Non ! Et puis tellement de gens disent que Massenet est ch...ils changeront d'avisMarkossipovitch a écrit : ↑08 nov. 2019, 19:33Un cycle Massenet avec Rustioni ça risque d'être un peu trop testostéroné, non?
Verdi - Ernani - Rustioni / vc - Lyon/TCE/Vichy - 11/2019
Re: Verdi - Ernani - Rustioni - vc - Lyon/TCE/Vichy - 11/2019
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Re: Verdi - Ernani - Rustioni - vc - Lyon/TCE/Vichy - 11/2019
TCE, 8 novembre
Personnellement j'apprécie plutôt cette oeuvre un peu "verte" de Verdi qui fleure encore bon l'influence rossinienne (chacun son grand air) mais qui ménage déjà des moments typiquement verdiens, notamment le splendide air de Don Carlo à l'acte 3 mais aussi les choeurs et les nombreux ensembles, l'orchestration.
Rustioni tombe parfois un peu dans l'excès à vouloir trop souligner les contrastes et c'est dommage mais l'orchestre et les choeurs sont somptueux.
Par contre l'oeuvre ne se prête guère à une version concert surtout aussi peu inspirée que celle que nous ont donnée les artistes : pas un regard entre eux, chacun l'oeil sur sa partition, peu d'incarnation gestuelle et aucune interaction. Bon l'opéra ce n'est pas qu'une somme d'exercices vocaux hein...
Vocalement l'ensemble est dominé (écrasé pour moi...
) par l'insolent talent du baryton mongol, Amartuvshin Enkhbat en Don Carlo, déjà admiré ici même en Nabucco. Il a progressé encore, démontre des qualités rarement entendues (mais où l'artiste intériorise totalement son interprétation) de tout l'art verdien, évoquant sans cesse d'ailleurs le grand Renato Bruson. Legato, mezzo voce, reprises après de courts silences, attaques douces ou franches selon la mesure, nuances infinies, accélération sur des crescendos fabuleux, timbre de toute beauté, bref, le chanteur est tout simplement incroyable...et l'accueil du public a été d'ailleurs à la hauteur d'un artiste qui n'est pourtant pas une star...
Ensuite vient pour moi le Don Ruy Gomez de Silva de Roberto Tagliavini, très bien incarné, l'artiste qui va chercher loin en lui les expressions du personnage pour les transmettre dans des conditions difficiles décrites ci dessus. Dommage que son timbre soit trop proche de celui d'un baryton pour entendre vraiment la basse qu'on attend.
Francesco Meli était malade si on en juge par la quantité impressionnante de pilules qu'il a avalé au cours de la soirée. C'est bien chanté, au sens de la technique, de la justesse, du tempo, mais la voix ne suit pas toujours. Cela donne souvent l'impression d'être "crié" alors que certains moments plus "piano" prouvent qu'il peut encore donner parfois un chant plus complexe. Mais la voix a perdu une partie de ses harmoniques. Méforme, Grippe ? En tous cas c'était bien mieux à Marseille...
Carmen Giannattasio est une Elvira très insuffisante (et très peu applaudie d'ailleurs), le chant est débraillé, notamment les vocalises, l'aigu est terriblement strident et je dois dire qu'au parterre côté jardin (extrême) avoir Meli et elle en "écran" des belles voix de clé de fa était assez frustrant.
Car question décibels pour ceux qui aiment, la soprano et le ténor remportaient sans problème la palme...Pas celle de l'émotion du beau Verdi chanté à l'autre bout de la scène
PS : c'était un grand soir ODB
PS2 : le baryton en question a un nom imprononçable (même en cyrillique) et pour tout arranger je pense que son vrai nom est Enkhbatyn Amartüvshin autrement dit que prénom et nom sont inversés. L'artiste est presque impassible quand il chante, tout passe par sa voix mais il est, curieusement, malgré cette impassibilité, très "attachant". Un charisme étrange...
Personnellement j'apprécie plutôt cette oeuvre un peu "verte" de Verdi qui fleure encore bon l'influence rossinienne (chacun son grand air) mais qui ménage déjà des moments typiquement verdiens, notamment le splendide air de Don Carlo à l'acte 3 mais aussi les choeurs et les nombreux ensembles, l'orchestration.
Rustioni tombe parfois un peu dans l'excès à vouloir trop souligner les contrastes et c'est dommage mais l'orchestre et les choeurs sont somptueux.
Par contre l'oeuvre ne se prête guère à une version concert surtout aussi peu inspirée que celle que nous ont donnée les artistes : pas un regard entre eux, chacun l'oeil sur sa partition, peu d'incarnation gestuelle et aucune interaction. Bon l'opéra ce n'est pas qu'une somme d'exercices vocaux hein...
Vocalement l'ensemble est dominé (écrasé pour moi...

Ensuite vient pour moi le Don Ruy Gomez de Silva de Roberto Tagliavini, très bien incarné, l'artiste qui va chercher loin en lui les expressions du personnage pour les transmettre dans des conditions difficiles décrites ci dessus. Dommage que son timbre soit trop proche de celui d'un baryton pour entendre vraiment la basse qu'on attend.
Francesco Meli était malade si on en juge par la quantité impressionnante de pilules qu'il a avalé au cours de la soirée. C'est bien chanté, au sens de la technique, de la justesse, du tempo, mais la voix ne suit pas toujours. Cela donne souvent l'impression d'être "crié" alors que certains moments plus "piano" prouvent qu'il peut encore donner parfois un chant plus complexe. Mais la voix a perdu une partie de ses harmoniques. Méforme, Grippe ? En tous cas c'était bien mieux à Marseille...
Carmen Giannattasio est une Elvira très insuffisante (et très peu applaudie d'ailleurs), le chant est débraillé, notamment les vocalises, l'aigu est terriblement strident et je dois dire qu'au parterre côté jardin (extrême) avoir Meli et elle en "écran" des belles voix de clé de fa était assez frustrant.
Car question décibels pour ceux qui aiment, la soprano et le ténor remportaient sans problème la palme...Pas celle de l'émotion du beau Verdi chanté à l'autre bout de la scène

PS : c'était un grand soir ODB

PS2 : le baryton en question a un nom imprononçable (même en cyrillique) et pour tout arranger je pense que son vrai nom est Enkhbatyn Amartüvshin autrement dit que prénom et nom sont inversés. L'artiste est presque impassible quand il chante, tout passe par sa voix mais il est, curieusement, malgré cette impassibilité, très "attachant". Un charisme étrange...
Lui : Que sous mes pieds se déchire la terre ! que sur mon front éclate le tonnerre, je t'aime, Élisabeth ! Le monde est oublié !
Elle : Eh bien ! donc, frappez votre père ! venez, de son meurtre souillé, traîner à l'autel votre mère
Mon blog :
https://passionoperaheleneadam.blogspot.fr
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Re: Verdi - Ernani - Rustioni - vc - Lyon/TCE/Vichy - 11/2019
Oui tout à fait. Je regrette qu'une oeuvre comme Ernani soit si souvent considérée comme "secondaire" et ait finalement rarement l'honneur des grands "gosiers" : c'est très difficile d'entendre une grande Elvira ou un grand Ernani par les temps qui courent. La seule exception semble être le rôle du baryton où l'on a entendu plusieurs fois Ludovic Tézier avant ce nouveau venu prodige.
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Re: Verdi - Ernani - Rustioni - vc - Lyon/TCE/Vichy - 11/2019
Merci Hélène pour ce beau CR. Pour ma part j'ose aller plus loin dans le sens où enkhbat va plus loin que Bruson (l'aigu, la longueur de souffle) et même tezier. Pour moi il évoque réellement.un âge d'or.
Re: Verdi - Ernani - Rustioni - vc - Lyon/TCE/Vichy - 11/2019
Du 1er balcon coté cour ,pas trop le désagrément des voix aigus en effet criardes et la découverte pour moi d'une voix d"exception,ce baryton mongol au timbre magnifique (il me rappelle celui de Bruson ) il a tout du vrai baryton verdien avec un aigu phénoménal à la fin de son grand air avec violoncelle ,air qui n'est pas sans annoncer le monologue de Don Carlo.
je préfère ne rien dire sur Elvira qui avait l'air surprise d’être huée et Meli qui hurle de plus en plus,Tagliavini manque en effet de graves et son timbre est trop clair pour ce rôle.
Rustioni trés bruyant ,on aurait aimé un peu plus de subtilité avec d’où j'étais un gros déséquilibre en faveur des cuivres qui couvraient quelquefois les voix graves .
Je pense aussi que cet opéra ne se prête pas trop à une version de concert.
je préfère ne rien dire sur Elvira qui avait l'air surprise d’être huée et Meli qui hurle de plus en plus,Tagliavini manque en effet de graves et son timbre est trop clair pour ce rôle.
Rustioni trés bruyant ,on aurait aimé un peu plus de subtilité avec d’où j'étais un gros déséquilibre en faveur des cuivres qui couvraient quelquefois les voix graves .
Je pense aussi que cet opéra ne se prête pas trop à une version de concert.
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Re: Verdi - Ernani - Rustioni - vc - Lyon/TCE/Vichy - 11/2019
Belle soirée ne serait ce que pour la musique extraordinaire de Verdi ( même en version de concert avec des artistes plantés devant la partition ,je ferme les yeux et je déguste...). Dommage quand même que Rustioni ,dont la direction nerveuse et bruyante convient pas mal au cabalettes et aux ensembles, ne sache plus trop quoi faire d'autre que des ralentissements dans les moments qui réclament grâce et émotion...
Je suis très d'accord avec l'analyse d'Hélène
Amartuvshin Enkhbat
Il faudrait qu'on m'explique comment une chanteuse aussi débraillée que Carmen Giannattasio a pu faire carrière mais je ne tirerai pas plus sur l'ambulance...
Par contre je suis moins sévère que beaucoup ici sur Meli : d'accord son Ernani regarde plus vers Del Monaco que vers Bergonzi mais les moyens sont quand même impressionnants et même si le chant est majoritairement forte donnant une impression de monotonie il sait parfois l' alléger pour de beaux moments. Par ailleurs j'ai apprécié les variations sur la reprise de la cabalette !
Je suis très d'accord avec l'analyse d'Hélène

Amartuvshin Enkhbat

Il faudrait qu'on m'explique comment une chanteuse aussi débraillée que Carmen Giannattasio a pu faire carrière mais je ne tirerai pas plus sur l'ambulance...
Par contre je suis moins sévère que beaucoup ici sur Meli : d'accord son Ernani regarde plus vers Del Monaco que vers Bergonzi mais les moyens sont quand même impressionnants et même si le chant est majoritairement forte donnant une impression de monotonie il sait parfois l' alléger pour de beaux moments. Par ailleurs j'ai apprécié les variations sur la reprise de la cabalette !
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( Eric Dahan Libération 25/06/2005)
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Re: Verdi - Ernani - Rustioni - vc - Lyon/TCE/Vichy - 11/2019
Tant qu'on y est, voici Big Mac (le public devient fou après l'aigu final) :
https://youtu.be/CMqfF0nv-Og
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Re: Verdi - Ernani - Rustioni - vc - Lyon/TCE/Vichy - 11/2019
Cet aigu est hyper payant ;Warren, Capuccilli, Milnes et d'autres sûrement le donnentmariuszbartok a écrit : ↑09 nov. 2019, 09:04
Tant qu'on y est, voici Big Mac (le public devient fou après l'aigu final) :
https://youtu.be/CMqfF0nv-Og
Mais pas Bruson dans la version Muti : il est écrit ?
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