Mozart - Idomeneo - Currentzis/Sellars - Salzbourg - 08/2019

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Re: Mozart - Idomeneo - Currentzis/Sellars - Salzbourg - 08/2019

Message par Tico » 14 août 2019, 18:10

HELENE ADAM a écrit :
14 août 2019, 16:42
Tico a écrit :
13 août 2019, 22:58
Mais je suis un peu perturbé par les multiples coupures réalisées par Currentzis qui sabre sauvagement dans les rėcitatifs.
Je renvoies à toutes fins utiles au débat qui s'était ouvert à propos de la Clémence (il y a donc deux ans au TCE) sur ODB.
Currentzis "d'après Mozart".... :wink:

http://www.odb-opera.com/viewtopic.php? ... 30#p325478
Débat qu'il serait utile de relancer ici sur la cas précis d'Idomeneo, dont une des particularités est justement d'avoir poussé à un haut niveau d'aboutissement - comme Mozart l'a peut-être fait dans aucun autre de ses opéras - l'intégration des recitatifs orchestrés et des airs au bénéfice de l'action et du drame. Je suis preneur de l'avis des experts :D

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Re: Mozart - Idomeneo - Currentzis/Sellars - Salzbourg - 08/2019

Message par titoschipa » 14 août 2019, 20:27

micaela a écrit :
14 août 2019, 07:50
Je crois que pour Salzbourg Hélène n'a vu qu'une retransmission...
Ce serait vraiment utile voire indispensable que les avis donnés sur notre forum précisent systématiquement : vu/entendu sur place ou en retransmission tv/radio ! Les différences sont souvent très significatives

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Re: Mozart - Idomeneo - Currentzis/Sellars - Salzbourg - 08/2019

Message par HELENE ADAM » 14 août 2019, 20:48

titoschipa a écrit :
14 août 2019, 20:27
micaela a écrit :
14 août 2019, 07:50
Je crois que pour Salzbourg Hélène n'a vu qu'une retransmission...
Ce serait vraiment utile voire indispensable que les avis donnés sur notre forum précisent systématiquement : vu/entendu sur place ou en retransmission tv/radio ! Les différences sont souvent très significatives
C'est toujours le cas en ce qui me concerne. :wink:
(c'est même précisé deux fois, dans la présentation puis dans la critique...)
Je ne donne jamais d'opinion sur tout ce qui est projection des voix dans une retransmission puisque la balance entre voix et orchestre est différente de celle qu'on perçoit en salle. Pour le reste, un legato reste un legato, une note fausse aussi, une note tenue ou non aussi etc...et un tempo rapide ou lent ne change pas non plus :wink: (sans parler des coupures...)
Ceux qui auront lu attentivement mon CR auront noté que je signale assez longuement les défauts de la retransmission pour appréhender la mise en scène dans sa globalité au vu des choix désormais habituels des "cadreurs" de privilégier les gros plans, qui m'agacent au plus haut point :mrgreen:
Lui : Que sous mes pieds se déchire la terre ! que sur mon front éclate le tonnerre, je t'aime, Élisabeth ! Le monde est oublié !
Elle : Eh bien ! donc, frappez votre père ! venez, de son meurtre souillé, traîner à l'autel votre mère

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Re: Mozart - Idomeneo - Currentzis/Sellars - Salzbourg - 08/2019

Message par philipppe » 15 août 2019, 07:31

JdeB a écrit :
14 août 2019, 08:34
philipppe a écrit :
14 août 2019, 04:40
Quimper et Salzbourg la même semaine, quel grand écart !
Moi l'été 1997 j'ai fait jury aux Assises de Nîmes puis le festival de Salzbourg (abo jeune) puis mes classes à la caserne de la Braconne (Angoulême) avant de prendre mon poste à l'Ecole militaire de Paris...en voilà un triple grand écart, non ? :lol:
Oui, tu fais preuve d‘une souplesse exemplaire (enviable), voila que je regrette de ne t avoir jamais rencontré !

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Re: Mozart - Idomeneo - Currentzis/Sellars - Salzbourg - 08/2019

Message par philipppe » 15 août 2019, 07:37

HELENE ADAM a écrit :
14 août 2019, 20:48
titoschipa a écrit :
14 août 2019, 20:27
micaela a écrit :
14 août 2019, 07:50
Je crois que pour Salzbourg Hélène n'a vu qu'une retransmission...
Ce serait vraiment utile voire indispensable que les avis donnés sur notre forum précisent systématiquement : vu/entendu sur place ou en retransmission tv/radio ! Les différences sont souvent très significatives
C'est toujours le cas en ce qui me concerne. :wink:
(c'est même précisé deux fois, dans la présentation puis dans la critique...)
Je ne donne jamais d'opinion sur tout ce qui est projection des voix dans une retransmission puisque la balance entre voix et orchestre est différente de celle qu'on perçoit en salle. Pour le reste, un legato reste un legato, une note fausse aussi, une note tenue ou non aussi etc...et un tempo rapide ou lent ne change pas non plus :wink: (sans parler des coupures...)
Ceux qui auront lu attentivement mon CR auront noté que je signale assez longuement les défauts de la retransmission pour appréhender la mise en scène dans sa globalité au vu des choix désormais habituels des "cadreurs" de privilégier les gros plans, qui m'agacent au plus haut point :mrgreen:
Ah bon ah moi j ai cru que tu y assistais quand tu dis que le retransmission ne rend pas justice á la production. Il me semble que justement pour dire ça il faut avoir vu les deux, retransmission et in vivo. Mais c est pas un sujet très intéressant donc je m arrête lá.
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Re: Mozart - Idomeneo - Currentzis/Sellars - Salzbourg - 08/2019

Message par JdeB » 15 août 2019, 08:08

oui, bien sûr qu'il faut préciser impérativement si on parle d'une retransmission.

3 ou 4 choses aussi pour Hélène et les autres:

ne jamais croire qu'on vous lit (surtout en entier !)
ne jamais croire qu'on retient ce que vous avez écrit
ne jamais croire qu'on comprend exactement ce que vous avez écrit de la même façon que les autres et que vous
n'utiliser le mot "critique" que si vous avez des places de presse sinon CR est beaucoup plus judicieux
Parution de ma biographie "Régine Crespin, La vie et le chant d'une femme" ! Extraits sur https://reginecrespinbiographie.blogspot.com/
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Re: Mozart - Idomeneo - Currentzis/Sellars - Salzbourg - 08/2019

Message par HELENE ADAM » 15 août 2019, 09:13

philipppe a écrit :
15 août 2019, 07:37
Ah bon ah moi j ai cru que tu y assistais quand tu dis que le retransmission ne rend pas justice á la production. Il me semble que justement pour dire ça il faut avoir vu les deux, retransmission et in vivo. Mais c est pas un sujet très intéressant donc je m arrête lá.
J'ai écris
HELENE ADAM a écrit :
13 août 2019, 18:14
Au vu de la photo que j'ai mis en exergue, il faut tout de suite préciser que la captation retransmise par Medici TV que j'ai vue, ne rend absolument pas justice à la beauté plastique de cette mise en scène, qui est juste esquissée, tant les gros-plans sont dominants, voire exclusifs, là aussi suivant une mode bien agaçante qui consiste à considérer que seules les performances des gosiers de chanteurs ont un intérêt pour le spectateur.
:wink:
Mais j'admets que ce n'était sans doute clair que dans mon esprit :lol:
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Re: Mozart - Idomeneo - Currentzis/Sellars - Salzbourg - 08/2019

Message par JdeB » 15 août 2019, 10:07

philipppe a écrit :
15 août 2019, 07:31
JdeB a écrit :
14 août 2019, 08:34
philipppe a écrit :
14 août 2019, 04:40
Quimper et Salzbourg la même semaine, quel grand écart !
Moi l'été 1997 j'ai fait jury aux Assises de Nîmes puis le festival de Salzbourg (abo jeune) puis mes classes à la caserne de la Braconne (Angoulême) avant de prendre mon poste à l'Ecole militaire de Paris...en voilà un triple grand écart, non ? :lol:
Oui, tu fais preuve d‘une souplesse exemplaire (enviable), voila que je regrette de ne t avoir jamais rencontré !
Pas de regret, dis -moi quand tu passes à Paris
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Re: Mozart - Idomeneo - Currentzis/Sellars - Salzbourg - 08/2019

Message par Tico » 19 août 2019, 18:23

Compte-rendu de la représentation du 15 août (vue en salle)

Idomeneo, créé à Munich en 1781, succède à Thamos, roi d’Egypte, musique de scène composée par Mozart pour accompagner le drame du franc-maçon Tobias Philipp von Gebler. C’est précisément ce que cherchent à souligner Peter Sellars et Teodor Currentzis en intégrant au milieu de leur représentation l’air et le chœur de Thamos, Roi d’Egypte, et c’est sous cet angle de la franc-maçonnerie qu’il faut comprendre la mise en scène, au-delà du message de responsabilisation sur l’avenir des générations futures dont le caractère sensationnel (depuis le discours engagé de Peter Sellars lors de la cérémonie d’ouverture du festival jusqu'au contenu du programme de salle) a été largement relayé par la presse au risque de générer trop d’attentes. La mise en scène se concentre avant tout sur l’intériorité de personnages tourmentés et leur progressive prise de conscience de la souffrance d’autrui à travers un parcours initiatique entravé d’obstacles surnaturels, jusqu’à la libération qui implique le renoncement des uns – Idoménée, Electre - et l’émancipation des autres – Idamante et Ilia. On retiendra particulièrement les images d’Idoménée sauvé par Neptune, expulsé d’une mer de colonnes bleues scintillantes. La scène du temple de Neptune au premier acte et les gestes rituels des crétois – cette gestuelle, marque de fabrique de Sellars parfois agaçante, est ici parfaitement calée sur le rythme et la musique. Les adieux d’Idamante et d’Electre à l’acte 2, la confession aux fleurs d’Ilia et le quatuor du dernier acte sont des instants de pure intimité où la mise en scène se concentre sur la simplicité des gestes et des expressions, que vient couronner la chorégraphie minimaliste du ballet final, amené tout droit de Samoa. Je n’ai pas vu la retransmission vidéo du spectacle mais celle-ci permet sans doute de rendre plus palpable l’émotion des personnages et l’expression des visages.

En salle, on attendait Sellars sur sa capacité à exploiter la scène immense du Felsenreitschule pour illustrer les scènes de tempêtes, le déchaînement des éléments, les cataclysmes naturels et la montée des eaux. Les décors de George Tsypin, ressemblent à du verre soufflé aux formes fantaisistes de coquillages, crustacés marins et déchets plastiques, révélant toute leur beauté grâce aux éclairages de James F. Ingalls, lorsqu’ils s’élèvent jusqu’aux cintres à la fin de la première partie (tempête du deuxième acte), nous transportant subitement dans une atmosphère d’Atlantide du XXIème siècle . Malheureusement, en-dehors de cette scène sublime, l’occupation de l’espace est pauvre. Les lumières sont figées. Les monstres de plastique sont abandonnés à leur sort. Les personnages et les chœurs entrent et sortent en courant, dans un désordre qui dans ces moment-là traduit un manque certain d’inspiration dans la direction d’acteurs.

L’Idoménée de Russel Thomas, malgré un fort engagement dramatique, est vocalement peu à l’aise dans une tessiture qui ne lui sied guère, et peine à trouver ses marques, au point qu’on soit pris de pitié pour ce roi ballot, au lieu d’être révolté par ses actes irresponsables. Dans le rôle d’Idamante, Paula Murrihy se voit gratifiée de la version de concert de son air « Non temer amato bene », qu’elle interprète avec une belle expressivité. Nicole Chevalier, après une première partie où elle s'éloigne dangereusement de la justesse à plusieurs reprises, sombre littéralement dans la folie et obtient un triomphe après son air final, « D'Oreste, d'Ajace ». La jeune soprano chinoise Ying Fang est pour moi la révélation de la soirée : voix lumineuse, pianissimi magnifiques très bien tenus, et une grande simplicité d’interprétation de son air « Zeffiretti lusinghieri ». Levy Sekgapane se révèle le seul ténor de la distribution à faire preuve d’une réelle sensibilité mozartienne, tandis qu’Issachah Savage – sans doute désormais plus à sa place dans Wagner ou Strauss que chez Mozart - prête une voix trop monolithique au rôle du Grand Prêtre. Jonathan Lemalu, vêtu du costume traditionnel de Samoa (sa patrie), impressionne dans la voix de Neptune mais l’émission a tendance à être engorgée. A l’inverse de David Steffens, dont la ligne de chant et la puissance font regretter que son intervention soit limitée à l’air extrait de Thamos, roi d’Egypte, de surcroît depuis un balcon sur le côté de la scène dans une quasi obscurité.

Faute de tempêtes sur scène, c’est dans la fosse qu’il faut chercher le tumulte des éléments, à travers l’interprétation survoltée de Teodor Currentzis et du Freiburger Barockorchester, dans des rythmes effrénés, qui n’excluent pas la couleur et la respiration, voire le silence qui interrompt à plusieurs reprises la mélodie dans des moments de pure magie où le public retient son souffle. Et que dire du jeu prodigieux de Marija Shabashova au pianoforte, qui nous ferait presque regretter l’orchestration des récitatifs par Mozart. Le chœur musicAeterna de Perm, comme à l’accoutumé, est formidable d’homogénéité, de précision et de cohésion, parvenant à faire chanter d’une seule voix troyens et crétois. On regrette seulement qu’au bénéfice de enchaînement du ballet, le chœur de réjouissance final ait été coupé.

En lieu et place de ce chœur, nous assistons à l’entrée du danseur micronésien Arikitau Tentau, qui parcourt la scène dans une danse frénétique parfaitement réglée, ponctuée de coups de paumes sonores et rythmés. Le contrepoint de cette course mystérieuse nous est offert par la danseuse hawaïenne Brittne Mahealani Fuimaono, dont la chorégraphie gracieuse, lente et silencieuse donne la sensation d’être à la limite de l’immobilité. Enfin la fosse nous emporte de la chaconne à la passacaille dans un élan périlleux, qui traduit l’empressement jubilatoire mais irresponsable du monde dans lequel nous vivons, tandis que sur scène le temps semble s’être arrêté dans l’acte rituel d’une civilisation originelle menacée par les eaux, invitant chaque spectateur à réfléchir sur le sens à donner à nos actions.

A noter les copieux applaudissements qui ont accueilli ce spectacle, et Peter Sellars venu saluer de nouveau avec tous les artistes, en dépit des huées qui l'avaient accueilli le soir de la première, et auxquelles de nouveau il n'échappe pas. Malgré certaines faiblesses évidentes de la mise en scène, apprécions l'honnêteté de Peter Sellars qui assume pleinement et ne craint pas d'affronter le public.

Dernière remarque pour ceux qui pourraient se procurer le programme de salle : Sellars a rédigé un synopsis remarquable de l'opéra !

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Re: Mozart - Idomeneo - Currentzis/Sellars - Salzbourg - 08/2019

Message par Tico » 19 août 2019, 18:33

En bonus, petite photo prise le matin de la représentation, lors de la préparation des décors d'Idomeneo.

Image

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