Récital M.Erdmann/M.Martineau - Strasbourg - 04/01/2014

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Piero1809
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Récital M.Erdmann/M.Martineau - Strasbourg - 04/01/2014

Message par Piero1809 » 07 janv. 2014, 09:26

Récital
Mojca Erdmann soprano
Malcolm Martineau piano

Richard STRAUSS (1864-1949) Die Verschwiegenen
Wolfgang MOZART (1756-1791) Veilchen
Richard STRAUSS Ich wollt ein Sträusslein binden
Franz SCHUBERT (1797-1828) Heideröslein
Richard STRAUSS Die Zeitlose
Robert SCHUMANN (1810 – 1856) Der schwere Abend (aus op. 90)
Richard STRAUSS drei Lieder der Ophelia
Wie erkenn ich mein Treulieb
Guten Morgen, s’ist St.Valentinstag .
Sie trugen ihn auf der Bahre bloss

Wolfgang RIHM (né en 1952) Ophelia sings

Aribert REIMANN (né en 1936) Helena
Richard STRAUSS Die Nacht
Robert SCHUMANN Requiem (op.90)
Richard STRAUSS Allerseelen
Franz SCHUBERT Litanei
Richard STRAUSS Ich schwebe
Felix MENDELSSOHN (1809-1847) Auf Flügeln des Gesanges
Richard STRAUSS Der Stern
Aribert REIMANN Kluge Sterne

Strasbourg Opéra, le 4 janvier 2014.

Curieux programme que celui choisi par Mojca Erdmann et son complice Malcolm Martineau, il fait certes la part belle au romantisme allemand et tout particulièrement à Richard Strauss, mais que viennent faire ici Wolfgang Rihm et Aribert Reimann, deux musiciens contemporains ? C'est oublier que Mojca Erdmann, fraichement issue de prestigieuses études musicales et mozartienne passionnée, a également une belle expérience de la musique du 20ème siècle après avoir été invitée à chanter le rôle d'Ariana pour la création de Dionysos de Wolfgang Rihm, celui du rôle titre dans la Proserpina du même auteur, pour avoir chanté le rôle titre de Lulu d'Alban Berg au Staatsoper de Berlin et pour s'être produit dans Les Illuminations de Britten...

Les fleurs avaient la part belle puisqu'une dizaine de poésies leur étaient consacrées notamment Das Veilchen, émouvante dans sa simplicité, de Wolfgang Mozart et la délicieuse Heideröslein de Franz Schubert. De ce même compositeur la Litanei auf das Fest Aller Seelen jouait sur un registre bien différent et on ne peut qu'admirer comment le merveilleux musicien arrive à rendre bouleversants des vers un peu convenus et grandiloquents, à mon humble avis.
Richard Strauss était âgé de 21 ans quand il composa sa série de 6 Lieder opus 10. Ces pièces très courtes nous montrent un compositeur capable d'exprimer en quelques notes de musique des sentiments profonds et intenses, notamment dans le prodigieux Die Nacht. Oeuvre de la maturité (1918) d'une grande profondeur, Ich wollt ein Strausslein binden, manifeste une volonté d'élaboration thématique comme le montre ce motif chromatique sinueux circulant constamment entre la voix et le piano. Les trois Lieder d'Ophélie (1918) contrastent vivement avec tout ce qui précède car ce sont parmi les musiques les plus audacieuses de Richard Strauss notamment Wie erkenn ich mein Treulieb où la tonalité (ré mineur ?) s'estompe totalement en raison du chromatisme exacerbé des phrases musicales. Strauss aurait-il eu connaissance du Pierrot Lunaire de Schönberg (1912) ? Par contre, dans Sie trugen ihn auf der Bahre bloss, la plus émouvante et dramatique des trois, la tonalité mi bémol mineur reprend ses droits. La transition était idéale aux plans musical et poétique pour aborder les trois mélodies Ophelia sings de Wolfgang Rihm sur les mêmes poèmes de Shakespeare que ceux mis en musique par Richard Strauss mais chanté cette fois en anglais. L'éclairage essentiellement humoristique chez Rihm est toutefois bien différent de celui dramatique de Strauss, comme le montrent ces répliques données par le pianiste à la chanteuse en parlé-chanté!
Helena et Der Stern d'Aribert Reimann, tous deux sur des poèmes de Heinrich Heine sont écrits pour voix seule (sans accompagnement de piano) et illustrent les aspects fantastiques du texte par des vocalises (Helena) et des intervalles musicaux (Der Stern) impressionnants.

Dans ce programme très varié, la maîtrise et l'expérience de Malcolm Martineau ont fait merveille. Il est évidemment rassurant pour un chanteur d'avoir un accompagnateur pareil. Dans de nombreuses mélodies ( Ich wollt ein Strausslein binden) la partie de piano est thématiquement aussi importante que la ligne vocale et c'est dans ce cas le pianiste qui mène les débats. Les conclusions que Martineau donne à chaque Lied, sont admirables de concentration et de profondeur, trait qui témoigne de son immense talent.
Visiblement très émue en entrant sur scène, Mojca Erdmann, trouva vite ses marques et avec Richard Strauss put donner pleine mesure de son talent, et son impressionnante technique vocale. La ligne de chant est claire et pure avec un legato sans aspérités. L'artiste hambourgeoise fait preuve également de sensibilité et de finesse dans la partie romantique du programme. Elle m'a aussi impressionné dans Aribert Reimann où elle chantait sans accompagnement avec justesse et précision des vocalises et des intervalles redoutables. C'est avec la plus grande facilité qu'elle lance un mi bémol 5 dans Der Stern !
Trois bis vinrent satisfaire les applaudissements nourris de l'assistance. Complètement libérée la chanteuse gratifia le public d'un admirable Abendemfindung an Laura K 523 où elle fit briller ses éminentes qualités vocales et donna la preuve de son expérience et de sa sensibilité dans l'interprétation de Mozart. C'est aussi une brillante Ständchen de Richard Strauss qui vint couronner cette soirée et Mojca Erdmann put éblouir l'assistance par ses vocalises aériennes tandis que Malcolm Martineau s'adonnait à une pyrotechnie d'arpèges dans le suraigu de son piano !

Très belle soirée en résumé où la musique fut glorifiée par des interprètes exceptionnels.

Pierre Benveniste

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Re: Récital M.Erdmann/M.Martineau - Strasbourg - 04/01/2014

Message par Isotta » 07 janv. 2014, 14:49

des vocalises dans Standchen de Strauss ? :?

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Piero1809
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Re: Récital M.Erdmann/M.Martineau - Strasbourg - 04/01/2014

Message par Piero1809 » 07 janv. 2014, 19:57

Isotta a écrit :des vocalises dans Standchen de Strauss ? :?
Je viens de réécouter Ständchen chanté par Arleen Auger et effectivement, il n'y a pas de vocalises. Ces petites notes cristallines émises dans le registre suraigu par Mojca Erdmann m'ont induit en erreur.
La chanteuse a eu suffisamment l'occasion de vocaliser dans Reimann!
Bonne soirée.

Isotta
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Re: Récital M.Erdmann/M.Martineau - Strasbourg - 04/01/2014

Message par Isotta » 09 janv. 2014, 12:25

je m'excuse mais il n'y a pas de suraigu non plus, une seule fois la dièze sous le contre-ut

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Piero1809
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Re: Récital M.Erdmann/M.Martineau - Strasbourg - 04/01/2014

Message par Piero1809 » 09 janv. 2014, 21:54

Ne vous excusez pas! J'admets volontiers que le la# au dessus de la portée n'est pas un suraigu.

Toutefois l'intention du compositeur est bien de créer une ambiance éthérée en alliant le registre le plus aigu du piano (ou de l'orchestre) avec une voix légère de soprano. L'essentiel est que Mojca Erdmann (comme d'ailleurs la regrettée Arleen Auger quelques années auparavant) ont parfaitement rendu cette atmosphère.
Très bonne soirée
Piero

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