Tartini -Vertigo - Duo Tartini - CD Muso (2020)

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EdeB
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Tartini -Vertigo - Duo Tartini - CD Muso (2020)

Message par EdeB » 26 sept. 2020, 17:02

VERTIGO
THE LAST VIOLIN SONATAS


Giuseppe TARTINI (1692-1770)
Sonate pour violon et violoncelle en la mineur, Brainard a8
Sonate pour violon et violoncelle en la majeur, Brainard A4
Sonate pour violon et violoncelle en ré majeur, Brainard D19
Sonate pour violon et violoncelle en ré mineur, Brainard d5
Sonate pour violon et violoncelle en ré majeur, Brainard D9

DUO TARTINI
David PLANTIER, violon (Giovanni Battista Guadagnini (1766))
Annabelle LUIS, violoncelle (Nicolas Augustin Chappuy (1777))

CD Muso 2020



Image


Giuseppe Tartini, dont on célèbre cette année le 250e anniversaire du décès, est l’une des figures majeures du violon de l’Europe des Lumières. Encensée par ses contemporains, sa virtuosité au violon fut considérée sans égale. « C’est la musique de ce maître qui inspire de nobles sensations. Original en tout, il n’a reçu de loi que celles de son génie. La sublimité́ de ses ouvrages le fait estimer de tout homme capable de sentir la vérité́. Il a su bannir le fard de la musique pour servir la nature. Il est connu dans toute l’Europe, mais chéri de peu de gens, comme aussi peu de gens ont le bonheur de distinguer le bruit, d’avec le sentiment et l’expression » s’extasie un anonyme en 1752, durant la Querelle des Bouffons. Pour Charles Burney, « C’est l’un des rares génies originaux de notre siècle (…) Sa mélodie est pleine de feu et d’imagination, son harmonie, quoique savante reste simple et pure », tandis que Guinguené renchérit en louant « des chants nobles et expressifs ; des traits savants mais naturels et dessinés sur une harmonie mélodieuse, des motifs suivis avec un art infini, rien d’affecté, rien de bas (…) ». S’il est désormais connu comme le compositeur du redoutable « trille du diable », le compositeur laissa cependant plus de cent trente sonates, dont une bonne partie des partitions se trouve désormais à la Bibliothèque nationale de France, suite aux « collectes » révolutionnaires prélevées en Italie.

Avec ce disque, le bien nommé Duo Tartini ressuscite une sélection des sonates que le compositeur jouait avec son ami violoncelliste, l’abbé Vandini (au jeu « excellentissime » selon le président de Brosses), faisant resurgir avec élégance et enthousiasme cinq partitions majoritairement tirées de la dernière manière de ce maître du violon. Si la sonate « sopra il Prete dalla Chitarra Portoghese » est la plus surprenante de ces œuvres de la maturité par son imitation étonnamment trompeuse et ces dissonances ouvrant des abîmes là où on n’en soupçonnait guère, les trois autres pièces émerveillent par l’équilibre savant et la fantaisie de leur composition, leur suavité ensorceleuse et cette expressivité qui touche et fait résonner l’auditeur en réponse. La sonate D19, la seule tirée d’un corpus plus juvénile, est plus ouvertement virtuose. David Plantier relève ce défi avec des feux d’artifice suscitant l’admiration. Toutefois, malgré son immédiat attrait, il ne s’agit pas du sommet du disque, car, tout du long, le duo, dont l’harmonie infuse cet enregistrement, délivre une leçon de grâce profonde, d’intériorité vibrante, de lyrisme subtil et de pureté chatoyante. Se jouant des chausse-trapes –techniques comme stylistiques–, la clarté du discours est renforcée par la richesse des sonorités et la souple éloquence de la basse d’Annabelle Luis, car cette expressivité ne donne jamais dans la démonstration creuse. Sous les doigts de ces deux magnifiques complices, les sonates dans lesquelles Tartini a concentré l’expérience de tout son art, séduisent par un équilibre vivifiant, dont l’architecture chante d’autant plus que le naturel et la poésie y flamboient. Jusqu’à un vertige né de ce labyrinthe de variations goûteuses dans lesquelles on se plaît à se perdre, pour un opus qui porte bellement son nom.

Emmanuelle Pesqué

On peut en écouter un extrait sur le site de Muso
Une monstrueuse aberration fait croire aux hommes que le langage est né pour faciliter leurs relations mutuelles. - M. Leiris
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