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par dongio » 17 oct. 2012, 20:05
Bon, je recommence...Je ne pensais pas avec mon pauvre envoi faire lever tant de boucliers.
J'ai débuté mon post ( envoyé très vite dès que je suis rentré chez moi) en disant à quel point j'ai trouvé stupide d'avoir programmé cette oeuvre avec ces voix dans cette salle de Bastille. Je maintiens que l'acoustique n'y est pas bonne partout. Des mélomanes beaucoup plus férus que moi le disent, et des chanteurs le confirment aussi. Il doit y avoir une part de vrai là dedans quand même.
Ensuite j'ai continué en disant que la mise en scène de Pelly, aussi agréable et ludique soit elle, reste mâtinée de grosses ficelles et que les gags façon BD étaient à la longue lassants. C'était pour moi la première fois que je voyais cette production, ne l'ayant pas admirée partout ailleurs, et ayant refusé de voir le DVD pour arriver vierge (oui, enfin...) à cette soirée attendue entre toutes. Trop d'attente a peut être tué l'attente. Un peu comme l'autre qui disait que le meilleur en amour, c'est quand on monte l'escalier. Il y avait sans doute trop de marches pour moi, et quand je suis arrivé sur le palier, plus rien...On me rétorquera que " la fille du Régiment", ce n'est pas non plus Lucia, Norma, ou Parsifal, et que l'humour est marqué dans le texte et la partition, et que Pelly se sort très bien de son travail. Dont acte. J'aime beaucoup Pelly et ai adoré ses Offenbach géniaux au Châtelet, et son "Elixir d'amour" qui était sensationnel parce que drôle et parce qu'émouvant en même temps. Même si c'est un metteur en scène très intéressant et que je suis avec plaisir, cela ne m'a pas empêché de considérer que son "Ariane à Naxos" était ratée (sauf le prologue, mais l'acte...) et que son "Jules César" était de la même eau. Les gags n'ont pas leur place partout, et certaines oeuvres ne s'en accomodent pas.
Ensuite les chanteurs...Florez était remarquable, je le confirme, et son air du II extraordinaire de chant, de ligne, de legato, de belcanto et tout et tout. Les 9 contre uts étaient présents, le personnage était bien campé, rien à dire. Sauf que, de là où j'étais placé, il fallait plus que tendre l'oreille pour l'entendre correctement.
Dessay était plus problématique et frustrante encore: personnage campé façon "cartoon" (on peut aimer ou pas), voix beaucoup plus saine que dans certaines Manon récente, mais chant monochrome, et peu émouvant. "Il faut partir" pourrait, devrait être un sommet de mélancolie, et là cela devient plat (mais il faut dire que Pelly ne l'aide pas en la faisant tirer un fil à linge sur lequel sèchent les caleçons de ces messieurs les soldats). Ah oui, c'est peut être hilarant mais ce n'est pas le moment: un peu comme le final d'Ariane devant la bétonneuse: ça ne colle pas et ça dénature l'instant. Un peu aussi comme si Michel Serrault dans "Garde à vue", racontant qu'il était "sur une pute" (sic) à un des moments clés de l'interrogatoire policier, et un des plus forts du film, était en tenue de Zaza Napoli de la "Cage aux Folles" (et dieu sait s'il était génialissime dans les deux oeuvres à l'époque). Et pour elle aussi, petite voix, même si en bonne santé: et placé où j'étais, peine à l'entendre. Frustration donc (eh M.... me disais-je. A Garnier, cela aurait certainement été mieux). Quant à entendre/ comprendre les autres dont les parties parlées sont au moins aussi importantes que les parties chantées (sinon plus: Sulpice, la Marquise, la Baronne) , va -t-en les entendre/comprendre correctement ce soir là. Pauvre Felicity perdue, à la projection parlée insuffisante...
On m'excusera alors d'être devenu grognon.
Et d'évoquer alors les mânes d'Anderson et Kraus! Pas pour faire mon bégueule ou mon snob, mais parce qu'à ce moment là la comparaison s'impose toute seule. C'était ma première fille du Régiment à l'époque, j'y allais tout jeunot avec condescendance (du style jeune con "qu'est ce que ces chanteurs vont faire dans ce truc comique?" car j'avais lu l'argument) et j'en ai pris plein, mais alors plein la g..... Si on n'a pas connu cela, on ne sait pas ce que cela a pu être. Alors deux façons de prendre ce rappel de souvenirs: soit j'emmerde les gens avec des souvenirs de guerre, et bon d'accord. Soit le partage de ce rappel peut faire inciter à la curiosité, et aller chercher quelque part (disque, internet) pourquoi ce maintenant devenu vieux con (55 ans) a déliré sur cet instant à s'en rendre aphone et à s'en desquamer les paumes. C'est comme cela que personnellement je prends les remarques constructives de Bernard ou de PlacidoC. que je remercie de partager avec moi/nous leurs souvenirs et expériences.
Pour répondre à Faustin, on ne peut pas faire fi de ses expériences passées. Certaines sont constructives (et être présent à "mieux que hier", ou "formidable aujourd'hui " est excitant en diable) , et parfois aussi elles sont "destructives" sur le moment (quand j'ai entendu Anderson, c'était autre chose: la voix, le timbre, le legato, le clair obscur, les couleurs) mais constructives à la longue car j'apprends et je m'enrichis l'oreille. Et de toutes façons, tout comme on est toujours le con de quelqu'un, ce qui est bon aujourd'hui peut ne plus l'être demain. C'est (pardon de le dire) quelque peu stupide de dire qu'il ne faut alors plus que vivre dans le souvenir, écouter des disques et fermer les salles. Ce qu'il faut certainement par contre ce sont des directeurs d'opéra responsables et conscients de leur rôle dans l'art opéra et qui connaissent leur travail (Bogianckino encore et toujours par exemple) et pas des bureaucrates financiers (type Joël qui va au Ministère se targuer de son travail parce qu'il a rempli les caisses).
Je termine en disant que je n'ai pas passé une mauvaise soirée, mais qu'elle se situait en deçà de mon attente, et que j'en suis sorti frustré et oui, un peu tristoune.Le rendez vous raté, quoi, un peu le sentiment d'être cocu... Puissent les autres OdBiens prendre un pied pas possible aux prochaines représentations qui, avec le rodage et la mise en place, seront peut être meilleures. On ne m'empêchera de rester avec mon ressentiment, mes critiques et ma bouderie (na!). Mais bon, "la fille" n'est pas "Tristan" (car là, j'en suis sorti samedi soir étrillé. Et je dirai dans 30 ans, vieillard cacochyme alzheimerien qui ne se souviendra même plus qu'il est con "ça c'était une putain de soirée avec une Isolde qui m'en aura gâchée plus d'une et qui m'a fait oublier pas mal d'autres..." (et on sera reparti pour un tour)