Wagner - Die Walküre - Jordan/Krämer - ONP - 02-03/2013

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Re: Wagner - Die Walküre - Jordan/Krämer - ONP - 02-03/2013

Message par faustin » 10 mars 2013, 10:57

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Puisque la série va s’achever aujourd’hui même, en attendant la reprise complète du Ring en juin, je voudrais revenir sur cette version mise à jour de la mise en scène de Günter Krämer de la Walkyrie.

En 2010, la première mouture de cette mise en scène avait été, et c’est peu dire, très mal reçue, rejetée avec une grande virulence par la critique, en particulier Gilles Macassar qui avait eu des formules moqueuses et Renaud Machart qui avait eu des formules particulièrement expéditives : « une seule chose à dire : nein ». Sur ce forum, cette mise en scène avait trouvé des partisans et le débat fut vif et bien nourri. Globalement, le public n’a pas aimé du tout. Personnellement, j’étais partagé, j’estimais qu’il y avait du bon et du moins bon.

Günter Krämer expliquait dans un français qu’il avait du mal à faire sortir de sa bouche qu’il avait voulu « déconstruire le Ring ». Dans ces conditions, il fallait s’attendre à quelques fantaisies. Il expliquait qu’il subsistait dans les mémoires allemandes un souvenir si traumatisant de la compromission de la mouvance wagnérienne avec le nazisme que pour les metteurs allemands de notre époque, c’était comme une obligation de faire de l’antinazisme, d’où le GERMANIA qui se transforme en cours de route, sous l’effet de la fureur de Wotan en MANIA.

Günter Krämer, comme il l’avait promis a remis son ouvrage sur le métier, il a dû se dire, ces Franzosen, ils n’ont vraiment pas l’esprit très large, avec eux il ne faut pas aller trop loin dans l’audace et la déconstruction.

La nouvelle version a été beaucoup moins commentée, il ne faut pas s’en étonner, c’est ce qu’on observe généralement lors d’une reprise. Le spectacle devenait largement plus consensuel. Les nouveaux commentaires sur la mise en scène mitigés admettaient qu’il y avait du mieux.

Tel n’est pas du tout mon point de vue. J’estime que dans la version 2013, Günter Krämer s’est en partie renié, et qu’il a eu tort de le faire.

Dans la version 2010, la maison de Hunding sur laquelle une violente pluie d’orage ruisselait était une belle chose. Dans la version 2013, cette maison n’existe plus, elle est remplacée par un simple mur de briques. Il y a une déperdition.

Dans la version 2010, au moment où apparaît à la fois le printemps et l’amour entre Siegmund et Sieglinde, on voyait la fenêtre de la maison s’ouvrir et on voyait surgir un immense disque qui n’était pas le soleil, comme on pouvait le croire mais la lune. L’effet était splendide, dans la version 2013, la lune apparaît mais à la faveur d’un nouveau décor, c’est moins fort.

Rappelez-vous le tout début de l’acte II, ce bref moment où la joie et la concorde règnent au Walhalla. Les Walkyries s’amusaient à s’envoyer des pommes, c’était charmant, très gai. Cela a été supprimé.

La scène de remise sur pied des guerriers tombés au combat, en lieu et place de la chevauchée des Walkyrie, scène surprenante, gore et burlesque, à mon avis très réussie, a heureusement été gardée, mais en un peu moins bien. Il n’y a plus le voile transparent qui séparait la salle de récupération et les soldats robotisés de Wotan, qui, en une poignée de secondes habillés, équipés et formés à leur nouvelle tâche, vont prendre leur place dans le bataillon et accomplir leur danse. Dans la version 2010, quand Wotan arrivait, ils détalaient comme des lapins. Dans la version 2013, ils se mettent sagement en V autour de leur chef dont ils forment la garde prétorienne.

Mon principal regret, c’est que Günter Krämer ait renoncé à la version antérieure de l’endormissement de Brünnhilde, scène finale de l’opéra. Souvenez-vous. Apparaissait un paysage rougeoyant, désolé, calciné, tout le monde était là, debout, immobile pour assister à un endormissement qui prenait de allures de funérailles nationales. Tous semblaient accuser Wotan. Et ce paysage avait une dimension de paysage intérieur, pour Wotan, pour tous les participants. C’était une préfiguration de la catastrophe finale.

Un défaut qui n’a malheureusement pas été corrigé est cette incompréhensible absence d’arbre au premier acte. Dans toutes les photos de mise en scène que je vois dans l’avant-scène opéra, aucun metteur en scène n’a pensé évacuer cet élément fondamental, ô combien signifiant, ô combien symbolique et qui revient plusieurs fois dans le Ring. L’arbre, c’est la nature, l’arbre, c’est la vie végétale, qui se déploie dans un autre temps que celui des hommes.

Un des principaux reproches que je faisais en 2010 à la mise en scène était la façon avec laquelle Günter Krämer avait traité la Todesverkündigung, scène capitale, par le texte et par la musique, sommet de l’œuvre, scène au cours de laquelle tout bascule, scène au cours de laquelle Brünnhilde cesse de se conduire en petite fille soumise et prend la décision de désobéir à son père qui lui a ordonné d’être complice de l’assassinat de son fils. C’est le moment crucial où la liberté apparaît dans le monde des dieux.

J’avais trouvé insupportable, absurde, condamnable que quand Brünnhilde annonce à Siegmund, qu’elle aime, qu’il va mourir, elle fasse joujou avec des pommes. C’est totalement invraisemblable, j’y ai vu un contre-sens majeur.

Dans la version actuelle ce n’est pas très bon. Quand Brünnhilde s’adresse à Siegmund, celui-ci est couché, ce qui pourrait suggérer que l’apparition de Brünnhilde est un songe. Ce n’est pas bon car ce que Brünnhilde est si grave qu’on doit supposer qu’elle ne dira pas ce qu’elle a à lui dire s’il n’est pas sorti de son sommeil et debout prêt à l’entendre.

Brünnhilde fait moins joujou avec ses pommes, elle le fait encore un peu, mais les autres walkyries prennent le relais, elle interviennent pour dessiner un cercle avec ces pommes. Mais que viennent faire les autres walkyries dans ce lieu à ce moment ? Pourquoi diable Brünnhilde admet-elle que ses sœurs soient présentes dans ce colloque singulier?

La Todesverkündigung, si grave dans sa tonalité, si riche dans son contenu, devrait en tout état de cause être traitée avec le maximum de sobriété et sans fioriture aucune.

On n’a à ma connaissance pas relevé que cette mise en scène est sombre dans l’ensemble, qu’elle obéit à un code couleur noir et blanc assez strict, font exception des teintes bleutées, les pommes jaunes et bien entendu l’immense robe rouge de Fricka, et aussi le feu qui fait rougeoyer le décor dans la scène finale.

Ces réserves faites, cette Walkyrie Jordan/Krämer est un spectacle magnifique, de grande qualité, qui m’a fait avancer de manière décisive dans la connaissance de cette œuvre géniale entre toutes, et qui m’a mis dans un état de jubilation dont vous ne pouvez pas avoir idée.

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Re: Wagner - Die Walküre - Jordan/Krämer - ONP - 02-03/2013

Message par jmc » 11 mars 2013, 08:19

Grande déception pour moi que cette Walkyrie :cry: .
Un plateau trop souvent vide, un Siegmund si froussard brandissant son épée dans le vide à l'alentour, qu'il ne ferait peur qu'a lui même.
Au premier acte seul le "Wälse ! Wälse !" (de la troisième scène) me sort de la torpeur.
Au troisième acte une Walkyrie souffrante est affublée de sa doublure.
L'esthétique est tellement différente de celle de l'or du Rhin qu'il ne faut surement pas chercher de cohérence d'ensemble.
Je n'ai pas non plus trouvé la passion :tomato: si attendue car tant louée dans ces 3 h 45 de musique.
:cold: Peut-être mieux pour les deux prochains épisodes.

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Re: Wagner - Die Walküre - Jordan/Krämer - ONP - 02-03/2013

Message par Snobinart » 11 mars 2013, 09:55

Mauvaise, en effet, cette dernière. Ambiance dernier jour d'école avec un orchestre et des chanteurs relâchés, fatigués pour la plupart.

Le gros problème c'est Jordan. Il m'avait semblé plus "théâtral" il y a 2 semaines, retour en arrière dans ces vieux travers mollasson-je-fais-du-beau-son-mais-pour-le-theatre-voyez-avec-quelqu'un-d'autre avec en sus une incapacité à tenir sa battue (la Chevauché en yoyo rythmique Forte = rapide decrescendo = ralentissement : on se serait cru à l'école de musique!)

J'ai aussi pu constater cet effet ténorisant du 2nd balcon. Mellor inaudible à 60% (et le reste à l'avenant), Skelton beaucoup moins convaincant (Tristan va demander un peu plus de grave)...
Celle qui s'en sort c'est Koch, beaucoup plus à l'aise qu'il y a 2 semaines.

J'ai cédé mes places pour Siegfried et le Crépuscule à des amis. Je ne sais pas si je tenterai en last minute.

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Re: Wagner - Die Walküre - Jordan/Krämer - ONP - 02-03/2013

Message par jmc » 11 mars 2013, 11:33

Tu me rassure Yannick :wink: .
Au milieu d'un tel marasme seule en effet Sophie Koch a eu de l'éclat :flowers: .

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Re: Wagner - Die Walküre - Jordan/Krämer - ONP - 02-03/2013

Message par faustin » 11 mars 2013, 12:31

jmc a écrit :
Un plateau trop souvent vide, un Siegmund si froussard brandissant son épée dans le vide à l'alentour, qu'il ne ferait peur qu'a lui même.
Ce n'est pas si mal vu, il a un petit côté matamore, Siegmund, en fait comme héros, il n'a pas vraiment fait ses preuves, mais on ne lui a pas donné ses chances de les faire. Il y a ça et là des touches d'ironie dans la mise en scène de Günter Krämer qui, dans un premier temps se proposait de "déconstruire le Ring", en toute simplicité.

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Re: Wagner - Die Walküre - Jordan/Krämer - ONP - 02-03/2013

Message par jmc » 11 mars 2013, 12:59

Henry, j'aurais préféré Siegmund en matador :flex: au lien d'un matamore :fear: .

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Re: Wagner - Die Walküre - Jordan/Krämer - ONP - 02-03/2013

Message par Bernard C » 11 mars 2013, 13:47

Hello ,

Je ne sais pas comment vous avez regardé cet opéra , l'un et l'autre , mais Siegmund , ni chez Wagner , ni dans cette mise en scène , n'est un matador et encore moins un matamor .

Siegmund n'attaque jamais . Il défend , et il défend dans cette mise en scène notamment d'une menace diffuse , insaisissable , et il sait que le père a décidé du destin ...même si la Walkyrie a cru pouvoir l'enrayer .

Krämer montre tout ça .
Siegmund n'a que du courage à montrer , non pas de la force , du courage , et celui ci est submergé par les puissances , notamment les angoisses de Sieglinde incarnées dans la meute de Hunding .

J'ai trouvé ce passage très bien fait : il va être prisonnier d'un cercle déjà tracé ( la métaphore est bien figurée par le cercle planifié des pommes ) et écrasé .

à cet égard j'approuve pleinement le mot de Krämer : "il ne faut pas se laisser impressionner par le grandiose histrionique de Wagner ."

La mort de Siegmund n'est pas héroïque , c'est un meurtre misérable .

Bernard
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Re: Wagner - Die Walküre - Jordan/Krämer - ONP - 02-03/2013

Message par paco » 11 mars 2013, 15:12

quetzal a écrit :
Je ne sais pas comment vous avez regardé cet opéra , l'un et l'autre , mais Siegmund , ni chez Wagner , ni dans cette mise en scène , n'est un matador et encore moins un matamor .

Siegmund n'attaque jamais . Il défend
c'est d'ailleurs ce qui permet une certaine empathie avec ce personnage, alors qu'à l'inverse il faut arriver au dernier acte de Götterdämmerung pour qu'on commence à éprouver une seconde de sympathie pour Siegfried
quetzal a écrit : La mort de Siegmund n'est pas héroïque , c'est un meurtre misérable .
oui. Mais Wagner l'a-t-il conçu comme tel ou comme la conséquence d'une décision d'un homme d'Etat (Wotan) ?

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Re: Wagner - Die Walküre - Jordan/Krämer - ONP - 02-03/2013

Message par Leporello84 » 16 mars 2013, 14:17

France Musique diffuse ce soir la représentation du 17 février 2013 de Die Walküre.

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