Un opéra de Giorgio Battistelli
Direction musicale Miguel Pérez Iñesta
Mise en scène Pauline Bayle
Scénographie Lisetta Buccellato
Costumes Pétronille Salomé
Vidéo Pierre Martin Oriol
Chorégraphie Agnès Butet
Lumières Mathilde Chamoux
Chef des Chœurs Benedict Kearns
Blanche : Natascha Petrinsky
Mireille : Jenny Daviet
Odette : Nicola Beller Carbone
Rachel : Shakèd Bar , Eleonora Vacchi (le 15 mars)
Agnieska : Giulia Scopelliti **
Zoélie : Eva Langeland Gjerde *
Arielle : Jenny Anne Flory *
Sophie : Elisabeth Boudreault
Lorraine : Lara Lagni
Mahtab : Anne-Marie Stanley
Sabine : Sophia Burgos
Employées de l’usine Lisetta Buccellato et le chœur de l’Opéra de Lyon
Orchestre et Chœurs de l’Opéra de Lyon
* Solistes du Lyon Opéra Studio, promotion 2024-2026
**Lyon Opéra Studio, promotion 2022-2024
Représentation du vendredi 21 mars 2025
L’opéra 7 minutes de Giorgio Battistelli s’inspire de la pièce de théâtre éponyme de Stefano Massini écrite en 2015 suite à une commande de l’opéra de Lorraine en 2019. Il relate le combat d’ouvrières d’une usine de textile à qui les « cravates » demandent de renoncer à 7 minutes de leur temps de pause. Si la demande parait anodine, la porte parole des 11 ouvrières élues leur demande de bien réfléchir avant de voter. Directement inspiré du combat des ouvrières de Lejaby en 2012, cet opéra social et syndical met en avant les questions qui se posent face à une telle décision. Celles qui souhaitent sauver leur place, sans discuter, celles qui se projettent dans le collectif, celles qui cherchent le compromis. Forcément, dans les discussions, se mêleront les rapports de force, les jalousies, les suspicions.
Plusieurs des personnages évolueront dans leur réflexion au cours des votes, et c’est à la plus jeune de départager la décision lorsque le rideau final se ferme.

Si l’opéra est bien monté grâce à une mise en scène et une direction d’acteur fluide, le propos se perd un peu par une partition manquant de relief, amenant quelques moments d’ennui à l’écoute.
Pauline Bayle qui signe ici sa seconde mise en scène à l’opéra (L’orfeo en 2021 au comique avec Jordi Savall) garde sens et sobriété et concentre l’action autour des discussions et débats. Le recours à la vidéo très succinct pour évoquer les cravates et actionnaires, ou pour projeter les visages des ouvrières dont les lèvres seront « cousues » par les croix du résultat du premier tour du vote. Salle d’usine, grands murs, un seul escalier pour monter chez les grands décideurs. Les couleurs grises et l’éclairage néon renforcent l’esprit du huis clos.

Le plateau est très homogène tant vocalement que scéniquement. Chacune engagée et sincère dans le rôle qu’elle endosse assurant une totale fluidité lors des prises de parole. On notera quelques rôles en particulier. Celui de Blanche (la porte parole) reste le plus important. Natascha Petrinsky, l’ainée, a quelques aigus criards, mais est plus convaincante dans les graves. Nicola Beller Carbone (Odette) tient le rôle de médiatrice par un soprano soutenu. Rachel (Shakèd Bar) est la plus vindicative et envoie des bonnes piques. La plus « jeune » (Élisabeth Boudreault en Sophie) soutient de beaux aigus agiles depuis un petit gabarit. Et enfin Anne Marie Stanley, soprano corsée.

Miguel Pérez Iñesta à la baguette fait ressortir de la fosse les sonorités contemporaines de l’oeuvre, mêlant percussions, accordéon et cordes, et prend soin à l’équilibre avec le plateau.
Le mystère reste entier quant à l’issue du vote, mais la pièce a été bien accueillie aux saluts.
Perrine
L'opéra sera diffusé sur France Musique le mercredi 7 mai 2025