valery a écrit :1) Bisser ou ne pas bisser?
Je viens de revoir ce soir sur écran géant, place de l'Hôtel de ville, les débuts de Villazon au Staatsoper début avril dans Nemorino. Il bisse "una furtiva". Bisser c'est toujours prendre un risque, surtout quand il faut faire aussi bien. Là j'ai presque l'impression qu'il fait encore mieux la 2e fois.
Je suis peut-être lyricorigide, mais je déteste qu'on bisse - sauf une fois l'oeuvre finie. (Pas possible avec le Trouvère effectivement.)
C'est comme le coup du verre d'eau de Bonisolli : comment croire au drame avec ça ?
Cela dit, je comprends parfaitement les motivations du public qui le réclament et, s'il est accordé, je saurais en tirer parti avec plaisir.
Idéalement, je préfère une représentation avec applaudissements au début et à la fin. Gheorghiu qui peut chanter le rôle trois fois dans la soirée n'a quà donner un récital après !
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Après lecture du fil (mon message date de ce matin), je m'aperçois avec étonnement de la proportion de réticents au bis, que je n'imaginais pas telle sur ODB.
Je vais ajouter quelques exemples, pour clarifier. Sachant qu'idéalement, je suis contre toute interruption (le Hollandais sans entracte, quelle ivresse!).
- air d'un opéra baroque italien avec aria à da capo. Le da capo suffit à mon sens, mais le bis ne me gênera pas, puisque seuls les récitatifs sont véritablement dramatiques. (Je fais partie des pervers qui ont écouté Amadis di Gaula en sautant tous les airs.
) . Acceptable.
- air au milieu d'un acte. Non. Coupe totalement l'action, reprend à un moment antérieur et enlève toute légitimité au drame. Je suis même plutôt gêné dans mon écoute par les applaudissements, et ce même s'ils interviennent à l'arrêt de l'orchestre.
- air à la fin d'un acte. Exceptionnellement. Sempre libera, pourquoi pas, le sentiment est assez figé. Vendetta, s'i, tremenda vendetta me semble moins approprié, parce qu'il présente un affect d'une violence qui souffre mal le statisme - contrairement à la résolution plus réfléchie de Traviata.
- air à la fin d'un opéra. Non. On perd la suspension finale la résolution.
- choeur joyeux à la fin. Eventuellement. Ca ne change rien à l'action pour le coup. Ceux qui ne sont pas contents peuvent partir, en plus, donc ce n'est pas très grave. C'est vrai que Tout change et grandit en ces lieux, même si c'est moins fort que la première fois, je ne suis pas sûr que j'irais réclamer contre ce bis-là.
Au fait, il y a-t-il quelqu'un qui serait pour bisser le duo avec le Grand Inquisiteur, le final du Trouvère ou la mort de Boris ?
En bref, je n'aime pas les bis dans le cadre de l'opéra représenté (qu'on le joue déjà sans coupures !), mais dans certains cas, c'est acceptable, et il faut, en tant que spectateur, en tirer le meilleur parti possible lorsque cela arrive.