Bizet - Carmen - Acocella/Roels - Rouen - 09/2012

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Saint-Antoine
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Message par Saint-Antoine » 12 oct. 2012, 14:39

Comme quoi les représentations se suivent et ne se ressemblent pas... Ce qui est humain et normal !

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pingpangpong
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Message par pingpangpong » 12 oct. 2012, 17:30

Pour ce qui est de la mâchoire montée sur ressorts de V.Genaux, il suffit tout simplement de ne pas la regarder ou bien du fond du deuxième balcon.Ca ne m'a pas paru avoir de répercussion sur son émission.Cette artiste est "réputée" pour cette particularité technique. :trampoline:
Enfin elle avait fini ; nous poussâmes un gros soupir d'applaudissements !
Jules Renard

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CharlieBrown
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Message par CharlieBrown » 12 oct. 2012, 17:48

pingpangpong a écrit :Pour ce qui est de la mâchoire montée sur ressorts de V.Genaux, il suffit tout simplement de ne pas la regarder ou bien du fond du deuxième balcon.Ca ne m'a pas paru avoir de répercussion sur son émission.Cette artiste est "réputée" pour cette particularité technique. :trampoline:
en fait, c'est très lié à la colorature chez elle, donc dans Carmen c'est bcp moins gênant que dans le baroque (et dans le baroque elles sont toutes un peu spéciales sur scène, Kermès, Bartoli...) ; elle a un vibrato dans l'aigu, mais ce n'est pas incontrôlé.
Le principe est simple : une vibration du tonnerre avec une résonance maximum...
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nicolas76
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Une Carmen touchée par la crise

Message par nicolas76 » 12 oct. 2012, 20:01

Dans le programme distribué aux spectateurs on peut lire à la rubrique « argument » : « L’action se passe à Séville au début du XIXe siècle ».

Ô surprise, le rideau s’ouvre sur un décor composé de hautes parois mobiles et verticales et d’une palissade placées là afin de suggérer les différents lieux de l’action et qui, en définitive, ne représentent rien !

C’est l’Espagne d’aujourd’hui, celle de la crise, cela donne une présentation de l’œuvre de Bizet, d’une sobriété exagérée et tellement dépouillée qu’elle en est totalement dénudée et vidée de sa substance.

Cette manière de traiter cet ouvrage est le reflet de notre époque où la culture de la laideur et du misérabilisme est à l’honneur. L’Espagne de Goya c’est démodé paraît-il !

Touché par la crise, notre théâtre, faute de subventions, paraît l’être également car ce qui frappe principalement c’est le manque de moyens mis ici à la disposition de la scénographie et de la partition de Bizet.

Absence de décors, pas de figuration (il y a 0 figurants). L’effectif de la masse chorale est de 32 chanteurs alors qu’il en faut une soixantaine, pour l’orchestre l’exécution de la partition exige 70 musiciens, il n’y en avait que 55 ! Absence de danseurs au 2e acte ! …

Non Carmen n’est pas un opéra de chambre, c’est un ouvrage important et spectaculaire qui exige beaucoup de moyens.

Peut-être aurait-il fallu que la Région accorde des crédits supplémentaires afin de célébrer le cinquantenaire de notre Théâtre.

La célèbre procession au dernier acte de tous les acteurs de la corrida, devant une foule bigarrée, avec l’alguazil et les chulos, les banderilleros et les picadors. Et puis voici la quadrilla qui précède Escamillo avec Carmen à son bras. Tout cela devient fictif et invisible, cela devient surréaliste.

On attendait beaucoup de cette production en raison de la prise de rôle de la Carmencita par Vivica Genaux, mezzo-soprano américaine née à Fairbanks en Alaska, de renommée mondiale ! Elle est spécialisée dans un répertoire, depuis 1990, de musique baroque allant de Haendel à Vivaldi en passant par Hasse et Scarlatti et du bel canto italien, en particulier de Rossini. Elle est la rivale de Cécilia Bartoli, ce qui est peu dire. En 1999 elle fut consacrée artiste de l’année.

Elle possède une voix de mezzo-soprano léger, surtout très léger ! que l’on désignait à une époque de « Dugazon » (célèbre interprète du XVIIIe siècle).

C’est une voix claire, agile, pouvant vocaliser avec brillance et dotée d’une virtuosité extraordinaire.

Elle excelle merveilleusement dans ce répertoire. Fédérica Von Stad, Anne-Sophie Von Otter, Sonia Prima sont des exemples de mezzo-sopranos léger.Mais sa voix n’est pas dotée de couleurs chaudes dans le bas de son registre, ce qui l’empêche d’aborder la tessiture du rôle et surtout parce que sa voix n’est pas assez puissante. Des spectateurs placés au 2e balcon se sont plaint de ne pas l’entendre. Comme le dit Saint-Antoine « tout cela ne fait pas une Carmen très sensuelle du moins vocalement » ! Dans une tenue de « pin up » des années 40 qui fait penser à Rita Hayworth elle traverse la partition en susurrant de beaux phrasés avec certes, une musicalité consommée, mais aussi avec une absence de «pêche » véritablement désarmante pour un tel rôle.

Florian Laconi, dans le personnage de Don José, est mis en difficulté par un rôle bien trop lourd pour sa voix de ténor demi-caractère (ténor lyrique léger) et il est souvent victime d’un vibrato parfois envahissant. Don José convient surtout à un ténor barytonnant à cause de la tessiture plutôt centrale du rôle. Exemples : Domingo, Cura, Kaufman.

Quant au portrait dramatique de ce soldat à fleur de peau, violent, jaloux, n’en parlons pas !

Pauline Courtin dans Micaela est un soprano très léger, pas assez lyrique à mon goût, mais sa voix fragile la rend très émouvante. Ses aigus sont excellement projetés et elle passe facilement au-dessus de l’orchestre elle !

Il y eut quand même une satisfaction : l’Escamillo du jeune chanteur français, c’était pour lui une prise de rôle : le baryton Christian Helmer. Il avait tout bon : du charisme, de la prestance, une voix bien timbrée, avec la puissance voulue.

Félicitons également 3 nouveaux pensionnaires de la troupe du théâtre : Tatyana Ilyn pour Mercédès, Jenny Daviet dans Frasquita ainsi que le ténor Xin Wang dans le Remendado, une voix agréable de ténor léger.

Par contre carton rouge pour Julien Véronèse dans Zuniga, en particulier scéniquement.

Regrettons le choix de la version originelle avec les dialogues parlés qui sont ridicules avec ces chanteurs qui ne sont pas des acteurs.

En conclusion une Carmen sans Carmen mais avec Escamillo !

Nicolas Delaporte
Aujourd’hui 3 mezzos françaises triomphent dans Carmen en France et à l’étranger : Stéphanie d’Oustrac, Géraldine
gers.

nixebinsefuss
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Message par nixebinsefuss » 12 oct. 2012, 22:45

pingpangpong a écrit :Dans le déjà vu, il y aussi le choeur de la foule au dernier acte qui vient à la rampe et suit du regard l'arrivée de cuadrillas imaginaires.
C'est ce qu'a fait C.Bieito à Barcelone.
Déjà vu bien avant Bieito, dans les années 90, une mise en scène de Michel Dunand, à Reims et Mérignac. Et je suppose que beaucoup d'autres se sont laissés tenter par cette solution, faute de budget.

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maitreluther
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Message par maitreluther » 13 oct. 2012, 06:36

Z'avez remarquez les progrès de Nicolas en rédaction? Encore un effort à faire en calcul, et il pourra compter jusqu'à 3.
c'est pas parce qu'on a rien à dire qu'il faut fermer sa gueule
(audiard)

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pingpangpong
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Re: Une Carmen touchée par la crise

Message par pingpangpong » 13 oct. 2012, 06:37

nicolas76 a écrit : Aujourd’hui 3 mezzos françaises triomphent dans Carmen en France et à l’étranger : Stéphanie d’Oustrac, Géraldine gers.
:?:
Enfin elle avait fini ; nous poussâmes un gros soupir d'applaudissements !
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nicolas76
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Re: Une Carmen touchée par la crise

Message par nicolas76 » 13 oct. 2012, 10:54

nicolas76 a écrit :Dans le programme distribué aux spectateurs on peut lire à la rubrique « argument » : « L’action se passe à Séville au début du XIXe siècle ».

Ô surprise, le rideau s’ouvre sur un décor composé de hautes parois mobiles et verticales et d’une palissade placées là afin de suggérer les différents lieux de l’action et qui, en définitive, ne représentent rien !

C’est l’Espagne d’aujourd’hui, celle de la crise, cela donne une présentation de l’œuvre de Bizet, d’une sobriété exagérée et tellement dépouillée qu’elle en est totalement dénudée et vidée de sa substance.

Cette manière de traiter cet ouvrage est le reflet de notre époque où la culture de la laideur et du misérabilisme est à l’honneur. L’Espagne de Goya c’est démodé paraît-il !

Touché par la crise, notre théâtre, faute de subventions, paraît l’être également car ce qui frappe principalement c’est le manque de moyens mis ici à la disposition de la scénographie et de la partition de Bizet.

Absence de décors, pas de figuration (il y a 0 figurants). L’effectif de la masse chorale est de 32 chanteurs alors qu’il en faut une soixantaine, pour l’orchestre l’exécution de la partition exige 70 musiciens, il n’y en avait que 55 ! Absence de danseurs au 2e acte ! …

Non Carmen n’est pas un opéra de chambre, c’est un ouvrage important et spectaculaire qui exige beaucoup de moyens.

Peut-être aurait-il fallu que la Région accorde des crédits supplémentaires afin de célébrer le cinquantenaire de notre Théâtre.

La célèbre procession au dernier acte de tous les acteurs de la corrida, devant une foule bigarrée, avec l’alguazil et les chulos, les banderilleros et les picadors. Et puis voici la quadrilla qui précède Escamillo avec Carmen à son bras. Tout cela devient fictif et invisible, cela devient surréaliste.

On attendait beaucoup de cette production en raison de la prise de rôle de la Carmencita par Vivica Genaux, mezzo-soprano américaine née à Fairbanks en Alaska, de renommée mondiale ! Elle est spécialisée dans un répertoire, depuis 1990, de musique baroque allant de Haendel à Vivaldi en passant par Hasse et Scarlatti et du bel canto italien, en particulier de Rossini. Elle est la rivale de Cécilia Bartoli, ce qui est peu dire. En 1999 elle fut consacrée artiste de l’année.

Elle possède une voix de mezzo-soprano léger, surtout très léger ! que l’on désignait à une époque de « Dugazon » (célèbre interprète du XVIIIe siècle).

C’est une voix claire, agile, pouvant vocaliser avec brillance et dotée d’une virtuosité extraordinaire.

Elle excelle merveilleusement dans ce répertoire. Fédérica Von Stad, Anne-Sophie Von Otter, Sonia Prima sont des exemples de mezzo-sopranos léger.Mais sa voix n’est pas dotée de couleurs chaudes dans le bas de son registre, ce qui l’empêche d’aborder la tessiture du rôle et surtout parce que sa voix n’est pas assez puissante. Des spectateurs placés au 2e balcon se sont plaint de ne pas l’entendre. Comme le dit Saint-Antoine « tout cela ne fait pas une Carmen très sensuelle du moins vocalement » ! Dans une tenue de « pin up » des années 40 qui fait penser à Rita Hayworth elle traverse la partition en susurrant de beaux phrasés avec certes, une musicalité consommée, mais aussi avec une absence de «pêche » véritablement désarmante pour un tel rôle.

Florian Laconi, dans le personnage de Don José, est mis en difficulté par un rôle bien trop lourd pour sa voix de ténor demi-caractère (ténor lyrique léger) et il est souvent victime d’un vibrato parfois envahissant. Don José convient surtout à un ténor barytonnant à cause de la tessiture plutôt centrale du rôle. Exemples : Domingo, Cura, Kaufman.

Quant au portrait dramatique de ce soldat à fleur de peau, violent, jaloux, n’en parlons pas !

Pauline Courtin dans Micaela est un soprano très léger, pas assez lyrique à mon goût, mais sa voix fragile la rend très émouvante. Ses aigus sont excellement projetés et elle passe facilement au-dessus de l’orchestre elle !

Il y eut quand même une satisfaction : l’Escamillo du jeune chanteur français, c’était pour lui une prise de rôle : le baryton Christian Helmer. Il avait tout bon : du charisme, de la prestance, une voix bien timbrée, avec la puissance voulue.

Félicitons également 3 nouveaux pensionnaires de la troupe du théâtre : Tatyana Ilyn pour Mercédès, Jenny Daviet dans Frasquita ainsi que le ténor Xin Wang dans le Remendado, une voix agréable de ténor léger.

Par contre carton rouge pour Julien Véronèse dans Zuniga, en particulier scéniquement.

Regrettons le choix de la version originelle avec les dialogues parlés qui sont ridicules avec ces chanteurs qui ne sont pas des acteurs.

En conclusion une Carmen sans Carmen mais avec Escamillo !

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Aujourd’hui 3 mezzos françaises triomphent dans Carmen en France et à l’étranger : Stéphanie d’Oustrac, Géraldine Chauvet,Isabelle Druet
.

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Message par maitreluther » 13 oct. 2012, 12:46

Ben ça y est! 10/10 en calcul! Son Paul de maître peut être fier de lui!
c'est pas parce qu'on a rien à dire qu'il faut fermer sa gueule
(audiard)

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Ruggero
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Message par Ruggero » 15 oct. 2012, 10:34

J'y vais demain, quelqu'un sait à quelle heure ça finit? (ça commence à 20h).
L'opéra semble voué à être le dernier refuge du besoin de la beauté artistique en toc.
(Bernard Shaw, 1898)

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