Hector Berlioz 1869-2019. 150 ans de passions (2019)

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JdeB
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Hector Berlioz 1869-2019. 150 ans de passions (2019)

Message par JdeB » 16 mai 2019, 11:05

Alban Ramaut et Emmanuel Reibel, Hector Berlioz. 1869-2019. 150 ans de passions, Château-Gontier, Éditions Aedam Musicae, 2019, 351 pages, 30 euros (Avant-propos de JE Gardiner, préface de B. Messina)

Ce volume collectif sur la postérité de Berlioz et sa fortune artistique, de sa mort (le 8 mars 1869) à nos jours, regroupe 17 contributions, de qualité inégale, parfois passionnantes et brille par une iconographie remarquable.

Il permet d'abord d'établir, au fil des articles, une liste d'admirateurs éminents de Berlioz, sans révélations majeures semble-t-il, sauf peut-être chez les vivants. Citons d'abord les compositeurs: Reyer qui organise un festival Berlioz à l'Opéra dès 1870, Balakirev qui publie un arrangement pour 4 mains d'Harold en Italie en 1878, Gounod qui préface un premier recueil de lettres de Berlioz à Humbert Ferrand, Saint-Saëns, R. Strauss qui réédite et élargit le Traité d’instrumentation (1904), Bruneau, Bruckner, Mahler, Milhaud, Messiaen, Boulez, Dufourt, Beffa et Lévinas qui vont créer des oeuvres au Festival Berlioz 2019 en août prochain. Il y eut aussi quelques peintres (Fantin-Latour, Pissarro) et une cohorte d'écrivains majeurs (Gautier, Barbey d'Aurevilly, Flaubert, Zola, Claudel, Colette, Rolland, Shaw, Auden, Kafka), parfois aussi sensibles aux grandes qualités littéraires de Berlioz qu'à sa musique, mais seuls les rapports d'admiration des hommes de lettres français sont vraiment traités, plus ou moins en détail.

On trouvera aussi une évaluation quantitative de la somme impressionnante de la discographie berliozienne, en extraits ou en intégrales, depuis 1901 où le légendaire Maurice Renaud grave "Voici des roses" jusqu'aux plus récents, pour un total de 5583 enregistrements dont 1509 en France. Voici le classement des ouvrages vocaux les plus souvent enregistrés : 828 pour la Damnation de Faust, 185 des Nuits d'été, 163 des Troyens, 146 de Benvenuto Cellini, 99 de l''Enfance du Christ, 86 de Roméo et Juliette, 71 de Béatrice et Bénédict et 38 de La Mort de Cléopâtre (extraits compris à chaque fois).
Un autre classement, un peu curieux, range les interprètes par leur nombre d’enregistrements de Berlioz et de rééditions de ces derniers où, parmi les chanteurs, arrive loin devant AS von Otter (35) suivie de J. Baker (22), J. Aler et F. Pollet (21 chacun), R. Alagna, R. Crespin et N. Gedda (20 chacun) sans oublier le trio V. Gens, J. Giraudeau, S. Graham qui pointe à 13, ce qui éclaire assez mal l'importance historique relative des uns et des autres en fait.

Plus novatrice car seule permise par les nouveaux logiciels de pointe, l"étude des odonymes (noms propres désignant des voies de communication) berlioziens permet de recenser dans notre pays 537 rues, 62 salles, 61 impasses, 47 avenues, 19 squares, 4 boulevards, un col de montagne, une station de tramway, mais aussi six collèges, deux lycées (dont un à Vincennes où la piscine Berlioz, par contre, a fermé ses portes en 2011) cinq restaurants, trois hôtels, une pizzeria et un élevage de chats. Avec 15 lieux éducatifs, Berlioz arrive en quatrième position des musiciens pour le nom donné à des établissements scolaires français, derrière Debussy (27), Ravel (25), Mozart (25) et juste devant Chopin (14) mais très loin derrière Brassens (140) et Brel (74) sans parler de Prévert (742)...

On se demande si "l'acteur Jean Périer" incarnant Berlioz dans la pièce éponyme de Méré (1927 ) ne serait pas le grand baryton créateur de Pelléas, qui a abandonné justement le lyrique au milieu des années 20 pour l'art dramatique et le cinéma (notamment avec Sacha Guitry)
On se demande également si l'ami Serna a tout à fait raison d'écrire, page 197, que les "metteurs en scène les plus réputés [se] sont attaqués à Berlioz" car enfin, ni Chéreau, ni Stein, ni Bondy, ni Sellars, ni Carsen, ni Grüber, ni Wilson ne l'ont fait.
Contrairement à ce qu'indique le tableau de la page 190, Roméo et Juliette n'a pas été donné à Bastille du 25 avril au 4 mai inclus pour cause de travaux de mise en sécurité.

On aurait aimé qu'on mette tout cela en perspective sur le temps long et qu'on se demande si l'image d'artiste maudit au bord de la folie qu'avait Berlioz n'a pas pris le relais de celle du Tasse, dont l'astre décline justement au moment -même où celui du génie de l'orchestre commence à briller.

Jérôme Pesqué.
Parution de ma biographie "Régine Crespin, La vie et le chant d'une femme" ! Extraits sur https://reginecrespinbiographie.blogspot.com/
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