et Mélisande d'une poésie sauvage que Debussy a merveilleusement mis en musique. Le couple Richard Strauss- Hugo von Hofmannsthal (écrivain et dramaturge autrichien) n'est plus à présenter et représente un vrai duo où chacun fait ce qu'il sait faire dans une osmose souvent grandiose.
Wagner écrivit ses livrets. Wagner savait composer "tout à la fois".
Pas Ernest Chausson.
Appréciation toute relative à mon sens. Personnellement je n'ai jamais réussi à faire le lien entre le texte et la musique de Pelleas... alors que pour Arthus, ça me semble au contraire extrêmement lié et logique.
Car ce ne sont pas que les dialogues qui sont d'une pauvreté poétique navrante, c'est l'ensemble du scénario qui est boiteux.
Scénario boiteux? Mais en quoi?? Les personnages ne sont-ils pas logiques, le drame n'est-il pas bien déroulé?
Une première partie trop longue pour évoquer la victoire des Bretons sur les Saxons et la "paix du Roi Arthus" où chacun pourra retourner dans ses foyers, protégés par la communauté de la table ronde et où le "drame" se noue du fait des amours coupables de Genièvre et Lancelot et de la jalousie de Mordred éconduit par la reine et supplanté par Lancelot dans le coeur d'Arthur.
Il faut bien une mise en place non? Parce que si Arthus commence avec une longueur, que dire du Crépuscule par exemple avec sa scène de Nornes?
Cette introduction met justement en place les différents groupes de la communauté, la présence d'un Arthus victorieux mais où déjà plane la tristesse de la disparition de Merlin. Lancelot mal à l'aise "je ne mérite pas, sire, une telle gloire", Mordred qui signifie sa rancoeur contre Lancelot et Genièvre et se montre non pas solitaire mais déjà soutenu par une partie du choeur.
Rien de trop à mon sens... on est dans la célébration mais par petites touches Chausson présente les failles qui sont déjà présentes.
De longs intermèdes musicaux entre les scènes entre les actes qui n'apportent pas grand-chose musicalement.
Ah non! Là non... Les intermèdes sont au contraire des grands moments musicaux je trouve. Des transitions particulièrement puissantes émotionnellement, qui nous transportent d'un cadre à un autre par un glissement délicat où s’entremêlent les différents thèmes.
Un ou deux grands moments dans l'acte 2 : un admirable dialogue Arthus-Merlin, gâché par une scène de choeurs sans grande harmonie musicale.
Déjà dans ce deuxième acte, la chanson du laboureur et tout le duo : la tentation, sorte de petit frère du deuxième acte de Parsifal... Entendre Genièvre passer de la passion à la froideur, tiraillée entre son amour et sa soif de royauté, poussant son amant à se parjurer pour garder sa place de reine... et en effet le duo Arthus-Merlin... qui se conclue par un grand désordre du choeur où les différentes parties s'affrontent déjà... et où Arthus est déjà loin de ses soldats.
Un final sans souffle, paroles grandiloquentes (oh ma Bretagne, oh ma patrie) et mort de Genièvre, puis de Lancelot avec bien peu de grandeur épique.
Final sans souffle? Pourtant, c'est un des plus beau moment de musique que je connaisse... une élévation graduelle, un abandon qui s'exprime par la musique où l'on entend Arthus s'élever... (bon, là il y avait hier soir un gros soucis d'équilibre puisque le choeur était inaudible une bonne partie du final).
Et pour les morts de Lancelot et Genièvre, c'est logique qu'elle ne soit pas épique, vu que c'est un mort de renoncement. Lancelot se suicide par les armes et Genièvre refuse d'être seule : aucune grandeur épique en effet, mais justement... les héros et les personnages forts et droits sont brisés ici...
La composition musicale est pourtant passionnante : grande richesse de thèmes, de couleurs, très belle écriture musicale lyrique, mais elle n'aide guère le déroulement de l'intrigue de l'opéra. Les deux ne se marient jamais vraiment.
Heureusement, Philippe Jordan dirige magistralement un orchestre qui, lui, manque souvent d'imagination. Le maestro a d'ailleurs recueilli la palme à l'applaudimètre.
En effet, Jordan fait un superbe travail... mais c'est aussi que la musique est très riche et puissante, pleine d'un souffle et de couleurs magnifiques...
Non, c'est plutôt le fait d'avoir (sciemment, semble t-il) renforcé tout ce que l'opéra a déjà d'aspects désacralisés, prosaïques, pour en faire de la comédie de boulevard. L'acte 1 est une catastrophe pour moi : après une scène ridicule (levée d'épées par des "soldats" qui rentrent de la guerre, et se font couvrir de fleurs par des midinettes où tout sonne faux, maison Ikea qui descend du ciel, etc etc.), arrive le pire pour moi : les amours de Lancelot et Genièvre réduites à une partie de roulades dans l'herbe, légèreté et inconscience en totale contradiction avec le sens de cette fatalité de l'attirance interdite entre deux êtres qui savent que leur transgression ne peut conduire qu'à la mort et à la destruction.
Mais ce côté "prosaïque", c'est justement la mise à la portée de tous de l'idéal d'Arthus... pour son monde qu'il construit, il essaye de faire simple et pour tous...
Et pour le duo, c'est justement cette naïveté mais où pointe (dans la musique et dans le texte) la manipulation de Genièvre déjà... ils se roulent dans l'herbe dans un simulacre d'amour naïf... mai face à eux il y a toujours cette maison entourée d'épée, cette menace et ce rappel des règles d'Arthus.
Les décors et effets de mise en scène sont finalement moins gênants dans les deux actes suivants sans qu'on perçoive suffisamment malgré tout, la noirceur du drame qui se prépare et qui engloutira la maison royale d'Arthus, la lignée des chevaliers et anéantira leurs rêves d'un monde idéal. Trop de symboles qui ne font pas sens (ou alors contresens), trop de personnages mal présentés.
Comme on ne rêve pas, on ne décolle pas vraiment.
Le troisième acte est au contraire particulièrement réussi à mon avis... tout ce qui faisait l'utopie d'Arthus est bafoué, et on a cette balafre sombre en fond de scène au travers du décors... magnifique je trouve.
Et personnellement, si j'imaginais depuis des années un final plus lumineux et aérien, cette fin me fait tout de même décoller (ça faisait longtemps que je n'avais pas été aussi ému à l'opéra en fait! :cry: )
Malgré leurs qualités, englués dans un opéra qui manque de sens et dans une mise en scène qui renforce tout ceci, les chanteurs peinent à incarner leurs personnages.
Englués? :DD
Au contraire, ils se fondent à mon sens très bien dans leurs personnages.
Thomas Hampson dans le rôle titre est celui qui s'en sort le mieux scéniquement : il a le physique et l'investissement sur scène nécessaire au rôle, mais en même temps ce n'est pas le personnage le plus difficile à incarner.
Quand même, il faut la stature, la noblesse... et ce renoncement final... sa prestation est au contraire je trouve superbe parce que très nuancée. Le final face à Lancelot par exemple montre superbement tout le dilemme qui le déchire.
Sophie Koch peine à trouver le ton juste pour représenter une Genièvre bien loin de la grandeur d'une reine qui fait rêver tous les chevaliers par sa beauté, réduite à une sorte de midinette excitée, qui tente de tenter Lancelot pour le faire renoncer à son serment de chevalerie, comme Elsa forçait finalement Lohengrin à révéler son nom. Il faudrait qu'on comprenne l'amour fou de ces deux-là, le fait que la grandeur de cet amour (plutôt chaste quoiqu'irrépressible) fera douter un Lancelot torturé qui choisira finalement le devoir.

Mais la vulgarité des scènes imposées aux deux protagonistes dans un opéra déjà faible de scénario et de dialogue, rend l'exercice impossible pour la Genièvre de Sophie Koch.
Mais justement, cette Genièvre n'est pas du tout une jeune reine noble et fière... elle est ambigüe, possessive... c'est elle la tentatrice de l'oeuvre, elle qui rattrape toujours Lancelot alors que le doute le possède... elle n'est pas chaste du tout et encore moins pure comme Elsa!
Roberto Alagna s'en sort mieux malgré ce que lui impose la mise en scène : on croit à son Lancelot torturé, anti-héros malheureux, rempli de doutes (dès son apparition) mais sa conviction est souvent mise à mal par les gestes à contre temps que lui impose la vision du metteur en scène.
Oui, il est bien là... juste un peu trop Alagnesque dans son comportement par moments : un peu trop décontracté...
Musicalement, c'est différent : Sophie Koch en grande habituée de Strauss, chante Chausson exactement comme il faut : ligne musicale impeccable, infinité de nuances, justesse des écarts acrobatiques et inhabituels de la partition, très belle voix. Hampson garde un grand pouvoir de séduction mais sa voix est fatiguée.
Totalement d'accord pour Koch.
Pour Hampson, le début est difficile, et quelques aigus le mettent en péril (l'aigu final de sa première intervention est d'ailleurs absent :?). Mais sinon il sait parfaitement construire vocalement son Arthus... impressionnant dans les deux derniers actes!
Alagna a retrouvé un beau timbre, dramatique et héroïque, très convainquant et souvent admirable, mais on sent que ce répertoire musical ne lui est pas encore tout à fait familier et il manque nettement de nuances (tout est chanté fortissimo ou presque).
Pas sûr que ce soit un manque de fréquentation de ce répertoire. On sent que chaque nuance est un peu dangereuse... le duo du I par exemple le met sur la corde raide je trouve. Mais la suite le montre vraiment impressionnant dans son doute.
Mention spéciale à Merlin, au Laboureur de Dubois et au Lyonnel de Barbeyrac, l'un et l'autre déjà plus familiers du répertoire Strauss ce qui s'entend dans leurs phrasés.
C'est même presque dommage de mettre de si bons chanteurs dans de si petits rôles, mais Dubois et de Barbeyrac nous enchantent dans leurs interventions! :D
Les choeurs sont généralement assourdissants (au 20ème rang quand même !!!) et je me suis dit que j'allais lire la partition pour savoir si cet excès général de décibels était indispensable.
Décibels oui... mais par contre ils auraient été un peu moins brouillons, ça aurait été largement mieux...
En conclusion : une découverte, un peu décevante.
A ré-écouter à mon avis... cette oeuvre est passionnante! Si je m'étais arrêté à ma première écoute de Parsifal, Tristan, Ariane et Barbe-Bleue ou L'Etranger, je n'aurais jamais entendu toutes les finesses de la partition. Il faut aussi donner une chance à l'oeuvre de Chausson de se déployer dans nos oreilles...
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Re: Chausson - Le Roi Arthus - Jordan/Vick - ONP - 05-06/201

Message par PlacidoCarrerotti » 29 mai 2015, 09:33

J’étais également à la représentation d’hier et j’en suis sorti avec des sentiments mitigés qui correspondent grosso modo à ce qui a déjà été dit plus haut.
Ça commence très fort, avec une belle ouverture, superbement interprétée, un orchestre magnifique … et puis durant tout le premier acte, les choses se gâtent (sauf pour les interludes musicaux) car il n’y a aucune symbiose avec les chanteurs. D’un côté, Jordan fait du symphonique dans la fosse, de l’autre les chanteurs, un peu abandonnés à eux-mêmes, font ce qu’ils peuvent pour essayer de franchir un énorme mur de son … Pas de tension, un ennui total pour moi.
Les chose s’améliorent un peu aux actes suivants, mais pour moi ça se confirme à chaque fois, Jordan n’est pas un chef de théâtre (et certainement beaucoup moins que son père !).
Alagna : de belles notes, une superbe projection, une diction impeccable, mais du relâchement dans le phrasé (« GeniAIVREEUH ») et pas mal de monotonie dans les couleurs (déjà que la ligne vocale que lui a écrite Chausson est un peu monotone …). Des séquences où il chante trop haut (dans le duo de l’acte I il part en vrille grave). A ces réserves près, une très belle performance.
Koch : je n’ai pas compris un traitre mot de ce qu’elle chantait. Quand on suit avec les sous-titres, il est rare que l’émission et la couleur correspondent au texte (à part quand elle est en colère où c’est facile puisqu’elle crie). Je ne sais pas comment elle va faire Sélika …
Démarrage un peu lent de Hampson. Je ne connais pas assez la partition pour savoir les aigus qu’il n’a pas faits, mais il en a donné au moins deux hier soir (faut dire qu’il y avait la télé). Au fur et à mesure, Hampson monte en puissance et malgré l’âge, il reste d’une exceptionnelle musicalité et intelligence.
Belles contributions de Sindhom et Barbeyrac.
Comme il faut donner sa chance au produit, j’y retournerai la semaine prochaine, au parterre cette fois et non plus au 2ème balcon.
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Message par HELENE ADAM » 29 mai 2015, 10:20

Polyeucte a écrit :


A ré-écouter à mon avis... cette oeuvre est passionnante! Si je m'étais arrêté à ma première écoute de Parsifal, Tristan, Ariane et Barbe-Bleue ou L'Etranger, je n'aurais jamais entendu toutes les finesses de la partition. Il faut aussi donner une chance à l'oeuvre de Chausson de se déployer dans nos oreilles...
Passionnante : musicalement oui, pour le reste non, à mon avis.
Dès la première écoute j'ai été captivée par Parsifal, Tristan et Barbe-Bleue.
Je ne suis pas sûre de réessayer une deuxième fois...
Le public était visiblement assez décontenancé et très peu réceptif. Pas un applaudissement en cours d'opéra, remerciements chaleureux aux artistes à la fin mais aucune réaction en cours de route.
Lui : Que sous mes pieds se déchire la terre ! que sur mon front éclate le tonnerre, je t'aime, Élisabeth ! Le monde est oublié !
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Message par Polyeucte » 29 mai 2015, 10:27

HELENE ADAM a écrit :Passionnante : musicalement oui, pour le reste non, à mon avis.
:|
Dès la première écoute j'ai été captivée par Parsifal, Tristan et Barbe-Bleue.
Je ne suis pas sûre de réessayer une deuxième fois...
Dommage alors pour Arthus...
Le public était visiblement assez décontenancé et très peu réceptif. Pas un applaudissement en cours d'opéra, remerciements chaleureux aux artistes à la fin mais aucune réaction en cours de route.
Encore heureux qu'il n'y ait pas eu d'applaudissements pendant l'opéra! 8O L'oeuvre ne ménage pas de temps d'arrêt même après les instants de bravoure! Au contraire, cette tenue me fait penser que le public était assez bien ancré dans l'oeuvre.
Par contre, aucun silence à la fin :roll:
C'est justement si on avait eu des applaudissement après les airs ou duos qu'il aurait fallu se poser des questions!
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Message par HELENE ADAM » 29 mai 2015, 10:42

Polyeucte a écrit :
HELENE ADAM a écrit :Passionnante : musicalement oui, pour le reste non, à mon avis.
:|
Dès la première écoute j'ai été captivée par Parsifal, Tristan et Barbe-Bleue.
Je ne suis pas sûre de réessayer une deuxième fois...
Dommage alors pour Arthus...
Le public était visiblement assez décontenancé et très peu réceptif. Pas un applaudissement en cours d'opéra, remerciements chaleureux aux artistes à la fin mais aucune réaction en cours de route.
Encore heureux qu'il n'y ait pas eu d'applaudissements pendant l'opéra! 8O L'oeuvre ne ménage pas de temps d'arrêt même après les instants de bravoure! Au contraire, cette tenue me fait penser que le public était assez bien ancré dans l'oeuvre.
Par contre, aucun silence à la fin :roll:
C'est justement si on avait eu des applaudissement après les airs ou duos qu'il aurait fallu se poser des questions!
OK, mais même sans applaudissements intempestifs (qui ne se font pas pour ce genre d'opéra), il y a des mouvements et attitudes du public qui montrent (ou non) qu'il retient son souffle, qu'il vibre à l'unisson, qu'il est impressionné, transporté, qu'il "décolle"... ou non :cry: ; je le regrette d'ailleurs mais au parterre, une partie du public est même partie dès le baisser de rideau... il n'était que 11 heures, j'ai vu des standing ovations à minuit passées à la Bastille, ce n'était pas du tout l'ambiance... ce qui ne prouve rien par ailleurs (le public peut avoir mauvais goût LOL) mais m'a frappée tout simplement parce que j'étais (nous étions) dans le même état d'esprit. :cry:
Lui : Que sous mes pieds se déchire la terre ! que sur mon front éclate le tonnerre, je t'aime, Élisabeth ! Le monde est oublié !
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Message par Polyeucte » 29 mai 2015, 10:48

HELENE ADAM a écrit :OK, mais même sans applaudissements intempestifs (qui ne se font pas pour ce genre d'opéra), il y a des mouvements et attitudes du public qui montrent (ou non) qu'il retient son souffle, qu'il vibre à l'unisson, qu'il est impressionné, transporté, qu'il "décolle"... ou non :cry: ; je le regrette d'ailleurs mais au parterre, une partie du public est même partie dès le baisser de rideau... il n'était que 11 heures, j'ai vu des standing ovations à minuit passées à la Bastille, ce n'était pas du tout l'ambiance... ce qui ne prouve rien par ailleurs (le public peut avoir mauvais goût LOL) mais m'a frappée tout simplement parce que j'étais (nous étions) dans le même état d'esprit. :cry:
Moi j'étais sur mon petit nuage... et j'avais l'impression que beaucoup partageaient mon opinion au second balcon... et justement j'ai trouvé que l'ovation était très belle vu l'heure (il était plus de 23h...)
Et l'ovation réservée à Jordan montre bien que ce n'était pas que la prestation des chanteurs qui était saluée, mais aussi l'orchestre et donc l’œuvre par ricoché.

Pas un immense triomphe, mais en même temps, pour les œuvres rares, c'est jamais le cas à Bastille :? (Mathis, Le Roi Roger, Francesca da Rimini,...)
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Message par HELENE ADAM » 29 mai 2015, 11:32

En fait je viens de relire la critique (si bien tournée) de Emmanuelle (EdB), après avoir vu ce Roi Arthus. Pour l'essentiel, je m'y retrouve...
NB : la représentation était filmée hier soir.
Lui : Que sous mes pieds se déchire la terre ! que sur mon front éclate le tonnerre, je t'aime, Élisabeth ! Le monde est oublié !
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Message par MariaStuarda » 29 mai 2015, 13:52

Moi j'ai passé hier une excellente soirée.
je ne reviens pas sur tout ce qui a été dit. Vocalement, j'ai trouvé le couple Koch - Alagna formidable, avec une réserve sur la prononciation française de la première.
je ne suis malheureusement pas plus sensible à la voix de Hampson que je ne l'ai jamais été.
direction de Jordan magnifique, comme d'habitude.
Et franchement, même je ne qualifierais pas la mise en scène de belle, elle a au moins une qualité, c'est de coller parfaitement à l'action, d'y faire passer la tension nécessaire sans compter une direction d'acteur parfaite. Pas de quoi rejoindre la bronca générale que j'ai pu lire (à peu près) partout.

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Message par PlacidoCarrerotti » 29 mai 2015, 15:42

Reprise à la rentrée.

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