Tristan et Isolde - Bastille - représentation 12/04/05 (III)

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Message par philopera » 13 avr. 2005, 07:26

Kat a écrit : mais je trouve qu'elle reste en accord avec la musique et le texte.
.
Pas d'accord Kat ! relis la traduction de " ich bin's,ich bin's" au III et explique moi ce que faisait Meier plantée devant le public comme en récital... je l'ai déjà dit mais je trouve ça ...inepte !
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( Eric Dahan Libération 25/06/2005)

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Message par Kat » 13 avr. 2005, 08:15

Peut-être qu'elle sait/pressent déjà que Tristan est mort et qu'elle est ailleurs, comme pour la Liebestod ?
Kat (qui un peu de mal à connecter ses neuronnes).
PS OOOHHH ! je suis ténor ! ça fait quand même bizarre :lol: ...

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David
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Message par David » 13 avr. 2005, 08:26

Je ne rajouterai pas grand chose : soirée effectivement superbe et mémorable.
Comme Philopéra j'ai toutefois trouvé que le 3ème n'étais peut-être pas à la hauteur des 2 premiers, que ce soit les vidéos de Viola ou les chanteurs eux-mêmes (petite déception quant à la performance de Meier dans la célébrississime Liebestod).
J'ai ressenti à la fin du 1er acte une de mes plus forte émotions à Bastille (je précise que j'étais placé au 2ème balcon, ce qui a une certaine importance à ce moment de la représentation).
Les vidéos de Viola vont du banal ( plusieurs moment du III) au sublime (lever de soleil du II). Quant à parler "d'art total" - et malgré mon enthousiasme sur cette production - je reste tout de même un peu sceptique car les aspects purement théâtraux sont quand même phagocytés par la vidéo même si Sellars fait plutôt bien son travail (belle direction d'acteur au II, je reste plus réservé sur le III et notamment le hiératisme de Isolde jusqu'à la fin : c'est une mort d'amour stoïque!!). Ce dispositif fonctionne mieux que pour "El Nino" de Adams qui partait du même principe (écran pour décor avec acteurs à l'avant scène, le tout dirigé par Sellars) et qui fonctionnait mieux en DVD que sur scène (un comble!).
Malgré le succès de ce Tristan, J'espère donc que les "vidéastes" ne deviendront pas les nouveaux "metteurs en scène" à l'Opéra.

Je ne suis pas un habitué des premières. Je ne sais si la relative violence des réactions du public est habituelle à l'ONP, ni si certaines personnes huent par habitude plus par conviction (ou ils utilisent les premières comme une séance de psychothérapie collective...).
Comme Tuano, je fait parti de ceux qui ont hurlé Bravo au 2ème balcon!
On peut-être tout à fait insensible à l'univers développé par Viola mais, on ne peut nier un véritable travail de création, ce qui n'est pas si courant et ce qui devrait être respecté.
Un dernier mot sur Salonen : j'ai adoré cette direction lente, puissante et sensuelle : rarement l'orchestre a atteint ce niveau d'excellence (les cors, périlleusement sollicités et superbes de bout en bout!).

C'était une pierre de touche de la première saison de Mortier à l'ONP : pari gagné me semble-t-il!

David

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Message par JdeB » 13 avr. 2005, 08:53

Ariadne a écrit : Viola a déclaré qu'il pouvait très bien comprendre que l'on soit gêné par ces images, et donc qu'on ferme les yeux. Bien sûr! Et tant pis si on ne voit pas ces chanteurs extraordinaires! Viola explique aussi qu'il a très tôt écarté la partition, pour s'intéresser uniquement au livret. Sellars lui s'est imprégné de la musique..."P. Sellars et B. Viola cultivent l'indépendance réciproque"(Les Inrockuptibles) . Heureusement pour Gégé, il y a les médias ( Marie-Aude a même , contrairement à tous les usages, commis une critique de générale), et la peur de paraître ringard, qui assureront un franc succès à ce tandem boîteux.Les chanteurs, on en parlera peut-être une autre fois...
En effet, Peter Sellars nous a dit hier soir que Viola "avait fermé la porte et puis, quelques mois après avoir plongé très profondément en lui et trouvé des images extraordinaires, il est revenu avec 5 heures de vidéo incroyables!"

Deux erreurs dans le papier de MAR: ce Tristan n'est pas la première production de Peter Sellars à la Bastille. C'est la création mondiale de Saint François qui a eu lieu à Garnier. La production de Sellars a été redonnée à Bastille en décembre 1992 après sa création à Salzbourg l'été précédent.

Jérôme, sous le choc.

PS Je trouve assez fascinant de croiser aux alentours de 3 heures du matin, B. Heppner et W. Meier qui après 5 heures de don d'eux-mêmes (et à quel niveau !) et un long coktail dans une ambiance assourdissante sortent frais et guillerets comme des gardons.
C'était le vingtième anniversaire des débuts de W. Meier à l'Opéra de Paris comme elle s'en est souvenue lorsque je lui ai tendu une photo de ce Trsitan de Hampe de 1985 à Garnier.

28 janvier, 1, 5, 9, 13, 16, 23, 26 février 1985
Tristan und Isolde
M. Janowski / M. Hampe
R. Kollo / W. Johns, U. Vinzing / G. Jones, K. Moll / S. Vogel, S. Nimsgern / H. Welker, N. Denize / W. Meier

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Message par Remigio » 13 avr. 2005, 09:19

Mémorable soirée à Bastille hier soir : un régal incomparable pour les oreilles ( je ne soupçonnais pas que l'orchestre de l'ONP puisse se révéler tour à tour aussi brillant, chatoyant, magistral ! ) : pour les yeux, c'est davantage comme ci comme ça : parfois c'est superbe ( le lever de soleil, l'acte III dans son ensemble ), mais le reste du temps c'est soit franchement neuneu ( aaahh, le couple de jeunes mariés qui prend son petit bain de mer tout habillé * ), tantôt lourdingue ( philtre d'amour = purification = re-naissance de soi ), tantôt longuet ( la douche, OK, mais au bout de 5mn, on a légitimement envie de passer à autre chose** ). Plus globalement, on a parfois l'impression que la vidéo se substitue au livret ( d'accord, il se passe pas grand chose pendant 5 heures, mais c'est pas parce que j'ai payé ma place deux fois le tarif normal que j'ai forcément envie de voir deux spectacles en un ! ).

A présent, ce n'était quand même pas assez mauvais pour justifier ces huées indignes qu'on a pu entendre... Je me suis même surpris à applaudir, c'est pour dire !

R.

* : ma femme aurait fait ça pour notre mariage, je l'aurais tué... une robe à *** ? !!!
** : bon d'accord, pendant ce temps là, on peut mater les deux comédiens à poil, mais bon...
"Qu'on parle de vous, c'est affreux. Mais il y a pire : c'est qu'on n'en parle pas !" Oscar Wilde

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Message par tuano » 13 avr. 2005, 09:35

Je crois qu'il faut garder à l'esprit que, malgré les théories de Wagner sur l'art total, il est impossible de mettre en scène Tristan et Isolde de manière totalement satisfaisante. Le spectateur doit donc se laisser porter par la production et en accepter les faiblesses, sachant que Richard Wagner n'a pas permis dans son livret qu'une représentation scénique atteigne le niveau d'excellence de sa partition.

On peut ne pas être captivé par certaines images vidéos. A des moments du duo d'amour, j'ai fermé les yeux pour mieux écouter la musique, sachant que Peter Sellars ne proposait généralement pas grand chose à voir non plus (ce n'est pas un reproche). Ce duo me semble impossible à montrer visuellement de toute façon.

Je continue à être étonné des éloges sur l'orchestre et le chef, comme si ça n'avait jamais été joué comme ça à Bastille. Je garde un bien meilleur souvenir de la direction de James Conlon !

Il y avait visiblement beaucoup d'ODBiens hier soir, je n'en ai croisé que 4 ou 5.

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Message par philopera » 13 avr. 2005, 09:47

David a écrit :, je reste plus réservé sur le III et notamment le hiératisme de Isolde jusqu'à la fin : c'est une mort d'amour stoïque!!).
David
Il y a en effet un contraste saisissant entre Kurwenal se trainant jusqu'au corps de Tristan et Marke prenant sa tête entre ses mains et Isolde au premier plan completement abstraite de l'action. Passé ma déception "émotive" sur cette mise en scène du III il faudrait peut être que j'y reflechisse plus , que je "l'intellectualise"... Comme dit Kat cela veut peut être dire qu'Isolde est déjà ailleurs avec Tristan...Globalement le contact entre les corps est réduit au minimum entre Tristan et Isolde (ils se donnent juste la main pendant le duo du II) et beaucoup plus sensuel entre les hommes ( Marke/Tristan,Kurwenal/Tristan)... encore une forme d'abstraction, rehausssé par les images de nudité crue projettées par Viola completement anti-sensuelles et anti-érotiques. Heureusement que la musique est d'une sensualité incroyable pour laisser penser que Tristan et Isolde se sont embrassés et caressés durant leur amour "terrestre"!
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Message par tuano » 13 avr. 2005, 09:52

Heureusement que Viola n'a pas projeté de film érotique pendant la représentation !

A propos des contacts entre hommes... Est-ce que Marke embrasse longuement Tristan vers le début de son monologue ? Je ne savais pas s'il l'embrassait sur la bouche ou s'il posait son front contre le sien. Du dernier rang du second balcon, je ne suis pas sûr d'avoir bien vu.

Une remarque : à l'acte III, Brangäne ne rentre pas sur scène du même côté que le Roi Marke. C'est très Wieland Wagner, non ?

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Message par Friedmund » 13 avr. 2005, 10:19

Au bout du compte que se passe t'il théatralement dans Tristan? Pas grand chose, et justement ce hiératisme des corps (la scène) associée à ces passions de l'âme (la vidéo) est jsutement ce que j'ai trouvé de profondément émouvant et satisfaisant dans cette mise en scène. Echo idéal à l'onirisme Tristaneque.

Par ailleurs toute la scène de Marke et la fin de l'acte II, m'est apparue très réussie théatralement (la douleur conjointe Marke-Tristan, les gestes d'Isolde - je n'en dis pas plus - lors du suicide de Tristan)... et j'étais sans voix à la fin de l'acte.

Quant aux 'mises en espace' du II, que ce soit les appels de Brangane ou les apparitions de Melot-Marke, elles resteront comme des images fortes du spectacle, sans que je puisse vraiment dire pourquoi. Je crois que ce spectacle a une magie sui generis, les images jouant sur nos représentations quasiment à notre insu.

Pour la Liebestod, oui, bien sûr Isolde n'est déjà plus de ce monde, et je n'avais jamais imaginé quoi qu'il en soit, et quelle qu'ait pu être la mise en scène, une Isolde 'jouant' sa mort.

Cette production de Tristan amène à se laisser porter par la magie du moment et de nos émotions.

PS: Tuano, tu regrettes vraiment ce grand tapageur de Conlon??? Ou était-ce ironique?

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Message par tuano » 13 avr. 2005, 10:26

Ce n'est pas du tout ironique. Il me semble que tout le monde avait salué la direction de James Conlon à l'époque (pas si éloignée). Je l'ai trouvée plus magique que celle de Salonen et surtout beaucoup moins sonore. Je ne vois pas pourquoi tu qualifies Conlon de "grand tapageur", surtout comparé à Salonen !

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