La Fille du régiment - Armiliato/Pelly - ONP - 10-11/2012

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PlacidoCarrerotti
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Re: le mieux aujourdhui et toujours pas content

Message par PlacidoCarrerotti » 17 oct. 2012, 13:05

faustin a écrit :
jerome a écrit :
Oui mais enfin on ne peut pas éradiquer tout ce qui a eu lieu avant! Et si le passé, parfois pas si lointain que ça, a atteint l'excellence, il est quand même bien logique de comparer et surtout de rechercher le même niveau d'excellence aujourd'hui. Si ce niveau n'est pas retrouvé, il est également assez logique de le dire!

Par ailleurs, je ne suis pas complètement d'accord pour dire que le passé est toujours insurpassable! ça dépend beaucoup des répertoires! Par exemple, il est assez évident que le répertoire baroque est infiniment mieux servi globalement aujourd'hui qu'il ne l'était il y a 40 ou 50 ans.
Mais je n'ai jamais dit cela, bien entendu. On peut comparer, on peut on doit rechercher le niveau d'excellence. Mais admettre que "c'est ce qu'il y a de mieux à l'heure actuelle" et ronchonner, j'allais dire allègrement, comme si la ronchonnerie était une seconde nature, je trouve ça un peu fort et injuste pour les respectables personnes qui ont la tâche difficile de monter des spectacles. C'est leur demander de ressusciter les morts ou de redonner leur jeunesse à Mirella Freni à Maddy Mesplé et à Sénéchal.

Je voudrais ajouter qu'il y a au moins trois illusions d'optiques.

La première, c'est que le passé, c'est des milliers de chanteurs, des milliers d'orchestres, des milliers de chefs, des milliers de propositions scéniques etc. Le présent, c'est forcément beaucoup moins. Confronter ces milliers aux quelques centaines ou dizaines qui sont actuellement sur le marché, c'est inégal.

La deuxième, c'est que ce qui reste du passé, c'est l'excellence de l'excellence. Ce qui n'en relevait pas est tout simplement oublié.

La troisième illusion d'optique, c'est qu'en vénérant le passé, on vénère en fait sa jeunesse, quand on était vaillant, en pleine forme, curieux de tout, amoureux, vierge d'émotions, beau, plein de mépris pour les générations qui nous avaient précédé, plein d'illusionc etc. etc.

C'était mieux avant, c'est quelque chose que j'ai trop entendu, c'est un discours éternel, éternellement renouvelé et c'est aussi, excusez-moi, un discours de vieux con.

Faustin
Tu n'as pas complètement tort, notamment sur la troisième "illusion" : mais ça n'empêche pas que le passé peut avoir été objectivement bien meilleur.

Dans les années 80-90, il n'y a personne qui soutenait que le Rossini sérieux était mieux chanté avant". Il n'avait simplement jamais été chanté comme ça : vieux cons et jeunes cons étaient bien d'accord.

En ce qui concerne cette reprise de la Fille, j'ai, je le répète, passé une bonne soirée, pas une soirée exceptionnelle. Et pas seulement parce que j'ai entendu Sutherland, Anderson ou Dessay-en-forme.
S'enthousiasmer excessivement sur ce spectacle, parce qu'on n'a rien vu d'autre, c'est aussi, excuse-moi, un discours de jeune con (pour reprendre ton élégante logomachie).
"Venez armé, l'endroit est désert" (GB Shaw envoyant une invitation pour l'une de ses pièces).

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CharlieBrown
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Message par CharlieBrown » 17 oct. 2012, 13:27

Le temps ne faire rien à l'affaire... ;)
Si "on" a passé une bonne soirée, c'est déjà pas mal.

J'ai entendu tant de conversations de mélomanes/journalistes parisiens qui vomissaient cette prod "si vulgaire, et en plus avec Dessay, ah faut plus y aller hein elle est finie", et ce, dès 2007 et sa création... ça, ce sont de vieux cons puants.

Placido en est bien loin, il est souvent, au contraire, rafraîchissant par ses commentaires quand même.

Je préfère la Marie de Dessay à celles de Sutherland et Anderson, malgré certaines faiblesses (je parle de celle de 2007-2008). Ce n'est pas générationnel mais en lien avec ce que j'attends du personnage. Je sais qu'à l'avenir elle restera, sauf super interprète, mon point de comparaison pour les "Filles" que je verrai dans ma vie. Je n'en serai pas plus con, mais je serai nécessairement de plus en plus vieux.
Le principe est simple : une vibration du tonnerre avec une résonance maximum...
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Re: le mieux aujourdhui et toujours pas content

Message par paco » 17 oct. 2012, 14:02

PlacidoCarrerotti a écrit :En ce qui concerne cette reprise de la Fille, j'ai, je le répète, passé une bonne soirée, pas une soirée exceptionnelle. Et pas seulement parce que j'ai entendu Sutherland, Anderson ou Dessay-en-forme.
Personnellement j'ai vu 2 fois cette production, à Londres dans les 2 cas, avec Dessay-Florez les 2 fois. C'est la 2e fois, lors de la reprise du printemps 2010, que j'ai réellement déliré pour ce spectacle, pas lors de la première série. Et j'ai d'ailleurs regretté que le DVD ait été filmé si tôt, lors de la première série, alors qu'il aurait été bien meilleur en 2010, vocalement comme théâtralement.

J'en conclus que pour que l'étincelle prenne, il faut qu'un certain esprit de décontraction s'installe parmi la troupe, qu'ils se "lachent", ce qui n'était pas possible lors de la première série, et peut-être pas ici à Bastille, qui est en sorte une "première" pour les artistes (lieu très différent de l'intime bijou londonien, public que Florez connait finalement assez peu, etc.).

Cela me fait un peu penser aux vaudevilles programmés dans les théâtres privés, ils ne sont jamais meilleurs que lors de la 300e représentation, quand ils sont complètement rodés et que les artistes peuvent commencer à donner libre cours à la fantaisie
Sans doute la représentation du 30 octobre apportera-t-elle ce petit "+" qui, à en juger par les premiers CR, manquait un peu le soir de la première

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Re: le mieux aujourdhui et toujours pas content

Message par faustin » 17 oct. 2012, 14:13

PlacidoCarrerotti a écrit :

Tu n'as pas complètement tort, notamment sur la troisième "illusion" : mais ça n'empêche pas que le passé peut avoir été objectivement bien meilleur.

En ce qui concerne cette reprise de la Fille, j'ai, je le répète, passé une bonne soirée, pas une soirée exceptionnelle. Et pas seulement parce que j'ai entendu Sutherland, Anderson ou Dessay-en-forme.
S'enthousiasmer excessivement sur ce spectacle, parce qu'on n'a rien vu d'autre, c'est aussi, excuse-moi, un discours de jeune con (pour reprendre ton élégante logomachie).


Pour ce qui est de la fille, je suis hors jeu, je ne l'ai pas vue.

N'avoir, pour Placido, pas complètement tort, c'est presque recevoir une Légion d'Honneur! À marquer d'une pierre blanche, je vais essayer d'en trouver une.

Jeune con, c'est trop tard pour moi et de toutes façons, j'ai beaucoup donné. Il ne me reste plus le choix qu'entre vieux con et vieux pas con, j'espère être dans la deuxième catégorie, bien que la première ne soit pas deshonorante et parfois revendiquée par certains, l'architecte Roland Castro et Cavanna, entre autres.

Faustin

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Re: le mieux aujourdhui et toujours pas content

Message par jerome » 17 oct. 2012, 14:13

PlacidoCarrerotti a écrit : ça n'empêche pas que le passé peut avoir été objectivement bien meilleur.

Dans les années 80-90, il n'y a personne qui soutenait que le Rossini sérieux était mieux chanté avant". Il n'avait simplement jamais été chanté comme ça : vieux cons et jeunes cons étaient bien d'accord.

En ce qui concerne cette reprise de la Fille, j'ai, je le répète, passé une bonne soirée, pas une soirée exceptionnelle. Et pas seulement parce que j'ai entendu Sutherland, Anderson ou Dessay-en-forme.
S'enthousiasmer excessivement sur ce spectacle, parce qu'on n'a rien vu d'autre, c'est aussi, excuse-moi, un discours de jeune con (pour reprendre ton élégante logomachie).
:lol: :cheers:

dongio
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Message par dongio » 17 oct. 2012, 20:05

Bon, je recommence...Je ne pensais pas avec mon pauvre envoi faire lever tant de boucliers.
J'ai débuté mon post ( envoyé très vite dès que je suis rentré chez moi) en disant à quel point j'ai trouvé stupide d'avoir programmé cette oeuvre avec ces voix dans cette salle de Bastille. Je maintiens que l'acoustique n'y est pas bonne partout. Des mélomanes beaucoup plus férus que moi le disent, et des chanteurs le confirment aussi. Il doit y avoir une part de vrai là dedans quand même.
Ensuite j'ai continué en disant que la mise en scène de Pelly, aussi agréable et ludique soit elle, reste mâtinée de grosses ficelles et que les gags façon BD étaient à la longue lassants. C'était pour moi la première fois que je voyais cette production, ne l'ayant pas admirée partout ailleurs, et ayant refusé de voir le DVD pour arriver vierge (oui, enfin...) à cette soirée attendue entre toutes. Trop d'attente a peut être tué l'attente. Un peu comme l'autre qui disait que le meilleur en amour, c'est quand on monte l'escalier. Il y avait sans doute trop de marches pour moi, et quand je suis arrivé sur le palier, plus rien...On me rétorquera que " la fille du Régiment", ce n'est pas non plus Lucia, Norma, ou Parsifal, et que l'humour est marqué dans le texte et la partition, et que Pelly se sort très bien de son travail. Dont acte. J'aime beaucoup Pelly et ai adoré ses Offenbach géniaux au Châtelet, et son "Elixir d'amour" qui était sensationnel parce que drôle et parce qu'émouvant en même temps. Même si c'est un metteur en scène très intéressant et que je suis avec plaisir, cela ne m'a pas empêché de considérer que son "Ariane à Naxos" était ratée (sauf le prologue, mais l'acte...) et que son "Jules César" était de la même eau. Les gags n'ont pas leur place partout, et certaines oeuvres ne s'en accomodent pas.
Ensuite les chanteurs...Florez était remarquable, je le confirme, et son air du II extraordinaire de chant, de ligne, de legato, de belcanto et tout et tout. Les 9 contre uts étaient présents, le personnage était bien campé, rien à dire. Sauf que, de là où j'étais placé, il fallait plus que tendre l'oreille pour l'entendre correctement.
Dessay était plus problématique et frustrante encore: personnage campé façon "cartoon" (on peut aimer ou pas), voix beaucoup plus saine que dans certaines Manon récente, mais chant monochrome, et peu émouvant. "Il faut partir" pourrait, devrait être un sommet de mélancolie, et là cela devient plat (mais il faut dire que Pelly ne l'aide pas en la faisant tirer un fil à linge sur lequel sèchent les caleçons de ces messieurs les soldats). Ah oui, c'est peut être hilarant mais ce n'est pas le moment: un peu comme le final d'Ariane devant la bétonneuse: ça ne colle pas et ça dénature l'instant. Un peu aussi comme si Michel Serrault dans "Garde à vue", racontant qu'il était "sur une pute" (sic) à un des moments clés de l'interrogatoire policier, et un des plus forts du film, était en tenue de Zaza Napoli de la "Cage aux Folles" (et dieu sait s'il était génialissime dans les deux oeuvres à l'époque). Et pour elle aussi, petite voix, même si en bonne santé: et placé où j'étais, peine à l'entendre. Frustration donc (eh M.... me disais-je. A Garnier, cela aurait certainement été mieux). Quant à entendre/ comprendre les autres dont les parties parlées sont au moins aussi importantes que les parties chantées (sinon plus: Sulpice, la Marquise, la Baronne) , va -t-en les entendre/comprendre correctement ce soir là. Pauvre Felicity perdue, à la projection parlée insuffisante...
On m'excusera alors d'être devenu grognon.
Et d'évoquer alors les mânes d'Anderson et Kraus! Pas pour faire mon bégueule ou mon snob, mais parce qu'à ce moment là la comparaison s'impose toute seule. C'était ma première fille du Régiment à l'époque, j'y allais tout jeunot avec condescendance (du style jeune con "qu'est ce que ces chanteurs vont faire dans ce truc comique?" car j'avais lu l'argument) et j'en ai pris plein, mais alors plein la g..... Si on n'a pas connu cela, on ne sait pas ce que cela a pu être. Alors deux façons de prendre ce rappel de souvenirs: soit j'emmerde les gens avec des souvenirs de guerre, et bon d'accord. Soit le partage de ce rappel peut faire inciter à la curiosité, et aller chercher quelque part (disque, internet) pourquoi ce maintenant devenu vieux con (55 ans) a déliré sur cet instant à s'en rendre aphone et à s'en desquamer les paumes. C'est comme cela que personnellement je prends les remarques constructives de Bernard ou de PlacidoC. que je remercie de partager avec moi/nous leurs souvenirs et expériences.
Pour répondre à Faustin, on ne peut pas faire fi de ses expériences passées. Certaines sont constructives (et être présent à "mieux que hier", ou "formidable aujourd'hui " est excitant en diable) , et parfois aussi elles sont "destructives" sur le moment (quand j'ai entendu Anderson, c'était autre chose: la voix, le timbre, le legato, le clair obscur, les couleurs) mais constructives à la longue car j'apprends et je m'enrichis l'oreille. Et de toutes façons, tout comme on est toujours le con de quelqu'un, ce qui est bon aujourd'hui peut ne plus l'être demain. C'est (pardon de le dire) quelque peu stupide de dire qu'il ne faut alors plus que vivre dans le souvenir, écouter des disques et fermer les salles. Ce qu'il faut certainement par contre ce sont des directeurs d'opéra responsables et conscients de leur rôle dans l'art opéra et qui connaissent leur travail (Bogianckino encore et toujours par exemple) et pas des bureaucrates financiers (type Joël qui va au Ministère se targuer de son travail parce qu'il a rempli les caisses).
Je termine en disant que je n'ai pas passé une mauvaise soirée, mais qu'elle se situait en deçà de mon attente, et que j'en suis sorti frustré et oui, un peu tristoune.Le rendez vous raté, quoi, un peu le sentiment d'être cocu... Puissent les autres OdBiens prendre un pied pas possible aux prochaines représentations qui, avec le rodage et la mise en place, seront peut être meilleures. On ne m'empêchera de rester avec mon ressentiment, mes critiques et ma bouderie (na!). Mais bon, "la fille" n'est pas "Tristan" (car là, j'en suis sorti samedi soir étrillé. Et je dirai dans 30 ans, vieillard cacochyme alzheimerien qui ne se souviendra même plus qu'il est con "ça c'était une putain de soirée avec une Isolde qui m'en aura gâchée plus d'une et qui m'a fait oublier pas mal d'autres..." (et on sera reparti pour un tour)

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Bernard C
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Message par Bernard C » 17 oct. 2012, 22:48

dongio a écrit :Bon, je recommence...Je ne pensais pas avec mon pauvre envoi faire lever tant de boucliers.
J'ai débuté mon post ( envoyé très vite dès que je suis rentré chez moi) en disant à quel point j'ai trouvé stupide d'avoir programmé cette oeuvre avec ces voix dans cette salle de Bastille. Je maintiens que l'acoustique n'y est pas bonne partout. Des mélomanes beaucoup plus férus que moi le disent, et des chanteurs le confirment aussi. Il doit y avoir une part de vrai là dedans quand même.
Ensuite j'ai continué en disant que la mise en scène de Pelly, aussi agréable et ludique soit elle, reste mâtinée de grosses ficelles et que les gags façon BD étaient à la longue lassants. C'était pour moi la première fois que je voyais cette production, ne l'ayant pas admirée partout ailleurs, et ayant refusé de voir le DVD pour arriver vierge (oui, enfin...) à cette soirée attendue entre toutes. Trop d'attente a peut être tué l'attente. Un peu comme l'autre qui disait que le meilleur en amour, c'est quand on monte l'escalier. Il y avait sans doute trop de marches pour moi, et quand je suis arrivé sur le palier, plus rien...On me rétorquera que " la fille du Régiment", ce n'est pas non plus Lucia, Norma, ou Parsifal, et que l'humour est marqué dans le texte et la partition, et que Pelly se sort très bien de son travail. Dont acte. J'aime beaucoup Pelly et ai adoré ses Offenbach géniaux au Châtelet, et son "Elixir d'amour" qui était sensationnel parce que drôle et parce qu'émouvant en même temps. Même si c'est un metteur en scène très intéressant et que je suis avec plaisir, cela ne m'a pas empêché de considérer que son "Ariane à Naxos" était ratée (sauf le prologue, mais l'acte...) et que son "Jules César" était de la même eau. Les gags n'ont pas leur place partout, et certaines oeuvres ne s'en accomodent pas.
Ensuite les chanteurs...Florez était remarquable, je le confirme, et son air du II extraordinaire de chant, de ligne, de legato, de belcanto et tout et tout. Les 9 contre uts étaient présents, le personnage était bien campé, rien à dire. Sauf que, de là où j'étais placé, il fallait plus que tendre l'oreille pour l'entendre correctement.
Dessay était plus problématique et frustrante encore: personnage campé façon "cartoon" (on peut aimer ou pas), voix beaucoup plus saine que dans certaines Manon récente, mais chant monochrome, et peu émouvant. "Il faut partir" pourrait, devrait être un sommet de mélancolie, et là cela devient plat (mais il faut dire que Pelly ne l'aide pas en la faisant tirer un fil à linge sur lequel sèchent les caleçons de ces messieurs les soldats). Ah oui, c'est peut être hilarant mais ce n'est pas le moment: un peu comme le final d'Ariane devant la bétonneuse: ça ne colle pas et ça dénature l'instant. Un peu aussi comme si Michel Serrault dans "Garde à vue", racontant qu'il était "sur une pute" (sic) à un des moments clés de l'interrogatoire policier, et un des plus forts du film, était en tenue de Zaza Napoli de la "Cage aux Folles" (et dieu sait s'il était génialissime dans les deux oeuvres à l'époque). Et pour elle aussi, petite voix, même si en bonne santé: et placé où j'étais, peine à l'entendre. Frustration donc (eh M.... me disais-je. A Garnier, cela aurait certainement été mieux). Quant à entendre/ comprendre les autres dont les parties parlées sont au moins aussi importantes que les parties chantées (sinon plus: Sulpice, la Marquise, la Baronne) , va -t-en les entendre/comprendre correctement ce soir là. Pauvre Felicity perdue, à la projection parlée insuffisante...
On m'excusera alors d'être devenu grognon.
Et d'évoquer alors les mânes d'Anderson et Kraus! Pas pour faire mon bégueule ou mon snob, mais parce qu'à ce moment là la comparaison s'impose toute seule. C'était ma première fille du Régiment à l'époque, j'y allais tout jeunot avec condescendance (du style jeune con "qu'est ce que ces chanteurs vont faire dans ce truc comique?" car j'avais lu l'argument) et j'en ai pris plein, mais alors plein la g..... Si on n'a pas connu cela, on ne sait pas ce que cela a pu être. Alors deux façons de prendre ce rappel de souvenirs: soit j'emmerde les gens avec des souvenirs de guerre, et bon d'accord. Soit le partage de ce rappel peut faire inciter à la curiosité, et aller chercher quelque part (disque, internet) pourquoi ce maintenant devenu vieux con (55 ans) a déliré sur cet instant à s'en rendre aphone et à s'en desquamer les paumes. C'est comme cela que personnellement je prends les remarques constructives de Bernard ou de PlacidoC. que je remercie de partager avec moi/nous leurs souvenirs et expériences.
Pour répondre à Faustin, on ne peut pas faire fi de ses expériences passées. Certaines sont constructives (et être présent à "mieux que hier", ou "formidable aujourd'hui " est excitant en diable) , et parfois aussi elles sont "destructives" sur le moment (quand j'ai entendu Anderson, c'était autre chose: la voix, le timbre, le legato, le clair obscur, les couleurs) mais constructives à la longue car j'apprends et je m'enrichis l'oreille. Et de toutes façons, tout comme on est toujours le con de quelqu'un, ce qui est bon aujourd'hui peut ne plus l'être demain. C'est (pardon de le dire) quelque peu stupide de dire qu'il ne faut alors plus que vivre dans le souvenir, écouter des disques et fermer les salles. Ce qu'il faut certainement par contre ce sont des directeurs d'opéra responsables et conscients de leur rôle dans l'art opéra et qui connaissent leur travail (Bogianckino encore et toujours par exemple) et pas des bureaucrates financiers (type Joël qui va au Ministère se targuer de son travail parce qu'il a rempli les caisses).
Je termine en disant que je n'ai pas passé une mauvaise soirée, mais qu'elle se situait en deçà de mon attente, et que j'en suis sorti frustré et oui, un peu tristoune.Le rendez vous raté, quoi, un peu le sentiment d'être cocu... Puissent les autres OdBiens prendre un pied pas possible aux prochaines représentations qui, avec le rodage et la mise en place, seront peut être meilleures. On ne m'empêchera de rester avec mon ressentiment, mes critiques et ma bouderie (na!). Mais bon, "la fille" n'est pas "Tristan" (car là, j'en suis sorti samedi soir étrillé. Et je dirai dans 30 ans, vieillard cacochyme alzheimerien qui ne se souviendra même plus qu'il est con "ça c'était une putain de soirée avec une Isolde qui m'en aura gâchée plus d'une et qui m'a fait oublier pas mal d'autres..." (et on sera reparti pour un tour)
En tout cas c'est toujours un plaisir de te lire et je sais maintenant qu'il faudra que j'évite ce foutu 29 ème rang et suiv. à Bastille .

:bowdown:

55+30 : à 85 ans tu n'as que 25% de "chance" d'être un cacochyme alzheimerien ; tu continueras à courir les DG et les Tristan du futur :wink:

faustin
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ce qui m'a fait tiquer

Message par faustin » 18 oct. 2012, 07:25

dongio a écrit :
Pour répondre à Faustin, on ne peut pas faire fi de ses expériences passées. Certaines sont constructives (et être présent à "mieux que hier", ou "formidable aujourd'hui " est excitant en diable) , et parfois aussi elles sont "destructives" sur le moment (quand j'ai entendu Anderson, c'était autre chose: la voix, le timbre, le legato, le clair obscur, les couleurs) mais constructives à la longue car j'apprends et je m'enrichis l'oreille.
Je n'ai rien contesté de tout cela. Je n'ai absolument pas dit qu'il fallait faire fi des expériences du passé, loin de moi cette idée, c'est tout à fait contraire à tout ce que je pense et à ma tendance profonde. Il n'y a pas plus attaché au patrimoine que moi. Ce qui m'a fait tiquer, c'est ceci:

réserves sur Dessay même si en assez bonne voix. Ce n'est pas parce que c'est sans doute ce que l'on peut entendre de mieux aujourd'hui dans le rôle que cela doit être encensé. Il manque, il manquait, il manquera toujours à cette voix, aussi belle soit elle (et dieu sait si j'ai adoré cette chanteuse) les couleurs, le legato belcantiste.

Comment? Ce que l'on peut entendre de mieux aujourd'hui! Rien que ça! Es-tu conscient de la portée de l'affirmation? Elle signifie qu'aucun directeur d'opéra au monde ne pourrait trouver mieux pour ce rôle. Et l'artiste qui peut se prévaloir de cette qualification "ce que l'on peut entendre de mieux" n'est pas complimentée. Un peu fort!

De deux choses l'une, ou bien c'est de qu'on peut entendre de mieux aujourd'hui, alors il faut la complimenter chaleureusement et aller la féliciter à la sortie des artistes, ou bien elle ne l'est plus et on est en droit de le dire gentiment courtoisement sans l'accabler. Mais si c'est pour lui opposer les gloires du passé, et le bonheur qu'on a éprouvé dans le passé, "quand j'ai entendu Anderson, c'était autre chose..." je trouve ça (i) fatigant à entendre ou à lire (ii) délétère et pas du tout constructif. Ni elle ni ceux qui font appel à elle n'y peuvent quelque chose.

Faustin

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Message par PlacidoCarrerotti » 18 oct. 2012, 07:54

Faustin, il ne t'est jamais arrivé de te retrouver dans un pays paumé où la meilleure nourriture disponible est un ersatz froid de MacDo ? Est-ce une raison pour complimenter le restaurateur ?

En suivant ton raisonnement, on pouvait légitimement ne pas complimenter Dessay en 2007 si on trouvait Gruberova meilleure, mais ça devient obligatoire en 2012 parce qu'il serait difficile de trouver mieux.

J'avoue que je ne te suis pas.
"Venez armé, l'endroit est désert" (GB Shaw envoyant une invitation pour l'une de ses pièces).

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maitreluther
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Message par maitreluther » 18 oct. 2012, 07:57

quetzal a écrit :
En tout cas c'est toujours un plaisir de te lire et je sais maintenant qu'il faudra que j'évite ce foutu 29 ème rang et suiv. à Bastille .
Depuis le temps que je lis sur divers fils des avis divers et variés concernant l'acoustique de Bastille en fonction des places pourquoi ne pas en ouvrir un consacré uniquement à ce problème?
L'acheteur connaitrait à l'avance les qualité et les défauts de la place qu'il achète et ne viendrait plus se plaindre à postériori.
Ca lui donnerait même des arguments pour marchander au guichet.

"Désolé, à cette place je perd 20% des aigus avec l'oreille gauche tandis que l'oreille droite capte trop les graves. Le mix entre le plateau et la fosse se fait mal, j'exige une réduc de 24,85%!"
c'est pas parce qu'on a rien à dire qu'il faut fermer sa gueule
(audiard)

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