Callas à la Manufacture des Abbesses
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Ah non !!! si il y en a une qu'on ne peut pas traiter de capricieuse , c'est bien elle...
Je chante parce que l'orage n'est pas assez fort pour couvrir mon chant , et que quoi que demain l'on fasse ,on pourra m'oter cette vie , mais on n'eteindra pas mon chant . Louis Aragon .Les yeux d'Elsa .paris . 1942
Oui je suis d'accord. Tous les grands artistes qui ont été ses collègues ont nié absolument qu'elle fût "capricieuse" (Visconti, Gavazzeni, Vickers, Corelli, Simionato, Berganza...).quetzal a écrit :Je ne m'en souviens pas trop .la sexualite de Callas serait certainement un sujet important ;comme celle de Garbo .
Car ces sexualites sont en rapport étroit avec leur rapport unique à leur art .
Mais on touche un hors sujet epineux .
Ce qui m'agace dans les representations stereotypees de Callas c'est tout ce qui la represente à la surface des choses .
J'ai une "sainte "horreur par exemple qu'on la presente comme "capricieuse ".
Ça me paraît le plus grave des contre-sens .
Bernard
J'avais entendu une interview d'un Wagner (Wieland je crois) disant qu'il n'aurait jamais engagé Callas à Bayreuth à cause de ses annulations à répétition. Navrant d'entendre ça dans la bouche d'un professionnel. Il était bien placé pour savoir qu'elle n'était pas responsable dles problèmes de Rome ou d'Edimbourg.
Quant à la pièce avec Marie Laforêt j'étais parti avant la fin. Parler de sexe, pourquoi pas, Callas n'était une vestale que chez Spontini, mais s'appesantir sur un thème aussi peu intéressant que les organes génitaux d'Onassis, ne s'imposait vraiment pas.
Quant à la pièce avec Marie Laforêt j'étais parti avant la fin. Parler de sexe, pourquoi pas, Callas n'était une vestale que chez Spontini, mais s'appesantir sur un thème aussi peu intéressant que les organes génitaux d'Onassis, ne s'imposait vraiment pas.
Jérôme je n'ai pas partagé sa vie domestique .jerome a écrit :Ah parce qu'elle ne l'était pas du tout du tout ????quetzal a écrit :J'ai une "sainte "horreur par exemple qu'on la presente comme "capricieuse ".
Mais l'exigence artistique , l'exigence à l'égard de soi telle qu'elle en témoigne dans sa vie artistique n'est pas possible quand on est "capricieux" .
Pour moi un caprice est la manifestation d'un vouloir immédiat et arbitraire , inconstant et surtout non déterminé par une causalité rationnelle . Le caprice teste la toute puissance infantile sur la mère , le caprice est labile car il surgit toujours des circonstances .
L'art de Callas est à l'opposé de ça . Quand elle dit NON , c'est sur le fondement de son éthique esthétique .
J'ai été très frappé quand j'étais jeune par deux émissions diffusées , d'assez longue durée et que j'avais suivies de bout en bout : un dimanche ( fin des années 60 ? après le film de Pasolini ?) après midi à la télé ( moi qui ne regardais jamais la TV , j'étais resté scotché ) . Il y avait là des gens comme Visconti qui parlaient avec Callas de son travail . Et une émission tout un matin avec un animateur de France Musique ( début 70 ?): Philippe Caloni que j'appréciais beaucoup . Ce sont des émissions où Callas avait pu s'exprimer sérieusement sur son travail , sur sa conception de l'art , du chant ; mais surtout de l'art .
Elle avait évoqué de façon frappante les draps étendus dans la mise en scène du Faust de "Môôsieur Lavelllli " ; elle ne comprenait pas ces mises en scène décalées . Tout cela est lointain , comme les anecdotes ressassées de Rome , New York etc...
Je n'ai quasiment rien lu sur la vie de Callas , mais ces quelques entretiens diffusés m'ont instruit , s'il en était besoin sur ce qu'est une vie qui est vouée à l'art .
Le reste ce sont les fantasmes qui circulent sur le personnage inaccessible dont la demande parait toujours démesurée , tant elle est hors de portée , tant elle exige un idéal pour elle même et de tous .
Donc , oui , sans être spécialiste , je suis convaincu que Callas était l'inverse d'une star capricieuse .
( je mettrais en position inverse , ce qu'était l'attitude professionnelle d'une star dont le style m’intéresse beaucoup : Maryline Monroe .
Là nous sommes dans une esthétique du "caprice" ( dramatique , d'ailleurs) , mais nous sommes au cinéma , et nullement dans l'interprétation de la Musique ...ce n'est pas la même chose) .
Callas a tout délibéré , chaque inflexion . Impossible qu'une telle puissance professionnelle ait pu psychiquement s'accorder avec une personnalité capricieuse.
Bernard
L'émission avec Visconti, c'est en 1969 : elle rêvait encore d'un retour dans La Traviata à Paris, et s'apprêtait à tourner Medea. Celle de France Musique, c'est en 1977, peu avant sa mort. Les derniers mots : "La Callas ne sert plus à rien... C'est triste à dire mais c'est comme ça..."quetzal a écrit :Jérôme je n'ai pas partagé sa vie domestique .jerome a écrit :Ah parce qu'elle ne l'était pas du tout du tout ????quetzal a écrit :J'ai une "sainte "horreur par exemple qu'on la presente comme "capricieuse ".
Mais l'exigence artistique , l'exigence à l'égard de soi telle qu'elle en témoigne dans sa vie artistique n'est pas possible quand on est "capricieux" .
Pour moi un caprice est la manifestation d'un vouloir immédiat et arbitraire , inconstant et surtout non déterminé par une causalité rationnelle . Le caprice teste la toute puissance infantile sur la mère , le caprice est labile car il surgit toujours des circonstances .
L'art de Callas est à l'opposé de ça . Quand elle dit NON , c'est sur le fondement de son éthique esthétique .
J'ai été très frappé quand j'étais jeune par deux émissions diffusées , d'assez longue durée et que j'avais suivies de bout en bout : un dimanche ( fin des années 60 ? après le film de Pasolini ?) après midi à la télé ( moi qui ne regardais jamais la TV , j'étais resté scotché ) . Il y avait là des gens comme Visconti qui parlaient avec Callas de son travail . Et une émission tout un matin avec un animateur de France Musique ( début 70 ?): Philippe Caloni que j'appréciais beaucoup . Ce sont des émissions où Callas avait pu s'exprimer sérieusement sur son travail , sur sa conception de l'art , du chant ; mais surtout de l'art .
Elle avait évoqué de façon frappante les draps étendus dans la mise en scène du Faust de "Môôsieur Lavelllli " ; elle ne comprenait pas ces mises en scène décalées . Tout cela est lointain , comme les anecdotes ressassées de Rome , New York etc...
Je n'ai quasiment rien lu sur la vie de Callas , mais ces quelques entretiens diffusés m'ont instruit , s'il en était besoin sur ce qu'est une vie qui est vouée à l'art .
Le reste ce sont les fantasmes qui circulent sur le personnage inaccessible dont la demande parait toujours démesurée , tant elle est hors de portée , tant elle exige un idéal pour elle même et de tous .
Donc , oui , sans être spécialiste , je suis convaincu que Callas était l'inverse d'une star capricieuse .
( je mettrais en position inverse , ce qu'était l'attitude professionnelle d'une star dont le style m’intéresse beaucoup : Maryline Monroe .
Là nous sommes dans une esthétique du "caprice" ( dramatique , d'ailleurs) , mais nous sommes au cinéma , et nullement dans l'interprétation de la Musique ...ce n'est pas la même chose) .
Callas a tout délibéré , chaque inflexion . Impossible qu'une telle puissance professionnelle ait pu psychiquement s'accorder avec une personnalité capricieuse.
Bernard
C'est encore plus triste, ses mots exacts sont "Je me sens complètement inutile"Leyla a écrit : L'émission avec Visconti, c'est en 1969 : elle rêvait encore d'un retour dans La Traviata à Paris, et s'apprêtait à tourner Medea. Celle de France Musique, c'est en 1977, peu avant sa mort. Les derniers mots : "La Callas ne sert plus à rien... C'est triste à dire mais c'est comme ça..."
« L’opéra est comme l’amour : on s’y ennuie mais on y retourne » (Flaubert)
oui, mais là il s'agit d'une émission télé et non de l'émission radio de Caloni, ultime interview de Callas...raph13 a écrit :C'est encore plus triste, ses mots exacts sont "Je me sens complètement inutile"Leyla a écrit : L'émission avec Visconti, c'est en 1969 : elle rêvait encore d'un retour dans La Traviata à Paris, et s'apprêtait à tourner Medea. Celle de France Musique, c'est en 1977, peu avant sa mort. Les derniers mots : "La Callas ne sert plus à rien... C'est triste à dire mais c'est comme ça..."
Parution de ma biographie "Régine Crespin, La vie et le chant d'une femme" ! Extraits sur https://reginecrespinbiographie.blogspot.com/
Odb-opéra
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La citation "Je me sens complètement inutile" provient bien de l'interview de Caloni d'avril 77, ce sont même les mots qui la concluent.JdeB a écrit :oui, mais là il s'agit d'une émission télé et non de l'émission radio de Caloni, ultime interview de Callas...raph13 a écrit :C'est encore plus triste, ses mots exacts sont "Je me sens complètement inutile"Leyla a écrit : L'émission avec Visconti, c'est en 1969 : elle rêvait encore d'un retour dans La Traviata à Paris, et s'apprêtait à tourner Medea. Celle de France Musique, c'est en 1977, peu avant sa mort. Les derniers mots : "La Callas ne sert plus à rien... C'est triste à dire mais c'est comme ça..."
« L’opéra est comme l’amour : on s’y ennuie mais on y retourne » (Flaubert)