Importance et popularité de l’opéra dans le monde

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David-Opera
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Importance et popularité de l’opéra dans le monde

Message par David-Opera » 30 mai 2020, 09:43

Je ne pense pas avoir partagé cet article que j'avais rédigé en 2011, et que j'ai réactualisé d'abord en 2016, suite à la réouverture du Théâtre Erkel en Hongrie, puis il y a quelques jours à partir des données des années 2015 à 2019 du site Operabase (http://operabase.com) qui avait rendu public dès 2010 une série de statistiques sur l’opéra dans le monde.

On y trouve notamment le nombre de représentations par ville pour une saison, ce qui permet d’évaluer l’importance culturelle selon les pays.
L’analyse de ces chiffres conduit à identifier seulement 13 pays qui représentent plus de 80% (82% précisément) des spectacles d’opéras dans le monde.

Ils sont retenus sur un critère quantitatif et historique, mais non qualitatif, et sont classés en fonction de l’importance de l’opéra dans leur culture, du plus populaire au plus élitiste.


L’opéra, art européen

Chaque année, plus de 26000 représentations d’opéras ont lieu dans le monde. Cet art musical, vocal et théâtral marque l’apogée culturelle de l’Europe, ce qui induit naturellement une prépondérance de ces représentations sur le vieux continent à hauteur de 87%.
Par ailleurs, les États-Unis, le Canada et l’Australie lèvent le rideau sur 10% des représentations, et il ne reste donc plus que 3% de spectacles d’opéras dans le reste du monde, c’est-à-dire l‘Asie, l‘Amérique du Sud, le Moyen Orient, l‘Afrique.


L’opéra, art inhérent à la culture germanique

L’Allemagne

Cela paraît difficile à croire, mais avec 83 millions d’habitants, l’Allemagne concentre à elle seule 31% des représentations d’opéras dans le monde, soit une sur trois.
Berlin en offrent 600, Hambourg, Dresde, Munich en présentent 350 chacune tous les ans, et 60 autres villes proposent plus de 50 représentations.

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Staatsoper Unter den Linden (Berlin)

Il s’agit d’un héritage culturel unique, issu aussi bien de l’histoire politique de ce pays, - qui fut morcelé en 350 principautés jusqu’au XIXème siècle, - que de sa recherche d’une identité propre résolue par l’essor du Théâtre national allemand, le Singspiel, et par son importante tradition symphonique.

A l’origine, ce sont les réunions de maîtres-chanteurs, dont le plus connu est Hans Sachs, qui diffusèrent l’art du poème lyrique dès le XIVème siècle. Par la suite, en 1678 à Hambourg, le premier opéra populaire ouvrit ses portes, acte de progrès qui rendait accessible au plus grand nombre l’art lyrique. Puis, au milieu du XVIIIème siècle, l’opéra de cour se développa avec le soutien de Frédéric le Grand, monarque éclairé et passionné de musique.

On dénombre aujourd’hui plus de 130 orchestres professionnels, les plus reconnus étant le Staatskapelle de Dresde, le Philharmonique de Berlin et l’Orchestre Symphonique de la Radio Bavaroise.

L’Autriche

L’histoire musicale de l’Autriche, sol natal de Mozart, Haydn, Berg et Zemlinsky, est profondément liée à celle de ses voisins allemands, et l’opéra de cour y est né avant l’Allemagne, à Vienne, dès le milieu du XVIIème siècle.

L’enjeu de la suprématie culturelle, en concurrence avec les Allemands et les Tchèques, a conduit ce territoire peuplé de près de 9 millions d’habitants à devenir riche d’une capitale, Vienne, capable de proposer 600 représentations par an, et de 6 autres villes (Innsbruck, Salzburg, Linz, Graz, Baden bei Wien et Klagenfurt) qui dépassent largement les 50 représentations.

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Staatsoper de Vienne

Le directeur de l’Opéra de Vienne, Dominique Meyer, relève l’attachement des Viennois au Staatsoper où, chaque soir, 600 places debout à 3 euros sont proposées à la vente.

La Suisse

Influencée par ses voisins Allemands et Autrichiens, la Suisse reprit l’héritage des Maitres-chanteurs, et des cercles d’amateurs de musique s’organisèrent dès le XVIIIème siècle.
Nombre de musiciens allemands s’y sont installés, tel Richard Wagner qui fut contraint à l’exil après l’échec de la révolution de Mars.
Il initia à Zurich la composition de l’Anneau du Nibelung, et l’interrompit pour créer Tristan et Isolde.
Aujourd’hui, la ville la plus peuplée de Suisse propose plus de 200 représentations par an, et 5 autres villes, Bâle, Genève, St Gallen, Bern, Lucerne en offrent plus de 50.
On dénombre une trentaine d’orchestres, dont l'Orchestre de la Suisse romande, l'Orchestre de la Tonhalle, l'Orchestre de Chambre de Zurich, l'Orchestre de Chambre de Bâle et l'Orchestre Symphonique de Bâle.

Avec plus de 17 millions d’habitants, la Suisse et l’Autriche réunies montent 9% des spectacles d’opéras, soit la plus forte concentration de représentations au monde.


La popularité de l’opéra en Tchéquie, Hongrie, Slovaquie, Suède

Deux pays slaves, un pays magyar et un état scandinave sont les pays non-germaniques où l’art lyrique conserve une très grande popularité.

La Tchéquie

Importance cité culturelle, Prague est passée au XVIème siècle de l’influence allemande à l’influence autrichienne.
La musique a pris une place prépondérante dans la culture thèque durant cette période, mais c’est véritablement au XIXème siècle qu’elle devient une valeur capable d’unir la nation.
Alors qu’Allemands et Tchèques se partageaient le Théâtre des États, où Mozart créa Don Giovanni, deux nouveaux théâtres furent construits à quelques années d‘intervalle, Le Théâtre National (1881) et le Nouveau Théâtre Allemand (1888).
Des compositeurs comme Martinu, Smetana, Dvorak et surtout Janacek ont forgé une tradition musicale tchèque en moins d’un demi siècle.

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Théâtre des Etats (Prague)

Aujourd’hui, Prague offre plus de 300 représentations d’opéras par an, et Brno et Ostrava près de 100 représentations.

La Hongrie

Autre pays se cherchant une identité musicale, la Hongrie vit naître son propre opéra national lorsque le compositeur Ferenc Erkel créa en 1840 son premier opéra, « Batori Maria », tiré d’une pièce populaire d’Andras Dugonics. Son épopée magyare, « Bánk bán (1861) », est ainsi toujours au répertoire
C'est en 1884 que l'Opéra d’État Hongrois de Budapest ouvrit ses portes au public dans un magnifique bâtiment néo-renaissance.
Puis, en 1911, une grande salle dédiée au peuple « Nepopera » fut construite en 9 mois, et fut intégrée à l’Opéra d’État en 1951 sous le nom « Théâtre Erkel ».
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Théâtre d'Etat Hongrois (Budapest)

Cette salle de 2400 places, fermée en 2007, est ré-ouverte depuis 2013, ce qui permet à Budapest de proposer plus de 300 représentations par an dans ses deux opéras, auxquelles s’ajoutent plus de 50 représentations d’Opérettes au Budapesti Operettszínház.

Deux autres villes, Miskolc et Szeged, proposent près de 50 représentations chacune.

La Slovaquie

Au croisement des influences allemande, autrichienne, hongroise et tchèque, la Slovaquie est un point de convergence multiculturel. Beethoven, Schubert, Mozart, Haydn, Bartok se sont rendus à Bratislava (anciennement Presbourg).
Depuis 2007, un nouvel Opéra a ouvert dans la capitale.
On peut écouter 110 représentations à Bratislava (425.000 habitants), 50 à Banska Bystrica et Kosice.

La Suède

L’opéra s’est épanoui en Suède dans les années 1770, sous Gustave III. Il fonda une compagnie d’opéra suédoise, et Stockholm se dota d’un théâtre lyrique en 1782.
Cette période faste fut malheureusement interrompue par l’assassinat du roi, source d’inspiration de Verdi dans Un Bal Masqué.
En 1870, on vit apparaître une école nationale, influencée par l’école allemande. Depuis, la Suède a apporté un nombre incomparable d’interprètes (Birgit Nilsson, Jussi Björling, Astrid Varnay, Nicolai Gedda, Anne Sofie von Otter, Nina Stemme, Peter Mattei …) malgré l’effectif modeste de sa population.
A Stockholm, près de 220 représentations d’opéras sont jouées, et on peut entendre plus de 50 représentations à Göteborg et Malmö.

Avec seulement 36 millions d’habitants au total, la Tchéquie, la Hongrie, la Slovaquie et la Suède montent près de 8% des spectacles d’opéras du monde. Dans ces quatre pays, les interprètes sont très majoritairement des artistes nationaux.


L’Opéra en Italie et en Pologne

L’importance historique de l’opéra en Italie et en Pologne assure une présence culturelle significative à l’art lyrique dans ces deux pays, répartie dans bon nombre de villes importantes.

L’Italie

C’est en Italie, à Florence et Venise, que l’opéra est né à la fin du XVIème siècle. Il s’est diffusé dans toute l’Europe par la suite.
Vint l’occupation autrichienne, la création de la Scala de Milan en 1778, puis l’unification définitive du pays en 1870. C’est un compositeur d’opéra, Giuseppe Verdi, qui incarne les aspirations du peuple à une nation italienne.
Bien que depuis une vingtaine d’années on observe un affaiblissement culturel significatif en Italie, l’opéra constitue le lien, fragile mais bien vivant, d’un pays qui menace de se fracturer. Preuve en est que plus de 80% des ouvrages représentés sont ceux de compositeurs italiens, Verdi, Puccini et Rossini principalement.

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La Fenice (Venise)

La Scala de Milan, une des salles les plus prestigieuses au monde, propose 120 représentations par an, et 12 autres villes italiennes offrent plus de 50 représentations, Venise, Rome, Florence, Naples, Palerme et Turin en particulier.

La Pologne

C’est à Ladisla IV que la Pologne doit la découverte de l’opéra italien dans les années 1627-1628, bien avant la France ou l’Angleterre.
Une salle sera ouverte au Palais Royal de Varsovie, mais la capitale polonaise n’aura droit à son Grand Théâtre qu’en 1833, alors que celui de la ville de Wroclaw existe depuis 1755 (renommé Théâtre Royal depuis 1795).
Plusieurs opéras y seront d’ailleurs représentés très peu de temps après leur création mondiale comme Fidelio, Le Barbier de Séville ou Der Freischütz.

En 1910, les Allemands confièrent à l’architecte munichois Max Littmann la construction d’un opéra à Poznan. La majorité des ouvrages y sont donnés aujourd’hui en langue polonaise.

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Opéra de Cracovie

Ainsi, Varsovie, Wroclaw offrent plus de 100 représentations par an, et Poznan, Cracovie, Bydgoszcz, Lodz, Bytom et Gdansk plus de 50.

Avec près de 100 millions d’habitants réunis, la Pologne et l’Italie montent au total plus de 10% des représentations d’opéras.


Le rayonnement culturel des capitales de France et d’Angleterre à travers l’Opéra

Comme en Italie et en Pologne, l’importance historique de l’opéra en France et en Angleterre assure une présence culturelle significative à l’art lyrique dans ces deux pays, mais à la différence qu’elle se concentre dans les deux capitales.

La France

D’abord affaire de cour où ballets et somptueux décors primaient sur la musique, l’opéra atteignit son apogée à Paris au XIXème siècle quand la bourgeoisie triomphante ne voulut plus que s’amuser. Puis, l’importance lyrique de la capitale amorça un déclin jusqu’à ce que soit envisagée la fermeture de l’Opéra Garnier à la fin des années 1960.

Le renouveau vint avec l’ère Rolf Liebermann (1973-1980), et surtout avec l’élection historique de François Mitterrand qui fit construire l’Opéra Bastille.

En province, l’essor lyrique est également très récent, avec la création de nouvelles salles comme à Montpellier (1990) ou Lyon (1993).

Après une nette volonté d'ouverture au plus grand nombre sous Hugues Gall et Gérard Mortier, l’Opéra de Paris mise maintenant sur le rayonnement médiatique, et se recentre sur la demande d'un public aisé.

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Opéra Bastille (Paris)


On dénombre 35 orchestres en France, à comparer aux 130 orchestres qui résident en Allemagne.

L’Opéra est un art qui concerne Paris en premier lieu si bien que la capitale offre près de 400 représentations par an, et seules les villes de Lyon, Marseille, Strasbourg et Toulouse proposent plus de 50 représentations en province.

L’Angleterre

Comme en France, l’opéra en Angleterre concerne surtout la capitale.
Dès 1732, le Théâtre Royal fut inauguré sur le site de Covent Garden, dévolu pendant plus d’un siècle à l’opéra italien.
C’est au XXème siècle que l’Angleterre trouve en Benjamin Britten un compositeur moderne emblématique. Il sera aussi le fondateur de plusieurs institutions lyriques nationales.
Il existe 6 orchestres londoniens : le London Symphony Orchestra, le BBC Orchestra, le Philharmonia Orchestra, le London Philharmonic Orchestra, le Royal Philharmonic Orchestra, et l‘Orchestra of the Age of Enlightenment.
Par ailleurs, l’English National Opera monte les opéras du répertoire mondial en langue anglaise.

Londres propose plus de 500 représentations par an, et seuls Leeds et le Festival de Glyndebourne représentent plus de 50 ouvrages.

Avec près 135 millions d’habitants au total, la France et l’Angleterre représentent 9% des spectacles d’opéras du monde.


L’Opéra, valeur élitiste aux Etats Unis et en Russie

La Russie

Avec 145 millions d’habitants, la Russie ne représente que 7,5% des spectacles d’opéras joués dans le monde. L’art lyrique y est également considéré comme une culture élitiste, le miroir d’une grandeur qui s’acheva il y a un siècle.

C’est Catherine II qui favorisa la diffusion de l’opéra italien en Russie. Par décret, le Grand Théâtre en pierres fut édifié en 1783 à Saint Pétersbourg pour devenir le Bolchoi Kamenny Theatre le siècle suivant. C’est en 1859 que le Théâtre Mariinski est créé juste en face. Il y accueille depuis toutes les représentations d’opéras.

A Moscou, la troupe du Bolchoï acquit le théâtre Petrovsky en 1780, à l’emplacement duquel sera construit le Théâtre du Bolchoï en 1825.

Mais on vit aussi apparaître en province, à la fin du XVIIIème siècle, des théâtres serviles appartenant à des aristocrates. Certain serfs deviendront même des interprètes ou des compositeurs pour ces théâtres. Puis les grandes villes se dotèrent de salles privées.

La Russie n’échappa pas au besoin de se trouver une identité musicale. Glinka et Dargomyzsky en furent les initiateurs, mais c’est Moussorgsky qui y arriva avec Boris Godounov, suivi par les contes fantastiques de Rimsky Korsakov et le lyrisme de Tchaïkovsky.

A partir de la révolution de 1917, l’opéra fut récupéré à des fins de propagande.

Aujourd’hui, Moscou et St Petersburg sont de la loin les deux capitales lyriques de la Russie en proposant respectivement plus de 600 et 500 représentations par an. Mais les théâtres de Ekaterinburg, Novossibirsk, Voronezh, Saratov ou Rostov-on-Don offrent plus de 50 représentations lyriques par an.

Les États-Unis

Avec 330 millions d’habitants, les États Unis ne représentent que 7,5% des spectacles d’opéras joués dans le monde. L’art lyrique est y considéré comme une culture très élitiste en marge de la culture populaire.

Lorsque nombre d’artistes européens émigrèrent à New York pendant les deux guerres mondiales, la ville connut un essor culturel exceptionnel.

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New York MET

Néanmoins, la crise financière de 2008 a eu des conséquences sur la programmation lyrique, et même le MET a du réduire le nombre de représentations et de nouvelles productions.

On peut toutefois entendre plus de 300 représentations sur l’ile de Manhattan, mais également plus de 50 représentations à Chicago, San Francisco, Houston, Los Angeles, Philadelphie et Washington.

Par ailleurs, trois des dix meilleurs orchestres du monde sont américains, le Chicago Symphony Orchestra, le Cleveland Orchestra et le Boston Orchestra.
http://fomalhaut.over-blog.org/
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Re: Importance et popularité de l’opéra dans le monde

Message par JdeB » 30 mai 2020, 11:19

Merci beaucoup pour cette étude comparative passionnante

je reviens sur le chapitre consacré à la France

D’abord affaire de cour où ballets et somptueux décors primaient sur la musique, l’opéra atteignit son apogée à Paris au XIXème siècle quand la bourgeoisie triomphante ne voulut plus que s’amuser. Puis, l’importance lyrique de la capitale amorça un déclin jusqu’à ce que soit envisagée la fermeture de l’Opéra Garnier à la fin des années 1960.

Le renouveau vint avec l’ère Rolf Liebermann (1973-1980), et surtout avec l’élection historique de François Mitterrand qui fit construire l’Opéra Bastille.

En province, l’essor lyrique est également très récent, avec la création de nouvelles salles comme à Montpellier (1990) ou Lyon (1993).

Après une nette volonté d'ouverture au plus grand nombre sous Hugues Gall et Gérard Mortier, l’Opéra de Paris mise maintenant sur le rayonnement médiatique, et se recentre sur la demande d'un public aisé.
je pense que le renouveau vint aussi et d'abord des festivals (Aix dès 1948, les nouvelles Chorégies à partir de 1971,...), de l'importance de l'opéra à la télévision (encore renforcée avec la 7 et Arte qui lui succéda où on diffusait Atys en prime time !), de 2 ou 3 génies de la mise en scène (Chéreau, Lavelli, ...), du renouveau baroque très marqué en France (Malgoire, Christie, Rousset, ...), du film-opéra dont un producteur français, Daniel Toscan du Plantier, se fit le fer de lance, etc

Bien sûr l'ère Liebermann marqua une apogée, pas sûr qu'on puisse en dire autant de l'ouverture de Bastille, sauf en termes purement quantitatifs de levers de rideau.

Ce modèle parisien tu l'extrapoles mal sur nos provinces en évoquant le Corum de Montpellier et l'Opéra Nouvel de Lyon. A l'instar de l'Acropolis à Nice (1985), L'Opéra Berlioz / Corum n'est pas une salle qui appartient à l'Opéra de Montpellier mais une salle louée (fort cher) par cet Opéra et son ouverture n'a pas entrainé une réelle augmentation des levers de rideau dans cette ville. Quant à l'Opéra Nouvel , c'est juste la rénovation in situ de l'Opéra de Lyon tricentenaire.

Je ne pense pas qu'on puisse parler de l'essor lyrique en province depuis 30 ans, bien au contraire, même si on peut y voir de temps en temps des spectacles de grande qualité. De nombreuses villes n'ont plus de saison lyrique comme Annecy, Arras, Béziers, Calais, Dunkerque, Grenoble, Nîmes, Perpignan, Troyes, ...L'offre s''est réduite comme peau de chagrin à Nantes comme à Nice, etc tandis que l'âge moyen des spectateurs y augmente sensiblement avec un épineux problème de renouvellement du public (sauf à Lyon et Strasbourg)
Parution de ma biographie "Régine Crespin, La vie et le chant d'une femme" ! Extraits sur https://reginecrespinbiographie.blogspot.com/
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Re: Importance et popularité de l’opéra dans le monde

Message par jerome » 30 mai 2020, 12:06

Je suis d'accord avec Jérôme et je rajouterais que cette belle étude comparative gagnerait en objectivité si elle pointait dans le détail toutes les représentations lyriques ou, pour être plus clair, si elle ne fixait pas de limite plancher pour le nombre de représentations. Désolé mais il y a énormément de villes qui donnent moins de 50 représentations par an, il y a également tous les festivals et tout ça compte dans le rayonnement lyrique d'un pays et surtout ça fait une sacrée différence dans cette comparaison qui mérite d'être vraiment ajustée au plus près.

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Re: Importance et popularité de l’opéra dans le monde

Message par Loïs » 30 mai 2020, 12:08

j'ajoute à ce panorama un point qui compte : les opéras avec troupe car cela fait nettement la différence en nombres de représentations et de coûts de fonctionnement et pour illustrer ton propos entre l'Allemagne et la France par exemple

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Re: Importance et popularité de l’opéra dans le monde

Message par Loge Arythme » 30 mai 2020, 12:24

David-Opera a écrit :
30 mai 2020, 09:43

La France

D’abord affaire de cour où ballets et somptueux décors primaient sur la musique, l’opéra atteignit son apogée à Paris au XIXème siècle quand la bourgeoisie triomphante ne voulut plus que s’amuser. Puis, l’importance lyrique de la capitale amorça un déclin jusqu’à ce que soit envisagée la fermeture de l’Opéra Garnier à la fin des années 1960.

Le renouveau vint avec l’ère Rolf Liebermann (1973-1980), et surtout avec l’élection historique de François Mitterrand qui fit construire l’Opéra Bastille.

En province, l’essor lyrique est également très récent, avec la création de nouvelles salles comme à Montpellier (1990) ou Lyon (1993).

Après une nette volonté d'ouverture au plus grand nombre sous Hugues Gall et Gérard Mortier, l’Opéra de Paris mise maintenant sur le rayonnement médiatique, et se recentre sur la demande d'un public aisé.
Cette présentation est plus que contestable ! on a l'impression que le renouveau date de la construction de l'opéra Bastille , alors que c'est une catastrophe qui à pompé les budgets depuis 30 ans au détriment des opéras de région ! et réduire la création de Garnier à une maison de plaisir , alors que c'est ce qui a créé le modèle de toutes les maisons d'opéra du monde ! c'est céder à la vulgate post-marxiste toujours en vogue lorsqu'il s'agit d'évoquer le règne de Napoléon III . Plus tendancieux , tu meurs .

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Re: Importance et popularité de l’opéra dans le monde

Message par Loïs » 30 mai 2020, 12:27

David-Opera a écrit :
30 mai 2020, 09:43
Avec 145 millions d’habitants, la Russie ne représente que 7,5% des spectacles d’opéras joués dans le monde. L’art lyrique y est également considéré comme une culture élitiste, le miroir d’une grandeur qui s’acheva il y a un siècle.
Je ne peux pas parler du Mariinsky où je n'ai assisté qu'à une représentation (en gros 50% étudiants russes, 50% touristes) mais plutôt du Bolschoï et de son public où on peut parler d'élitisme au vu des statistiques mais il ne faut pas penser élite sociale (en Russie actuelle d'ailleurs la réussite sociale n'est pas vraiment corrélée au coef culturel) car il y a visiblement dans la salle un nombre majoritaire d'employés, d'enseignants, etc.... Même si j'assiste toujours à des représentation russes qui influent forcément là bas sur l'envie d'assister à des œuvres du patrimoine national , j'y vois une réelle diversité sociale (et certainement la concentration au m² la plus faible au monde de gays dans un opéra :lol:) .

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Re: Importance et popularité de l’opéra dans le monde

Message par Loge Arythme » 30 mai 2020, 12:35

Loïs a écrit :
30 mai 2020, 12:27
David-Opera a écrit :
30 mai 2020, 09:43
Avec 145 millions d’habitants, la Russie ne représente que 7,5% des spectacles d’opéras joués dans le monde. L’art lyrique y est également considéré comme une culture élitiste, le miroir d’une grandeur qui s’acheva il y a un siècle.
… mais plutôt du Bolschoï et de son public où on peut parler d'élitisme au vu des statistiques mais il ne faut pas penser élite sociale (en Russie actuelle d'ailleurs la réussite sociale n'est pas vraiment corrélée au coef culturel) car il y a visiblement dans la salle un nombre majoritaire d'employés, d'enseignants, etc.... Même si j'assiste toujours à des représentation russes qui influent forcément là bas sur l'envie d'assister à des œuvres du patrimoine national , j'y vois une réelle diversité sociale (et certainement la concentration au m² la plus faible au monde de gays dans un opéra :lol:) .
J'ai deux questions :
1/ A quoi reconnait-on un employé russe d'un autre ? a quels signes distinctifs un français de passage peut-il les reconnaitre ?
2/ La diversité sociale est-elle corrélée au nombre de gays dans la salle ?
et une affirmation : actuellement , il est plus compliqué d'être gay en Russie qu'en France . S'afficher comme tel y est semble t'il beaucoup plus difficile .

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Re: Importance et popularité de l’opéra dans le monde

Message par Loïs » 30 mai 2020, 12:45

Loge Arythme a écrit :
30 mai 2020, 12:35
J'ai deux questions :
1/ A quoi reconnait-on un employé russe d'un autre ? a quels signes distinctifs un français de passage peut-il les reconnaitre ?
2/ La diversité sociale est-elle corrélée au nombre de gays dans la salle ?
et une affirmation : actuellement , il est plus compliqué d'être gay en Russie qu'en France . S'afficher comme tel y est semble t'il beaucoup plus difficile .
1: la question de l'habillement est un vecteur très marquant en Russiece qui facilite les choses
2: nous sommes supposés avoir un 5ème sens pour nous reconnaitre non? :lol: Sans compter que Moscou est pour certains (en quantité) la plus grande ville gay d'Europe
PS: je travaille en Russie donc mes impressions ne sont pas que celles d'un touriste mais de quelqu'un qui est régulièrement en immersion

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Message par David-Opera » 30 mai 2020, 12:45

Loge Arythme a écrit :
30 mai 2020, 12:24
Cette présentation est plus que contestable ! on a l'impression que le renouveau date de la construction de l'opéra Bastille , alors que c'est une catastrophe qui à pompé les budgets depuis 30 ans au détriment des opéras de région ! et réduire la création de Garnier à une maison de plaisir , alors que c'est ce qui a créé le modèle de toutes les maisons d'opéra du monde ! c'est céder à la vulgate post-marxiste toujours en vogue lorsqu'il s'agit d'évoquer le règne de Napoléon III . Plus tendancieux , tu meurs .
Je ne sais que trop bien comment interpréter ce genre de réaction et l'esprit qui l'anime. :wink:

Le Palais Garnier a en effet été conçu comme une maison de plaisirs parisienne, et il n'est pas le modèle de toutes les maisons d'opéras du monde (Covent Garden de Londres, c'est en 1858, l’Opéra de Vienne en 1869, par exemple, et Garnier n'est sûrement pas le modèle du MET).
En revanche, conçu sous le Second Empire, le Palais Garnier n'est devenu opérationnel que sous la IIIe République dont l'esprit était déjà plus à une démocratisation du patrimoine. Il y a donc un écart d'esprit entre sa période de conception et sa période de mise en exploitation.

Enfin, Bastille a permis de plus que doubler le public d'opéra à Paris et d'élargir l'accessibilité à ce genre musical. Et il n'y a aucun façonnement idéologique dans mon propos.

Mais en terme de bâtiment, Garnier a effectivement une valeur muséale que n'a pas Bastille. Les touristes du monde entier visitent d'abord Garnier, et non Bastille, mais le problème est qu'à Garnier il y a environ 1500 places où l'on peut à peu près voir la scène, alors qu'à Bastille on peut faire profiter plus de 2700 spectateurs d'une représentation qu'ils entendront mais verront également.
Enfin, le plateau Bastille permet beaucoup d'agencements scéniques que ne permet pas Garnier.
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Message par PlacidoCarrerotti » 30 mai 2020, 13:09

Loïs a écrit :
30 mai 2020, 12:27
David-Opera a écrit :
30 mai 2020, 09:43
Avec 145 millions d’habitants, la Russie ne représente que 7,5% des spectacles d’opéras joués dans le monde. L’art lyrique y est également considéré comme une culture élitiste, le miroir d’une grandeur qui s’acheva il y a un siècle.
Je ne peux pas parler du Mariinsky où je n'ai assisté qu'à une représentation (en gros 50% étudiants russes, 50% touristes) mais plutôt du Bolschoï et de son public où on peut parler d'élitisme au vu des statistiques mais il ne faut pas penser élite sociale (en Russie actuelle d'ailleurs la réussite sociale n'est pas vraiment corrélée au coef culturel) car il y a visiblement dans la salle un nombre majoritaire d'employés, d'enseignants, etc.... Même si j'assiste toujours à des représentation russes qui influent forcément là bas sur l'envie d'assister à des œuvres du patrimoine national , j'y vois une réelle diversité sociale (et certainement la concentration au m² la plus faible au monde de gays dans un opéra :lol:) .
Et pour rappel, les touristes paient leurs billets beaucoup plus chers que les locaux, surtout pour les tubes. Le Lac des Cygnes au vieux Mariinsky, c'est deux fois plus cher que la Sylphide, elle-même deux fois plus chère qu'une Tosca, elle-même 4 fois plus chère pour les touristes que les locaux ! D'où beaucoup de jeunes, même au parterre (ça m'a paru moins vrai au Bolshoi).
"Venez armé, l'endroit est désert" (GB Shaw envoyant une invitation pour l'une de ses pièces).

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