Puccini- Tosca- Rustioni/Honoré- Aix- 07/2019
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Re: Puccini- Tosca- Rustioni/Honoré- Aix- 07/2019
J’avoue … Je n’aime pas Tosca. C’est pour moi un mélo insoutenable, et la musique , extrêmement bien écrite , vient trop souvent lourdement surligner les rebondissements
incessants de l’intrigue. Tout cela pour dire qu’une relecture radicale par Honoré, j’étais plutôt pour . Il n’aime pas le livret . On est au moins deux . Surtout que le parti-pris ( vie et mort d’une diva , avec transmission de son art ) m’allait plutôt bien. Et les premières minutes m’ont ravi. Le décor est très beau, et la présence de Malfitano touchante . Le problème ,c’est qu’on voit très vite les limites de l’exercice. Sur la large scène de l’Archevêché tout devient confus , et en même temps un brin scolaire. . On voit bien qu’Honoré veut évacuer l’action d’origine , mais le matériau résiste. L’arrivée de Scarpia n’arrange rien, et le début du 2e acte sombre dans la confusion totale. Le viol du majordome pour évoquer la noirceur des sbires de Scarpia et les tortures de Mario ( et pour éviter peut-être à Calleja de supporter un tel traitement …), c’est quand même pas loin du n’importe quoi , même si ,comme toujours chez Honoré , la direction d’acteurs est extrêmement fine. Et puis arrive le Vissi d’Arte, avec les vidéos synchrones des grandes divas, et l’exposition des robes ( Salomé- j’avais vu Malfitano au Châtelet dans la mes historique de Bondy, Lucia, et Cio Cio San) . Avec cette émotion très grande dans le chant d’Angel Blue. Pour un lyricophile , c’est sublime. Et derrière , la transmission à travers le sang , et la vieille diva qui prend la place de Scarpia pour signifier que son temps est révolu, à ce moment là , tout m’a semblé fonctionner. A ce stade , je me posai quand même la question : Faut-il convoquer un système aussi lourd pour aboutir à cette scène hyper signifiante ? Sur le thème de la diva , ça me rappelait d’ailleurs l’Italienne avec Orchestre de Sivadier, qui avait lui abordé le thème avec une autre légèreté.
Curieusement , le 3e acte auquel je ne m’attendais pas ( je n’avais rien lu , avant) m’a paru apporter une dimension supplémentaire au travail d’Honoré . On nous présente le déclin d’une diva , mais aussi le déclin de l’opéra, condamné à la multiplication des versions concert, en raison du coût des productions , mais –paradoxe ultime – la partie
concertante déclenche par la magie des voix enfin libérées un véritable triomphe public ( applaudissements interminables , salle à moitié debout) alors que les deux premiers actes mis en scène dans des décors coûteux n’ont fait l’objet à l’entracte que de commentaires au mieux perplexes sinon franchement négatifs.
Bilan plutôt négatif soulevant pourtant des questions passionnantes.
Calleja hier soir était impressionnant . Mais quelqu’un pourrait-il m’expliquer le vibrato curieux qu’il a sur certains aigus ?
Angel Blue et Markov parfaits . Rustioni très investi et très « premier degré » lui ,contrairement à Honoré.
Et comme l’a souligné Hélène , une édition aixoise assez audacieuse globalement avec pour moi , la vraie réussite de Mahagonny et la beauté des images de Castelluci sur le Requiem.
incessants de l’intrigue. Tout cela pour dire qu’une relecture radicale par Honoré, j’étais plutôt pour . Il n’aime pas le livret . On est au moins deux . Surtout que le parti-pris ( vie et mort d’une diva , avec transmission de son art ) m’allait plutôt bien. Et les premières minutes m’ont ravi. Le décor est très beau, et la présence de Malfitano touchante . Le problème ,c’est qu’on voit très vite les limites de l’exercice. Sur la large scène de l’Archevêché tout devient confus , et en même temps un brin scolaire. . On voit bien qu’Honoré veut évacuer l’action d’origine , mais le matériau résiste. L’arrivée de Scarpia n’arrange rien, et le début du 2e acte sombre dans la confusion totale. Le viol du majordome pour évoquer la noirceur des sbires de Scarpia et les tortures de Mario ( et pour éviter peut-être à Calleja de supporter un tel traitement …), c’est quand même pas loin du n’importe quoi , même si ,comme toujours chez Honoré , la direction d’acteurs est extrêmement fine. Et puis arrive le Vissi d’Arte, avec les vidéos synchrones des grandes divas, et l’exposition des robes ( Salomé- j’avais vu Malfitano au Châtelet dans la mes historique de Bondy, Lucia, et Cio Cio San) . Avec cette émotion très grande dans le chant d’Angel Blue. Pour un lyricophile , c’est sublime. Et derrière , la transmission à travers le sang , et la vieille diva qui prend la place de Scarpia pour signifier que son temps est révolu, à ce moment là , tout m’a semblé fonctionner. A ce stade , je me posai quand même la question : Faut-il convoquer un système aussi lourd pour aboutir à cette scène hyper signifiante ? Sur le thème de la diva , ça me rappelait d’ailleurs l’Italienne avec Orchestre de Sivadier, qui avait lui abordé le thème avec une autre légèreté.
Curieusement , le 3e acte auquel je ne m’attendais pas ( je n’avais rien lu , avant) m’a paru apporter une dimension supplémentaire au travail d’Honoré . On nous présente le déclin d’une diva , mais aussi le déclin de l’opéra, condamné à la multiplication des versions concert, en raison du coût des productions , mais –paradoxe ultime – la partie
concertante déclenche par la magie des voix enfin libérées un véritable triomphe public ( applaudissements interminables , salle à moitié debout) alors que les deux premiers actes mis en scène dans des décors coûteux n’ont fait l’objet à l’entracte que de commentaires au mieux perplexes sinon franchement négatifs.
Bilan plutôt négatif soulevant pourtant des questions passionnantes.
Calleja hier soir était impressionnant . Mais quelqu’un pourrait-il m’expliquer le vibrato curieux qu’il a sur certains aigus ?
Angel Blue et Markov parfaits . Rustioni très investi et très « premier degré » lui ,contrairement à Honoré.
Et comme l’a souligné Hélène , une édition aixoise assez audacieuse globalement avec pour moi , la vraie réussite de Mahagonny et la beauté des images de Castelluci sur le Requiem.
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Re: Puccini- Tosca- Rustioni/Honoré- Aix- 07/2019
Un beau bilan à mon goût en effet (à part cette Tosca...), avec des oeuvres fortes et des propositions originales. On peut rajouter, je crois, le Jakob Lenz dont je n'ai entendu que la retransmission audio, très émouvante, (mais c'était une version concert), et la création mondiale commandée à ADAM MAOR (LES MILLE ENDORMIS) que je n'ai pas vue du tout mais qui semble avoir recueilli pas mal d'avis très positifs.wababelooba a écrit : ↑23 juil. 2019, 14:27Et comme l’a souligné Hélène , une édition aixoise assez audacieuse globalement avec pour moi , la vraie réussite de Mahagonny et la beauté des images de Castelluci sur le Requiem.
Lui : Que sous mes pieds se déchire la terre ! que sur mon front éclate le tonnerre, je t'aime, Élisabeth ! Le monde est oublié !
Elle : Eh bien ! donc, frappez votre père ! venez, de son meurtre souillé, traîner à l'autel votre mère
Mon blog :
https://passionoperaheleneadam.blogspot.fr
Elle : Eh bien ! donc, frappez votre père ! venez, de son meurtre souillé, traîner à l'autel votre mère
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Re: Puccini- Tosca- Rustioni/Honoré- Aix- 07/2019
Ce " vibrato curieux" dont tu parles, Joseph Calleja l'a toujours eu.
C'est un " vibratello" constitutionnel .
Il ne s'élargit d'ailleurs pas avec l'âge, je me demandais récemment même ( dans le même rôle ) s'il ne s'atténuait pas.
Je pense, bien que je ne connaisse pas grand chose à L'ORL des chanteurs que c'est un phénomène différent du vibrato qui peut devenir très large , instable et affecter la justesse .
Bernard
C'est un " vibratello" constitutionnel .
Il ne s'élargit d'ailleurs pas avec l'âge, je me demandais récemment même ( dans le même rôle ) s'il ne s'atténuait pas.
Je pense, bien que je ne connaisse pas grand chose à L'ORL des chanteurs que c'est un phénomène différent du vibrato qui peut devenir très large , instable et affecter la justesse .
Bernard
Sunt lacrymae rerum et mentem mortalia tangunt Énéide I v
Re: Puccini- Tosca- Rustioni/Honoré- Aix- 07/2019
Exact, le vibrato peut être naturel (et faire partie de la signature d'une voix comme le vibratello de Calleja, le vibrato lent de Callas ou le vibrato serré de Mesplé). Il est plus en moins prononcé ou perceptible selon la hauteur des notes.
C'est lui qui va souvent transmettre l'émotion et on l'attend dans le répertoire italien (exp: De Sabata n'arrêtant pas de houspiller Schwarzkopf pendant les répétions du Requiem de Verdi : "more vibrato, more vibrato").
Il peut aussi résulter de l'usure de la voix (comme un pull sur lequel on aurait trop tiré et qui devient lâche) mais j'ai souvent entendu à tort des chanteurs en pleine possession de leurs moyens accusés de décliner par certains allergiques au vibrato.
Re: Puccini- Tosca- Rustioni/Honoré- Aix- 07/2019
Catherine Malfitano assistait au concert de l'orchestre des jeunes de la Méditerranée dirigé par Daniele Rustioni.
Très sympathique et très disponible.
Très sympathique et très disponible.
Re: Puccini- Tosca- Rustioni/Honoré- Aix- 07/2019
beckmesser a écrit : ↑18 juil. 2019, 13:40mes débuts à l'Opéra :
"J'ai 18 ans et on m'a dit que l'opéra était un art complet et que je pourrai commencer avec Tosca, Bohème, Carmen ou Faust. J'opte pour Tosca que l'on représente justement dans les prochains jours.
...
J'ai lu que l'action se passait à Rome au début du XIXème siècle. Bien préparé, je mets mon plus beau costume et me voila dans la salle. Et là je me retrouve dans un salon avec une cantatrice sur le retour en train de faire répéter une Tosca en jean's, un Cavaradossi et un Scarpia en costume de maintenant qui ne connaissent même pas leur partition qu'ils sont obligés de consulter continuellement ! Alors c'est cela l'opéra ? une mascarade plutôt !
On ne m'y reprendra pas de sitôt ! TERMINE ! REMBOURSEZ !!!"
J'ai eu souvent ces réactions quand j'emmenais des élèves à des opéras dont l'action était transposée. C'est ce qui fait que j'opère désormais un tri drastique dans les programmations y compris quand il s'agit de grands titres en fonction des mises en scène et que je privilégie pour eux les spectacles du MET qui sont mieux chantés et infiniment mieux mis en scène dans le respect des œuvres.
Re: Puccini- Tosca- Rustioni/Honoré- Aix- 07/2019
je ne le formulerais pas ainsi mais pour organiser une à deux fois par an des soirées pour néophytes je vais avoir la même démarche car quand on assiste à quelque chose pour la première fois (un spectacle, un match, un dépucelage) on doit d'abord l''expérimenter dans une version traditionnelle afin de disposer de tous les éléments pour juger (et ne pas commencer dès le début à se torturer le cerveau, mais seulement recevoir). Après si l'on accroche on aura envie de le découvrir sous des angles ou éclairages différents.jerome a écrit : ↑23 juil. 2019, 15:24J'ai eu souvent ces réactions quand j'emmenais des élèves à des opéras dont l'action était transposée. C'est ce qui fait que j'opère désormais un tri drastique dans les programmations y compris quand il s'agit de grands titres en fonction des mises en scène et que je privilégie pour eux les spectacles du MET qui sont mieux chantés et infiniment mieux mis en scène dans le respect des œuvres.
Re: Puccini- Tosca- Rustioni/Honoré- Aix- 07/2019
Contrairement à wababelooba, je trouve cette histoire très bien construite, et n'ayant nul besoin d'être bousculée pour rendre l'œuvre plus intéressante. Au contraire : ça aboutit forcément à quelque chose d'incompréhensible.
Pour les novices, il faut éviter ce genre de délire et de déconstruction, pas tout ce qui est moderne. côté mise en scène.
Pour les novices, il faut éviter ce genre de délire et de déconstruction, pas tout ce qui est moderne. côté mise en scène.
Le sommeil de la raison engendre des monstres (Goya)
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Re: Puccini- Tosca- Rustioni/Honoré- Aix- 07/2019
Je n'ai pas dit que c'était mal construit, mais qu'il s'agit quand même d'un gros mélo dont on a perdu le goût.
De la même façon Rigoletto est un chef d'oeuvre , Le Roi s' Amuse est difficile à voir ( j'y ai assisté à la Comédie Française , il y a qq années).
Et Puccini en rajoute massivement dans l'hyper dramatisation des péripéties. Je préfère un peu moins de pathos.
Ça n'enlève absolument rien à ses exceptionnelles qualités d'orchestrateur et de coloriste musical.
De la même façon Rigoletto est un chef d'oeuvre , Le Roi s' Amuse est difficile à voir ( j'y ai assisté à la Comédie Française , il y a qq années).
Et Puccini en rajoute massivement dans l'hyper dramatisation des péripéties. Je préfère un peu moins de pathos.
Ça n'enlève absolument rien à ses exceptionnelles qualités d'orchestrateur et de coloriste musical.
Re: Puccini- Tosca- Rustioni/Honoré- Aix- 07/2019
Je vois que cette histoire n'est pas ta tasse de thé. Dommage.
C'est quand même une histoire qui est quasiment un scénario de thriller, tout à fait imaginable par ailleurs dans un autre contexte . Je parle bien sûr des bases de l'histoire (une femme amoureuse et jalouse, un compagnon opposant politique (ou du moins ami d'opposants), un chef de la police tortionnaire et fourbe…), pas du contexte précis du livret de l'opéra.
Que la pièce adaptée ne soit plus jouable, c'est une autre affaire.
C'est quand même une histoire qui est quasiment un scénario de thriller, tout à fait imaginable par ailleurs dans un autre contexte . Je parle bien sûr des bases de l'histoire (une femme amoureuse et jalouse, un compagnon opposant politique (ou du moins ami d'opposants), un chef de la police tortionnaire et fourbe…), pas du contexte précis du livret de l'opéra.
Que la pièce adaptée ne soit plus jouable, c'est une autre affaire.
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