Pilar Lorengar

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Pilar Lorengar

Message par Loïs » 11 avr. 2020, 17:23

Pour rebondir sur une discussion sur un autre fil , une courte présentation de cette cantatrice espagnole qui nous manque.

Aragonaise, née à Saragosse en 1921, Pilar Lorenza García Seta (Pilar Lorengar sera son nom de scène en contractant ses patronymes) comme Berverly Sills se fait remarquer en participant à des émissions radiophoniques enfant et débute l’étude du chant à 14 ans mais sa vraie formation aura lieu à Barcelone puis Madrid.
D’abord mezzo, elle débute dans des zarzuelas puis change de tessiture et est révélée en soprano, toujours en zarzuelas (El Canastillo de fresas, 1951, premier succès éclatant) mais elle élargit son répertoire au grand opéra jusqu’à obtenir la révélation internationale en 1955 à Aix en Provence (Chérubino). D’ailleurs les festivals lui porteront chance (Glyndebourne, Pamina en 57 puis la Comtesse en 58 & 59 et Salzbourg, Idomeneo en 61). Mais déjà Londres (20 ans de présence), Buenos Aires, San Francisco, Munich l’ont adoptée, Vienne suivra.
Pourtant son nom restera attaché au Deutsche Oper de Berlin où elle débute dans Carmina burana en 1958 et qu’elle quittera en Tosca en 1991. Durant ces trois décennies elle y chantera tout : de Mozart à Verdi, de Puccini à Wagner. En 1963 elle est nommée par le Sénat de Berlin Kammersängerin et en 1984 elle devient membre honoraire de l'Opéra de Berlin Son buste est visible au foyer (le seul d’une femme en ce lieu).
A noter enfin ses 12 saisons au MET qu’elle aborde en Elvire et qui la conduiront à 100 représentations.
Pilar Lorengar meurt d'un cancer du sein en juin 1996 à Berlin. Elle avait reçu en 1991 le prix Princesse des Asturies des arts qui fut donné collectivement à la « génération lyrique espagnole » : Victoria de los Ángeles, Teresa Berganza, Montserrat Caballé, José Carreras, Placido Domingo, Alfredo Kraus et Pilar Lorengar. On retrouvera cette incroyable brochette lors du concert d’inauguration de l’Opéra de Séville en 1992.
Sa voix avait l’onctuosité qui plaisait tant à Solti, la musicalité qui faisait dire à Bernstein qu’elle venait du Ciel, des aigus souverains (elle fut aussi Reine de la Nuit), des reflets argentés mais surtout reflétait l’extrême bonté et la gentillesse d’une très belle âme. Malheureusement boudée par les maisons de disque ( hors sa légendaire Pamina avec Solti, il n’en voulait pas d’autre), on trouve encore ses vinyles en allemand (Butterfly, la Bohème, etc…) mais il reste tous les enregistrements live pour découvrir cette émotion qu’elle insufflait par son engagement et un des plus grands héritages de zarzuelas.

Pour faire court, et faciliter sa découverte (pour certains), j’ai sélectionné 3 airs :

Malheureusement je n’ai pas trouvé sur Voldemort l’entrée de Cio Cio San en 1969 au MET (avec Sandor Konya et Mario Sereni) avec un ré bémol incroyable de projection qui avait rempli tout l’espace aux dires des témoins. Donc une autre version qui fait chavirer le cœur pour ce petit papillon qui s’ouvre à l’amour (Munich, 1966):
https://www.youtube.com/watch?v=blxtgMMWgFo

Parce que pour moi, il n’y aura peut être pas d’autre Pamina (Salzburg, 1963):
https://www.youtube.com/watch?v=pDQEsOFy_1w

pour l’entendre dans un de ses « rôles lourds » plus tardifs, Elizabeth, filmée ici en lieu réel, à l’Escurial :
https://www.youtube.com/watch?v=kXy5BIEpQBw

Et bien entendu, on finit par là où tout commença, une zarzuela en 1952 :
https://www.youtube.com/watch?v=P15fvz29e1E
mais si on est frustré par la coupure lors de la cadence de la polonaise (j’ai un enregistrement plus récent et intégral mais je ne sais pas comment l’injecter sur le fil), une séquence de rattrapage, en ultime bis :
https://www.youtube.com/watch?v=aohShpyTXlM

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Re: Pilar Lorengar

Message par Loïs » 11 avr. 2020, 17:29

Un double CD récital à connaitre :
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Re: Pilar Lorengar

Message par raph13 » 11 avr. 2020, 17:45

J’écoutais justement cet après midi sa Traviata studio avec Aragall et DFD.
J’adore sa voix frémissante et ce timbre qui vous « prend » tout de suite. Une belle artiste !
« L’opéra est comme l’amour : on s’y ennuie mais on y retourne » (Flaubert)

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Re: Pilar Lorengar

Message par philopera » 11 avr. 2020, 18:08

Loïs a écrit :
11 avr. 2020, 17:23


Malheureusement je n’ai pas trouvé sur Voldemort l’entrée de Cio Cio San en 1969 au MET (avec Sandor Konya et Mario Sereni) avec un ré bémol incroyable de projection qui avait rempli tout l’espace aux dires des témoins. Donc une autre version qui fait chavirer le cœur pour ce petit papillon qui s’ouvre à l’amour (Munich, 1966):
https://www.youtube.com/watch?v=blxtgMMWgFo
Pas mal le ré à la fin de l'entrée de Butterfly
Presqu'aussi extra que celui de Steber ( OK c'est du studio mais ça bouge pas et quelle longueur ! )
https://www.youtube.com/watch?v=Ze7sCeWzr-E
En live aussi elle le donnait presque pareil remarque : https://www.youtube.com/watch?v=IVoRTDw9dE4
"Gérard Mortier a raison d'offrir Elektra sans entracte"
( Eric Dahan Libération 25/06/2005)

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Re: Pilar Lorengar

Message par Loïs » 11 avr. 2020, 18:38

Son dernier opéra avant la Tosca des adieux fut les Huguenots en 87 dans lesquels je ne l'avais pas encore entendue. Je viens de tomber sur le duo Raoul-Valentine (en Allemand): prodigieux et mon Dieu Leech est A-M-A-Z-I-N-G:
https://www.youtube.com/watch?v=wQLWbkDxp28

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Re: Pilar Lorengar

Message par valery » 12 avr. 2020, 09:23

Loïs a écrit :
11 avr. 2020, 18:38
Son dernier opéra avant la Tosca des adieux fut les Huguenots en 87 dans lesquels je ne l'avais pas encore entendue. Je viens de tomber sur le duo Raoul-Valentine (en Allemand): prodigieux et mon Dieu Leech est A-M-A-Z-I-N-G:
https://www.youtube.com/watch?v=wQLWbkDxp28
Effectivement, ça dépote. Des soprani capables de chanter ainsi à 60 ans, on en redemande. (Leech à l'époque est sans rival dans le rôle. Bonynge coupe et dirige curieusement cette version allemande des Huguenots, mais c'est hors-sujet).
La mise en scène du film de 1952 où elle chante "Me llaman la primorosa" est croquignolette. On se demande si c'est le contre-mi qui tue !

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Re: Pilar Lorengar

Message par aroldo » 12 avr. 2020, 11:03

Au disque, elle est aussi une très belle, très caressante et juvénile (du coup peut-être pas assez équivoque, mais c'est une conception qui a son charme) Elvira dans le Don Giovanni de Bonynge.
l'enlevement de Clarissa a été un des évènements de ma jeunesse.

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Re: Pilar Lorengar

Message par Loïs » 12 avr. 2020, 11:42

valery a écrit :
12 avr. 2020, 09:23
Loïs a écrit :
11 avr. 2020, 18:38
Son dernier opéra avant la Tosca des adieux fut les Huguenots en 87 dans lesquels je ne l'avais pas encore entendue. Je viens de tomber sur le duo Raoul-Valentine (en Allemand): prodigieux et mon Dieu Leech est A-M-A-Z-I-N-G:
https://www.youtube.com/watch?v=wQLWbkDxp28
Effectivement, ça dépote. Des soprani capables de chanter ainsi à 60 ans, on en redemande. (Leech à l'époque est sans rival dans le rôle. Bonynge coupe et dirige curieusement cette version allemande des Huguenots, mais c'est hors-sujet).
J'ai eu a chance d'assister à la première à Montpellier (avec Pollet), il était à genou au V mais je crois que j'ai assisté à la plus longue coupure à l'issue du duo, personne n'en revenant d'entendre cela (et à Montpellier).
J'imagine la surprise de ceux qui n'ont connu des Huguenots que les dernières représentations européennes avec des voix sous dimensionnées de moineaux asthmatiques et qui savent pas que Raoul créé par Nourrit fut l'apanage des Rezké, Thill, Corelli .....Quant à Valentine....
Et pourtant les chanteurs actuels qui ont le niveau existent et peuvent égaler leurs glorieux prédécesseurs.

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Re: Pilar Lorengar

Message par Loïs » 12 avr. 2020, 11:52

aroldo a écrit :
12 avr. 2020, 11:03
Au disque, elle est aussi une très belle, très caressante et juvénile (du coup peut-être pas assez équivoque, mais c'est une conception qui a son charme) Elvira dans le Don Giovanni de Bonynge.
ben tu sais quoi? Quand j'étais lycéen je n'arrivais pas à accrocher avec Mozart puis j'ai assisté (juste en auditeur) à un masterclass de Rita Streich et c'est elle qui m'avait pris à part pour m'expliquer Mozart mais à cette époque je découvre Lorengar (pour ses rôles Mozart) et je comprends tout (le DG de Mackerras jouera aussi un grand rôle).

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