Strauss - Der Rosenkavalier - Nánási/Warlikowski - TCE - 05-06/2025

[PlacidoCarrerotti]

On peut ne pas avoir apprécié sans avoir hué…
Touchante naïveté et vision manichéenne : le camp de l’intelligence et du bien contre le camp réactionnaire étriqué…

[micaela]

C’est une réaction finalement assez humaine, et toujours assez comique à observer. Je regarde toujours la tête des boubouteurs, des gens souvent convenables au demeurant mais qui, parce qu’on leur a pas servi leur vision imaginaire de l’oeuvre (qu’ils connaissent toujours mieux que les créateurs sans lesquels aucune représentation ne serait possible) deviennent agressifs. Cela fait aussi partie du spectacle ! La frustration libère rarement ce qu’il y a de meilleur en nous.
Le plus drôle c’est quand même ces réactions sans appel de ces personnes qui n’ont pas vu le spectacle et ne le verront jamais mais qui l’étiquettent «immonde» ou «moche».
Dans l’entretien accorda Télérama M.Warlikowsky dit des choses très fines sur les attentes de certains publics.

Les gens ne réagissent par des huées parce qu'on ne leur a pas "servi leur vision imaginaire de l'oeuvre", mais tout simplement parce qu'ils n'ont pas aimé. Ce n'est pas de la frustration, mais tout simplement de la déception.On n'a pas aimé, et puis c'est tout. Après manifester sa déception par des huées, ce n'est sans doute pas la meilleure option, mais c'est un autre sujet.

[Ramana]

Pour ceux que ça intéresse, il y a une longue interview de Warlikowski dans Télérama à propos de sa mise en scène:
https://www.telerama.fr/musique/krzyszt ... 025783.php
Petite citation qui me laisse songeuse...

Depuis quelques années, avec la guerre en Ukraine, les bouleversements politiques qui se déroulent autour de nous, je n’imagine pas que l’on puisse rester tranquillement dans notre chez-nous et refuser d’aller voir une histoire qui nous étonne, nous bouleverse, nous torture. Que l’on continue de penser que l’art lyrique est seulement là pour adoucir le chant du cygne de notre civilisation.

En ce qui me concerne je trouve ses propos très clairs par rapport à ce que nous pouvons attendre d’une représentation.
Et ce passage également qui va certainement irriter les boubouteurs mais tant pis :
« C’est notre monde qui est provocateur. C’est Hofmannsthal, c’est Strauss aussi. Je parle au nom des artistes qui provoquent au nom de la société. Qui nous donnent à penser, à nous ouvrir, à nous identifier à des personnages qui soient proches de la vie, et non des personnages en papier mâché »

[PlacidoCarrerotti]

Mais comment pouvez-vous parler de provocation si vous n’avez pas vu la mise en scène ?
Toujours la même réaction pavlovienne infantile…
J’ai trouvé ça plutôt convenu au contraire, je n’ai pas vu de provocation, rien que du déjà vu, AMHA pas très adapté à l’œuvre.
Je ne demande qu’à entendre une explication convaincante du génie de cette mise en scène, mais on ne me sert que des anathèmes, stratégie classique du terrorisme intellectuel.

[Ramana]

Je ne fais que citer les propos de ce « génie de la mise en scène » auquel on confie quand même un peu partout en Europe pas mal de productions. Comme il le souligne au début cela proteste « boubou » et ensuite c’est mieux compris et accepté, et même considéré comme une réussite !

Et qui vous dit que je ne l’ai pas déjà vu ce spectacle ou même que je vais le revoir ? Je n’hésite jamais à revoir une production quand elle me fait réfléchir.
Quant au registre du « terrorisme intellectuel » je ne vous suivrai pas sur ce terrain que semblez bien connaître.

[Ramana]

Merci pour ce lien qui permet de découvrir ce media, on peut y lire avec plaisir la conclusion « et ça c’est vraiment du théâtre ». On va quand même pas au théâtre pour chronométrer le contre-ut de la Tralala !

Il n’y a pas de contre-ut au théâtre : tu confonds avec l’opéra

Parce que l’opéra c’est pas une représentation théâtrale ? Cela se présente où ? Dans des salles de concerts, des stades olympiques ? On chronomètre quoi à l’opéra ?
Enfin n’oublions pas que le terme est un pluriel qui dénote la réunion de plusieurs formes d’expressions artistiques

[micaela]

Ce n'est pas ça le problème. C'est votre ignorance totale voire (votre mépris) vis à vis de ce qui concerne la part musicale. Aucun avis sur la qualité des voix, du chant, la diction, sur l'orchestration, la qualité de l'orchestre et de sa direction. Pour vous c'est théâtre, théâtre , théâtre...La musique passe totalement à la trappe. Les opéras en version concerts sont souvent joués dans des salles de concert , et peuvent l'être dans des lieux atypiques. Sans parler des oeuvres non prévues pour être mises en scène, par exemple les oratorios, symphonies avec parties vocales , récitals de mélodies ou lieder, etc... C'est régulièrement chroniqué ici. Mais ça ne vous intéresse sans doute pas, il n'y a pas de "théâtre"...

[dongio]

Ah non!! ça ne va pas recommencer! Je sais bien que c'est la saison qui voit le retour de Ramana mais y'en a marre de ces perpétuelles discussions sur le théâââtre avec une bande son etc...Cela fait des années que l'on entend le même refrain, et à chaque fois il y en a qui embrayent directement pour se lancer dans une même discussion agressive sans fond.
Warli est un homme de talent, oui, d'accord, qui travaille ses relations avec les chanteurs, d'accord. Mais qui triture aussi les oeuvres pour les adapter à ses propres pensées qui ne correspondent pas toujours ou pas du tout avec ce que les compositeurs ont voulu. On peut trouver cela génial, mais cela respecte-t-il l'oeuvre en elle même? Je n'ai pas encore vu ce Rosenkavalier que je verrai mardi mais ce qui m'interpelle d'ores et déjà dans ce que je lis çà et là c'est l'appropriation par Warli de la pensée de Strauss et de Hofmannstahl pour en faire sa réflexion sur le transgenre etc. Ainsi donc Warli part du principe que le fait de faire chanter Quinquin par une femme travestie en homme mais qui au fond reste une femme ouvre toutes les portes du potentiel lesbianisme de la Maréchale que Strauss et son librettiste n'osaient pas déclarer. De même alors, nul doute que si Rosine a vu son mariage avec Almaviva raté, c'est parce qu'en bonne homosexuelle qu'elle est sans doute, elle ne s'est mariée avec le Comte que pour suivre les règles de la bonne société de l'époque : ce qui explique qu'elle frémisse troublée devant Chérubin qui est un garçon mais chanté par une femme ce qui lui fait monter la température sous le déshabillé. Mais bon sang c'est bien sûr.
J'ai aimé des mises en scène de Warli comme Don Carlos, j'ai détesté Iphigénie et Hamlet, et suis resté de marbre devant Elektra ou MacBeth à Salzbourg.
Je suis d'accord pour dépoussiérer une oeuvre si elle en a besoin mais il y a façon de faire et façon de faire: Damiano Michelietto avait fait un remarquable travail sur l'oeuvre à la Monnaie de Bruxelles. Mais je suis contre le tripatouillage où c'est le metteur en scène qui se tripote. Deux de mes dieux, Strehler et Chéreau, avaient leur langage moderne propre , pouvaient ajouter leurs impressions sur certaines scènes d'un opéra (je reste encore bouleversé par le souvenir d'Elektra lovée contre sa mère qui lui caressait les cheveux, souvenirs de tant de passés et expliquant aussi tant de frustrations...) mais jamais ne dénaturaient une oeuvre.
Encore une fois je n'ai pas encore vu le spectacle et pourrai me faire une idée de la chose la semaine prochaine.
Quant à l'argument, Warli est un immense metteur en scène puisqu'il est invité partout, je rigole! Ce n'est pas l'argument majeur. Il y a certainement aussi un effet de mode, un snobisme qui prévaut dans ces choix (idem avec Tcherniakov souvent). Ce snobisme peut porter à la démesure (dans un autre domaine, j'en veux pour preuve la dernière vente Design chez Sotheby's adoubée par Betty Catroux...)

[micaela]

Tout à fait d'accord.

[Loïs]

La lumière bleue dans la salle: c’est définitif ou est ce en lien avec la mise en scène ? Il faut la garder